Après ASTRID, abandonnons les autres projets nucléaires !
Depuis des années, nous dénoncions les risques liés à la prétendue "quatrième génération" de réacteurs à laquelle appartient ASTRID. Se présentant comme une innovation, ce projet n’était qu’un recyclage du surgénérateur Superphénix, démarré en 1986, arrêté en 1997 après 53 mois de fonctionnement cumulés et de nombreux déboires graves. Sa construction et son entretien avaient coûté 12 milliards d’euros et son démantèlement est actuellement un casse-tête. Comme Superphénix, ASTRID devait utiliser comme combustible du plutonium, toxique et radioactif, ainsi que du sodium, qui réagit violemment avec l’eau et s’enflamme au contact de l’air.
Si plus de 700 millions d’euros ont déjà été engloutis dans les travaux de conception d’ASTRID, on ne peut qu’applaudir cette décision d’abandonner le projet face à l’absurdité et aux risques d’une telle expérience qui aurait coûté entre 5 et 10 milliards d’euros. EDF serait inspiré d’en tirer leçon avec l’EPR de Flamanville ! Il faut souhaiter que cet argent public soit redirigé vers la recherche sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables, afin de permettre une transition énergétique permettant de sortir définitivement du nucléaire et d’agir résolument contre le changement climatique.
Comme l’EPR (notamment l’EPR "nouveau modèle") et ITER, ASTRID était une chimère destinée à entretenir l’illusion d’un avenir radieux pour une industrie nucléaire en déconfiture. Avec l’abandon de ce projet, cet horizon en trompe-l’oeil se déchire enfin : il faut maintenant en tirer des leçons et arrêter d’engloutir des milliards dans ces grands projets inutiles, imposés et dangereux !
L’abandon d’ASTRID, une occasion de mettre fin à la filière plutonium et de cesser le mensonge sur le statut des déchets
Les réacteurs de 4ème génération étaient censés fonctionner au plutonium. Cette perspective était l’une des raisons invoquées par la filière nucléaire pour légitimer le "retraitement" du combustible usé et donc la production et l’accumulation à l’usine de La Hague de quantités astronomiques de plutonium [1], présenté officiellement comme une "matière valorisable" [2]. Avec la fin du projet ASTRID, une des justifications pour l’accumulation de cette substance disparaît. Les autres utilisations (production d’arme nucléaire ou du combustible MOX, dangereux et polluant) sont tout aussi néfastes et inutiles et n’absorberont jamais le stock de plutonium. Orano doit arrêter de mentir : ce plutonium est un déchet, ni plus ni moins. Quant au "retraitement" du combustible, opération coûteuse, risquée et polluante, il est plus urgent que jamais d’y mettre fin.
Pourtant, alors que reprend le débat public sur le Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs, celui-ci, en accord avec les autorités, persiste à présenter le "retraitement" et la filière du plutonium comme intangibles, et ce alors même que l’abandon d’ASTRID était connu en interne depuis plusieurs années et aurait dû amener à prendre les devants. Nous dénonçons l’attitude d’une filière qui a toujours refusé de penser sa fin et préfère poursuivre la fuite en avant avec des options hasardeuses [3] plutôt que de tarir le flot de déchets radioactifs.
Contact presse :
Martial Chateau - 06 45 30 74 66
Pour en savoir plus :
Voir notre article d’analyse critique sur le projet ASTRID : https://www.sortirdunucleaire.org/Le-reacteur-Astrid-technologie
Note sur ASTRID du physicien nucléaire Bernard Laponche ex-ingénieur du CEA et de l’association Global Chance :