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Des accidents nucléaires partout

France : Bugey : Fuites de liquides et rejets de gaz à effet de serre

Détecter des fuites après-coup, est-ce suffisant pour préserver l’environnement ?




15 décembre 2021


En 2021, comme en 2020, il y a eu beaucoup de fuites de liquides de refroidissement à la centrale nucléaire du Bugey (Ain). Trop : plus de 100 kilos, la limite maximale annuelle qui est autorisée. Ces liquides se transforment en puissants gaz à effet de serre dès qu’ils sont à une pression atmosphérique normale. EDF, qui n’a détecté la fuite qu’après-coup, a déclaré aux autorités un incident significatif pour l’environnement fin novembre 2021 et l’a annoncé au public par un discret communiqué publié le 15 décembre.


Dans une centrale nucléaire, la chaleur est de mise. C’est la chaleur produite par la réaction nucléaire qui est utilisée pour produire de l’électricité. Dans certaines zones, la chaleur est telle que sans refroidissement, hommes et matériels ne pourraient pas tenir bien longtemps. Les liquides réfrigérants sont donc couramment utilisés pour absorber la chaleur et ainsi refroidir les équipements et la ventilation des locaux. Mais leurs fuites sont fréquentes. Une fois au contact de l’air, ces liquides se transforment en puissants gaz à effet de serre.
Leurs durée de vie et leurs impacts sur le réchauffement climatiques sont variables selon le types de liquide utilisé, mais chaque kilo de fluide frigorigène relâché dans l’atmosphère équivaut en terme de pouvoir de réchauffement global (PRG) à plusieurs milliers de kilos de CO2. À titre d’exemple, 1 kilo de R134A a un pouvoir de réchauffement global équivalent à 3740 kilos de CO2 à l’aulne de 20 ans (et a une demie vie 13,4 ans, donc sa décroissance dans l’atmosphère sera plutôt lente : 100 ans après avoir été rejeté dans l’atmosphère, son PRG sera de 1300 fois celui du CO2) [1].

En tant que substances nocives pour l’environnement, une limite est fixée à chaque centrale nucléaire : 100 kg/an, c’est la quantité maximale de fuites autorisée.
Sur les 9 premiers mois de l’année 2021, les centrales nucléaires de Chinon, Paluel, Flamanville (à deux reprises), ainsi que l’EPR de Flamanville qui n’est même pas achevé (comme quoi, il n’est pas nécessaire qu’une centrale nucléaire fonctionne pour qu’elle pollue l’environnement) ont dépassé les 100 kg de fuites de fluides frigorigènes. Jamais les communiqués d’EDF ne fournissent les éléments permettant de caractériser ces fuites et de préciser leurs impacts sur l’environnement (type de fluide utilisé, quantités précises etc.).
Début août 2021, l’exploitant de l’EPR de Flamanville déclarait aussi avoir dépassé cette limite en 2019. La centrale du Bugey aussi (en 2020), et celle de Belleville qui a rejeté presque le triple du maximum autorisé cette même année. Pour ce que l’on sait. Car EDF ne déclare pas toujours au public ces dépassements.

Bis repetita donc pour la centrale nucléaire du Bugey qui dépasse pour la seconde année de suite la quantité maximale de rejets autorisés dans l’environnement de ces substances délétères. Sans en préciser les raisons. C’est au cours d’une activité de maintenance qu’EDF s’est rendu compte qu’il manquait du liquide de refroidissement. La fuite lui est donc passée complètement inaperçue lorsqu’elle s’est produite. Impossible dès lors de la stopper. Détecter des rejets a posteriori, est-ce suffisant ? À se demander si l’industriel surveille correctement ses équipements et s’il fait vraiment tout ce qu’il peut pour protéger l’environnement des conséquences néfastes de ses activités.

Ce que dit EDF :

Déclaration d’un Evénement Significatif Environnement (ESE) suite au dépassement d’un seuil de rejet de fluide frigorigène

Evénement environnement

Publié le 15/12/2021

Dans une installation industrielle, les fluides frigorigènes sont utilisés dans les systèmes de production de froid. Ils permettent le refroidissement et la climatisation de différents matériels. Les opérations de maintenance réalisées régulièrement sur ces systèmes permettent de contrôler les fluides frigorigènes et d’en détecter les émissions.

La règlementation en vigueur prévoit la déclaration d’un événement significatif pour l’environnement, lorsque le seuil de 100kg/an d’émission de fluide frigorigène est atteint.

Le 26 novembre 2021, les équipes de maintenance de la centrale du Bugey ont procédé à la vidange d’un système contenant du fluide frigorigène dans le cadre d’une opération de maintenance du matériel. Le pesage du fluide frigorigène a mis en évidence une perte de fluide. Au 29 novembre 2021, le cumul annuel des émissions du site du Bugey a atteint 101,75 kg.

Cet événement n’a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur la santé des salariés.

Toutefois, le cumul de fluide frigorigène émis au titre de l’année 2021 étant supérieur à 100kg/an, un événement significatif environnement a été déclaré par la direction de la centrale du Bugey à l’Autorité de sûreté nucléaire le 29 novembre 2021.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-du-bugey/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-du-bugey/declaration-d-un-evenement-significatif-environnement-ese-suite-au-depassement-d-un-seuil-de-rejet-de-fluide-frigorigene


[1Pour en savoir plus, voir l’article de Bernard Laponche "Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires - Fluides frigorigènes et hexafluorure de soufre" publié le 20 octobre 2020 sur le site de l’association d’expertise indépendante Global Chance


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