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Sortir du nucléaire n°52



Hiver 2012

Alternatives

La "Maison à Moucharabieh" : Architecture traditionnelle et conception bioclimatique

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°52 - Hiver 2012

 Habitat écologique


Conçue par l’architecte arabe israélien Senan Abdelqader, la "Mashrabiya House" (maison à moucharabieh) se trouve dans le village palestinien de Beit Safafa, entre Jérusalem et Bethlehem. Cette maison a été conçue comme une réinterprétation des éléments traditionnels de l’architecture vernaculaire arabe, combinée à une ambition sociale et environnementale.



Le principe des terrasses et des murs de soutènement, qui constitue l’une des principales caractéristiques du paysage arabe traditionnel, a été adopté pour la construction sur des terrains très pentus. Les fondations sont creusées dans le coteau pour constituer une plateforme empierrée avec des cours renfoncées jouant le rôle de puits de lumière. Cette plateforme accueille un atelier, un studio et la nouvelle galerie de la Représentation culturelle palestinienne. Les espaces de travail et ceux ouverts au public de la maison sont donc séparés des pièces d’habitation situées au-dessus. À l’arrière, cette plateforme se transforme en un énorme mur de soutènement habillé de pierre, qui abrite plusieurs appartements.

Le terrain paysager forme une sorte de scène sur laquelle se dresse le bâtiment proprement dit. La lourdeur du terrain contraste avec la légèreté de la structure verticale. L’effet flottant est obtenu par l’interprétation créative du moucharabieh arabe, écran grillagé qui séparait traditionnellement les espaces privés des espaces publics. L’écran en bois a ici été revu sous la forme d’une enveloppe de pierre géante entourant le bâtiment, qui combine le motif du moucharabieh à la pierre. Sa demi-transparence est obtenue en écartant légèrement les pierres les unes des autres, à intervalles irréguliers, ce qui donne une impression de légèreté et de porosité. L’enveloppe en pierre résultante est séparée structurellement par un espace étroit de l’immeuble d’habitation proprement dit qui se dresse derrière.

Le concept d’espaces ouverts à l’intérieur et autour de la maison porte également l’empreinte des éléments arabes traditionnels. La cour surélevée entre le mur de soutènement arrière et le moucharabieh rappelle le "hosh" traditionnel, tandis que le moucharabieh du toit du bâtiment se transforme en "mur de jardin" conforme au motif du "bustan", à savoir un jardin fermé et protégé, constituant un lieu de tranquillité et d’intimité.

Le moucharabieh ne constitue pas seulement une séparation traditionnelle entre lieux publics et privés, mais également un système de climatisation. La masse pierreuse de l’enveloppe extérieure absorbe la chaleur pendant la journée et la restitue pendant les nuits fraîches de Jérusalem. Elle protège le bâtiment contre le rayonnement solaire, mais également contre la pluie et les vents d’hiver. Les espaces entre les pierres assurent une circulation d’air constante. L’autre élément de la climatisation passive est l’espace d’un mètre entre les enveloppes extérieure et intérieure. Non seulement il assure une circulation constante d’air frais autour du bâtiment, mais son ouverture au sommet du bâtiment produit un effet d’aspiration comme le ferait une cheminée : l’air chaud monte tandis que l’air frais est aspiré par le bas.

Beit Safafa, à l’instar de la plupart des villages de l’agglomération de Jérusalem, est confronté aux défis sociaux et culturels caractéristiques des communautés villageoises unies par des liens étroits qui se transforment en banlieues. Dans ce contexte, ce bâtiment propose une solution originale en combinant la forme d’une construction traditionnelle à un immeuble d’habitation urbain moderne. Combinant espaces de vie et de travail, il reste fidèle au contexte traditionnel du village tout en s’ouvrant à de nouveaux résidents.

Megan Jett
Publié le 14 octobre 2011 par www.archdaily.com
Traduction de l’anglais pour le Réseau
"Sortir du nucléaire" par Gilles Chertier,
reproduite ici dans une version remaniée.

Le principe des terrasses et des murs de soutènement, qui constitue l’une des principales caractéristiques du paysage arabe traditionnel, a été adopté pour la construction sur des terrains très pentus. Les fondations sont creusées dans le coteau pour constituer une plateforme empierrée avec des cours renfoncées jouant le rôle de puits de lumière. Cette plateforme accueille un atelier, un studio et la nouvelle galerie de la Représentation culturelle palestinienne. Les espaces de travail et ceux ouverts au public de la maison sont donc séparés des pièces d’habitation situées au-dessus. À l’arrière, cette plateforme se transforme en un énorme mur de soutènement habillé de pierre, qui abrite plusieurs appartements.

Le terrain paysager forme une sorte de scène sur laquelle se dresse le bâtiment proprement dit. La lourdeur du terrain contraste avec la légèreté de la structure verticale. L’effet flottant est obtenu par l’interprétation créative du moucharabieh arabe, écran grillagé qui séparait traditionnellement les espaces privés des espaces publics. L’écran en bois a ici été revu sous la forme d’une enveloppe de pierre géante entourant le bâtiment, qui combine le motif du moucharabieh à la pierre. Sa demi-transparence est obtenue en écartant légèrement les pierres les unes des autres, à intervalles irréguliers, ce qui donne une impression de légèreté et de porosité. L’enveloppe en pierre résultante est séparée structurellement par un espace étroit de l’immeuble d’habitation proprement dit qui se dresse derrière.

Le concept d’espaces ouverts à l’intérieur et autour de la maison porte également l’empreinte des éléments arabes traditionnels. La cour surélevée entre le mur de soutènement arrière et le moucharabieh rappelle le "hosh" traditionnel, tandis que le moucharabieh du toit du bâtiment se transforme en "mur de jardin" conforme au motif du "bustan", à savoir un jardin fermé et protégé, constituant un lieu de tranquillité et d’intimité.

Le moucharabieh ne constitue pas seulement une séparation traditionnelle entre lieux publics et privés, mais également un système de climatisation. La masse pierreuse de l’enveloppe extérieure absorbe la chaleur pendant la journée et la restitue pendant les nuits fraîches de Jérusalem. Elle protège le bâtiment contre le rayonnement solaire, mais également contre la pluie et les vents d’hiver. Les espaces entre les pierres assurent une circulation d’air constante. L’autre élément de la climatisation passive est l’espace d’un mètre entre les enveloppes extérieure et intérieure. Non seulement il assure une circulation constante d’air frais autour du bâtiment, mais son ouverture au sommet du bâtiment produit un effet d’aspiration comme le ferait une cheminée : l’air chaud monte tandis que l’air frais est aspiré par le bas.

Beit Safafa, à l’instar de la plupart des villages de l’agglomération de Jérusalem, est confronté aux défis sociaux et culturels caractéristiques des communautés villageoises unies par des liens étroits qui se transforment en banlieues. Dans ce contexte, ce bâtiment propose une solution originale en combinant la forme d’une construction traditionnelle à un immeuble d’habitation urbain moderne. Combinant espaces de vie et de travail, il reste fidèle au contexte traditionnel du village tout en s’ouvrant à de nouveaux résidents.

Megan Jett
Publié le 14 octobre 2011 par www.archdaily.com
Traduction de l’anglais pour le Réseau
"Sortir du nucléaire" par Gilles Chertier,
reproduite ici dans une version remaniée.



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