Agriculture
Pâturage, soleil, vent : pour une agriculture plus économe
En cherchant à économiser leur propre énergie sur la ferme, Daniel Bronsard et Geneviève Quéré ont construit en Morbihan un système de production moins énergivore... avec le concours de lherbe pâturée, du soleil et du vent. Témoignage.
Notre démarche énergie a commencé avec la mise en place dun système tout herbe et dune éolienne de pompage, explique Daniel Bronsard. Nous avons suivi cette voie pour mettre nos pratiques en conformité avec nos idées par rapport à lénergie nucléaire et pour abaisser la charge de travail autour des bovins -nous avons deux productions-. Il y avait aussi une question de goût au départ : passer du temps sur le tracteur, travailler la terre, investir dans du matériel, cela ne mintéresse pas. A part la fenaison, tous nos travaux sont réalisés par lentreprise. Cela représente un coût, mais cest notre choix.
Sur le plan de lénergie, ces solutions ne manquent pas dintérêts
... Nos bovins vont chercher eux-mêmes leur ration dherbe au champ huit à neuf mois sur douze. Ils épandent eux-mêmes le fumier. Donc économie maximum dénergies fossiles. Les prairies sont implantées au moins pour huit ans, ce qui abaisse encore le besoin en mécanisation et en carburant.
... Ces pâtures (86% de la SAU) produisent pendant les trois quarts de lannée. Donc, très bon rendement photosynthétique (voir ci-dessous le système)... et peu de perte dazote sous forme de lessivage.
... Du fait quelles sont constituées dun mélange graminées - légumineuses, on na pas à leur apporter dazote de synthèse. Ce sont les bactéries qui font ce travail. Donc, pas dusine à gaz ni dénergie pour le transport de lengrais. Et lherbe est naturellement équilibrée en azote et protéines : pas besoin non plus dénergie pour fabriquer et transporter de laliment.
... La conservation du fourrage fait appel au soleil et au vent : la ration dhiver est constituée presque exclusivement de foin. Nous ne faisons de lensilage ou de lenrubannage quen cas de nécessité, pour sauver une récolte.
Quant à léolienne de pompage, elle alimente neuf bacs, trois par parcelle, ce qui correspond à une réserve totale de 6000 litres. Jai la chance de bénéficier dun parcellaire groupé et jai pris soin dinstaller léolienne dans un endroit bien dégagé. Il est arrivé une fois que leau manque pendant un jour, faute de vent. Jai alors repris le tracteur et la tonne à eau.
Linvestissement a coûté à lépoque 20 000 F pour léolienne et 10 000 F pour les bacs, tuyaux, le ciment et le travail. Je suis particulièrement satisfait de cet équipement : il me permet déconomiser trois quarts dheure par jour pendant 8 mois et beaucoup de stress : je me suis vu apporter de leau en catastrophe le dimanche ! Il faut aussi y ajouter léconomie de gazole.
Nous avons installé 18 m2 de capteurs photovoltaïques et un chauffe eau solaire de 6 m2.
Notre démarche saccompagne de gestes déconomie dénergie à la maison : nous utilisons des ampoules à basse consommation, nous essayons de couper les systèmes de veille sur nos appareils. Nous faisons ce qui est à notre portée, sans pour autant bouleverser notre mode de vie : nous avons conservé notre congélateur ! Et nous avons gardé aussi certaines incohérences : par exemple, laliment pour les poules vient de Janzé (Ille-et-Vilaine, distance denviron 100 km) par camion. Tout nest pas logique à 100% chez nous. Mais nous avançons à petits pas vers plus de cohérence.
Le système de production
- 2 UTA : le couple Geneviève+Daniel.
- 20 vaches allaitantes Blondes dAquitaine et leur suite (67 UGB en 2002). Vente de génisses, de broutards et quelques boeufs à Bretagne Viande Bio. Huit à neuf mois de pâturage, 100% des animaux à létable le reste de lannée. Chargement : 1,8 UGB/ha en 2002, 1,5 UGB/ha en 2003
- 5000 pondeuses en bio depuis 1991. Vente de 1,2M oeufs bio à un centre de conditionnement (2/3) et sur le marché local (1/3 vente directe, magasins et réseau)
- 42 ha, dont 30 groupés : 2,5 ha de parcours à poules, 5 ha de prairies permanents, 3 ha de mélanges céréaliers (avoine, pois triticale), le reste en prairies temporaires longue durée (8 ans et plus) : ray-grass anglais + trèfle blanc, parfois un peu de dactyle. Conduite du pâturage en trois parcelles.
- Léolienne : 5 m de haut, type Oasis.
- Les capteurs solaires : 18 m2, 2200 W crête, production escomptée de 2200 kWh par an soit la moitié de la consommation des deux poulaillers. Linvestissement dans ces équipements a bénéficié dune aide dans le cadre dun CTE.
- Chauffage central au gaz dans la maison + insert bois. Bientôt 6 m2 de chauffe-eau solaire.
Contact : Geneviève Quéré, Daniel Bronsard, Saint-Hilaire, 56930 Pluméliau.
Recueilli par JM Lusson,
Réseau agriculture durable