Chantons pour contrer la propagande pronucléaire
Pour pallier la désinformation, Anne M, militante de longue date au Réseau "Sortir du nucléaire", propose une action inspirée de la tradition populaire : la chanson de rue. Son projet ? Faire tourner une chorale antinucléaire dans le sud-ouest de la France du 12 mars au 2 avril 2022. Et pour l’accompagner dans cette aventure, elle cherche des volontaires. Nous l’avons interviewée.
Peut-on utiliser tes chansons pour monter une petite chorale de rue ?
Bien sûr. C’est même fortement conseillé en ces temps où il est question de réinvestir des milliards dans la filière nucléaire.
C’est un bon moyen pour contrecarrer, sous une forme ludique et humoristique, la propagande pronucléaire diffusée par les grands médias. J’espère que les militants qui aiment chanter s’empareront de ces chansons. Elles sont faciles à chanter, sur le mode chanson à répons’ ou ritournelle sur des airs très connus. Il faut un leader et les autres répètent...
Comment t’est venue l’idée de chanter le message antinucléaire ?
C’est lors des journées d’études organisées par le Réseau, il y a quelques années, que m’est venue cette idée. Nous réfléchissions à nos modes de communication vers le "grand public" et constations qu’il était nécessaire d’utiliser davantage les médias artistiques et l’humour car c’est un sujet très anxiogène qui fait fuir les gens. De vieilles chansons ont été mises au goût du jour par certains d’entre nous. Comme je suis accordéoniste, je me suis mise à répéter sérieusement ce répertoire militant. En 2017, dès les beaux jours, j’étais prête pour chanter dans les rues et sur les marchés de Narbonne, Montpellier, Toulouse, Brive, etc.
Tu adaptes tes chansons pour chaque territoire. Pourquoi ?
J’ai pu constater que les gens sont plus à l’écoute quand on leur parle de leur territoire. En 2019, une chanson régionaliste "À mes souvenirs" du groupe 3 cafés gourmands a eu pas mal de succès à la radio. Ça m’a donné l’idée de me servir de ce sentiment régionaliste pour faire bouger les mentalités. Je me suis mise à adapter les textes de mes chansons en fonction du lieu où je chante. J’ai écrit deux remakes de "À mes souvenirs" pour Bure et Malvési et plusieurs versions de "V’la l’bon vent", pour Belleville, Bure, Malvési, Golfech, Blayais et Bugey.
Tu intitules cette action "Ma voix pour l’arrêt du nucléaire". Est-ce un hasard ?
Non ce n’est pas un hasard. Le mot voix est à prendre au sens propre et figuré. La voix c’est aussi la voix au sens politique.
Plusieurs chansons parlent de démocratie. Les parlementaires proches du pouvoir ne représentent pas les communes de leur territoire. Pour que ça change, des outils sont à inventer pour connaître la position des habitants sur des sujets d’ordre national comme le nucléaire. Nos conseils municipaux pourraient alors, en toute légitimité, prendre des délibérations sur ces sujets et faire remonter via le maire pour faire bouger les lignes un peu plus haut.
Tu comptes faire une tournée dans le sud-ouest au printemps prochain.
Pourquoi cette région ?
C’est dans le sud-ouest que se trouve la porte d’entrée de l’industrie nucléaire, à 3 km de Narbonne : l’usine Malvési. C’est la première étape pour enrichir l’uranium, futur combustible des centrales. C’est là que tout commence en France.
C’est une région peuplée, agricole et touristique avec une culture régionaliste occitane qui se concilie mal avec tout ce qui nuit au patrimoine naturel et culturel. Pour peu qu’on y mette les moyens, nous pourrions y trouver des alliés pour bloquer l’usine et ses futurs projets.
C’est toute la filière qui serait alors mise à mal... comme le dit si bien un copain militant : "ne faisons pas cadeau de notre pessimisme à l’ennemi !"
Anne Lise Devaux