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Transition énergétique allemande : et si on s’informait vraiment ?

Article issu du n°85 de la revue Sortir du nucléaire - Printemps 2020

Sortie du nucléaire en Allemagne : en finir avec les idées reçues

Article publié le 16 avril 2020



Lorsqu’on parle de sortie du nucléaire, qui n’a jamais entendu “Regardez l’Allemagne, qui rouvre des centrales à charbon, augmente ses émissions de gaz à effet de serre et est maintenant bien contente de nous acheter de l’électricité !“ ? Mais qu’en est-il vraiment ?

Ce petit “désintox“ se base sur les données fournies dans un article publié dans le Journal de l’Énergie [1] par Bernard Laponche, expert de l’association Global Chance.



© Adobe Stock

En premier lieu, rappelons que la sortie du nucléaire allemande a connu une accélération en 2011, mais avait commencé dès 2000. En 2011, Angela Merkel n’avait fait que confirmer la politique déjà décidée auparavant, sur laquelle elle avait voulu revenir en 2009.

Idée reçue n°1

Depuis que l’Allemagne sort du nucléaire, elle importe massivement de l’électricité de France

L’analyse des données Eurostat indique que les importations d’électricité de l’Allemagne ont chuté depuis 2011, passant de 51 TWh à 32 TWh en 2018. Par ailleurs, mis à part une baisse ponctuelle en 2011 liée à l’arrêt de huit réacteurs, les exportations d’électricité allemandes n’ont cessé de croître depuis 2006, s’élevant à 81 TWh en 2018. Les exportations nettes de l’Allemagne étaient donc de 49 TWh en 2018.

Examinons les échanges spécifiques entre la France et l’Allemagne. Selon les données de RTE et Agora Energiewende, à part pour l’année 2011, notre voisin d’outre-Rhin est depuis longtemps exportateur net d’électricité vers notre pays (8,4 TWh en 2018).

Par ailleurs, la consommation d’électricité allemande a chuté à 569 TWh en 2019, son plus bas niveau depuis 1990.

Idée reçue n°2

Pour sortir du nucléaire, l’Allemagne revient au charbon

De 2000 à 2018, la production annuelle d’électricité nucléaire est passée de 169,6 TWh à 76 TWh (140,6 en 2010). Six réacteurs doivent encore fermer d’ici fin 2022.

Cette baisse n’a cependant pas été compensée par le charbon. Très médiatisée, la mise en service prochaine d’une nouvelle centrale à charbon (Datteln 4, dont la construction était prévue avant 2011) est l’arbre qui cache la forêt : de 2000 à 2018, la production d’électricité d’origine fossile (gaz, charbon, lignite) est passée de 361 à 328 TWh (353,3 en 2010). Une vingtaine de projets de centrales au charbon ou au lignite ont été annulés.

En revanche, les énergies renouvelables ont compensé plus de deux fois la production des centrales nucléaires arrêtées : de 39,7 TWh en 2000, elles sont passées à 110 TWh en 2010 et 231 TWh en 2018. Début 2020, elles représentent 43% de la consommation d’électricité.

Idée reçue n°3

Les émissions de gaz à effet de serre allemandes ont explosé

Selon les données de l’Agence Fédérale de l’Environnement, les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique sont passées de 315 millions de tonnes équivalent CO2 en 2010 à 272 en 2018. Selon les estimations d’Agora Energiewende [2] , elles seraient tombées à 223 en 2019. Rappelons qu’en raison des exportations, une partie de ces émissions correspond aux consommations d’autres pays, dont la France.

Quant aux émissions tous secteurs confondus, elles sont passées de 942 millions de tonnes équivalent CO2 en 2010 à 805 en 2019. L’année 2019 a été marquée par une baisse de 6,3% des émissions, mettant le pays en bonne voie d’atteindre ses objectifs climatiques.

Charlotte Mijeon


Notes

[2Die Energiewende im Stromsektor : Stand der Dinge 2019. Publication à retrouver sur https://www.agora-ener-giewende.de

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En premier lieu, rappelons que la sortie du nucléaire allemande a connu une accélération en 2011, mais avait commencé dès 2000. En 2011, Angela Merkel n’avait fait que confirmer la politique déjà décidée auparavant, sur laquelle elle avait voulu revenir en 2009.

Idée reçue n°1

Depuis que l’Allemagne sort du nucléaire, elle importe massivement de l’électricité de France

L’analyse des données Eurostat indique que les importations d’électricité de l’Allemagne ont chuté depuis 2011, passant de 51 TWh à 32 TWh en 2018. Par ailleurs, mis à part une baisse ponctuelle en 2011 liée à l’arrêt de huit réacteurs, les exportations d’électricité allemandes n’ont cessé de croître depuis 2006, s’élevant à 81 TWh en 2018. Les exportations nettes de l’Allemagne étaient donc de 49 TWh en 2018.

Examinons les échanges spécifiques entre la France et l’Allemagne. Selon les données de RTE et Agora Energiewende, à part pour l’année 2011, notre voisin d’outre-Rhin est depuis longtemps exportateur net d’électricité vers notre pays (8,4 TWh en 2018).

Par ailleurs, la consommation d’électricité allemande a chuté à 569 TWh en 2019, son plus bas niveau depuis 1990.

Idée reçue n°2

Pour sortir du nucléaire, l’Allemagne revient au charbon

De 2000 à 2018, la production annuelle d’électricité nucléaire est passée de 169,6 TWh à 76 TWh (140,6 en 2010). Six réacteurs doivent encore fermer d’ici fin 2022.

Cette baisse n’a cependant pas été compensée par le charbon. Très médiatisée, la mise en service prochaine d’une nouvelle centrale à charbon (Datteln 4, dont la construction était prévue avant 2011) est l’arbre qui cache la forêt : de 2000 à 2018, la production d’électricité d’origine fossile (gaz, charbon, lignite) est passée de 361 à 328 TWh (353,3 en 2010). Une vingtaine de projets de centrales au charbon ou au lignite ont été annulés.

En revanche, les énergies renouvelables ont compensé plus de deux fois la production des centrales nucléaires arrêtées : de 39,7 TWh en 2000, elles sont passées à 110 TWh en 2010 et 231 TWh en 2018. Début 2020, elles représentent 43% de la consommation d’électricité.

Idée reçue n°3

Les émissions de gaz à effet de serre allemandes ont explosé

Selon les données de l’Agence Fédérale de l’Environnement, les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique sont passées de 315 millions de tonnes équivalent CO2 en 2010 à 272 en 2018. Selon les estimations d’Agora Energiewende [1] , elles seraient tombées à 223 en 2019. Rappelons qu’en raison des exportations, une partie de ces émissions correspond aux consommations d’autres pays, dont la France.

Quant aux émissions tous secteurs confondus, elles sont passées de 942 millions de tonnes équivalent CO2 en 2010 à 805 en 2019. L’année 2019 a été marquée par une baisse de 6,3% des émissions, mettant le pays en bonne voie d’atteindre ses objectifs climatiques.

Charlotte Mijeon



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 Sortie du nucléaire  Maîtrise de l’énergie  Politique énergétique