11 avril 2024
On ne sait ni quand précisément, ni de quelle partie de la centrale du Blayais (Gironde) est venu le problème, ni ce qui l’a causé. En trois lignes, EDF annonce que les limites de rejets radioactifs ont été dépassés, constat fait suite à l’analyse de la ventilation d’un atelier. Le niveau de radioactivité dans l’air était deux fois et demie supérieur au maximum autorisé. Cet air a été rejeté dans l’atmosphère.
Crédit photo : André Paris
Qu’est-ce qui a causé ce niveau de radioactivité ? De quels radioéléments s’agit-il ? Pourquoi la détection n’a pas été immédiate ? EDF annonce très discrètement et très tardivement - plus d’un mois après - qu’entre le 29 février et le 7 mars 2024, la centrale nucléaire du Blayais a dépassé ses autorisations de rejets fixées par arrêté ministériel : trop de radioactivité a été rejetée à l’extérieur de la centrale, par voie aérienne. La contamination provient d’un atelier en zone nucléaire. C’est un prélèvement dans le système de ventilation qui a permis de la détecter.
EDF ne précise pas quelles activités sont réalisées dans cet atelier. Pas plus que l’origine du problème. Car pour que l’activité radiologique mesurée dans la ventilation soit plus de deux fois et demie supérieure à la limite autorisée (0.00252 Bq/m3 contre 0.001 Bq/m3 max), c’est bien qu’il y a eu un incident.
Dans son communiqué de moins de trois lignes, publié le 11 avril, EDF précise seulement qu’un évènement significatif pour l’environnement [1] a été déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire le 15 mars 2024, et qu’il est sans conséquence réelle.
Si on peut espérer que les travailleur·euses présent·es dans cet atelier durant cette période étaient équipé·es de dispositifs pour les protéger de la radioactivité ambiante à laquelle ils et elles sont exposé·es, on se demande bien pourquoi des limites réglementaires, définies sur la base d’études d’impacts environnementaux, sont fixées si les rejets dans l’environnement n’ont aucune conséquence, même lorsqu’ils sont deux fois et demie supérieurs au maximum autorisé. On peut aussi se demander si les moyens dévolus à la surveillance de la radioactivité dans l’air des locaux et dans les rejets atmosphériques sont suffisants. Sinon, comment expliquer un tel délai de détection alors que le dépassement est important ? Une chose est sûre : ce n’est pas avec une annonce aussi peu détaillée et qui ne livre aucune explication qu’il est possible de comprendre ce qu’il s’est passé et ce qui n’a pas fonctionné à la centrale du Blayais. En matière d’information du public, EDF a manifestement défini un périmètre particulièrement restreint.
L.B.
Informations réglementaires
Événements significatifs - mars 2024
Publié le 11/04/2024
1 événement significatif environnement, sans conséquence réelle sur l’environnement, a été déclaré par la direction de la centrale du Blayais à l’Autorité de sûreté nucléaire entre le 1er et le 31 mars 2024.
Déclaration du 15 mars
Entre le 29 février et le 7 mars 2024, l’analyse du prélèvement de la ventilation d’un atelier situé en zone nucléaire a mis en évidence le dépassement de la limite réglementaire fixée à 0,001 Bq/m3 par l’arrêté de rejet de la centrale du Blayais (0,00252 Bq/m3). Cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’environnement et la sécurité des personnes.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements