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EPR de Flamanville : le fiasco industriel

L’explosion atomique des délais et des coûts

Article publié le 8 août 2016



En 2003, tandis que le réacteur EPR à Flamanville était encore à l’état de projet et estimé à environ 3 milliards d’euros, le directeur de la division ingénierie nucléaire d’EDF, Bernard Salha, déclarait : "Il n’y a pas ou peu de risque de dépassement budgétaire car tous les grands contrats ont déjà été finalisés." [1]

Mais les années suivantes allaient raconter une autre histoire... [2]

En janvier 2008, pour EDF, le modèle de réacteur EPR permettrait "un kWh compétitif dès la tranche tête de série", donc dès celui de Flamanville. Mais en décembre 2012, Bertrand Barré, conseiller scientifique auprès d’Areva, estimait que l’EPR présentait un "coût du kWh compétitif pour une série" de réacteurs ; au même moment, Hervé Machenaud, haut cadre dirigeant d’EDF, éludait cette fois la question de la compétitivité : "Vouloir mesurer la rentabilité de la production d’un réacteur tête de série n’a pas de sens." [3]

Mais Flamanville ne sera jamais la "tête de série" annoncée, c’est-à-dire le prototype de la nouvelle génération de réacteurs destinée à remplacer progressivement le parc nucléaire actuel. Le directeur de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) lui-même, Jacques Repussard, déclarait en 2014 : "si la France décidait de se doter d’un nouveau parc de réacteurs à eau légère, ce serait une erreur de se contenter de dupliquer l’EPR de Flamanville, dont la conception, je le rappelle, remonte à plus de vingt ans." Hervé Machenaud lui-même reconnaissait la même année que l’EPR de Flamanville n’est "pas représentatif d’une filière EPR industriellement mature qui pourrait être développée par la suite". [4]

De plus, endetté à hauteur de 37 milliards d’euros et faisant face à une véritable "falaise" d’investissements (au bas mot 100 milliards) pour rafistoler ses 58 réacteurs vieillissants qu’il veut à toute force continuer à faire fonctionner au mépris du danger, l’électricien ne pourra jamais trouver les fonds nécessaires pour financer la construction d’une série d’EPR. C’est que les banques ne se bousculent pas au portillon pour financer à coup de milliards des projets nucléaires fort risqués.

Si jamais l’EPR de Flamanville est un jour achevé, sa construction aura coûté au bas mot 11 milliards d’euros, plus de 3 fois le coût annoncé il y a dix ans. Toute perspective de rentabilité de ce réacteur relève de la science-fiction.

Vidéo : début 2014, alors que le chantier de Flamanville accusait déjà 4 ans de retard et 5,2 milliards de surcoût, Jacques Repussard (IRSN) et Philippe Jamet (ASN) taclaient les prétentions initiales d’EDF en termes de coût et de durée de chantier...


Notes

[2Graphique adapté et complété à partir de Loïc Soleymieux, EPR de Flamanville : de plus en plus en retard, de plus en plus coûteux, Le Monde, 21 avril 2015 ; Un coût initialement évalué à 1,75 milliard d’euros en 1995 est même mentionné par Le Canard Enchaîné, Le chantier de l’EPR victime d’une inspection explosive, 24 août 2011

[3EDF/DIN, Futures centrales nucléaires EDF avec participation EDF en France et à l’international, conférence des Groupes Professionnels Énergie et Nucléaire des Ingénieurs Arts et Métiers, 7 janvier 2008, p.17 ; Bertrand Barré, Les réacteurs nucléaires de 3e génération, présentation au CEA-Visiatome de Cadarache, 13 décembre 2012, p.22 (c’est Bertrand Barré qui souligne) et p.63

[4Rapport de la commission d’enquête parlementaire relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, Tome I, juin 2014, p.99

En 2003, tandis que le réacteur EPR à Flamanville était encore à l’état de projet et estimé à environ 3 milliards d’euros, le directeur de la division ingénierie nucléaire d’EDF, Bernard Salha, déclarait : "Il n’y a pas ou peu de risque de dépassement budgétaire car tous les grands contrats ont déjà été finalisés." [1]

Mais les années suivantes allaient raconter une autre histoire... [2]

En janvier 2008, pour EDF, le modèle de réacteur EPR permettrait "un kWh compétitif dès la tranche tête de série", donc dès celui de Flamanville. Mais en décembre 2012, Bertrand Barré, conseiller scientifique auprès d’Areva, estimait que l’EPR présentait un "coût du kWh compétitif pour une série" de réacteurs ; au même moment, Hervé Machenaud, haut cadre dirigeant d’EDF, éludait cette fois la question de la compétitivité : "Vouloir mesurer la rentabilité de la production d’un réacteur tête de série n’a pas de sens." [3]

Mais Flamanville ne sera jamais la "tête de série" annoncée, c’est-à-dire le prototype de la nouvelle génération de réacteurs destinée à remplacer progressivement le parc nucléaire actuel. Le directeur de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) lui-même, Jacques Repussard, déclarait en 2014 : "si la France décidait de se doter d’un nouveau parc de réacteurs à eau légère, ce serait une erreur de se contenter de dupliquer l’EPR de Flamanville, dont la conception, je le rappelle, remonte à plus de vingt ans." Hervé Machenaud lui-même reconnaissait la même année que l’EPR de Flamanville n’est "pas représentatif d’une filière EPR industriellement mature qui pourrait être développée par la suite". [4]

De plus, endetté à hauteur de 37 milliards d’euros et faisant face à une véritable "falaise" d’investissements (au bas mot 100 milliards) pour rafistoler ses 58 réacteurs vieillissants qu’il veut à toute force continuer à faire fonctionner au mépris du danger, l’électricien ne pourra jamais trouver les fonds nécessaires pour financer la construction d’une série d’EPR. C’est que les banques ne se bousculent pas au portillon pour financer à coup de milliards des projets nucléaires fort risqués.

Si jamais l’EPR de Flamanville est un jour achevé, sa construction aura coûté au bas mot 11 milliards d’euros, plus de 3 fois le coût annoncé il y a dix ans. Toute perspective de rentabilité de ce réacteur relève de la science-fiction.

Vidéo : début 2014, alors que le chantier de Flamanville accusait déjà 4 ans de retard et 5,2 milliards de surcoût, Jacques Repussard (IRSN) et Philippe Jamet (ASN) taclaient les prétentions initiales d’EDF en termes de coût et de durée de chantier...



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