Mercredi 28 Juin 2023, lors de son passage à Marseille, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de construire des réacteurs nucléaires à Fos sur Mer dans le but, d’une part, de décarboner les activités industrielles et portuaires du site et, d’autre part, de développer la filière hydrogène. C’est aussi pour profiter d’un accès à une source de refroidissement plus stable quand les centrales implantées le long des fleuves sont menacées d’intermittence par la sécheresse.
@Crédit photo : André Paris et Arnaud 25 - Wikimedia Commons - CC BY SA 4.0 (image modifiée)
Les associations signataires de ce communiqué constatent d’abord, qu’une fois de plus, en matière d’énergie et surtout de nucléaire, seule une technocratie impose ses vues, les parties prenantes n’étant pas consultées. Les citoyens, qui seront les premiers à subir les conséquences des pollutions radioactives et chimiques entraînées par la centrale, ont droit à un vrai débat. Et pourtant, dès janvier 2023, sans attendre les conclusions du débat public qui était en cours, le gouvernement validait le projet de 6 nouveaux réacteurs et abrogeait l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2035. Le gouvernement pourrait autoriser la construction de réacteurs à Marseille-Fos en supprimant, de la même façon, les dispositions de la loi du 22 juin 2023 qui restreignent l’implantation de nouveaux réacteurs seulement à proximité des sites existants.
Nous voulons alerter le public sur la fausse bonne solution du recours au nucléaire sur le bassin de Fos/mer, et, d’une manière plus générale, sur le déploiement d’une nouvelle génération d’EPR alors que cette technologie n’est toujours pas maîtrisée.
Le site envisagé n’est pas recommandé du point de vue des scientifiques [1], en raison du risque de sismicité et de submersion. Si de tels événements sont moins fréquents en Méditerranée, ce sont ces mêmes facteurs qui ont conduit au drame de Fukushima. Le site est-il approprié compte tenu de la présence de plusieurs ICPE de niveau Seveso ? En cas d’accident grave, pourrait-on évacuer efficacement la population ?
Le nucléaire est beaucoup trop lent pour répondre à l’urgence climatique. La décarbonation de l’industrie et des activités de logistique [2] doit s’accélérer faute de quoi les retards de la France [3] en matière de réduction des gaz à effet de serre vont s’accroître. La menace est sérieuse que le réchauffement en France atteigne +4°C voire plus à la fin du siècle [4] si les objectifs ne sont pas tenus à l’échéance 2035, compte tenu de la durée de vie des gaz à effet de serre. Le gouvernement propose de construire de nouvelles centrales nucléaires dont la première ne serait pas opérationnelle avant 2036. Qui peut penser que cette échéance sera tenue alors que les programmes nucléaires engagés depuis au moins 20 ans par la filière atomique française connaissent tous des retards vertigineux.
En attendant, c’est autant d’argent qui n’est pas investi dans le développement des énergies renouvelables. La France est le seul pays d’Europe à être en retard par rapport à ses objectifs de renouvelable dans le mix énergétique. La plaine de la Crau est l’un des sites français le mieux pourvu : plus de 300 jours de soleil par an et du vent à profusion. Et pourtant, le déploiement des énergies renouvelables sur ce territoire demeure historiquement faible. Lors de sa visite, monsieur Macron a rappelé qu’il ne croit pas au développement massif des renouvelables. Il propose tout simplement de continuer à prendre du retard sur l’agenda climatique.
La lenteur n’est que le premier élément de la longue liste des inconvénients du nucléaire. On peut citer en particulier la perte de souveraineté - la France importe l’intégralité de son uranium, les risques en matière de sûreté, la gestion des déchets et les rejets quotidiens de radioactivité dans l’eau et dans l’air.
Nous, associations signataires, estimons que ce projet de centrales nucléaires, à Fos/mer ou ailleurs, doit être abandonné et que les efforts, dans l’intérêt général, doivent se porter, sans délai, vers la maîtrise de la demande et le développement accéléré des énergies renouvelables.
Premiers signataires : Adelphi’cité - Alternatiba Marseille, Aix et Martigues – Amis de la Terre Bouches du Rhône/ Provence - Climat zéro fossiles Toulon - Coordination anti-nucléaire du sud-est – Collectif anti-nucléaire du Vaucluse – Enfants de Tchernobyl – FNE Paca – Greenpeace Marseille – Réseau "Sortir du Nucléaire" – Solidaires 13 - Stop Croisières Marseille et grande rade de Toulon - XR Marseille et Pays d’Aix