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Sortir du nucléaire n°83



Automne 2019

Agir : Vent nouveau

RadiAction : vent nouveau sur la lutte antinucléaire !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°83 - Automne 2019

 Luttes et actions  Organisations antinucléaires françaises


C’est près d’un saule pleureur et sous le soleil que nous avons rencontré Azna de RadiAction à la fin du Radicamp organisé à Serquigny dans l’Eure au mois d’août 2019. On repart de cette semaine plein d’élan, on applaudit des deux mains et on vous invite à suivre les actus de ce collectif en création, qui mêle avec intelligence défense du climat et lutte contre le nucléaire, fête et artivisme, antisexisme et questions transgenres, radicalité et créativité, le tout associé à une culture du soin.



© Skippy

Laura : Le collectif RadiAction, c’est qui, c’est quoi ?

Azna : Initialement, RadiAction, c’est quelques personnes qui ont fait plusieurs actions de désobéissance civile de masse en Allemagne pour lutter contre des mines de charbon avec Ende Gelände [1].

Sans transposer directement, on a eu envie de s’inspirer de ce qui a pu être fait là-bas. Le consensus d’action « on fait ce qu’on dit, on dit ce qu’on fait » développé par Ende Gelände a permis de regrouper de grosses ONG, des partis d’extrême gauche et des mouvances plus radicales. Par exemple, dans leur consensus d’action il est dit que la cible n’est ni la police ni les infrastructures. Ça permet de se protéger, de se sentir protégé et c’est suffisamment large pour permettre une certaine autonomie.

Le nucléaire français c’est l’équivalent du charbon allemand. Pour nous le nucléaire empêche de se poser des questions de transition, de sobriété, de sortie du colonialisme, de démocratie, de reprise de pouvoir de manière décentralisée.

Pour ce qui est du type d’action que l’on va mener, c’est encore à décider. On a des affinités avec les actions de masse, mais l’intérêt d’organiser ce Radicamp c’était de se poser la question “qu’est ce qui est pertinent de mener aujourd’hui et qui permettrait d’avoir une victoire politique ?“. Même si on avance dans la réflexion, on n’a pas encore de cible ou de stratégie vraiment précise. Ça se construit. C’est difficile de penser une action et une date sans avoir pensé tout le reste.

Laura : Le camp touche à sa fin, est ce que tu peux m’en parler un peu plus ?

Azna : Les objectifs du camp étaient divers. Se retrouver pour les personnes qui connaissent déjà RadiAction et permettre aux personnes intéressées de se rassembler, d’avoir un espace pour se former, pour faire la fête, pour penser et avancer ensemble. Et donc faire collectif et grandir.

Ce camp a duré une semaine, il se voulait le plus autogéré possible et ça a plutôt bien fonctionné.

À chaud je crois qu’on a réussi à rassembler beaucoup de monde issu d’une grande diversité en terme d’affinités politiques et de type de lutte dans lesquelles les personnes sont engagées. Du point de vue de la formation c’était très riche et les retours sont positifs. Les moments de fête étaient cool et beaucoup de gens dansaient. La nourriture était bonne. Les temps de plénière étaient intéressants – le temps, lui, aura été plutôt mauvais, malheureusement...

Dans les limites, je pense qu’on n’avait pas anticipé le travail que ça représentait, l’équipe d’organisation est vraiment rincée ! Après il y a eu des moments de tension en interne qui ont pris beaucoup de temps à être gérés, pensés, digérés. Ça met un peu le nez dans les failles de notre organisation, et c’est important de le soulever “qu’est ce que ça veut dire de faire collectif ? D’inclure ? Quelles sont les limites d’une organisation pas trop structurée ? Est-ce qu’il faut plus la structurer ? Comment on la structure ? Qu’est ce qu’on en fait ? Qui prend part à cette structuration ?“. La question de l’oppression aussi, qui a été évoquée sur le camp et qu’il faut qu’on travaille ! Parce qu’il suffit pas de mettre sur un papier que tu es contre les oppressions pour qu’elles n’aient pas lieu. Ce serait trop simple...

Laura : Est-ce qu’on peut rejoindre le collectif ?

Azna : Bien sûr ! Cet outil il existe, il y a un consensus d’existence [2] qui n’est pas parfait mais qui pose une bonne base théorique et 12 points d’un argumentaire antinucléaire (ci-dessous).

Actuellement le collectif repose sur assez peu de personnes et toutes les forces vives sont appréciables et appréciées. On l’a vu lors des échanges pendant le camp, ça permet d’ancrer dans le réel toutes les réflexions qu’on peut avoir. Les plénières sont ouvertes aux personnes qui se reconnaissent dans ce qu’on dit et qui souhaitent investir du temps et de l’énergie pour un moment ou pour longtemps.

Le camp était totalement ouvert et les actions à venir le seront aussi. Il y a autre chose que je n’ai pas encore évoqué c’est la volonté d’empowerment [3] permanent. La dimension de formation est très importante, on a vraiment l’envie d’être dans une dynamique perpétuelle de formation, c’est une autre porte d’entrée pour rejoindre le collectif.

Laura : En tout cas, nous sommes bien content de cette dynamique naissante ! Il y a un vrai enjeu de renouvellement militant dans la lutte antinucléaire. Il y a comme un trou générationnel. On a pu constater, par exemple dans l’organisation des marches climats, qu’être antinucléaire n’allait pas forcément de soi. C’est une vraie avancée de poser comme vous le faites la revendication “Ni fissile, ni fossile !“ et je trouve qu’il manquait dans le mouvement climat une composante qui puisse (ap)porter ça ! On a donc hâte de voir la suite.

Pour RadiAction, le nucléaire c’est :

Injuste !

  1. Le nucléaire perpétue le colonialisme
  2. Le nucléaire est socialement néfaste

Autoritaire !

  1. Le nucléaire est lié à l’industrie militaire
  2. Le nucléaire est anti-démocratique
  3. Le nucléaire est corrompu
  4. Le nucléaire criminalise ses opposant.e.s

Dangereux !

  1. Le nucléaire nuit au vivant
  2. Le nucléaire est une menace permanente d’accidents et de fuites
  3. Le nucléaire présente des risques accrus dans un contexte d’instabilité sociétale

Et en plus, c’est une impasse écologiquement !

  1. Le nucléaire empêche une politique de sobriété et d’efficacité énergétique
  2. Le nucléaire ne résistera pas au changement climatique
  3. Le nucléaire empêche d’investir dans la transition énergétique en France

www.radiaction.org/les-12-points- de-radiaction-contre-le-nucleaire/

© Ende Gelände

Pour lire l’entretien dans son intégralité rendez-vous sur : https://frama.link/Itw-RadiAction

Et pour aller plus loin : www.radiaction.org/ www.ende-gelande.org/fr/


Notes

[1Voir Revue“Sortir du nucléaire“ n°80

[3Anglicisme pas vraiment traduisible en français qui peut se définir comme autonomisation ou retrouver, redonner du pouvoir d’agir.

© Skippy

Laura : Le collectif RadiAction, c’est qui, c’est quoi ?

Azna : Initialement, RadiAction, c’est quelques personnes qui ont fait plusieurs actions de désobéissance civile de masse en Allemagne pour lutter contre des mines de charbon avec Ende Gelände [1].

Sans transposer directement, on a eu envie de s’inspirer de ce qui a pu être fait là-bas. Le consensus d’action « on fait ce qu’on dit, on dit ce qu’on fait » développé par Ende Gelände a permis de regrouper de grosses ONG, des partis d’extrême gauche et des mouvances plus radicales. Par exemple, dans leur consensus d’action il est dit que la cible n’est ni la police ni les infrastructures. Ça permet de se protéger, de se sentir protégé et c’est suffisamment large pour permettre une certaine autonomie.

Le nucléaire français c’est l’équivalent du charbon allemand. Pour nous le nucléaire empêche de se poser des questions de transition, de sobriété, de sortie du colonialisme, de démocratie, de reprise de pouvoir de manière décentralisée.

Pour ce qui est du type d’action que l’on va mener, c’est encore à décider. On a des affinités avec les actions de masse, mais l’intérêt d’organiser ce Radicamp c’était de se poser la question “qu’est ce qui est pertinent de mener aujourd’hui et qui permettrait d’avoir une victoire politique ?“. Même si on avance dans la réflexion, on n’a pas encore de cible ou de stratégie vraiment précise. Ça se construit. C’est difficile de penser une action et une date sans avoir pensé tout le reste.

Laura : Le camp touche à sa fin, est ce que tu peux m’en parler un peu plus ?

Azna : Les objectifs du camp étaient divers. Se retrouver pour les personnes qui connaissent déjà RadiAction et permettre aux personnes intéressées de se rassembler, d’avoir un espace pour se former, pour faire la fête, pour penser et avancer ensemble. Et donc faire collectif et grandir.

Ce camp a duré une semaine, il se voulait le plus autogéré possible et ça a plutôt bien fonctionné.

À chaud je crois qu’on a réussi à rassembler beaucoup de monde issu d’une grande diversité en terme d’affinités politiques et de type de lutte dans lesquelles les personnes sont engagées. Du point de vue de la formation c’était très riche et les retours sont positifs. Les moments de fête étaient cool et beaucoup de gens dansaient. La nourriture était bonne. Les temps de plénière étaient intéressants – le temps, lui, aura été plutôt mauvais, malheureusement...

Dans les limites, je pense qu’on n’avait pas anticipé le travail que ça représentait, l’équipe d’organisation est vraiment rincée ! Après il y a eu des moments de tension en interne qui ont pris beaucoup de temps à être gérés, pensés, digérés. Ça met un peu le nez dans les failles de notre organisation, et c’est important de le soulever “qu’est ce que ça veut dire de faire collectif ? D’inclure ? Quelles sont les limites d’une organisation pas trop structurée ? Est-ce qu’il faut plus la structurer ? Comment on la structure ? Qu’est ce qu’on en fait ? Qui prend part à cette structuration ?“. La question de l’oppression aussi, qui a été évoquée sur le camp et qu’il faut qu’on travaille ! Parce qu’il suffit pas de mettre sur un papier que tu es contre les oppressions pour qu’elles n’aient pas lieu. Ce serait trop simple...

Laura : Est-ce qu’on peut rejoindre le collectif ?

Azna : Bien sûr ! Cet outil il existe, il y a un consensus d’existence [2] qui n’est pas parfait mais qui pose une bonne base théorique et 12 points d’un argumentaire antinucléaire (ci-dessous).

Actuellement le collectif repose sur assez peu de personnes et toutes les forces vives sont appréciables et appréciées. On l’a vu lors des échanges pendant le camp, ça permet d’ancrer dans le réel toutes les réflexions qu’on peut avoir. Les plénières sont ouvertes aux personnes qui se reconnaissent dans ce qu’on dit et qui souhaitent investir du temps et de l’énergie pour un moment ou pour longtemps.

Le camp était totalement ouvert et les actions à venir le seront aussi. Il y a autre chose que je n’ai pas encore évoqué c’est la volonté d’empowerment [3] permanent. La dimension de formation est très importante, on a vraiment l’envie d’être dans une dynamique perpétuelle de formation, c’est une autre porte d’entrée pour rejoindre le collectif.

Laura : En tout cas, nous sommes bien content de cette dynamique naissante ! Il y a un vrai enjeu de renouvellement militant dans la lutte antinucléaire. Il y a comme un trou générationnel. On a pu constater, par exemple dans l’organisation des marches climats, qu’être antinucléaire n’allait pas forcément de soi. C’est une vraie avancée de poser comme vous le faites la revendication “Ni fissile, ni fossile !“ et je trouve qu’il manquait dans le mouvement climat une composante qui puisse (ap)porter ça ! On a donc hâte de voir la suite.

Pour RadiAction, le nucléaire c’est :

Injuste !

  1. Le nucléaire perpétue le colonialisme
  2. Le nucléaire est socialement néfaste

Autoritaire !

  1. Le nucléaire est lié à l’industrie militaire
  2. Le nucléaire est anti-démocratique
  3. Le nucléaire est corrompu
  4. Le nucléaire criminalise ses opposant.e.s

Dangereux !

  1. Le nucléaire nuit au vivant
  2. Le nucléaire est une menace permanente d’accidents et de fuites
  3. Le nucléaire présente des risques accrus dans un contexte d’instabilité sociétale

Et en plus, c’est une impasse écologiquement !

  1. Le nucléaire empêche une politique de sobriété et d’efficacité énergétique
  2. Le nucléaire ne résistera pas au changement climatique
  3. Le nucléaire empêche d’investir dans la transition énergétique en France

www.radiaction.org/les-12-points- de-radiaction-contre-le-nucleaire/

© Ende Gelände

Pour lire l’entretien dans son intégralité rendez-vous sur : https://frama.link/Itw-RadiAction

Et pour aller plus loin : www.radiaction.org/ www.ende-gelande.org/fr/



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