Pollution radioactive
Somalie : après le tsunami, un malheur n’arrive jamais seul
Cest dans un des pays les plus pauvres du monde, en proie à une sanglante guerre interethnique depuis de longues années, que des entreprises occidentales ont choisi de se débarrasser clandestinement de leurs déchets les plus dangereux, tout en sachant quaucun système de gestion de ces produits ne pourrait y être assuré.
Un récent rapport du Programme des Nations Unies pour lEnvironnement (1), traitant de la reconstruction des zones ravagées après le passage du raz-de-marée du 26 décembre 2004, révèle que la force des vagues a remué quantité de déchets déversés le long des côtes ou enterrés sur les plages somaliennes. Parmi ces restes de notre civilisation florissante, outre des fûts de déchets radioactifs, on trouve du plomb, du mercure, du cadmium, des déchets dindustries, dhôpitaux ou de traitements chimiques. La population voisine de ces dépôts se plaint de problèmes de santé peu ordinaires suite aux vents du tsunami soufflant vers les villages intérieurs : infections des voies respiratoires, problèmes pulmonaires aigus, hémorragies abdominales, problèmes de peau, mort soudaine.
Depuis les années 1980, des entreprises de nos régions se sont donc livrées, sans être autrement inquiétées malgré les traités internationaux, à un juteux trafic de matières hautement toxiques avec des sous-traitants maffieux, qui profitaient sans aucun scrupule de létat de désorganisation du pays, en pleine guerre civile. Se débarrasser dune tonne de déchets en Somalie ne coûte que 2,5 dollars, contre 250 dollars en Occident. Largent gagné par les intermédiaires somaliens servait notamment à lacquisition darmement.
Si on sait que le raz-de-marée qui a traversé locéan Indien a tué officiellement 300 personnes en Somalie, on préfère ignorer par contre combien dautres décès devront être imputés aux conséquences à long terme de cette catastrophe pour ce pays de la corne africaine. Combien de personnes mourront dans les mois et les années à venir de maladies provoquées par les effets des radiations ? Quel impact ces produits auront-ils sur les réserves deau, sur la faune et la flore ? Quel sera lavenir des pêcheurs et des agriculteurs somaliens ?
La communauté internationale répondra-t-elle à lappel à laide de la Somalie et des mesures efficaces seront-elles prises pour tenter de dépolluer les sites ? Et les coupables seront-ils sanctionnés ?
Fabienne Gautier
(Contratom-Genève)
(1) UNEP, After the Tsunami : a Rapid Environmental Assessment, www.unep.org