Transport
Le trafic secret de plutonium en France !
L’équivalent de centaines de bombes nucléaires sur lautoroute du soleil
Le plutonium, un déchet proliférant et radiotoxique :
Elément artificiel créé au moment de la fission dans les réacteurs nucléaires, le plutonium est extrêmement radiotoxique. Inventé à son origine pour fabriquer des bombes nucléaires, il est devenu un encombrant matériau dont on ne sait que faire. La plupart des pays ayant développé un programme électronucléaire ont décidé de laisser ce plutonium à lintérieur des combustibles nucléaires ayant été irradiés dans les centrales, lintense radioactivité étant la meilleure protection physique contre lutilisation du plutonium à des fins militaire ou terroristes. La France quant à elle, pour justifier lextraction de cette matière dans son usine Areva/Cogema de La Hague a dabord tenté laventure désastreuse de la surrégénération (Superphenix) qui fut un échec financier, industriel et politique considérable. Puis, elle tente de développer le marché du Mox (Mixed Oxyde Fuel) en mélangeant du plutonium, de 6 à 7% dans de luranium naturel neuf. A cette fin, toute les semaines de deux à trois convois de Pu quittent lusine de La Hague en direction de lune des trois unités de fabrication : Marcoule/Melox, Cadarache ou Dessel (Belgique). Dans chacun de ces transports se trouvent 150 kilos de plutonium pur, soit léquivalent dune vingtaine de bombes nucléaires. Rappelons quavec de six à huit kilos de plutonium, soit la taille dun pamplemousse, ont peut faire une bombe de type Hiroshima.
Un trafic routinier où la sécurité finit par être oubliée
Alors quà ces débuts les quantités transportées étaient faibles et que de simples petits véhicules banalisés pouvaient assurer ces transferts, lindustrialisation du procédé ayant augmenté de manière considérable la quantité de matière à transporter, Cogema Logistics (ex : Transnucléaire) est passé à lutilisation de semi-remorques. Greenpeace sest toujours opposé à lutilisation du plutonium et à son transport, aussi depuis de nombreuses années, lorganisation a suivi lévolution de ceux-ci.
Cest avec une facilité déconcertante que simplement en regroupant des documents publics et en observant sur le terrain les méthodes utilisées, Greenpeace a pu identifier, suivre, photographier, comptabiliser lensemble des transports depuis lusine de La Hague. Pendant plus dun an, à partir de fin janvier 2002, de petits groupes de militants ont ainsi documenté lensemble des transports et les lieux détapes utilisés par les convois. Lensemble des informations est disponible sur le site Internet " stop-plutonium.org ", sur lequel les parcours et horaires utilisés sont publiés.
Ainsi ce sont trois camions qui chaque semaine assuraient de deux à trois rotations, utilisant toujours le même parcours, au même horaire suivant une routine éprouvée. Facilement reconnaissable par Greenpeace, ils létaient donc de même pour nimporte quelle autre organisation qui pourrait avoir des intentions très différentes de celle de lassociation non-violente.
Greenpeace a ainsi démontré que ces transports, dont la sécurité repose sur le secret sont en fait faciles à identifier. De plus lorganisation écologiste à mis en évidence de nombreuses lacunes dans la sûreté des ces convois, par exemple :
- Les containeurs FS47 contenant le plutonium, doivent résister à une chute de 9 mètres de haut : dans les faits Greenpeace a montré quils passent sur de nombreux ponts ou viaducs à des hauteurs nettement supérieures.
- Ces containeurs doivent résister à un incendie de 800 degrés pendant une demi-heure : dans les faits une collision entre un de ces camions et un véhicule de transport de carburant inflammable générerait un incendie qui durerait beaucoup plus longtemps et à des températures nettement supérieures. Alors que dire du passage de ces camions sur le viaduc de Calix à Caen, à plusieurs centaines de mètres de haut et au-dessus de cuves de stockages de fuel.
19 février 2003, les "inspecteurs" de Greenpeace interceptent un convoi de matériel pouvant servir à des armes de destruction massive
Le 19 février, Greenpeace a décidé de passer à laction en bloquant lun de ces camions en plein centre ville de Chalon sur Saône, à cent mètres de la caserne dans laquelle, le véhicule devait faire étape pour le repas du midi.
Ce lieu a été choisi, pour attirer lattention du public, des médias et des élus sur le fait que ce type de trafic secret peut passer à coté de chez vous et sans le savoir, faisant ainsi prendre des risques considérables aux populations, de plus létape en caserne démontre une fois de plus que le lien originel du civil et du militaire na jamais été rompu et quil ne pourra jamais lêtre, le plutonium est bien un matériau proliférant.
Scénario : Parti la veille à 13 heures précises de lusine Cogema de La Hague, ayant passé la nuit à Saclay (sud de Paris), comme à son habitude, le convoi quitte la région parisienne à 7 heures. Il est composé comme toujours dun camion semi-remorque Mercedes et de deux véhicules, avec deux ou trois gendarmes à leur bord. A 11 h 10, le convoi passe à la hauteur de Beaune sur lautoroute A6, lobservateur de Greenpeace peut confirmer à ses collègues que le convoi est bien à lheure et que dans dix-sept minutes il passera la barrière de péage de Chalon Nord. Avenue de Paris, les militants des Greenpeace attendent simplement que le convoi ralentisse et sarrête derrière une des voitures du dispositif de lorganisation qui roulait devant le convoi. A 11h45, en sept secondes, bien avant que les gendarmes de lescorte naient compris ce qui leur arrivait, ou même qu’ils aient ouvert leurs portières, 25 militants bloquent et senchaînent sur le camion de plutonium. Les gendarmes sortent alors leurs gilets pare balle et des fusils dassaut du coffre des voitures, il est trop tard. Les forces de lordre mettront un temps incroyable à réagir, ils ne viendront à bout des militants que beaucoup plus tard. Le convoi ne décollera que vers 15 h 30, immobilisé ainsi pendant presque quatre heures.
Les autorités et Areva, prises au dépourvu, nont pas de réponse
Face à cette action les autorités et la Cogema ont montré à quel point elles étaient dépourvues de réponses adaptées :
- Areva/Cogema : "Les gendarmes nont pas réagi, mais si ça avait été dautres que Greenpeace, ils auraient réagi autrement."
- Cogema Logistics : "Le problème, cest quil y a un point de départ et un point darrivée alors évidemment ça a été facile pour eux."
- Anne Lauvergeon : "Ce plutonium nest pas de qualité militaire, il ne pourrait pas servir à faire des bombes"
- M. Lallemand, haut fonctionnaire de défense : "Le système de protection repose sur le "secret militaire", "il faudra que le secret soit mieux conservé, si possible".
Dans les faits quont-ils décidé de changer à ce système ? Rien !
Ils ont simplement tenté de brouiller les pistes en changeant légèrement les horaires, par exemple en ne faisant plus de halte, partant à 6 heures le matin de La Hague pour arriver à 19 heures le soir à Marcoule et en mélangeant quelques cabines et remorques de transport. Ainsi les camions habituellement habilités à transporter le Mox "frais" à partir de Melox vers les centrales nucléaires ont été "intervertis" avec ceux qui transportent le plutonium. Résultat, au bout de quelques jours dobservation Greenpeace est à nouveau en capacité de publier la liste des véhicules. En fait aucune bonne solution ne peut être apportée à ces transports, ou plutôt si, il suffit de les arrêter, ils ne servent à rien, coûtent cher et font courir dénormes risques à des centaines de milliers de personnes.
Et maintenant ? Ce trafic doit stopper immédiatement
Bien entendu Greenpeace nen restera pas là, depuis les événements de février, les démarches se sont multipliées et très prochainement lorganisation annoncera un plan pour continuer cette campagne contre lindustrie du plutonium. Ainsi vous serez invités, en temps que citoyen, à participer aux investigations, aux contrôles et à la lutte contre la prolifération de ces matériaux fissiles.
Dès maintenant si vous croisez lun de ces transports sensibles, nhésitez pas à les montrer du doigt et à contacter Greenpeace pour donner les éléments nécessaires à la continuité de ce travail de suivi des convois.
La lutte contre le plutonium est laffaire de tous !
Stop-plutonium.org : un site spécialisé sur le plutonium !
Un site web spécialisé a été créé, sous ladresse : stop.plutonium.org
Vous pouvez y trouver tous les éléments liés à lindustrie du Mox, des cartes, des photos et des explications fournies pour mieux comprendre lenjeu de ces transports.
Greenpeace a demandé à Wise (World Information Service on Energy), cabinet détude indépendant de faire une étude sur lensemble des transports générés par lindustrie du plutonium. Cette étude est disponible sur le site web stop-plutonium.org et peut être obtenue sur demande au siège de Greenpeace France.
Yannick Rousselet
Greenpeace