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Sortir du nucléaire n°102



Été 2024
Crédit photo : Wikimedia Commons - CC BY SA 3.0

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Civaux transmutée en usine d’armement : le tritium en questions

L’ affaire est d’importance. Le ministre des Armées, M. Lecornu, est venu en personne à Poitiers le 18 mars 2024 pour annoncer le mariage entre le nucléaire militaire et le nucléaire civil. À la centrale de Civaux, il s’agit désormais de produire le tritium indispensable à la fabrication de nos bombes atomiques de type H.

Nucléaire militaire Civaux

Une bombe H, comment ça marche ?

Plus puissante et plus complexe qu’une bombe à fission nucléaire, dite « bombe A », une bombe H est divisée en deux étages. Le fonctionnement du premier étage est celui d’une bombe atomique à fission « classique » au plutonium, tandis que le deuxième étage est constitué des combustibles de fusion, le deutérium et le tritium, isotopes de l’hydrogène. Son fonctionnement constitue l’explosion thermonucléaire proprement dite.

Configuration d’une bombe à fission-fusion-fission

Le tritium possède une demi-vie de 12,3 ans : il s’autodétruit de moitié tous les 12 ans. Celui qui est placé dans les bombes H doit donc être régulièrement « rechargé » pour que la bombe reste efficace et ne fasse pas « pchiittt » quand on appuie sur le bouton rouge !

Le tritium s’obtient en ionisant du lithium dans un réacteur nucléaire. Or, les réacteurs qui assuraient cette tâche à Marcoule (Gard) ont été arrêtés en 2009. Malgré les réserves de tritium réalisées, le moment est venu d’en fabriquer du neuf pour « entretenir » nos chères bombes H. C’est Civaux, la plus jeune et la plus puissante des centrales nucléaires françaises, qui a été choisie pour produire un maximum de tritium.

Comment vont-ils s’y prendre ?

En introduisant un ou des tubes contenant des cartouches de lithium dans les trous initialement prévus pour recevoir des barres de contrôle au centre des assemblages de combustible. Le lithium sera bombardé d’ions issus de la fission de l’uranium contenu dans les assemblages et produira du tritium qui restera enfermé dans les cartouches. Il suffira de sortir les cartouches des tubes, de les acheminer au site de recherche et de production d’armes nucléaires de Valduc (Côte-d’Or) où le tritium sera récupéré pour les bombes H.

Cette production de tritium présente-t-elle des inconvénients, ou dangers ?

« Aucun ! » clament à l’ unisson ministre et cadres d’EDF. Pourtant, en y regardant de plus près :

  • Aucun matériau n’est totalement étanche au tritium. Il y aura forcément des fuites qui s’ajouteront à celles du réacteur en fonctionnement civil. Pour autant, les autorisations de rejets ne seront pas modifiées parce qu’elles ont été accordées avec une marge qui pourra absorber les fuites supplémentaires de tritium.
  • Les cartouches gavées de tritium seront donc « raisonnablement » étanches en situation normale, mais en situation accidentelle de fusion partielle elles pourraient libérer leur gaz qui est aussi explosif que l’hydrogène, ce qui ajoute un danger supplémentaire au fonctionnement des réacteurs.
  • La réaction chimique qui libère le tritium du lithium est d’une part exothermique (elle produit de la chaleur) et d’autre part neutrophage (elle absorbe de l’énergie neutronique). Ceci va rendre le contrôle du réacteur plus délicat. L’Autorité de Sûreté Nucléaire dira si ces déséquilibres sont acceptables ou pas.

Toutes les informations ont-elles été fournies à ce stade du projet ? Oui, sauf celles qui concernent le secret défense… En particulier :

  • La masse de tritium contenue dans une cartouche ;
  • Le nombre de cartouches placées dans un cœur de réacteur ;
  • La durée de cette production de matière d’armement atomique.

L’ONU a déclaré que l’usage de la bombe atomique serait un crime contre l’humanité. Tous ceux qui la fabriquent sont donc complices de ce crime potentiel.

  • Jacques Terracher, membre de la CLI de Civaux

Une bombe H, comment ça marche ?

Plus puissante et plus complexe qu’une bombe à fission nucléaire, dite « bombe A », une bombe H est divisée en deux étages. Le fonctionnement du premier étage est celui d’une bombe atomique à fission « classique » au plutonium, tandis que le deuxième étage est constitué des combustibles de fusion, le deutérium et le tritium, isotopes de l’hydrogène. Son fonctionnement constitue l’explosion thermonucléaire proprement dite.

Configuration d’une bombe à fission-fusion-fission

Le tritium possède une demi-vie de 12,3 ans : il s’autodétruit de moitié tous les 12 ans. Celui qui est placé dans les bombes H doit donc être régulièrement « rechargé » pour que la bombe reste efficace et ne fasse pas « pchiittt » quand on appuie sur le bouton rouge !

Le tritium s’obtient en ionisant du lithium dans un réacteur nucléaire. Or, les réacteurs qui assuraient cette tâche à Marcoule (Gard) ont été arrêtés en 2009. Malgré les réserves de tritium réalisées, le moment est venu d’en fabriquer du neuf pour « entretenir » nos chères bombes H. C’est Civaux, la plus jeune et la plus puissante des centrales nucléaires françaises, qui a été choisie pour produire un maximum de tritium.

Comment vont-ils s’y prendre ?

En introduisant un ou des tubes contenant des cartouches de lithium dans les trous initialement prévus pour recevoir des barres de contrôle au centre des assemblages de combustible. Le lithium sera bombardé d’ions issus de la fission de l’uranium contenu dans les assemblages et produira du tritium qui restera enfermé dans les cartouches. Il suffira de sortir les cartouches des tubes, de les acheminer au site de recherche et de production d’armes nucléaires de Valduc (Côte-d’Or) où le tritium sera récupéré pour les bombes H.

Cette production de tritium présente-t-elle des inconvénients, ou dangers ?

« Aucun ! » clament à l’ unisson ministre et cadres d’EDF. Pourtant, en y regardant de plus près :

  • Aucun matériau n’est totalement étanche au tritium. Il y aura forcément des fuites qui s’ajouteront à celles du réacteur en fonctionnement civil. Pour autant, les autorisations de rejets ne seront pas modifiées parce qu’elles ont été accordées avec une marge qui pourra absorber les fuites supplémentaires de tritium.
  • Les cartouches gavées de tritium seront donc « raisonnablement » étanches en situation normale, mais en situation accidentelle de fusion partielle elles pourraient libérer leur gaz qui est aussi explosif que l’hydrogène, ce qui ajoute un danger supplémentaire au fonctionnement des réacteurs.
  • La réaction chimique qui libère le tritium du lithium est d’une part exothermique (elle produit de la chaleur) et d’autre part neutrophage (elle absorbe de l’énergie neutronique). Ceci va rendre le contrôle du réacteur plus délicat. L’Autorité de Sûreté Nucléaire dira si ces déséquilibres sont acceptables ou pas.

Toutes les informations ont-elles été fournies à ce stade du projet ? Oui, sauf celles qui concernent le secret défense… En particulier :

  • La masse de tritium contenue dans une cartouche ;
  • Le nombre de cartouches placées dans un cœur de réacteur ;
  • La durée de cette production de matière d’armement atomique.

L’ONU a déclaré que l’usage de la bombe atomique serait un crime contre l’humanité. Tous ceux qui la fabriquent sont donc complices de ce crime potentiel.

  • Jacques Terracher, membre de la CLI de Civaux


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