Uranium appauvri
La guerre nucléaire silencieuse
Une nouvelle guerre nucléaire a commencé avec la « Guerre du Golfe ». Elle utilise luranium dit « appauvri », un déchet nucléaire hautement toxique qui empoisonne lenvironnement pour plusieurs milliards dannées et provoque chez les populations agressées une multiplication des cancers, des leucémies, de malformations congénitales monstrueuses et, conséquence la plus grave et irréversible, la modification du patrimoine génétique. Depuis 1991, un crime contre lhumanité se déroule silencieusement, et à une échelle jamais connue.
Une contamination planétaire
Luranium « appauvri » (UA) est à la fois radiotoxique et chimiotoxique (en tant que métal lourd). Cest un déchet de lindustrie nucléaire dont lactivité saccroît au fil du temps en raison de la formation rapide de sous-produits à vie courte lors de sa désintégration. LUA utilisé dans larmement est dautant plus dangereux quil est mélangé à de luranium issu des usines de retraitement pollué par des produits hautement radioactifs, comme le plutonium et luranium 236. Ainsi, son activité est quatre mille fois supérieure au seuil réglementaire imposant lapplication des règles de radioprotection. Le rêve des responsables du projet Manhattan, qui recommandaient lusage de gaz radioactifs contre les populations ennemies a été réalisé cinquante ans plus tard : loxyde duranium est devenu une arme de destruction massive, utilisée par larmée de terre, de lair et la marine.
Chaque nouvelle guerre permet une amplification des tests précédents. Alors que les charges contenues dans les obus antichars utilisés en 1991 ne dépassaient pas 5 kg, celles des bombes téléguidées déversées sur lIrak depuis son invasion en 2003 sélèvent à plusieurs centaines de tonnes.
Lextrême densité de lUA et ses propriétés pyrophoriques (lors de limpact sur sa cible, il senflamme spontanément au contact de loxygène) confèrent aux armes à lUA une grande vélocité et une grande capacité de destruction.
La chaleur dégagée (jusquà 5 000° C) provoque la « vaporisation » de luranium dans latmosphère. Les micro-
particules, propagées par les vents et la pluie sur des centaines de kilomètres, contaminent les sols, les fleuves et les nappes phréatiques, la végétation, les animaux et toute la chaîne alimentaire. La pollution due aux guerres radiologiques contre lIrak, lex-Yougoslavie et lAfghanistan, qui a déjà atteint une vingtaine de pays voisins, est en train de sétendre à tout lhémisphère Nord, et contaminera bientôt lensemble de la planète.
Des malformations congénitales monstrueuses et une atteinte au génome
« Sils nous avaient tués une fois, cela serait moins grave... mais... ils vont continuer de nous tuer pendant des générations » (un Afghan cité par le Dr Mohamed Miraki)
Si les armes à lUA ne déclenchent pas de champignon atomique, elles provoquent au moins autant de dégâts. La contamination interne peut survenir par inhalation, lingestion de boissons et daliments contaminés, et par lésions cutanées. Des milliers de ces projectiles sont disséminés à des profondeurs variables sur les zones bombardées. La chimiotoxicité concerne en premier lieu le rein, et la radiotoxicité les poumons. Des épidémiologistes ont mis également en évidence des atteintes du cerveau, des organes reproducteurs, de la thyroïde, des muscles, des ganglions lymphatiques et du système neurologique, un collapsus du système immunitaire avec des symptômes analogues à ceux du SIDA, la multiplication des cas de mongolisme, de leucémies et de malformations congénitales.
La fixation de lUA sur le placenta provoque chez les nouveau-nés dhorribles malformations : hydrocéphalies, absence de tête, de membres ou dorganes, organes à lextérieur du corps. Chez les bébés irakiens nés en 2002, lincidence danophtalmie (absence dyeux) a été 250.000 fois plus grande que loccurrence moyenne. Les premières paroles dune femme irakienne qui vient daccoucher ne sont pas : « cest une fille ou un garçon ? », mais « mon bébé est-il normal ? ». En outre, les anomalies génétiques saggravant dune génération à lautre, il faudra plusieurs décennies avant de mesurer latteinte du génome.
LAgence Internationale à lEnergie Atomique (AIEA) avait prévu un excès dun demi-million de morts en Irak dus à la guerre de 1991. La contamination de lenvironnement et des populations locales va continuer de samplifier. Avant 2003, certaines régions du sud de lIrak connaissaient déjà une augmentation de 700% des taux de cancer, de 400% du taux de malformations congénitales et de 350% par an de cas de leucémies. La dose de radioactivité délivrée aux enfants de moins de quinze ans représentait 70% de la dose totale reçue par lensemble de la population étudiée - les enfants concentrant la radioactivité trois à quatre fois plus que les adultes.
Les pays agressés transformés en décharges radioactives
Lusage militaire de lUA est un débouché idéal pour lindustrie nucléaire qui se débarrasse ainsi de déchets dont le stockage est très coûteux, dautant que la demi-vie de luranium appauvri est de 4,5 milliards dannées (lâge de la terre !). Les populations victimes des bombardements sont condamnées à vivre durant toute leur vie dans un environnement de plus en plus radioactif. Et elles sont trop démunies pour se faire traiter ou soulager leurs douleurs.
Depuis mars 2003, ce sont des milliers de tonnes de ce produit mortifère qui sont répandues sur les villes irakiennes les plus peuplées, comme Bagdad (où le taux de radioactivité avait été multiplié par deux mille en 2003). La quantité de radioactivité relâchée sur lex-Yougoslavie, lAfghanistan et lIrak correspondrait à quatre cent mille fois celle dHiroshima, et la pollution serait dix fois plus importante que celle qui est due aux essais nucléaires aériens.
En Europe, toute dispersion dUA dans lenvironnement est illicite. Bien que les tests aient lieu en milieu confiné, on trouve autour de nombreux sites des taux de cancers et de leucémies anormalement élevés. Pourquoi luranium « appauvri » devient-il un produit banal lorsquil est déversé par centaines de tonnes sur les pays agressés ?
LOMS est complice de « crimes contre lhumanité »
Les armes à lUA, classées « conventionnelles » sont aujourdhui fabriquées par un nombre grandissant de pays, dont Israël, la Turquie, la Russie et la France. Les armées de près de cinquante pays, et tous les types de munitions de la panoplie des armes américaines en seraient équipés aujourdhui - des simples balles aux bombes « intelligentes » guidées par satellites, en passant par les obus et les missiles.
Ce véritable « crime contre lhumanité » se poursuit avec la complicité de lorganisation des Nations Unies. Un Accord que lOrganisation mondiale de la santé (OMS) a signé en 1959 lui interdit de traiter des conséquences des radiations sur la santé
publique sans laval de lAIEA. Cest ainsi que lOMS bloque depuis 2001 la publication dun rapport explosif sur les effets de lUA.
Intensifier la campagne dinformation internationale en vue de linterdiction totale de ces armes, afin de sauvegarder lavenir de lhumanité (Ramsey Clark)
Les gouvernements coupables de ces atrocités maintiennent une chape de plomb sur les conséquences de lutilisation de ces armes nucléaires dont lutilisation était restée tabou jusquen 1991. Un rapport de lOTAN de 1990 avait préconisé « des campagnes de relations publiques... étant donnée la perception (négative) de la radioactivité par le public ».
Selon le droit international, ces armes sont illégales parce quelles infligent des maux superflus et des souffrances inutiles, quelles sont non discriminantes, quelles causent des atteintes graves et durables à lenvironnement et demeurent meurtrières bien après la fin des conflits. Leur utilisation a été condamnée par une résolution des Nations Unies de 1996. De son côté, le Parlement européen a voté en 2001 un moratoire sur leur utilisation.
De nombreux spécialistes de renommée internationale, comme Rosalie Bertell, épidémiologiste, et Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice, et de très nombreuses associations aux Etats-Unis comme en Europe, tentent dalerter lopinion
internationale pour obtenir « linterdiction internationale inconditionnelle de la recherche, la
production, les essais, les transports, la détention et lutilisation de luranium appauvri à des fins militaires. ». Elles demandent « que toutes ces armes et tous les déchets radioactifs soient immédiatement isolés et stockés, que luranium
appauvri soit classée « substance radioactive
dangereuse », que les zones contaminées soient nettoyées et que tous ceux qui ont été exposés puissent recevoir des soins médicaux appropriés ».
Si ces appels ne sont pas entendus, de plus en plus de régions de notre planète seront rayées de la carte, transformées en poubelles radioactives pour léternité, leurs populations condamnées à une mort lente et atroce et, finalement, la planète entière sera contaminée.
Joëlle Pénochet
Bilbliographie succinte :
- Uranium appauvri, la guerre invisible (M. MEISSONIER, et F. LOORE), Ed. Robert Laffont, 2001.
Livre de 408 pages, 24 , port compris, à commander au Réseau Sortir du nucléaire
9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04.
(Chèque à lordre de Sortir du nucléaire)
- Guerre du Golfe, la sale guerre propre (Christine ABDELKRIM-DELANNE), Paris, Le Cherche midi éditeur, 2001.
- Les armes à uranium appauvri, jalons pour une interdiction (Bruno BARRILLOT), GRIP-éditions Complexe, Paris, 2001.
Bibliographie exhaustive à la suite de larticle « DHiroshima à Bagdad » (2005), publié sur www.planetenonviolence.org, et sur le site https://bienprofond.free.fr