Bure : c’est dans ce petit village de la Meuse que l’industrie nucléaire veut enfouir ses déchets les plus dangereux, qui resteront radioactifs pendant des centaines de milliers d’années.
25 janvier 2016 |
En pleine controverse sur les coûts du projet Cigéo, alors que les désaccords entre exploitants, Andra et Autorité de sûreté nucléaire semblent plus profonds que jamais, Ségolène Royal a choisi de trancher en "coupant la poire en deux", cédant ainsi à la pression des exploitants nucléaires.
Depuis le début, le chiffrage de Cigéo bute sur des zones de flou considérables. Ce flou avait d’ailleurs amené l’économiste Benjamin Dessus à quitter la table du "débat public" organisé en 2013, et a conduit le Réseau "Sortir du nucléaire" et plusieurs associations locales à attaquer en justice les conclusions de ce débat. Sans la démarche du Réseau "Sortir du nucléaire" et des associations mobilisées contre Bure, qui ont saisi la CADA pour obtenir la communication d’un avis de l’ASN et ainsi poussé cette dernière à publier ces données, tout laisse à penser que les informations et les différentes évaluations publiées ces derniers jours seraient restées cachées.
Les méthodes de Ségolène Royal pour "arrêter" les coûts et faire ainsi avancer le projet sont aussi cyniques que grotesques. Ce n’est pas en décrétant un chiffre que l’on pourra clarifier cette question, ni réduire les coûts délirants de ce projet.
De plus, en refusant de prendre en compte l’alerte de l’ASN, qui dénonce une minimisation des coûts, la ministre a une nouvelle fois cédé face à EDF, AREVA et le CEA. En tant que financeurs de ce projet démentiel, les exploitants ont tout intérêt à tirer les coûts vers le bas pour payer le moins possible. Dans une lettre adressée à la DGEC, ceux-ci remettent en cause les coûts évalués par l’ANDRA et chiffrent le projet à la baisse. De fait, l’évaluation des coûts par Ségolène Royal à 25 milliards a eu des conséquences directes sur les comptes d’EDF : celui-ci a dû provisionner 500 millions d’euros supplémentaires pour l’année à venir et son action a une nouvelle fois chuté en bourse. Avec un chiffrage plus important, la provision nécessaire - et celles à venir - en aurait été mécaniquement augmentée, plombant encore davantage les comptes de l’industriel en pleine déroute économique et financière.
Ces méthodes de calcul "à la louche" sont une insulte pour les contribuables et les générations futures qui, au vu de la situation financière catastrophique des exploitants, devront assumer les coûts de ce qui s’annonce déjà comme le plus gros projet industriel inutile et imposé du siècle.
Cher, inutile et dangereux, Cigéo doit être abandonné en urgence. Plutôt que de pousser la réalisation de ce projet monstrueux, le gouvernement doit engager dès maintenant la fermeture des centrales et l’arrêt de la production de déchets impossibles à gérer.
Contacts : 06 85 23 05 11
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