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Sortir du nucléaire n°57



Printemps 2013

Notes de lecture

À livres ouverts...

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°57 - Printemps 2013



Comme à chaque numéro, nous partageons avec vous nos impressions sur quelques-uns des livres que nous avons reçus ces derniers mois.



Electricité solaire photovoltaïque en 60 questions/réponses


Éd. Observ’ER, 2010, 72 pages, 18 €, disponible en librairie.

L’électricité solaire photovoltaïque est, avec l’éolien, une des principales énergies à développer pour remplacer les énergies nucléaire et fossiles.

Extrêmement fiable dans la durée, de plus en plus compétitive, peu polluante en comparaison des filières énergétiques aujourd’hui dominantes, et en plein développement technologique, l’énergie photovoltaïque n’attend que le bon vouloir de notre gouvernement pour exprimer son véritable potentiel en France.
Ce guide, découpé en sept grands axes tels que "Pourquoi", "Comment ça marche ?" "Quel impact sur l’environnement" ou "Quel impact économique", est complet et accessible. Il aborde toutes les questions qu’on peut se poser sur le photovoltaïque, des petites installations individuelles aux grandes centrales au sol.
Certains points, comme les aides, ou les démarches préalables à l’installation, pouvant évoluer rapidement, de nombreuses adresses Internet sont indiquées. Cela permet à l’ouvrage de rester à jour malgré les changements de réglementation.

Un printemps à Tchernobyl


Emmanuel Lepage, Ed. Futuropolis, 2012, 168 pages, 24,50 €, à commander dans la boutique du Réseau.

Après un séjour artistique à Tchernobyl, Emmanuel Lepage a trituré plusieurs années ses ressentis et impressions de voyage avant de nous proposer un témoignage inquiétant. Poétique et bouleversant.

S’il n’y avait qu’une chose à retenir de ses illustrations, de ses croquis sur le vif, ce serait l’impossibilité de voir et sentir la radioactivité au sein d’un esthétisme environnemental surprenant, une nature libérée de la présence humaine. Tout en connaissant les conséquences industrielles de la catastrophe et sachant que le danger est présent mais invisible.

Emmanuel Lepage nous conduit à nous questionner sur cette notion d’abstraction, d’un réel visible qui ne reflète pas une réalité, dissimulée derrière les pulsations du compteur Geiger.

La superposition de techniques graphiques et l’utilisation parcimonieuse de la palette des couleurs, avec une prédominance du noir et blanc, crée ce contraste saisissant. Quelques touches de rouge, de verts lumineux et la lumière qui émane des derniers habitants, contribuent à accentuer cette opposition entre sentiments de danger et beauté de la vie.

Entre doutes, peurs, idées préconçues et incompréhension d’une situation qui lui échappe, l’auteur réussit le pari de témoigner d’une catastrophe tout en nous amenant à des réflexions plus philosophiques et ethnologiques. Du grand art, pas seulement graphique.

Pourquoi Fukushima après Hiroshima ?


Une éthique pour sortir du nucléaire

Jean-Marc Sérékian,
Éd. Médial – Sang de la Terre, 2012, 150 p., 14,50 €, disponible en librairie.

Fukushima, "l’accident de trop" ? Jean-Marc Sérékian, en est convaincu : après Tchernobyl, il est celui qui "boucle un cycle historique" en révélant "l’origine et l’unique finalité militaire du nucléaire". Son livre rassemble dix réflexions, en autant de chapitres, pour expliciter sur le plan éthique la nécessité d’une sortie urgente du nucléaire. Un large brassage d’idées sur l’espérance de vie du nucléaire, en lien avec cette "machine d’envoûtement, de sécurisation sociale du nucléaire" mise en œuvre, au point que les discours rationnels ne semblent pas avoir prise.
L’auteur souligne bien comment "le déni de réalité est devenu durable et flagrant" et "structure l’organisation idéologique du pouvoir". Reste que le poids de l’arme nucléaire comme frein à une possible sortie du nucléaire en France, semble bien trop vite évoqué, quasi uniquement à travers la question des victimes des essais nucléaires. Alors qu’il s’agit d’un nœud crucial nécessitant une approche à la fois spécifique et complémentaire, sans quoi tout projet de sortie est voué à l’échec.

Patrice Bouveret

Areva mon amour


Thierry Gadault, Bourin éditeur, 164 pages, 19 €, disponible en librairie.

En revenant sur l’histoire d’AREVA et du limogeage de notre “Atomic Anne” nationale, Thierry Gadault nous invite dans une véritable plongée au cœur de l’industrie de l’atome.

Cette enquête, d’une grande qualité et basée sur des entretiens avec les principaux protagonistes du nucléaire, nous fait découvrir, page après page, les dessous insoupçonnés de l’entreprise AREVA et du pouvoir acquis peu à peu par la firme. Un pouvoir qui les rend fous !
L’auteur démystifie ainsi l’image souvent répandue d’un lobby uni et revient sur la guerre intestine qui a toujours fait rage entre les différentes branches de l’industrie nucléaire. Car le conflit entre les X-ponts et chaussées d’EDF, les X-mines du CEA, Cogema, Areva ne date pas d’hier. Il trouve son origine dès la mise en place de l’industrie nucléaire française où, dès le départ, les deux camps se sont opposés pour prendre le contrôle de la filière.

On comprend alors que la chute d’Anne Lauvergeon est directement lié à ce conflit historique et qu’elle était préparée, en sous-main, par l’Elysée depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’État. Un État qui a pourtant eu bien du mal à avoir la tête de la patronne d’Areva...

Arrêtez la bombe !

Paul Quilès, Bernard Norlain, Jean-Marie Collin
Éd. Le cherche midi, 2013, 264p. 16,50 €.

L’ambition des auteurs est de briser le tabou sur l’arme nucléaire associé au concept de la dissuasion qui fait de la France un goulot d’étranglement du désarmement nucléaire. D’une lecture accrocheuse et à l’argumentation solide, bien que d’une facture classique, le pari semble réussi. Toutefois, il manque des éléments de réflexion sur la part d’irrationalité qui ancre la bombe en France dans une sacralité qui n’existe pas dans les autres puissances nucléaires où existent une contestation et un débat.

D’ailleurs, l’intérêt majeur de cet ouvrage ne provient pas tant des arguments développés — dont bon nombre auront un air de déjà connu, surtout pour les antinucléaires —, mais de la personnalité singulière de leurs auteurs : un ancien ministre socialiste de la défense (cf. son interview dans la précédente revue), un général ancien conseiller militaire des Premiers ministres Jacques Chirac et Michel Rocard et le représentant en France de l’organisation internationale des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Cela donne à cet ouvrage un poids supplémentaire à même d’introduire des failles dans le “consensus médiatique” entourant la bombe.

Avenir Radieux, Une fission française

Nicolas Lambert, Ed. L’Échappée, 2012, 128 pages, 10 €.

Après avoir écumé les salles de spectacles avec sa pièce de théâtre sur l’affaire ELF, Nicolas Lambert revient plus incisif que jamais avec le deuxième volet de sa trilogie qui aborde le nucléaire.
Ce livre est plus qu’une simple retranscription de la pièce, il propose des éclairages en profondeur sur ce milieu opaque et pourtant au pouvoir depuis plus de 60 ans. Page après page, il nous livre des informations essentielles à la bonne compréhension de cette prise en otage typiquement française.
Le texte intégral est ici enrichi d’une interview de l’auteur, de quelques anecdotes croustillantes, de portraits de nucléocrates et d’une chronologie du nucléaire.
La lecture de la pièce est rendu un peu compliquée avec les nombreux commentaires et l’ensemble des notes et précisions qui égrènent cet ouvrage. Mais l’essentiel étant de pouvoir rapidement comprendre les faits et situer les principaux protagonistes, il s’agit bel et bien d’un document que l’on pourrait situer entre une fiction et un recueil pédagogique. Toutes les fables et mensonges dont nous avons été abreuvés ces dernières décennies sont ici décortiqués et démontés dans un style accessible à tous. Tout devient limpide au néophyte.

Electricité solaire photovoltaïque en 60 questions/réponses


Éd. Observ’ER, 2010, 72 pages, 18 €, disponible en librairie.

L’électricité solaire photovoltaïque est, avec l’éolien, une des principales énergies à développer pour remplacer les énergies nucléaire et fossiles.

Extrêmement fiable dans la durée, de plus en plus compétitive, peu polluante en comparaison des filières énergétiques aujourd’hui dominantes, et en plein développement technologique, l’énergie photovoltaïque n’attend que le bon vouloir de notre gouvernement pour exprimer son véritable potentiel en France.
Ce guide, découpé en sept grands axes tels que "Pourquoi", "Comment ça marche ?" "Quel impact sur l’environnement" ou "Quel impact économique", est complet et accessible. Il aborde toutes les questions qu’on peut se poser sur le photovoltaïque, des petites installations individuelles aux grandes centrales au sol.
Certains points, comme les aides, ou les démarches préalables à l’installation, pouvant évoluer rapidement, de nombreuses adresses Internet sont indiquées. Cela permet à l’ouvrage de rester à jour malgré les changements de réglementation.

Un printemps à Tchernobyl


Emmanuel Lepage, Ed. Futuropolis, 2012, 168 pages, 24,50 €, à commander dans la boutique du Réseau.

Après un séjour artistique à Tchernobyl, Emmanuel Lepage a trituré plusieurs années ses ressentis et impressions de voyage avant de nous proposer un témoignage inquiétant. Poétique et bouleversant.

S’il n’y avait qu’une chose à retenir de ses illustrations, de ses croquis sur le vif, ce serait l’impossibilité de voir et sentir la radioactivité au sein d’un esthétisme environnemental surprenant, une nature libérée de la présence humaine. Tout en connaissant les conséquences industrielles de la catastrophe et sachant que le danger est présent mais invisible.

Emmanuel Lepage nous conduit à nous questionner sur cette notion d’abstraction, d’un réel visible qui ne reflète pas une réalité, dissimulée derrière les pulsations du compteur Geiger.

La superposition de techniques graphiques et l’utilisation parcimonieuse de la palette des couleurs, avec une prédominance du noir et blanc, crée ce contraste saisissant. Quelques touches de rouge, de verts lumineux et la lumière qui émane des derniers habitants, contribuent à accentuer cette opposition entre sentiments de danger et beauté de la vie.

Entre doutes, peurs, idées préconçues et incompréhension d’une situation qui lui échappe, l’auteur réussit le pari de témoigner d’une catastrophe tout en nous amenant à des réflexions plus philosophiques et ethnologiques. Du grand art, pas seulement graphique.

Pourquoi Fukushima après Hiroshima ?


Une éthique pour sortir du nucléaire

Jean-Marc Sérékian,
Éd. Médial – Sang de la Terre, 2012, 150 p., 14,50 €, disponible en librairie.

Fukushima, "l’accident de trop" ? Jean-Marc Sérékian, en est convaincu : après Tchernobyl, il est celui qui "boucle un cycle historique" en révélant "l’origine et l’unique finalité militaire du nucléaire". Son livre rassemble dix réflexions, en autant de chapitres, pour expliciter sur le plan éthique la nécessité d’une sortie urgente du nucléaire. Un large brassage d’idées sur l’espérance de vie du nucléaire, en lien avec cette "machine d’envoûtement, de sécurisation sociale du nucléaire" mise en œuvre, au point que les discours rationnels ne semblent pas avoir prise.
L’auteur souligne bien comment "le déni de réalité est devenu durable et flagrant" et "structure l’organisation idéologique du pouvoir". Reste que le poids de l’arme nucléaire comme frein à une possible sortie du nucléaire en France, semble bien trop vite évoqué, quasi uniquement à travers la question des victimes des essais nucléaires. Alors qu’il s’agit d’un nœud crucial nécessitant une approche à la fois spécifique et complémentaire, sans quoi tout projet de sortie est voué à l’échec.

Patrice Bouveret

Areva mon amour


Thierry Gadault, Bourin éditeur, 164 pages, 19 €, disponible en librairie.

En revenant sur l’histoire d’AREVA et du limogeage de notre “Atomic Anne” nationale, Thierry Gadault nous invite dans une véritable plongée au cœur de l’industrie de l’atome.

Cette enquête, d’une grande qualité et basée sur des entretiens avec les principaux protagonistes du nucléaire, nous fait découvrir, page après page, les dessous insoupçonnés de l’entreprise AREVA et du pouvoir acquis peu à peu par la firme. Un pouvoir qui les rend fous !
L’auteur démystifie ainsi l’image souvent répandue d’un lobby uni et revient sur la guerre intestine qui a toujours fait rage entre les différentes branches de l’industrie nucléaire. Car le conflit entre les X-ponts et chaussées d’EDF, les X-mines du CEA, Cogema, Areva ne date pas d’hier. Il trouve son origine dès la mise en place de l’industrie nucléaire française où, dès le départ, les deux camps se sont opposés pour prendre le contrôle de la filière.

On comprend alors que la chute d’Anne Lauvergeon est directement lié à ce conflit historique et qu’elle était préparée, en sous-main, par l’Elysée depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’État. Un État qui a pourtant eu bien du mal à avoir la tête de la patronne d’Areva...

Arrêtez la bombe !

Paul Quilès, Bernard Norlain, Jean-Marie Collin
Éd. Le cherche midi, 2013, 264p. 16,50 €.

L’ambition des auteurs est de briser le tabou sur l’arme nucléaire associé au concept de la dissuasion qui fait de la France un goulot d’étranglement du désarmement nucléaire. D’une lecture accrocheuse et à l’argumentation solide, bien que d’une facture classique, le pari semble réussi. Toutefois, il manque des éléments de réflexion sur la part d’irrationalité qui ancre la bombe en France dans une sacralité qui n’existe pas dans les autres puissances nucléaires où existent une contestation et un débat.

D’ailleurs, l’intérêt majeur de cet ouvrage ne provient pas tant des arguments développés — dont bon nombre auront un air de déjà connu, surtout pour les antinucléaires —, mais de la personnalité singulière de leurs auteurs : un ancien ministre socialiste de la défense (cf. son interview dans la précédente revue), un général ancien conseiller militaire des Premiers ministres Jacques Chirac et Michel Rocard et le représentant en France de l’organisation internationale des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Cela donne à cet ouvrage un poids supplémentaire à même d’introduire des failles dans le “consensus médiatique” entourant la bombe.

Avenir Radieux, Une fission française

Nicolas Lambert, Ed. L’Échappée, 2012, 128 pages, 10 €.

Après avoir écumé les salles de spectacles avec sa pièce de théâtre sur l’affaire ELF, Nicolas Lambert revient plus incisif que jamais avec le deuxième volet de sa trilogie qui aborde le nucléaire.
Ce livre est plus qu’une simple retranscription de la pièce, il propose des éclairages en profondeur sur ce milieu opaque et pourtant au pouvoir depuis plus de 60 ans. Page après page, il nous livre des informations essentielles à la bonne compréhension de cette prise en otage typiquement française.
Le texte intégral est ici enrichi d’une interview de l’auteur, de quelques anecdotes croustillantes, de portraits de nucléocrates et d’une chronologie du nucléaire.
La lecture de la pièce est rendu un peu compliquée avec les nombreux commentaires et l’ensemble des notes et précisions qui égrènent cet ouvrage. Mais l’essentiel étant de pouvoir rapidement comprendre les faits et situer les principaux protagonistes, il s’agit bel et bien d’un document que l’on pourrait situer entre une fiction et un recueil pédagogique. Toutes les fables et mensonges dont nous avons été abreuvés ces dernières décennies sont ici décortiqués et démontés dans un style accessible à tous. Tout devient limpide au néophyte.



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