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Sortir du nucléaire n°43



Eté 2009

International

Mines d’uranium au Niger, soutenons le projet CRIIRAD-AGHIR IN MAN !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°43 - Eté 2009

 Uranium et mines
Article publié le : 1er août 2009


Grâce à un financement du conseil général des Côtes d’Armor, dans le cadre de la coopération décentralisée, Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la RADioactivité) s’est rendu à nouveau au Niger en avril 2009. Il nous dresse un état des lieux de la contamination, nous parle du boum inquiétant de l’uranium et des projets urgents à mettre en place.



Le Niger contaminé


Deux filiales d’AREVA, la SOMAÏR et la COMINAK exploitent depuis plus de 30 ans des mines d’uranium à Arlit et Akokan. Le laboratoire de la CRIIRAD basée à Valence, a conduit des études depuis décembre 2003 à la demande d’une association nigérienne AGHIR IN MAN dont le président est monsieur Almoustapha Alhacen. Les études ont permis de soulever toute une série de problèmes :

- les ferrailles et plastiques contaminés issus des mines et usines d’extraction d’uranium en vente sur les marchés locaux.
- la contamination des eaux. L’exploitation de l’uranium consomme beaucoup d’eau : 270 millions de m3 depuis que les mines existent. Et en plus cela la pollue. Dans le cas d’Arlit et Akokan, nous avons pu démontrer que certains des puits utilisés ont une contamination en uranium 10 fois supérieure aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé et pourtant AREVA continue à indiquer dans ses documents de communication qu’il n’y a pas de contamination des eaux dans ce secteur.
- la dispersion de stériles radioactifs comme
en France d’ailleurs. Nous avons écrit à
Mme Lauvergeon, PDG d’AREVA, en mai 2007 pour
l’informer de la présence de stériles radioactifs dans le remblai utilisé pour la piste devant l’hôpital de la COMINAK à Akokan avec un niveau de radiation 100 fois supérieure à la normale. Elle ne nous a jamais répondu. Mais Almoustapha Alhacen nous
a indiqué que ces matériaux ont été finalement enlevés plus de 8 mois après notre courrier.

Nous avions demandé aussi qu’AREVA explique comment ils vont garantir le confinement pendant des milliers d’années des 30 millions de tonnes de résidus radioactifs accumulés à Arlit et Akokan.
La verse à résidus radioactifs de la COMINAK
représente une surface de 50 hectares de déchets radioactifs à l’air libre. De même, les tas de minerai d’uranium sont à l’air libre. Ceci entraîne une
pollution de l’air par le gaz radioactif, le radon et par les poussières radioactives qui sont dispersées par les puissants vents du désert. Et là, il y a
évidemment violation des règles élémentaires d’entreposage de matières et de déchets radioactifs (absence de confinement) et des règles de radioprotection.Les propres mesures d’AREVA montrent bien en réalité que pour certains groupes de population les doses maximales annuelles admissibles sont dépassées.



Le nouveau gisement d’Imouraren : un simulacre de démocratie


Non seulement AREVA ne reconnaît pas officiellement tous ces problèmes, mais en plus le groupe va mettre en exploitation le gisement d’Imouraren qui sera une des plus grandes mines au monde (gisement de 8 km sur 2,5 km, emprise du site de 200 km2) avec une capacité de 5 000 tonnes d’uranium par an. L’étude d’impact, dossier volumineux, a été présenté par AREVA aux populations en mai 2008 le jour même de l’audience publique. Comment peut-on attendre des populations qu’elles donnent un avis sur un dossier très technique soumis à consultation le jour-même et dont certaines parties sont de surcroît rédigées en anglais ? C’est un simulacre de consultation du public.


Les Chinois présents aussi


Les populations locales se plaignent déjà du
comportement des compagnies chinoises qui vont exploiter des gisements : elles utiliseraient des
prisonniers de droit commun qui, au lieu de purger leur peine en Chine, viendraient travailler au Niger. On m’a rapporté par exemple que certaines pistes d’accès seraient construites avec des matériaux puisés sur les côtés de la chaussée formant ainsi des fossés qui se remplissent d’eau à la saison des pluies ; des animaux s’y seraient noyés.




Problème de l’eau


Ce boum de l’uranium en cours au Niger (plus
de 126 permis de recherche d’uranium délivrés à
fin 2008) est d’autant plus inquiétant qu’il y a un problème d’eau. L’exploitation de l’uranium consomme énormément d’eau, en particulier dans les usines d’extraction d’uranium. C’est déjà le
cas à Arlit et Akokan, ce sera le cas à Imouraren (estimation AREVA de 12-13 millions de m3 par an, la nappe sera asséchée en fin d’exploitation) . Comment garantir la sécurité d’approvisionnement en eau à des groupes de population qui vivent dans des zones désertiques où les seules ressources en eau sont des nappes fossiles donc par définition non renouvelables ?
De plus, l’exploitation de l’uranium pollue
durablement les eaux sur le plan radiologique et chimique, nous l’avons constaté pour les mines françaises. Le gisement d’Imouraren va nécessiter le déplacement de 3,8 milliards de tonnes de roches, et produire 245 millions de tonnes de
résidus radioactifs. Comment garantir leur confinement à long terme ? Comment garantir la protection des eaux souterraines pendant des milliers d’années ? Aujourd’hui, honnêtement, il n’y a pas de réponse scientifique sérieuse à ces questions.. et pourtant c’est la folle course en avant…



Une pollution chimique et des gaz à effet de serre de plus en plus importants


Pour alimenter en énergie électrique les mines et les usines d’extraction, les compagnies utilisent la centrale thermique de la SONICHAR située à 180 km au sud d’Arlit et fonctionnant au charbon extrait d’une mine locale. En 2006, COMINAK et SOMAÏR ont acheté 85 % de l’électricité commercialisée par SONICHAR.

La pollution atmosphérique est visible à l’œil nu. Les populations locales s’en plaignent : dépôt de suie noire sur la végétation, les vêtements, les sols alentour. Pollution chimique évidente et rejet de gaz à effet de serre manifestes et cela va s’amplifier. Aujourd’hui, la consommation est de 160 000 tonnes de charbon par an et avec le projet à Imouraren, elle va passer d’ici 2011 à 400 000 tonnes de charbon par an pour alimenter la future usine d’extraction d’uranium.

Exploiter l’uranium, c’est conduire à une pollution d’origine chimique à la fois du fait de cette centrale au charbon et du fait de l’utilisation de réactifs
chimiques. Pour fabriquer l’acide sulfurique qui sert à extraire l’uranium, la société IMOURAREN SA consommera des quantités importantes de soufre : 130 000 tonnes par an, la mine d’uranium utilisera 12 000 tonnes d’explosifs par an …
Une fois encore, il est important de rappeler
une évidence : l’uranium n’est pas une ressource renouvelable et son extraction est très polluante.
Et à force d’exploiter de l’uranium à des teneurs de plus en plus basses, le rendement énergétique est de plus en plus mauvais et la quantité de gaz à effet de serre émise par rapport à la quantité d’uranium extraite du sol est évidemment de plus en plus importante. Le gisement d’Imouraren a une teneur en uranium 3 à 5 fois plus faible que les premiers gisements à Arlit et Akokan




Développement d’une
filière électro nucléaire au Niger



Je voudrais souligner aussi le fait que l’accord entre le gouvernement nigérien et IMOURAREN SA, filiale d’AREVA prévoit en toutes lettres d’aider le Niger à progresser dans la voie de l’énergie nucléaire. Voici un extrait :
“Les négociations menées par l’État du Niger avec AREVA NC sur la Convention minière ont abouti aux conclusions suivantes : …/… un engagement de AREVA NC, à travers ses filiales minières nigériennes à participer avec les autres acteurs industriels
du Niger au financement des études des grands projets stratégiques que le Niger entend entreprendre pour son développement économique. Il s’agit de la mise à niveau de SONICHAR, de la remise
en état de la RTA et la connexion de la Transsaharienne, du projet Africarail, de la formation professionnelle des nigériens et du développement d’une filière électronucléaire au Niger.”
…..Sans commentaire … !!



Soutenir l’action d’AGHIR IN MAN et informer les populations locales


Au retour de la mission sur Niamey, a été organisée une conférence de presse avec la société civile (ROTAB, CROISADE, ANDDH, ANLC, MNDHP, CODDHD, Alternative, CCF OPEEPD, Metissage Niger, GREN-Niger). Elle a permis de “médiatiser” toutes les informations accumulées par la CRIIRAD depuis 2003 sur la contamination radioactive autour d’Arlit et Akokan.
Il faut pouvoir renforcer et multiplier ce type
d’initiative sur l’ensemble du territoire nigérien, à la fois au niveau de la capitale Niamey (c’est là que se prennent les décisions importantes) mais aussi bien sûr au niveau des populations locales car ce sont elles qui vont être concernées par la contamination de l’eau, du sol, de l’air, etc... Ce sont bien ces citoyens qu’il faut sensibiliser.


Sur le Niger, voici les
actions envisagées par la CRIIRAD


1er projet : procéder à une analyse critique du dossier officiel d’étude d’impact d’Imouraren. Ce travail sera réalisé sur les fonds propres de la CRIIRAD ;

2ème projet : améliorer l’information et la formation des populations. Déjà, le 6 et 7 avril 2009, j’ai pu animer une formation à la radioactivité au côté d’AGHIR IN MAN à l’intention des maires et des ONG du secteur d’Agadez suite à la sollicitation de l’AMN (Association des Municipalités du Niger). Cette formation a été aussi financée par le conseil général des Côtes d’Armor, le COGERAT (organisme du PNUD), AGHIR IN MAN et la CRIIRAD.

3ème projet plus important : aider l’association AGHIR IN MAN à pouvoir donner des informations sur la radioactivité aux populations vivant en plein désert dans la zone entre Agadez et Arlit (200 à
300 km de long). Les besoins concrets sont multiples, par exemple :
- pouvoir organiser une formation complémentaire sur la radioactivité à l’attention d’AGHIR IN MAN
à Valence à la CRIIRAD.
- aider à mettre en place une radio libre à Arlit
et Akokan
- donner à AGHIR IN MAN les moyens de pouvoir aller sur place dans les mairies, dans les campements. Ils ont besoin d’un véhicule pour faire ce travail d’information, de sensibilisation mais aussi pour réaliser des prélèvements pour analyses (sol, eau, végétaux).

La CRIIRAD a signé sur place au Niger en avril dernier avec l’association AGHIR IN MAN une convention d’assistance réciproque qui prévoit entre autres que la CRIIRAD analysera un certain nombre d’échantillons. Mais pour mener à bien ce projet, l’achat d’un véhicule 4x4 d’occasion est nécessaire et nous recherchons des aides extérieures pour le financer sans compter bien entendu les frais de fonctionnement de cette ONG pour laquelle la CRIIRAD participe déjà à hauteur du tiers. AGHIR IN MAN avait une secrétaire à temps partiel mais n’arrive plus à financer ce poste. Il faut vraiment les aider à renforcer cette ONG en personnel et moyens pour pouvoir au mieux faire face à ce boum de l’uranium qui a vraiment bouleversé déjà les équilibres de cette zone1

Merci d’avance au Réseau “Sortir du Nucléaire”, à ses associations adhérentes ainsi que ses sympathisants pour l’action effectuée depuis plusieurs années pour aider AGHIR IN MAN. Les Nigériens ont vraiment besoin d’un soutien financier et moral.

Nous avons une grande responsabilité morale vis-à-vis des populations qui nous fournissent l’uranium dont nous nous servons pour nous éclairer, faire fonctionner nos sociétés. Ce sont eux les premiers qui en subissent les conséquences en termes de pollution radioactive, chimique et de perturbation majeure et durable de leur milieu de vie, notre devoir est de les aider….
Un soutien financier de 5000 euros pour AGHIR IN MAN
Grâce à son fonds de solidarité et grâce à vous, le Réseau “Sortir du nucléaire” souhaite apporter un soutien financier de 5000 euros. Ce fonds de solidarité n’est alimenté que par des dons spécifiques destinés à aider des projets comme celui du travail de sensibilisation à la radioactivité de l’association
nigérienne AGHIR IN MAN. Si vous souhaitez contribuer à ce
projet, vous pouvez envoyer votre don (à l’ordre de “Sortir du nucléaire”) au Réseau “Sortir du nucléaire” - 9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04. Indiquer au dos du chèque : “Pour le Fonds de solidarité” ou remplissez le coupon réponse sur lequel apparait votre adresse en cochant la case “Fonds de solidarité”.
Propos de Bruno Chareyron (CRIIRAD)
recueillis à Valence par Chantal Cuisnier
(Réseau “Sortir du nucléaire”).

1 : Pour plus de détails consulter la note 09-27 projets CRIIRAD / AGHIR IN MAN : 2009-2012 sur www.criirad.org

Le Niger contaminé


Deux filiales d’AREVA, la SOMAÏR et la COMINAK exploitent depuis plus de 30 ans des mines d’uranium à Arlit et Akokan. Le laboratoire de la CRIIRAD basée à Valence, a conduit des études depuis décembre 2003 à la demande d’une association nigérienne AGHIR IN MAN dont le président est monsieur Almoustapha Alhacen. Les études ont permis de soulever toute une série de problèmes :

- les ferrailles et plastiques contaminés issus des mines et usines d’extraction d’uranium en vente sur les marchés locaux.
- la contamination des eaux. L’exploitation de l’uranium consomme beaucoup d’eau : 270 millions de m3 depuis que les mines existent. Et en plus cela la pollue. Dans le cas d’Arlit et Akokan, nous avons pu démontrer que certains des puits utilisés ont une contamination en uranium 10 fois supérieure aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé et pourtant AREVA continue à indiquer dans ses documents de communication qu’il n’y a pas de contamination des eaux dans ce secteur.
- la dispersion de stériles radioactifs comme
en France d’ailleurs. Nous avons écrit à
Mme Lauvergeon, PDG d’AREVA, en mai 2007 pour
l’informer de la présence de stériles radioactifs dans le remblai utilisé pour la piste devant l’hôpital de la COMINAK à Akokan avec un niveau de radiation 100 fois supérieure à la normale. Elle ne nous a jamais répondu. Mais Almoustapha Alhacen nous
a indiqué que ces matériaux ont été finalement enlevés plus de 8 mois après notre courrier.

Nous avions demandé aussi qu’AREVA explique comment ils vont garantir le confinement pendant des milliers d’années des 30 millions de tonnes de résidus radioactifs accumulés à Arlit et Akokan.
La verse à résidus radioactifs de la COMINAK
représente une surface de 50 hectares de déchets radioactifs à l’air libre. De même, les tas de minerai d’uranium sont à l’air libre. Ceci entraîne une
pollution de l’air par le gaz radioactif, le radon et par les poussières radioactives qui sont dispersées par les puissants vents du désert. Et là, il y a
évidemment violation des règles élémentaires d’entreposage de matières et de déchets radioactifs (absence de confinement) et des règles de radioprotection.Les propres mesures d’AREVA montrent bien en réalité que pour certains groupes de population les doses maximales annuelles admissibles sont dépassées.



Le nouveau gisement d’Imouraren : un simulacre de démocratie


Non seulement AREVA ne reconnaît pas officiellement tous ces problèmes, mais en plus le groupe va mettre en exploitation le gisement d’Imouraren qui sera une des plus grandes mines au monde (gisement de 8 km sur 2,5 km, emprise du site de 200 km2) avec une capacité de 5 000 tonnes d’uranium par an. L’étude d’impact, dossier volumineux, a été présenté par AREVA aux populations en mai 2008 le jour même de l’audience publique. Comment peut-on attendre des populations qu’elles donnent un avis sur un dossier très technique soumis à consultation le jour-même et dont certaines parties sont de surcroît rédigées en anglais ? C’est un simulacre de consultation du public.


Les Chinois présents aussi


Les populations locales se plaignent déjà du
comportement des compagnies chinoises qui vont exploiter des gisements : elles utiliseraient des
prisonniers de droit commun qui, au lieu de purger leur peine en Chine, viendraient travailler au Niger. On m’a rapporté par exemple que certaines pistes d’accès seraient construites avec des matériaux puisés sur les côtés de la chaussée formant ainsi des fossés qui se remplissent d’eau à la saison des pluies ; des animaux s’y seraient noyés.




Problème de l’eau


Ce boum de l’uranium en cours au Niger (plus
de 126 permis de recherche d’uranium délivrés à
fin 2008) est d’autant plus inquiétant qu’il y a un problème d’eau. L’exploitation de l’uranium consomme énormément d’eau, en particulier dans les usines d’extraction d’uranium. C’est déjà le
cas à Arlit et Akokan, ce sera le cas à Imouraren (estimation AREVA de 12-13 millions de m3 par an, la nappe sera asséchée en fin d’exploitation) . Comment garantir la sécurité d’approvisionnement en eau à des groupes de population qui vivent dans des zones désertiques où les seules ressources en eau sont des nappes fossiles donc par définition non renouvelables ?
De plus, l’exploitation de l’uranium pollue
durablement les eaux sur le plan radiologique et chimique, nous l’avons constaté pour les mines françaises. Le gisement d’Imouraren va nécessiter le déplacement de 3,8 milliards de tonnes de roches, et produire 245 millions de tonnes de
résidus radioactifs. Comment garantir leur confinement à long terme ? Comment garantir la protection des eaux souterraines pendant des milliers d’années ? Aujourd’hui, honnêtement, il n’y a pas de réponse scientifique sérieuse à ces questions.. et pourtant c’est la folle course en avant…



Une pollution chimique et des gaz à effet de serre de plus en plus importants


Pour alimenter en énergie électrique les mines et les usines d’extraction, les compagnies utilisent la centrale thermique de la SONICHAR située à 180 km au sud d’Arlit et fonctionnant au charbon extrait d’une mine locale. En 2006, COMINAK et SOMAÏR ont acheté 85 % de l’électricité commercialisée par SONICHAR.

La pollution atmosphérique est visible à l’œil nu. Les populations locales s’en plaignent : dépôt de suie noire sur la végétation, les vêtements, les sols alentour. Pollution chimique évidente et rejet de gaz à effet de serre manifestes et cela va s’amplifier. Aujourd’hui, la consommation est de 160 000 tonnes de charbon par an et avec le projet à Imouraren, elle va passer d’ici 2011 à 400 000 tonnes de charbon par an pour alimenter la future usine d’extraction d’uranium.

Exploiter l’uranium, c’est conduire à une pollution d’origine chimique à la fois du fait de cette centrale au charbon et du fait de l’utilisation de réactifs
chimiques. Pour fabriquer l’acide sulfurique qui sert à extraire l’uranium, la société IMOURAREN SA consommera des quantités importantes de soufre : 130 000 tonnes par an, la mine d’uranium utilisera 12 000 tonnes d’explosifs par an …
Une fois encore, il est important de rappeler
une évidence : l’uranium n’est pas une ressource renouvelable et son extraction est très polluante.
Et à force d’exploiter de l’uranium à des teneurs de plus en plus basses, le rendement énergétique est de plus en plus mauvais et la quantité de gaz à effet de serre émise par rapport à la quantité d’uranium extraite du sol est évidemment de plus en plus importante. Le gisement d’Imouraren a une teneur en uranium 3 à 5 fois plus faible que les premiers gisements à Arlit et Akokan




Développement d’une
filière électro nucléaire au Niger



Je voudrais souligner aussi le fait que l’accord entre le gouvernement nigérien et IMOURAREN SA, filiale d’AREVA prévoit en toutes lettres d’aider le Niger à progresser dans la voie de l’énergie nucléaire. Voici un extrait :
“Les négociations menées par l’État du Niger avec AREVA NC sur la Convention minière ont abouti aux conclusions suivantes : …/… un engagement de AREVA NC, à travers ses filiales minières nigériennes à participer avec les autres acteurs industriels
du Niger au financement des études des grands projets stratégiques que le Niger entend entreprendre pour son développement économique. Il s’agit de la mise à niveau de SONICHAR, de la remise
en état de la RTA et la connexion de la Transsaharienne, du projet Africarail, de la formation professionnelle des nigériens et du développement d’une filière électronucléaire au Niger.”
…..Sans commentaire … !!



Soutenir l’action d’AGHIR IN MAN et informer les populations locales


Au retour de la mission sur Niamey, a été organisée une conférence de presse avec la société civile (ROTAB, CROISADE, ANDDH, ANLC, MNDHP, CODDHD, Alternative, CCF OPEEPD, Metissage Niger, GREN-Niger). Elle a permis de “médiatiser” toutes les informations accumulées par la CRIIRAD depuis 2003 sur la contamination radioactive autour d’Arlit et Akokan.
Il faut pouvoir renforcer et multiplier ce type
d’initiative sur l’ensemble du territoire nigérien, à la fois au niveau de la capitale Niamey (c’est là que se prennent les décisions importantes) mais aussi bien sûr au niveau des populations locales car ce sont elles qui vont être concernées par la contamination de l’eau, du sol, de l’air, etc... Ce sont bien ces citoyens qu’il faut sensibiliser.


Sur le Niger, voici les
actions envisagées par la CRIIRAD


1er projet : procéder à une analyse critique du dossier officiel d’étude d’impact d’Imouraren. Ce travail sera réalisé sur les fonds propres de la CRIIRAD ;

2ème projet : améliorer l’information et la formation des populations. Déjà, le 6 et 7 avril 2009, j’ai pu animer une formation à la radioactivité au côté d’AGHIR IN MAN à l’intention des maires et des ONG du secteur d’Agadez suite à la sollicitation de l’AMN (Association des Municipalités du Niger). Cette formation a été aussi financée par le conseil général des Côtes d’Armor, le COGERAT (organisme du PNUD), AGHIR IN MAN et la CRIIRAD.

3ème projet plus important : aider l’association AGHIR IN MAN à pouvoir donner des informations sur la radioactivité aux populations vivant en plein désert dans la zone entre Agadez et Arlit (200 à
300 km de long). Les besoins concrets sont multiples, par exemple :
- pouvoir organiser une formation complémentaire sur la radioactivité à l’attention d’AGHIR IN MAN
à Valence à la CRIIRAD.
- aider à mettre en place une radio libre à Arlit
et Akokan
- donner à AGHIR IN MAN les moyens de pouvoir aller sur place dans les mairies, dans les campements. Ils ont besoin d’un véhicule pour faire ce travail d’information, de sensibilisation mais aussi pour réaliser des prélèvements pour analyses (sol, eau, végétaux).

La CRIIRAD a signé sur place au Niger en avril dernier avec l’association AGHIR IN MAN une convention d’assistance réciproque qui prévoit entre autres que la CRIIRAD analysera un certain nombre d’échantillons. Mais pour mener à bien ce projet, l’achat d’un véhicule 4x4 d’occasion est nécessaire et nous recherchons des aides extérieures pour le financer sans compter bien entendu les frais de fonctionnement de cette ONG pour laquelle la CRIIRAD participe déjà à hauteur du tiers. AGHIR IN MAN avait une secrétaire à temps partiel mais n’arrive plus à financer ce poste. Il faut vraiment les aider à renforcer cette ONG en personnel et moyens pour pouvoir au mieux faire face à ce boum de l’uranium qui a vraiment bouleversé déjà les équilibres de cette zone1

Merci d’avance au Réseau “Sortir du Nucléaire”, à ses associations adhérentes ainsi que ses sympathisants pour l’action effectuée depuis plusieurs années pour aider AGHIR IN MAN. Les Nigériens ont vraiment besoin d’un soutien financier et moral.

Nous avons une grande responsabilité morale vis-à-vis des populations qui nous fournissent l’uranium dont nous nous servons pour nous éclairer, faire fonctionner nos sociétés. Ce sont eux les premiers qui en subissent les conséquences en termes de pollution radioactive, chimique et de perturbation majeure et durable de leur milieu de vie, notre devoir est de les aider….
Un soutien financier de 5000 euros pour AGHIR IN MAN
Grâce à son fonds de solidarité et grâce à vous, le Réseau “Sortir du nucléaire” souhaite apporter un soutien financier de 5000 euros. Ce fonds de solidarité n’est alimenté que par des dons spécifiques destinés à aider des projets comme celui du travail de sensibilisation à la radioactivité de l’association
nigérienne AGHIR IN MAN. Si vous souhaitez contribuer à ce
projet, vous pouvez envoyer votre don (à l’ordre de “Sortir du nucléaire”) au Réseau “Sortir du nucléaire” - 9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04. Indiquer au dos du chèque : “Pour le Fonds de solidarité” ou remplissez le coupon réponse sur lequel apparait votre adresse en cochant la case “Fonds de solidarité”.
Propos de Bruno Chareyron (CRIIRAD)
recueillis à Valence par Chantal Cuisnier
(Réseau “Sortir du nucléaire”).

1 : Pour plus de détails consulter la note 09-27 projets CRIIRAD / AGHIR IN MAN : 2009-2012 sur www.criirad.org



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