« Sur le climat, seul le Nouveau Front populaire soutient un programme crédible »
Tribune commune publiée le 27 juin 2024 sur La Croix
À l’approche des élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet, des ONG, des scientifiques et des économistes engagés pour le climat soutiennent le programme du Nouveau Front populaire. Il est, selon eux, le plus crédible face à l’urgence climatique.
Communiqué du 28 juin 2024
L’année 2023 a été de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, avec des manifestations des changements climatiques qui s’amplifient dans leur fréquence et leur intensité. Cette urgence climatique attend une réponse, qui, en France, n’est pas venue lors des derniers quinquennats et ne viendra pas de l’extrême droite. Entre retours en arrière, stagnation ou progrès, les élections du 30 juin et du 7 juillet représentent une opportunité majeure pour engager pour de bon la transition juste et écologique.
Après un premier quinquennat contrasté, marqué notamment par une condamnation de l’État pour inaction climatique et une loi climat issue d’un processus de concertation qui n’a pas été respecté, le président Emmanuel Macron s’est fait réélire avec la promesse d’un « quinquennat qui sera écologique ou qui ne sera pas ».
Mais, en deux ans, les nombreux appels de la société civile organisée et de la rue ont été ignorés, les militants criminalisés et les mobilisations réprimées. L’ambition a été oubliée et les réformes allant dans le sens du climat et de la justice sociale et fiscale ont été rejetées. Cette inaction renforce la montée des inégalités et des injustices sociales qui enflent, en conséquence de l’ensemble des politiques menées depuis quelques années.
La droite se dérobe
L’analyse des programmes et des mesures votées sous la présidence d’Emmanuel Macron ne laisse aucun doute quant à l’ambition de chacun des trois blocs en matière climatique. La droite et la majorité présidentielle proposent une stagnation des politiques climatiques, à travers la mise en « pause réglementaire ». Cette dernière permettrait d’appliquer uniquement les lois déjà adoptées, mais celles-ci sont insuffisantes pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Alors que le climat se dégrade, la majorité présidentielle se dérobe.
L’extrême droite promeut quant à elle des retours en arrière inconséquents, à rebours des engagements nationaux et internationaux de la France. On retrouve notamment dans ses votes la proposition de baisse des objectifs de déploiement des énergies renouvelables, le rejet des parcs éoliens, ou encore la baisse des fonds dédiés à l’aide publique au développement et le renoncement aux engagements climatiques européens.
Un programme à la hauteur
Seul le bloc de gauche porte un programme dont l’ambition est à la hauteur des enjeux. Il contient des mesures structurelles qui témoignent de la volonté de s’attaquer aux racines de la catastrophe écologique et éviter ainsi un emballement dévastateur du climat ainsi qu’une crise économique et financière de grande ampleur.
Ces mesures représentent un coût qui est largement à notre portée, notamment grâce à une politique fiscale et budgétaire plus juste. Il se chiffre à un niveau bien plus faible que celui de l’inaction, quand celle-ci ne fera qu’accroître les coûts humains et économiques, en particulier pour les ménages les plus précaires. Comme les votes des membres des partis qui composent le Nouveau Front populaire le démontrent, son programme est crédible alors que les partis de droite et d’extrême droite sont décrédibilisés par leur bilan ou leurs promesses.
Précarité et finance
Deux exemples.
Le premier porte sur la lutte contre la précarité énergétique, un enjeu tout aussi crucial pour le climat qu’il l’est dès à présent pour les milliers de ménages qui peinent à se chauffer l’hiver et souffrent de la chaleur l’été. Alors que le Ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a acté en février 2024 une coupe significative dans les budgets dédiés à la rénovation des bâtiments [1], le Nouveau Front populaire propose pour sa part de renforcer les aides pour les ménages afin d’isoler les logements et d’accélérer la rénovation des bâtiments publics. Quant au Rassemblement national, il suggérait, dans son programme pour les élections européennes et lors de prises de parole la semaine dernière [2], de revenir sur les normes en matière de rénovation des bâtiments et qui permettent notamment de rendre illégales les locations de passoires thermiques.
Deuxième exemple : la finance. Souvent oubliée des programmes électoraux, elle ne l’est pas dans celui du Nouveau Front populaire qui propose notamment de faire cesser les financements aux énergies fossiles, en commençant par les nouveaux projets reconnus incompatibles avec nos objectifs climatiques. Cette mesure n’est pas nouvelle. Elle est plébiscitée par les scientifiques du GIEC et les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) depuis des années, et a déjà fait l’objet d’une proposition de loi avant d’être rejetée en commission des finances par les députés de droite et d’extrême droite en mars 2024.
Ni l’extrême droite ni le camp présidentiel ne sont aujourd’hui force de proposition pour s’attaquer à l’urgence climatique. Pour ces élections législatives, seul le programme du Nouveau Front populaire constitue une réponse crédible aux enjeux de l’urgence climatique et nous resterons mobilisés après les élections pour que les promesses de performance écologique soient tenues.
Liste des signataires :
- Jean-François Julliard. Directeur général de Greenpeace France
- Jean Jouzel. Chercheur émérite
- Dominique Méda. Professeure d’Université
- Lucie Pinson. Fondatrice et directrice générale de Reclaim Finance
- Claude Henry. Professeur honoraire à l’École Polytechnique et à Columbia University
- Flore Berlingen. Cofondatrice de l’Observatoire du principe pollueur-payeur
- Laura Thieblemont. Coprésidente des Amis de la Terre France
- Marie Cohuet. Coprésidente des Amis de la Terre France
- Anna Creti. Directrice de la Chaire Économie du Climat
- Frédéric Hache. Directeur du Green Finance Observatory
- Marie-Jeanne Husset. Présidente d’Agir pour l’environnement
- Swann Bommier. Responsable du plaidoyer de l’association BLOOM
- Jean-Michel Servet. Professeur honoraire IHEID
- Jérôme Blanc. Sciences Po Lyon
- Jézabel Couppey-Soubeyran. Maîtresse de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Conseillère scientifique à l’institut Veblen, responsable scientifique de la chaire énergie et prospérité
- Julien Lefournier. Expert associé Institut Veblen
- Christophe Revelli. Professeur de finance durable et d’impact
- Laurence Scialom. Professeure des Universités
- Dominique Bourg. Professeur honoraire de l’Université de Lausanne
- Laurent Babikian. Expert en finance durable et économie régénérative
- Manuel Mercier. Chercheur à l’université Aix-Marseille
- Maxime Combes. Économiste
- Mehdi Guelmamen. Doctorant en économie à l’Université de Lorraine
- Pierre-Louis Lions. Professeur au Collège de France
- Sakina Ayata. Maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université
- Viviane Baladi. Chercheur CNRS
- Yamina Tadjeddine. Professeure d’économie à l’Université de Lorraine
- Gabriel Malek. Président d’Alter Kapitae
- Muttiah Yogananthan. Fondateur et Gérant de l’entreprise à mission Métamorphose
- Vincent Edin. Journaliste indépendant
- Gilliane Le Gallic. Présidente d’Alofa Tuvalu
- Léa Geindreau. Coordinatrice – Action Justice Climat Paris
- Marion Rivet. Porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire »
- Nicolas Dufrêne. Directeur de l’institut Rousseau
Image de couverture : 24x36.art
Notes
[1] Mise à jour 20/06/2024 : Le programme du parti présidentiel prévoit désormais de rénover les logements à travers une taxe sur les rachats d’actions. Cette taxe, fixée à 1 % en 2023, avait pourtant été supprimée par le gouvernement lors de l’adoption du budget par 49-3. Après la taxe, les crédits dédiés à la rénovation avaient été rabotés. Libération, Rachats d’actions : pas de taxe pour les grands groupes, 19 octobre 2023.
[2] Le Figaro, Législatives : Jordan Bardella promet d’assouplir les règles du DPE, 19 juin 2024
L’année 2023 a été de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, avec des manifestations des changements climatiques qui s’amplifient dans leur fréquence et leur intensité. Cette urgence climatique attend une réponse, qui, en France, n’est pas venue lors des derniers quinquennats et ne viendra pas de l’extrême droite. Entre retours en arrière, stagnation ou progrès, les élections du 30 juin et du 7 juillet représentent une opportunité majeure pour engager pour de bon la transition juste et écologique.
Après un premier quinquennat contrasté, marqué notamment par une condamnation de l’État pour inaction climatique et une loi climat issue d’un processus de concertation qui n’a pas été respecté, le président Emmanuel Macron s’est fait réélire avec la promesse d’un « quinquennat qui sera écologique ou qui ne sera pas ».
Mais, en deux ans, les nombreux appels de la société civile organisée et de la rue ont été ignorés, les militants criminalisés et les mobilisations réprimées. L’ambition a été oubliée et les réformes allant dans le sens du climat et de la justice sociale et fiscale ont été rejetées. Cette inaction renforce la montée des inégalités et des injustices sociales qui enflent, en conséquence de l’ensemble des politiques menées depuis quelques années.
La droite se dérobe
L’analyse des programmes et des mesures votées sous la présidence d’Emmanuel Macron ne laisse aucun doute quant à l’ambition de chacun des trois blocs en matière climatique. La droite et la majorité présidentielle proposent une stagnation des politiques climatiques, à travers la mise en « pause réglementaire ». Cette dernière permettrait d’appliquer uniquement les lois déjà adoptées, mais celles-ci sont insuffisantes pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Alors que le climat se dégrade, la majorité présidentielle se dérobe.
L’extrême droite promeut quant à elle des retours en arrière inconséquents, à rebours des engagements nationaux et internationaux de la France. On retrouve notamment dans ses votes la proposition de baisse des objectifs de déploiement des énergies renouvelables, le rejet des parcs éoliens, ou encore la baisse des fonds dédiés à l’aide publique au développement et le renoncement aux engagements climatiques européens.
Un programme à la hauteur
Seul le bloc de gauche porte un programme dont l’ambition est à la hauteur des enjeux. Il contient des mesures structurelles qui témoignent de la volonté de s’attaquer aux racines de la catastrophe écologique et éviter ainsi un emballement dévastateur du climat ainsi qu’une crise économique et financière de grande ampleur.
Ces mesures représentent un coût qui est largement à notre portée, notamment grâce à une politique fiscale et budgétaire plus juste. Il se chiffre à un niveau bien plus faible que celui de l’inaction, quand celle-ci ne fera qu’accroître les coûts humains et économiques, en particulier pour les ménages les plus précaires. Comme les votes des membres des partis qui composent le Nouveau Front populaire le démontrent, son programme est crédible alors que les partis de droite et d’extrême droite sont décrédibilisés par leur bilan ou leurs promesses.
Précarité et finance
Deux exemples.
Le premier porte sur la lutte contre la précarité énergétique, un enjeu tout aussi crucial pour le climat qu’il l’est dès à présent pour les milliers de ménages qui peinent à se chauffer l’hiver et souffrent de la chaleur l’été. Alors que le Ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a acté en février 2024 une coupe significative dans les budgets dédiés à la rénovation des bâtiments [1], le Nouveau Front populaire propose pour sa part de renforcer les aides pour les ménages afin d’isoler les logements et d’accélérer la rénovation des bâtiments publics. Quant au Rassemblement national, il suggérait, dans son programme pour les élections européennes et lors de prises de parole la semaine dernière [2], de revenir sur les normes en matière de rénovation des bâtiments et qui permettent notamment de rendre illégales les locations de passoires thermiques.
Deuxième exemple : la finance. Souvent oubliée des programmes électoraux, elle ne l’est pas dans celui du Nouveau Front populaire qui propose notamment de faire cesser les financements aux énergies fossiles, en commençant par les nouveaux projets reconnus incompatibles avec nos objectifs climatiques. Cette mesure n’est pas nouvelle. Elle est plébiscitée par les scientifiques du GIEC et les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) depuis des années, et a déjà fait l’objet d’une proposition de loi avant d’être rejetée en commission des finances par les députés de droite et d’extrême droite en mars 2024.
Ni l’extrême droite ni le camp présidentiel ne sont aujourd’hui force de proposition pour s’attaquer à l’urgence climatique. Pour ces élections législatives, seul le programme du Nouveau Front populaire constitue une réponse crédible aux enjeux de l’urgence climatique et nous resterons mobilisés après les élections pour que les promesses de performance écologique soient tenues.
Liste des signataires :
- Jean-François Julliard. Directeur général de Greenpeace France
- Jean Jouzel. Chercheur émérite
- Dominique Méda. Professeure d’Université
- Lucie Pinson. Fondatrice et directrice générale de Reclaim Finance
- Claude Henry. Professeur honoraire à l’École Polytechnique et à Columbia University
- Flore Berlingen. Cofondatrice de l’Observatoire du principe pollueur-payeur
- Laura Thieblemont. Coprésidente des Amis de la Terre France
- Marie Cohuet. Coprésidente des Amis de la Terre France
- Anna Creti. Directrice de la Chaire Économie du Climat
- Frédéric Hache. Directeur du Green Finance Observatory
- Marie-Jeanne Husset. Présidente d’Agir pour l’environnement
- Swann Bommier. Responsable du plaidoyer de l’association BLOOM
- Jean-Michel Servet. Professeur honoraire IHEID
- Jérôme Blanc. Sciences Po Lyon
- Jézabel Couppey-Soubeyran. Maîtresse de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Conseillère scientifique à l’institut Veblen, responsable scientifique de la chaire énergie et prospérité
- Julien Lefournier. Expert associé Institut Veblen
- Christophe Revelli. Professeur de finance durable et d’impact
- Laurence Scialom. Professeure des Universités
- Dominique Bourg. Professeur honoraire de l’Université de Lausanne
- Laurent Babikian. Expert en finance durable et économie régénérative
- Manuel Mercier. Chercheur à l’université Aix-Marseille
- Maxime Combes. Économiste
- Mehdi Guelmamen. Doctorant en économie à l’Université de Lorraine
- Pierre-Louis Lions. Professeur au Collège de France
- Sakina Ayata. Maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université
- Viviane Baladi. Chercheur CNRS
- Yamina Tadjeddine. Professeure d’économie à l’Université de Lorraine
- Gabriel Malek. Président d’Alter Kapitae
- Muttiah Yogananthan. Fondateur et Gérant de l’entreprise à mission Métamorphose
- Vincent Edin. Journaliste indépendant
- Gilliane Le Gallic. Présidente d’Alofa Tuvalu
- Léa Geindreau. Coordinatrice – Action Justice Climat Paris
- Marion Rivet. Porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire »
- Nicolas Dufrêne. Directeur de l’institut Rousseau
Le saviez-vous ?
Le Réseau "Sortir du nucléaire" est un véritable contre-pouvoir citoyen. Totalement indépendants de l’État,
nous dépendons exclusivement du soutien de nos donateur⋅ices. C’est grâce à votre soutien financier que nous pouvons nous permettre de tout mettre en œuvre pour offrir aux générations futures l’espoir d’un avenir sans risques nucléaires. Aidez-nous à obtenir cet objectif et à nous permettre de continuer la lutte au quotidien contre cette énergie mortifère et pour promouvoir la sobriété énergétique et les alternatives renouvelables.
Faire un don