Le coût colossal du nucléaire en France
EDF est une entreprise déjà endettée à hauteur de 54,3 milliards d’euros. Or, elle va devoir faire face à des dépenses faramineuses dans les prochaines années. Le coût du "grand carénage" [1] est estimé à 60-67,5 milliards d’euros par la Cour des comptes [2]. La facture des deux EPR d’Hinkley Point C au Royaume-Uni n’en finit plus de s’envoler pour atteindre en 2025 la coquette somme de 50 milliards d’euros. Le projet d’enfouissement de déchets nucléaires (Cigéo) pourrait, s’il aboutissait un jour et selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), coûter entre 26,1 et 37,5 milliards d’euros au lieu des 25 milliards initialement envisagés [3] . Le gouvernement envisage également un agrandissement de la piscine de déchets radioactifs de la Hague.
À cela s’ajoute la relance du nucléaire voulue par les gouvernements successifs depuis le discours de Belfort d’E. Macron le 10 février 2022. Les 6 EPR2 que projette de construire EDF pourraient coûter autour de 100 milliards d’euros selon Marc Ferracci, soit près du double du chiffre initialement annoncé ! Un chiffre qui n’a toujours pas été officiellement confirmé par EDF...
Une relance impossible à financer
L’ancien PDG d’EDF Luc Rémont l’avait annoncé dès 2023 : le coût de construction des EPR2 serait financé en partie par une augmentation du prix de l’électricité. Depuis, le bras de fer qui oppose EDF à l’État au sujet des tarifs de l’électricité n’a toujours pas abouti.
La Cour des comptes, de son côté, estime que les projets d’EPR2 fourniraient une électricité dont le coût de production serait de l’ordre de 100 euros le MWh [4] , ce qui est davantage que celui de l’électricité d’origine renouvelable.
Dans le cas où ces projets aboutiraient, les Français·es seraient doublement mis à contribution. Comme consommateur·rices d’électricité possiblement via l’accise, une taxe sur l’électricité, qu’iels aient choisi ou non de l’électricité d’origine nucléaire. Mais aussi comme contribuables : l’État envisage en effet une prise en charge partielle des intérêts pour financer le nouveau nucléaire. Les banques sont par ailleurs aussi mises à contribution.
Les banques au secours du nucléaire
En juillet 2022 est adoptée la taxonomie européenne. L’objectif affiché : classifier les activités économiques en fonction de leur "durabilité environnementale". Ces activités pourront alors être labellisées et attirer davantage de financements. En contrepartie, les entreprises et les banques sont sommées d’être transparentes à ce sujet.
Dans les documents d’enregistrement universels des banques françaises, on découvre que la grande majorité d’entre elles financent non seulement la maintenance des centrales existantes, mais également les projets d’EPR2.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » (RSDN) a analysé les rapports financiers 2023 des banques françaises afin, d’une certaine manière, de les catégoriser comme "pro" ou "anti" nucléaires. On retrouve sans grande surprise parmi les "mauvais élèves" la BNP Paribas [5] et la Société Générale. La NEF, qui ne propose actuellement pas de compte courant pour les particuliers, exclut le nucléaire civil et militaire des secteurs financés par l’épargne de ses souscripteurs.
Face à cette situation, le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyen·nes à interpeller leur banque pour exiger d’elles qu’elles inscrivent le nucléaire sur leur liste d’exclusion de financements. Le RSDN met à disposition une lettre-type adaptée à chaque banque afin qu’elle puisse être directement envoyée par celles et ceux qui souhaitent participer à cette action.
Contact presse : Damien Renault, administrateur du Réseau "Sortir du nucléaire" : 07 82 39 87 28
Notes
[1] Le vaste projet de rénovation du parc nucléaire français dans l’objectif annoncé de prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires existants.
[4] "S’agissant du coût de production de l’électricité des EPR2, le gouvernement a fourni une estimation du coût de production de l’électricité des trois paires d’EPR2 en fonction du coût moyen pondéré du capital (CMPC). Sur ces bases, ce coût de production actualisé serait d’environ de 60 € 2020 MWh pour un CMPC de 4 %, et 100 €2020/MWh pour un CMPC de 7 %." La filière EPR : une dynamique nouvelle, des risques persistants, janvier 2025, Rapport de la Cour des Comptes, p. 32.
Le coût colossal du nucléaire en France
EDF est une entreprise déjà endettée à hauteur de 54,3 milliards d’euros. Or, elle va devoir faire face à des dépenses faramineuses dans les prochaines années. Le coût du "grand carénage" [1] est estimé à 60-67,5 milliards d’euros par la Cour des comptes [2]. La facture des deux EPR d’Hinkley Point C au Royaume-Uni n’en finit plus de s’envoler pour atteindre en 2025 la coquette somme de 50 milliards d’euros. Le projet d’enfouissement de déchets nucléaires (Cigéo) pourrait, s’il aboutissait un jour et selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), coûter entre 26,1 et 37,5 milliards d’euros au lieu des 25 milliards initialement envisagés [3] . Le gouvernement envisage également un agrandissement de la piscine de déchets radioactifs de la Hague.
À cela s’ajoute la relance du nucléaire voulue par les gouvernements successifs depuis le discours de Belfort d’E. Macron le 10 février 2022. Les 6 EPR2 que projette de construire EDF pourraient coûter autour de 100 milliards d’euros selon Marc Ferracci, soit près du double du chiffre initialement annoncé ! Un chiffre qui n’a toujours pas été officiellement confirmé par EDF...
Une relance impossible à financer
L’ancien PDG d’EDF Luc Rémont l’avait annoncé dès 2023 : le coût de construction des EPR2 serait financé en partie par une augmentation du prix de l’électricité. Depuis, le bras de fer qui oppose EDF à l’État au sujet des tarifs de l’électricité n’a toujours pas abouti.
La Cour des comptes, de son côté, estime que les projets d’EPR2 fourniraient une électricité dont le coût de production serait de l’ordre de 100 euros le MWh [4] , ce qui est davantage que celui de l’électricité d’origine renouvelable.
Dans le cas où ces projets aboutiraient, les Français·es seraient doublement mis à contribution. Comme consommateur·rices d’électricité possiblement via l’accise, une taxe sur l’électricité, qu’iels aient choisi ou non de l’électricité d’origine nucléaire. Mais aussi comme contribuables : l’État envisage en effet une prise en charge partielle des intérêts pour financer le nouveau nucléaire. Les banques sont par ailleurs aussi mises à contribution.
Les banques au secours du nucléaire
En juillet 2022 est adoptée la taxonomie européenne. L’objectif affiché : classifier les activités économiques en fonction de leur "durabilité environnementale". Ces activités pourront alors être labellisées et attirer davantage de financements. En contrepartie, les entreprises et les banques sont sommées d’être transparentes à ce sujet.
Dans les documents d’enregistrement universels des banques françaises, on découvre que la grande majorité d’entre elles financent non seulement la maintenance des centrales existantes, mais également les projets d’EPR2.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » (RSDN) a analysé les rapports financiers 2023 des banques françaises afin, d’une certaine manière, de les catégoriser comme "pro" ou "anti" nucléaires. On retrouve sans grande surprise parmi les "mauvais élèves" la BNP Paribas [5] et la Société Générale. La NEF, qui ne propose actuellement pas de compte courant pour les particuliers, exclut le nucléaire civil et militaire des secteurs financés par l’épargne de ses souscripteurs.
Face à cette situation, le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyen·nes à interpeller leur banque pour exiger d’elles qu’elles inscrivent le nucléaire sur leur liste d’exclusion de financements. Le RSDN met à disposition une lettre-type adaptée à chaque banque afin qu’elle puisse être directement envoyée par celles et ceux qui souhaitent participer à cette action.
Contact presse : Damien Renault, administrateur du Réseau "Sortir du nucléaire" : 07 82 39 87 28