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Des accidents nucléaires partout

Ukraine : Incendie à la centrale de Zaporijjia

Attaque et occupation par l’armée russe de la plus grosse centrale d’Europe




4 mars 2022


Dans la nuit du 3 au 4 mars 2022, des tirs de l’armée russe ont touchés la centrale de Zaporijjia en Ukraine. Ils ont atteint des bâtiments annexes et ont déclenché un incendie qui a été maîtrisé au bout de plusieurs heures. Selon la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) qui suit de près les informations provenant de l’autorité de sûreté ukrainienne, aucune hausse de radioactivité n’a été détectée et la sûreté du site nucléaire, désormais sous contrôle des forces armées russes, est encore assurée.


La Criirad surveille de très près la situation des installations nucléaires ukrainiennes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022. L’association indépendante créée après l’accident de Tchernobyl en 1986, avait accès aux données transmises par les capteurs de radioactivité disposés autour des centrales et pouvait surveiller en direct l’état des sites. Mais depuis ce 4 mars 2022, il n’est plus possible d’avoir un accès direct aux données des balises de mesure de radioactivité autour de la centrale de Zaporijjia.
Les forces russes ont pris le contrôle de l’installation, dont la sûreté ne semble pas mise en question suite aux tirs et bombardements qu’elle a subit dans la nuit. D’après un communiqué de l’exploitant public des centrales nucléaires ukrainiennes, Energoatom, l’incendie à détruit un bâtiment administratif, le bâtiment du réacteur 1 a été touché mais sans qu’il n’y ait d’atteinte directe à celui-ci. Une tuyauterie véhiculant des effluents liquides radioactifs a été touchée, pas de fuite n’a été détectée mais elle n’est pas à exclure. Une zone d’entreposage de combustible usés a également été touchée par les tirs russes, l’estimation des dégâts causés est à venir. Plusieurs blessés et morts sont à déplorer, les équipes sur place depuis l’attaque travaillent en continu et sont épuisées.

Comme le souligne la Criirad, cette centrale est la plus grande d’Europe : elle regroupe 6 réacteurs nucléaires de 950 MWe chacun (en France le site de Gravelines regroupe 6 réacteurs nucléaires de 900 MWe chacun). Un seul de ses réacteur serait encore en production, mais à puissance réduite. Mais même arrêtés, les réacteurs nucléaires ont en permanence besoin d’eau et d’électricité. Si l’un ou l’autre venait à manquer, la sûreté serait directement menacée car la puissance thermique dégagée par le combustible irradié doit toujours être évacuée (c’est pourquoi il est en permanence refroidit lorsqu’il est dans la cuve du réacteur et qu’il est placé dans des piscines de refroidissement lorsqu’il n’est pas dans la cuve).

Il est probable que les forces russes cherchent à prendre le contrôle de l’approvisionnement de l’électricité en Ukraine. La Russie n’a pas d’intérêt stratégique à provoquer une explosion nucléaire sur un territoire qu’elle désire conquérir et occuper. Mais elle instille ainsi - à juste titre - un sentiment de peur. La situation à la centrale de Zaporijjia et plus largement en Ukraine met cruellement en avant la dangerosité et la vulnérabilité des installations nucléaires, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient. Elles ne sont pas conçues pour résister à des bombardements. Elles n’ont pas été pensées pour fonctionner en temps de guerre. Elles sont tributaires d’un approvisionnement permanent d’eau et d’électricité sous peine de provoquer un accident nucléaire. Des équipes formées doivent être aux commandes 24 heures sur 24 et pouvoir intervenir à tout moment sur les sites.

Si pour l’instant la situation semble sous contrôle à la centrale de Zaporijjia, elle reste extrêmement préoccupante. Seules les informations officielles fournies par l’autorité de sûreté ukrainienne, la SNRIU, restent accessibles (voir leur communiqué mis à jour le 4 mars à 8h, en anglais). L’ASN, l’autorité de sûreté nucléaire française a déclaré mettre son centre d’urgence en mode "veille". L’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, appelle à l’arrêt du recours à la force et met en garde contre un grave danger si des réacteurs étaient touchés. Cette guerre sur un territoire jalonné d’installations nucléaires fait courir des risques radiologiques non seulement pour l’Ukraine, mais pour tous ses pays voisins et pour toute l’Europe.

Mise à jour le 10 mars 2022 :

Le 10 mars, la SNRIU a fait le point sur l’état du site nucléaire. Deux lignes électriques sur les 4 raccordées habituellement à la centrale fonctionnent, les 2 autres ont été touchées. Deux des 6 réacteurs produisent de l’électricité. Le réacteur 1 et le réacteur 6 ont été endommagés lors de l’attaque russe, des bâtiments administratifs et de formation ont été complètement détruits. L’occupation du territoire rend impossible l’approvisionnement en pièces de rechange. Impossible aussi de faire venir sur place du personnel qualifié pour procéder à certaines opérations de maintenance qui étaient prévues. Les interventions sont donc réduites au nécessaire et conditionnées aux moyens disponibles sur place. Le manque de personnel hautement qualifié et d’équipements complique les opérations de maintenance. Si la situation au plan de la sûreté est stable, la SNRIU souligne qu’une maintenance incomplète ou qui ne serait pas faite au moment voulu peut détériorer la sûreté du site nucléaire, provoquer des défaillances et conduire à la survenue d’accident.

Des recherches sont menées sur place pour identifier des obus ou missiles qui n’auraient pas explosé lors de l’attaque et de la prise de possession de la centrale nucléaire par les troupes russes. La SNRIU rappelle tout engin explosif sur le site est une menace, pas seulement pour la sécurité du personnel mais pour toute la centrale dans sa globalité.

Les systèmes automatiques qui mesurent et surveillent les niveaux de radiations des réacteurs et des zones contrôlées fonctionnent normalement. Aucun changement des niveaux de radioactivité n’ont été enregistrés. En revanche, le site internet de la centrale ne fonctionne toujours pas, et le système d’information en temps réel du public sur les niveaux de radioactivité n’est pas accessible.

Mise à jour du 12 mars 2022 :

La centrale nucléaire et la ville adjacente Enerhodar sont toujours sous le contrôle de l’armée russe. La situation des réacteurs reste inchangée : 2 fonctionnent, 2 sont en réparation, les autres sont arrêtés. Deux des lignes à haute tension qui alimentent le site sont toujours déconnectées. Des mesures sont prises pour les remettre en état de fonctionner mais elles sont rendues difficiles par l’occupation de l’armée russe.

La surveillance du site nucléaire par des autorités de contrôle indépendantes n’est pas assurée étant donné les risques pour la vie et la santé des inspecteurs de la SNRIU et la destruction des espaces de vie et de travail qui leur sont alloués sur place. Mais le personnel de la centrale est en contact permanent avec l’autorité de contrôle. D’après les informations reçues :

 le personnel assure les opérations de conduite des réacteurs,

 la rotation du personnel est assurée,

 les recherches d’engins explosifs se poursuivent,

 le systèmes de surveillance de la radioactivité fonctionnent normalement, aucune hausse n’a été détectée.

La SNRIU confirme qu’au moins 11 membres de Rosatom, la société d’état de l’énergie atomique de la Fédération Russe sont sur place. D’après les informations obtenues, ces représentants n’interfèrent pas encore avec les opérations. La conduite, l’entretien et la direction de la centrale reste assurés par le personnel de la centrale. Le personnel dément aussi catégoriquement la rumeur qui court dans certains médias selon laquelle la centrale passerait sous le contrôle de Rosatom.

Mise à jour le 16 mars :

Le 16 mars 2022, par un nouveau communiqué, la SNRIU informe que la situation technique à la centrale de Zaporizhzhia n’a pas changé. Par ailleurs, les agents représentants la société russe Rosatom sont toujours présents. L’autorité de contrôle ukrainienne n’a pas d’information sur leur but ou leurs intentions mais certifie que la centrale est encore exclusivement dirigée par le personnel ukrainien du site.

La SNRIU tient à souligner qu’aucune demande de conseil technique ou de quelque forme de soutien que ce soit n’a été adressée par l’Ukraine à la Russie. La présence du personnel de Rosatom au sein de la centrale est illégale et n’est en rien liée à une assurance de sûreté ou de radioprotection. Les équipes de la centrale sont hautement qualifiées et ont toutes les ressources pour assurer par elles-mêmes les opérations. La SNRIU précise qu’au contraire, la présence incontrôlée d’étrangers, y compris d’experts nucléaires, sur le site est une menace directe à la sécurité des installations, du personnel, du public et de l’environnement.

De son côté, l’AIEA a publié un communiqué en fin de journée, informant qu’une 3ème ligne électrique a été endommagée. La centrale a encore 2 autres lignes externes pour l’alimenter en électricité : une qui fonctionne, une de secours qui est en stand-by. Elle est par ailleurs dotée de groupes électrogènes à moteur diesel pour prendre le relai en cas de perte totale d’alimentatino électrique par le réseau. Les raisons de cette coupure sur la 3ème ligne ne sont pas connues. La veille, le 15 mars, l’AIEA annonçait également que toutes les informations obtenues par la SRIU sur l’état de Zaporizhzhia et de Tchernobyl étaient contrôlées par les forces armées russes. Par ailleurs, les obus et autres engins explosifs qui n’avaient pas explosés sur le site lors de l’attaque du 4 mars ont été mis à feu par les occupants russes, provoquant de nouvelles explosions sur le site.

Ce que dit la Criirad :

  • Bombardement et incendie à la centrale de Zaporijjia : l’inquiétude grandit

Publié le 04/03/2022

La centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine est l’une des plus puissantes d’Europe avec six réacteurs nucléaires de 950 MWe.Dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 mars 2022, un incendie s’est déclaré après des bombardements sur le site.

Selon le site internet de l’organisme d’inspection de la sûreté nucléaire ukrainienne, le SNRIU, la centrale a subi un bombardement vers 1h du matin. Ce bombardement a provoqué un incendie qui a endommagé un bâtiment auxiliaire du réacteur numéro 1. Il aurait été éteint vers 6h20 ce matin. Les forces militaires russes occupent la centrale mais d’après le SNRIU, les fonctions de sûreté nucléaire ne seraient pas atteintes et la radioactivité dans l’air autour de la centrale serait normale.

Le service balises de la CRIIRAD surveille la situation ukrainienne depuis le 24 février de façon extrêmement régulière. Il avait accès il y a encore peu de temps aux résultats en direct des capteurs qui mesurent la radioactivité autour de la centrale de Zaporijia mais ce n’est plus le cas ce matin. Il est impossible d’accéder aux résultats et l’on doit s’en tenir aux informations officielles transmises par le SNRIU.

Seul le réacteur n°4 fonctionne mais à puissance réduite (690 MWe). Les 5 autres réacteurs soient actuellement déconnectés du réseau. La situation de la centrale reste extrêmement préoccupante. Qu’il soit en fonctionnement ou à l’arrêt, chaque réacteur nucléaire est doté d’un cœur constitué de combustible hautement radioactif. Du combustible irradié est également en désactivation dans les piscines de refroidissement. L’absence de ressources électriques permettant de faire fonctionner les pompes, ou de système de puisage d’eau dans le Dniepr (soit du fait de bombardements, soit parce que les personnels d’exploitation ne pourraient plus accéder au site) pourrait conduire à une situation catastrophique du fait de la perte des fonctions de refroidissement.

Cette situation doit absolument être stoppée, compte tenu des risques radiologiques encourus pour l’Ukraine, les pays voisins ainsi que l’Europe entière.

Ce vendredi 4 mars 2022, la CRIIRAD a également publié un message vidéo à destination du grand public.

  • Précisions sur la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia et les dégâts provoqués par l’attaque russe

Publié le 05/03/2022

Statut des 6 réacteurs nucléaires :

D’après les informations publiées le 5 mars à 8h par le SNRIU (organisme de contrôle ukrainien) :
 le réacteur n°4, dont la puissance avait été réduite de 980 MWe à 690 MWe (sans être arrêté), fonctionne de nouveau à pleine puissance,
 le réacteur n°2, qui avait été mis à l’arrêt par mesure de sécurité (comme le n°3), est à nouveau en service, à 460 MWe,
 Les réacteurs n° 1, 3, 5 et 6 sont toujours à l’arrêt. Les combustibles nucléaires doivent être refroidis en permanence, qu’ils soient dans les cuves des réacteurs ou dans les piscines de désactivation.

Conséquences de l’attaque :

D’après Petro Kotin, président d’Energoatom, entreprise publique qui exploite les centrales nucléaires d’Ukraine, il y a eu des bombardements et des tirs d’artillerie. Les bombardements ont commencé à 1 h 42 et ont cessé au petit matin, avec la prise de contrôle du site. Les premières informations faisaient état de 3 morts (à priori parmi le personnel de sécurité), et de 2 blessés, dont l’un était hier entre la vie et la mort.

D’après Energoatom, le bâtiment de formation n’est pas la seule structure affectée par les attaques russes. Extraits d’un communiqué d’information du 4 mars :

 « Malgré la résistance désespérée de la Garde nationale, de la défense de zone et des habitants d’Energodar, un convoi de véhicules d’occupation a tiré à bout portant sur le site de la centrale, les structures adjacentes et le centre de formation, qui a fini par prendre feu.

 Un obus a touché l’unité 1 de la centrale électrique qui est actuellement en réparation, de plus, le bâtiment A du complexe de formation a été complètement détruit. (…)

- Une mise à jour du 4 mars 15h précise également que « 2 obus d’artillerie ont touché la zone de l’installation de stockage du combustible nucléaire usé de type sec. Le degré d’endommagement des structures et des systèmes de ces installations nucléaires et leur impact sur la sécurité nécessitent des évaluations supplémentaires fondées sur les résultats des inspections complètes menées par les services spéciaux de l’Organisation exploitante ».

 À partir du 4 mars, 9h00, le personnel de la centrale a été autorisé à travailler, mais les professionnels de l’énergie nucléaire ont travaillé sur le site pendant près de 24 heures, ils sont donc physiquement et moralement épuisés. Il est nécessaire qu’une autre équipe vienne travailler. La direction de la centrale a été menacée par des armes, il y a des morts et des blessés. Le réseau d’alimentation en chaleur d’Energodar a été endommagé à plusieurs endroits, la ville reste sans chauffage.

 La principale menace provient des matières nucléaires stockées dans les six réacteurs nucléaires de la centrale et dans les piscines de refroidissement du site » (sans oublier les assemblages de combustible irradié accumulés dans l’installation d’entreposage à sec du combustible usé sur le site de la centrale).

 L’exploitant indique n’avoir « aucun contrôle sur la situation nucléaire et radiologique de la centrale » tout en indiquant que « selon les dernières données, le niveau de radiation sur le site de la centrale ZNPP se situe dans les limites normales ».

 « (…) Cependant, la situation est extrêmement menaçante et dangereuse. Les exigences en matière de sécurité nucléaire et radiologique ont été violées. Les conséquences sont difficiles à prévoir. ».

Texte intégral en anglais ici.

Dans l’interview qu’il a donné au quotidien Le Monde, le 4 mars, le président d’Energoatom indique également qu’un « tuyau spécial qui raccorde les réacteurs aux bâtiments de traitement, où l’eau radioactive est purifiée puis renvoyée aux réacteurs, a également été endommagé par ces bombardements. Il n’y a pas de fuite radioactive, mais le risque existe. ».

Tout en précisant que l’attaque n’avait provoqué aucun rejet de radioactivité, le directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) a mis en garde : « Nous ne pouvons pas compter que cette bonne fortune continuera. Il est grand temps d’empêcher qu’un conflit armé ne mette en grand danger les installations nucléaires et potentiellement la sécurité des personnes et de l’environnement en Ukraine et ailleurs. Il est temps de traduire nos paroles en actes ».

Retrouvez ces communiqués de la Criirad et toutes les actualités sur la situation en Ukraine sur cette page : https://balises.criirad.org/actu_guerre_Ukraine_2022.html


Ce que dit l’ASN :

L’ASN active son centre d’urgence en mode veille afin de suivre l’évolution de la situation dans les installations nucléaires en Ukraine

Publié le 04/03/2022

Communiqué de presse

Au vu des événements récents à la centrale de Zaporijjia (Ukraine), l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a activé son centre d’urgence ce vendredi 4 mars 2022 à 7h00, en mode « veille ».

L’ASN a une implication historique forte dans les réseaux d’autorité de sûreté et de radioprotection à l’échelle européenne (Wenra, Herca, ENSREG) et internationale (AIEA).

Elle dispose d’un faisceau de relations installées avec l’ensemble des acteurs du nucléaire (homologues internationaux, institutions de l’État, industriels, experts, parties prenantes), sur lequel elle s’appuie en période de crise, afin de recueillir et comparer les informations.

Cette collecte d’information, et leur analyse circonstanciée et collégiale, notamment au regard du retour d’expérience de crises précédentes, permettent d’anticiper l’évolution des situations, d’analyser des scénarios critiques et de mettre en évidence des points de vigilance ou des fragilités.

Ce travail de surveillance active permet d’intervenir en appui et conseil aux autorités de l’État et de préparer la gestion de crise, tout en assurant la mission d’information des publics.

Dans cet esprit, l’ASN assure actuellement une veille active des informations disponibles quant à la situation des installations nucléaires sur le territoire Ukrainien. Elle reste en lien avec l’AIEA et les autres autorités de sûreté ou de radioprotection européennes, ainsi qu’avec les cellules de veille des différents ministères.

Elle a notamment participé à une réunion extraordinaire de l’ENSREG (groupe des autorités de sûreté de l’UE) le dimanche 27 février au soir, dont les conclusions affirmaient l’importance de garantie la stabilité et le calme autour des installations nucléaires, afin de permettre leur exploitation et leur contrôle dans de bonnes conditions.

https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/ukraine-l-asn-active-son-centre-d-urgence-en-mode-veille


Ce que dit l’AIEA :

Déclaration du Directeur général de l’AIEA sur la situation en Ukraine

Le 04/03/2022

L’Ukraine a informé aujourd’hui l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que le site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia avait été bombardé pendant la nuit. Le Directeur général Rafael Mariano Grossi s’est immédiatement entretenu de la gravité de la situation avec le Premier ministre Denys Shmyhal ainsi qu’avec l’autorité nationale de réglementation nucléaire et l’exploitant.

Le Directeur général Grossi a appelé à l’arrêt du recours à la force et mis en garde contre un grave danger si des réacteurs étaient touchés. Il devrait tenir une conférence de presse ce vendredi à 10 h 30 (heure d’Europe centrale).

L’organisme de réglementation ukrainien a déclaré qu’un incendie sur le site n’avait pas touché les équipements « essentiels » et que le personnel de l’usine prenait des mesures d’atténuation. Aucun changement n’a été signalé dans les niveaux de rayonnement de la centrale, a-t-il ajouté.

L’AIEA place son Centre des incidents et des urgences en mode « intervention complète » en raison de la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, a déclaré le Directeur général, M. Grossi.

L’AIEA continue de suivre de près l’évolution de la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et reste en contact permanent avec l’Ukraine. Elle continuera de fournir régulièrement des informations actualisées sur la situation.

https://www.iaea.org/fr/newscenter/pressreleases/mise-a-jour-10-declaration-du-directeur-general-de-laiea-sur-la-situation-en-ukraine


Ce que dit l’IRSN :

Point de situation de l’IRSN sur les risques concernant les installations nucléaires ukrainiennes

08/03/2022

Compte-tenu de la situation en Ukraine, l’IRSN a activé son organisation de crise depuis le 25 février 2022​ à 12h19. La note d’informations publiée ce jour fait un point de situation sur les risques concernant les installations nucléaires en Ukraine.

Situation au 7 mars 2022

L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes implique une vigilance importante sur les installations nucléaires.

L’Ukraine compte 15 réacteurs de conception russe – VVER – en exploitation, des réacteurs de recherche, des sites d’entreposage et de stockage de sources et de déchets, ainsi que les réacteurs du site de Tchernobyl, dont le dernier a été arrêté en décembre 2000, et les différentes installations nécessaires à la gestion du site accidenté.

Le risque majeur en termes de rejets radioactifs concerne les réacteurs électrogènes en exploitation ainsi que les piscines de désactivation [1] de combustibles usés. Les réacteurs de 1000 MWe [2] sont dotés d’enceintes de confinement en béton. Pour ces installations, les piscines de désactivation sont situées à l’intérieur de l’enceinte de confinement.

Selon les informations dont dispose l’Institut, l’incendie qui est survenu dans la nuit du 3 au 4 mars 2022 sur le site de la centrale de Zaporizhzhya n’a pas conduit à une dégradation de la sûreté des réacteurs. SNRIU a confirmé à l’Institut lors de contacts dans la matinée du 4 mars, que l’alimentation électrique de la centrale n’avait pas été endommagée par l’incendie. Cette alimentation est nécessaire pour maintenir en état sûr les installations, qu’elles soient en production ou à l’arrêt. À cet égard, la sûreté des centrales ukrainiennes a été notablement renforcée à la suite de l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi. Les centrales sont équipées de sources électriques de secours (4 groupes électrogènes par réacteur, dont un est bunkerisé), et d’équipements mobiles qui peuvent être connectés au réacteur affecté. Les stocks de carburant alimentant les diesels permettent d’assurer le refroidissement pendant sept à dix jours, délai au-delà duquel un ravitaillement devient nécessaire.

​Il a par ailleurs été fait état d’un endommagement de l’enceinte de confinement du réacteur n°1, à l’arrêt avant le début du conflit. Cette information n’a pas été confirmée, les tirs ont plus vraisemblablement endommagé une passerelle à proximité du bâtiment. Concernant l’état de fonctionnement de la centrale, l’autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (SNRIU) indique que deux réacteurs sur les six que comprend la centrale sont en service.

Concernant les réseaux de surveillance de la radioactivité dans l’environnement, le réseau national ukrainien est opérant, à l’exception de quelques balises. Sur la base des informations recueillies par l’AIEA auprès de SNRIU et des données transmises par le réseau de mesures, il n’a pas été observé d’élévation de la radioactivité suite à l’incendie survenu dans la nuit. L’absence d’un rejet radioactif est par ailleurs confirmée par les réseaux de surveillance des pays limitrophes à l’Ukraine qui ne montrent pas d’élévation anormale.

Télécharger la note ​d​’information de l’IRSN du 07 mars 2022 "Point de situation de l’IRSN sur les risques concernant les installations nucléaires ukrainiennes" (PDF, 943 Ko)

https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20220307_Point-de-situation-sur-les-risques-concernant-les-installations-nucleaires-ukrainiennes.aspx#.YicsW_fjKcw


Ce que dit la SNRIU :

  • Information on the Zaporizhzhia NPP

Published 10 March 2022 12:10

The Zaporizhzhia NPP and the town of Energodar have been under control of the Russian military troops for six days.

There are currently two units of the Zaporizhzhia NPP in the grid. Two 750 kV high-voltage lines remain disconnected due to damage : Zaporizhzhia and South Donbass lines.

Operational personnel monitor the condition of the power units and ensure their safe operation in accordance with the requirements of operating documents. There are shifts of both operational personnel and a part of daily shift staff.

On 9 March 2022, maintenance activities were resumed at Zaporizhzhia NPP Unit 1. However, as the NPP and adjacent territory are occupied by the Russian troops, it is not currently possible to deliver the necessary spare parts, equipment, and specialized personnel to the site to perform previously planned maintenance. It is planned to reduce the scope of maintenance at Unit 1.

Unit 6 was put into emergency maintenance after the oil system of the unit transformer was damaged in the shelling of the Zaporizhzhia NPP site by the Russian troops. The Unit 6 transformer is under maintenance. The maintenance work is complicated by the lack of highly specialized maintenance personnel and equipment at the Zaporizhzhya NPP.

We emphasize that incomplete and/or untimely implementation of maintenance measures for equipment important to safety can decrease its reliability and in turn lead to its failure and emergencies and accidents.

Walkdowns are continued to identify and dispose of ammunition that did not explode in the shelling and capture of the Zaporizhzhia NPP by Russian troops. We emphasize that any explosive items at NPP pose a direct threat to the safety not only of personnel but also of the NPP as a whole !

When the Zaporizhzhia NPP was attacked, the training center building was fired upon by artillery systems ; as a result, a part of the training center rooms burned down and some of the rooms were damaged and unexploded shells were found in them. In this regard, the training and retraining of personnel since the capture of the Zaporizhzhia NPP by enemy troops have been stopped.

We emphasize that incompliance with personnel training and skill maintenance plans decreases the level of nuclear and radiation safety at the Zaporizhzhia NPP.

The automated radiation monitoring system for the NPP and the automated radiation monitoring systems for the control and observation areas operate in normal mode ; no changes in the radiological situation at the NPP site or in the control and observation areas have been recorded.

The Zaporizhzhya NPP website does not work ; real-time information on the radiological situation is not available to the public.

As rooms of the residential SNRIU Nuclear Safety Inspectorate at the Zaporizhzhia NPP were destroyed in the shelling on 4 March 2022 and personnel safety cannot be ensured, the SNRIU state inspectors work remotely. There is currently no independent regulatory oversight of nuclear and radiation safety directly at the Zaporizhzhia NPP site.

The town has electricity, water and heat supply ; town government and utilities are working. At the same time, there is no possibility to deliver food to stores or drugs to pharmacies as such supplies are blocked by the occupier. Most internet providers are still down, and so are ATMs and POS terminals. There is shortage of fuel at gas stations. The evacuation of civilians, primarily children, women, elderlies and people with special needs was arranged from Energodar to Zaporizhzhya.

https://snriu.gov.ua/en/news/information-zaporizhzhia-npp-1200-10-march-2022

  • Zaporizhzhia NPP status update

Published 12 March 2022 16:00

Zaporizhzhia NPP and the Enerhodar city are still under the control of Russian military units.

The current state of the power units remains unchanged : two units are in operation ; two units are under repair ; the rest are in the shutdown mode. Unit 1 outage and emergency repair of unit 6 transformer continue in the scope and using means currently available at the ZNPP in the conditions of the territory occupation by the enemy.

Two 750 kV high-voltage lines (Zaporizhzhia and South-Donbas) are still not connected, measures are being taken to restore the operability of damaged high-voltage lines. This issue is complicated by active hostilities in the areas of the lines damage.

Independent regulatory oversight over nuclear and radiation safety directly at the ZNPP site is currently not carried out due to the potential danger to life and health of the SNRIU state inspectors, as well as due to the damage to inspectors’ workplaces as a result of shelling and seizure of the Zaporizhzhia NPP by the occupiers. At the same time, the SNRIU continues to remain in constant contact with the ZNPP.

According to information received from the ZNPP :

 operational personnel monitor the state of power units and ensure their safe operation in accordance with the requirements of the operating procedures ;

 the rotation of both operational and day-time personnel is carried out ;

 the ZNPP personnel continues carrying out walkdowns to detect and dispose of hazardous items that appeared on the site during the shelling and capture of the Zaporizhzhia NPP by Russian troops ;

 the NPP automated radiation monitoring system and the automated radiation situation monitoring system for the control and observation areas operate in regular mode ; no changes in the radiological situation at the NPP site or in the control area and observation area have been registered.

The official website of the Zaporizhzhia NPP is still not functional, which does not allow the public to obtain data on NPP safety indicators.

In addition, the ZNPP confirmed the information on the presence on the site of at least 11 representatives of the State Atomic Energy Corporation of the Russian Federation “Rosatom”. According to the personnel of the operating organization, the above individuals do not yet interfere in the operation process of nuclear facilities, the NPP management and operation are carried out exclusively by the ZNPP personnel. The ZNPP personnel also categorically deny the information that is currently being actively disseminated in the mass media on the transition of the ZNPP into the ownership of the “Rosatom” Corporation.

https://snriu.gov.ua/en/news/zaporizhzhia-npp-status-update-12-march-2022

  • Zaporizhzhia NPP status update as of 16 March 2022

Published 16 March 2022 15:00

Zaporizhzhia NPP and the Enerhodar city are under the control of Russian military units since 4 March 2022.

The current state of the power units remains unchanged : two units are in operation ; two units are under repair (units 1 and 6) ; the rest are in the shutdown mode.

Two 750 kV high-voltage lines (Zaporizhzhia and South-Donbas) are still not connected.

The independent regulatory oversight over nuclear and radiation safety directly at the ZNPP site is currently not carried out, but the SNRIU remains in constant contact with the ZNPP.

According to information received from the ZNPP management :

operational personnel continue monitoring the state of power units and ensuring their safe operation in accordance with the requirements of the operating procedures ; the rotation of both operational and day-time personnel is ensured ; the search for hazardous items that appeared on the site and at the adjacent territory as the result of the ZNPP shelling by the Russian military continues ; no changes in the radiological situation at the NPP site or in the control area and observation area have been registered.

Representatives of the State Atomic Energy Corporation of the Russian Federation “Rosatom” are still present at the ZNPP site. Reliable information on the purpose and plans of Rosatom’s civilians’ stay at ZNPP is currently missing. The NPP operation is carried out exclusively by Zaporizhzhia NPP personnel.

We emphasize that Ukraine has not made any request for advisory, technical, or any other support from the Russian Federation. The presence of Rosatom’s representatives on the territory of the ZNPP is illegal and in no way is related to the nuclear and radiation safety assurance. Zaporizhzhia NPP is staffed with highly qualified personnel to ensure the safe operation of the NPP using its own resources. On the contrary, the uncontrolled presence of outsiders, including nuclear experts, at the ZNPP site poses a direct threat to the safety of the facility, personnel, the public, and the environment.

https://snriu.gov.ua/en/news/zaporizhzhia-npp-status-update-16-march-2022


[1La piscine de désactivation contient des assemblages combustibles utilisés dans le coeur du réacteur. Ils sont entreposés piscine quelques années avant d’être transportés vers d’autres piscines.

[2C’est-à-dire tous les réacteurs ukrainiens à l’exception de ceux de Rovno 1 et 2, dont la puissance est de 400 MWe.​


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