Faire un don

Archives campagnes

Depuis 1998, le Réseau "Sortir du nucléaire" a été à l’initiative des nombreuses campagnes.


François Hollande et le nucléaire : le vrai changement, c’est pour quand ?




En dépit d’un probable changement de style, pour le Réseau "Sortir du nucléaire", l’élection de François Hollande ne déclenchera pas une révolution. Les promesses à géométrie variable de François Hollande témoignent d’un regrettable manque d’ambition et sont incompatibles avec une réelle transition énergétique. Le Réseau "Sortir du nucléaire" restera mobilisé quant à la tenue des promesses du nouveau président et plus déterminé que jamais pendant son quinquennat pour obtenir une sortie réelle et effective du nucléaire...



Un changement de style ?
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura été marqué par ses déclarations enflammées d’amour à l’atome. Peut-être peut-on espérer un peu moins de fougue de la part de François Hollande, qui a concédé l’abandon du projet d’EPR de Penly. On peut aussi se rappeler que, contrairement à l’UMP, le Parti Socialiste aura vu des élus favorables à la sortie du nucléaire s’exprimer en son sein, ne serait-ce que pendant quelques mois…

Des promesses en recul, décevantes… et intenables
Mais globalement, en matière de nucléaire, cette élection ne change rien à l’affaire : le changement, on l’attend encore !

Alors qu’il était candidat, François Hollande a clairement exprimé qu’il n’avait aucune intention de remettre en question l’arme nucléaire [1], qui constitue pourtant une menace permanente, aussi coûteuse que géopolitiquement inutile.

Concernant le nucléaire civil, les reculades constantes de François Hollande et du Parti Socialiste témoignent du manque d’ambition du président nouvellement élu, et font douter de sa capacité à tenir tête à un lobby nucléaire d’ailleurs fort influent au sein du PS lui-même. Il ne reste que peau de chagrin de l’accord signé en novembre avec EELV, qui prévoyait initialement la fermeture de 24 réacteurs et l’arrêt de la production de combustible MOX. La diligence de Bernard Cazeneuve, porte-parole officiel de la campagne PS et de fait d’Areva [2], a écarté toute remise en question de ce combustible toxique. Et désormais, tel un os à ronger jeté à la majorité de Français qui souhaitent la sortie du nucléaire, seule la fermeture de la centrale Fessenheim reste à l’ordre du jour, repoussée à la toute fin du quinquennat. Peu importe que d’autres réacteurs soient à peine plus récents et probablement tout aussi dangereux.

Par ailleurs, comment Hollande espère-t-il tenir son engagement de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025 avec un jeu à somme nulle consistant à fermer deux réacteurs pour en démarrer un presque deux fois plus puissant ? Une telle proposition relève soit de la supercherie, soit de la paresse : la promesse devra alors être réalisée par ses successeurs !

Et n’est-il pas contradictoire de plaider pour les économies d’énergie tout en maintenant à son niveau actuel la production nucléaire, et en ajoutant de nouvelles capacités issues des énergies renouvelables ?

Risque nucléaire, crise économique, transition énergétique : plus d’ambition, c’est urgent !
D’ici 2017, près de 24 réacteurs auront dépassé les 35 ans de fonctionnement, durée à partir de laquelle l’IRSN met en garde contre des risques de rupture brutale des cuves [3]. François Hollande souhaite-t-il rester dans les mémoires comme « le Président de l’accident » ? 

Alors qu’une période de crise économique s’annonce, combien de milliards seront engloutis de manière indécente pour « moderniser » un armement nucléaire aussi inutile que dangereux ? Pour rafistoler tant bien que mal les réacteurs vieillissants, les 3,7 milliards par an évoqués par EDF étant probablement en-deçà de la réalité ? Ne serait-il pas plus judicieux d’investir ces milliards dans la réhabilitation des logements et dans les énergies renouvelables, des secteurs fortement créateurs d’emplois dont nous avons bien besoin [4] ? De construire une société plus sobre, moins énergivore, et de lutter contre la précarité énergétique plutôt que de continuer à soutenir une énergie synonyme de gaspillage et dont les coûts vont bientôt monter en flèche ?

À maintes occasions, François Hollande a évoqué son engagement pour la jeunesse. Est-ce se soucier des jeunes (d’ailleurs plus largement opposés au nucléaire que les personnes âgées) que de leur faire endosser le fardeau de l’impossible gestion de nouveaux déchets nucléaires ? Et accepter la mise en service pour 60 ans du réacteur EPR, dont la dangerosité est pourtant connue ?

Alors que le Japon vient de fermer l’intégralité de ses réacteurs en quatorze mois [5], la seule fermeture de Fessenheim témoigne d’un flagrant manque d’ambition et d’une frilosité face à l’industrie atomique. D’autant plus qu’avec la baisse très probable de la consommation d’électricité française, due à la conjoncture économique et à l’arrêt à prévoir de l’usine Georges Besse 1 (qui consomme l’équivalent de trois réacteurs), François Hollande n’a aucune excuse pour ne pas accélérer les fermetures de centrales.

Sous Hollande, le Réseau "Sortir du nucléaire" restera vigilant et mobilisé
Il reste à espérer que les militants du Parti Socialiste, qui sont majoritairement favorables à la sortie du nucléaire, sauront faire évoluer les positions de leur parti de l’intérieur.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite mettre le nouveau Président de la République face à ses responsabilités et l’appelle à la clairvoyance et au pragmatisme. La France n’a aucun intérêt à conserver l’arme nucléaire, faire obstacle au désarmement mondial et violer le Traité de Non Prolifération. Et les solutions pour se passer de l’électricité nucléaire sont désormais largement connues. Plusieurs scénarios de sortie existent, il ne manque que la volonté politique, qui n’a pas fait défaut à nos voisins suisses et allemands.

À court terme, le Réseau "Sortir du nucléaire" observera avec vigilance la composition du prochain gouvernement, et les signaux envoyés par la nomination éventuelle de personnalités proches de l’industrie nucléaire. Il reste dans l’expectative quant à la manière dont le nucléaire sera abordé dans le futur « débat sur l’énergie » : assistera-t-on encore à un énième débat bidon ?

Dans l’immédiat, le Réseau "Sortir du nucléaire" attend la mise en œuvre sans délai des deux promesses a minima de François Hollande : fermeture de Fessenheim et abandon effectif du projet de réacteur à Penly. Tout au long du quinquennat, il se mobilisera plus que jamais pour obtenir l’arrêt total et immédiat du programme EPR, la fermeture de l’ensemble des réacteurs en commençant par les plus anciens, l’arrêt de la production de MOX et l’abandon des projets d’enfouissement de déchets radioactifs.

Le vrai changement nécessite courage, clairvoyance et ambition. Sortons du nucléaire !


Notes

[1Tribune dans le Nouvel Observateur du 22 décembre 2011 : « Dissuasion nucléaire : je maintiendrai ».

[3Avis IRSN du 5 mai 2010

[4À titre d’exemple, les énergies renouvelables représentent actuellement 380 000 emplois en Allemagne (source : Bundesministerium für Umweltschutz)

Un changement de style ?
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura été marqué par ses déclarations enflammées d’amour à l’atome. Peut-être peut-on espérer un peu moins de fougue de la part de François Hollande, qui a concédé l’abandon du projet d’EPR de Penly. On peut aussi se rappeler que, contrairement à l’UMP, le Parti Socialiste aura vu des élus favorables à la sortie du nucléaire s’exprimer en son sein, ne serait-ce que pendant quelques mois…

Des promesses en recul, décevantes… et intenables
Mais globalement, en matière de nucléaire, cette élection ne change rien à l’affaire : le changement, on l’attend encore !

Alors qu’il était candidat, François Hollande a clairement exprimé qu’il n’avait aucune intention de remettre en question l’arme nucléaire [1], qui constitue pourtant une menace permanente, aussi coûteuse que géopolitiquement inutile.

Concernant le nucléaire civil, les reculades constantes de François Hollande et du Parti Socialiste témoignent du manque d’ambition du président nouvellement élu, et font douter de sa capacité à tenir tête à un lobby nucléaire d’ailleurs fort influent au sein du PS lui-même. Il ne reste que peau de chagrin de l’accord signé en novembre avec EELV, qui prévoyait initialement la fermeture de 24 réacteurs et l’arrêt de la production de combustible MOX. La diligence de Bernard Cazeneuve, porte-parole officiel de la campagne PS et de fait d’Areva [2], a écarté toute remise en question de ce combustible toxique. Et désormais, tel un os à ronger jeté à la majorité de Français qui souhaitent la sortie du nucléaire, seule la fermeture de la centrale Fessenheim reste à l’ordre du jour, repoussée à la toute fin du quinquennat. Peu importe que d’autres réacteurs soient à peine plus récents et probablement tout aussi dangereux.

Par ailleurs, comment Hollande espère-t-il tenir son engagement de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025 avec un jeu à somme nulle consistant à fermer deux réacteurs pour en démarrer un presque deux fois plus puissant ? Une telle proposition relève soit de la supercherie, soit de la paresse : la promesse devra alors être réalisée par ses successeurs !

Et n’est-il pas contradictoire de plaider pour les économies d’énergie tout en maintenant à son niveau actuel la production nucléaire, et en ajoutant de nouvelles capacités issues des énergies renouvelables ?

Risque nucléaire, crise économique, transition énergétique : plus d’ambition, c’est urgent !
D’ici 2017, près de 24 réacteurs auront dépassé les 35 ans de fonctionnement, durée à partir de laquelle l’IRSN met en garde contre des risques de rupture brutale des cuves [3]. François Hollande souhaite-t-il rester dans les mémoires comme « le Président de l’accident » ? 

Alors qu’une période de crise économique s’annonce, combien de milliards seront engloutis de manière indécente pour « moderniser » un armement nucléaire aussi inutile que dangereux ? Pour rafistoler tant bien que mal les réacteurs vieillissants, les 3,7 milliards par an évoqués par EDF étant probablement en-deçà de la réalité ? Ne serait-il pas plus judicieux d’investir ces milliards dans la réhabilitation des logements et dans les énergies renouvelables, des secteurs fortement créateurs d’emplois dont nous avons bien besoin [4] ? De construire une société plus sobre, moins énergivore, et de lutter contre la précarité énergétique plutôt que de continuer à soutenir une énergie synonyme de gaspillage et dont les coûts vont bientôt monter en flèche ?

À maintes occasions, François Hollande a évoqué son engagement pour la jeunesse. Est-ce se soucier des jeunes (d’ailleurs plus largement opposés au nucléaire que les personnes âgées) que de leur faire endosser le fardeau de l’impossible gestion de nouveaux déchets nucléaires ? Et accepter la mise en service pour 60 ans du réacteur EPR, dont la dangerosité est pourtant connue ?

Alors que le Japon vient de fermer l’intégralité de ses réacteurs en quatorze mois [5], la seule fermeture de Fessenheim témoigne d’un flagrant manque d’ambition et d’une frilosité face à l’industrie atomique. D’autant plus qu’avec la baisse très probable de la consommation d’électricité française, due à la conjoncture économique et à l’arrêt à prévoir de l’usine Georges Besse 1 (qui consomme l’équivalent de trois réacteurs), François Hollande n’a aucune excuse pour ne pas accélérer les fermetures de centrales.

Sous Hollande, le Réseau "Sortir du nucléaire" restera vigilant et mobilisé
Il reste à espérer que les militants du Parti Socialiste, qui sont majoritairement favorables à la sortie du nucléaire, sauront faire évoluer les positions de leur parti de l’intérieur.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite mettre le nouveau Président de la République face à ses responsabilités et l’appelle à la clairvoyance et au pragmatisme. La France n’a aucun intérêt à conserver l’arme nucléaire, faire obstacle au désarmement mondial et violer le Traité de Non Prolifération. Et les solutions pour se passer de l’électricité nucléaire sont désormais largement connues. Plusieurs scénarios de sortie existent, il ne manque que la volonté politique, qui n’a pas fait défaut à nos voisins suisses et allemands.

À court terme, le Réseau "Sortir du nucléaire" observera avec vigilance la composition du prochain gouvernement, et les signaux envoyés par la nomination éventuelle de personnalités proches de l’industrie nucléaire. Il reste dans l’expectative quant à la manière dont le nucléaire sera abordé dans le futur « débat sur l’énergie » : assistera-t-on encore à un énième débat bidon ?

Dans l’immédiat, le Réseau "Sortir du nucléaire" attend la mise en œuvre sans délai des deux promesses a minima de François Hollande : fermeture de Fessenheim et abandon effectif du projet de réacteur à Penly. Tout au long du quinquennat, il se mobilisera plus que jamais pour obtenir l’arrêt total et immédiat du programme EPR, la fermeture de l’ensemble des réacteurs en commençant par les plus anciens, l’arrêt de la production de MOX et l’abandon des projets d’enfouissement de déchets radioactifs.

Le vrai changement nécessite courage, clairvoyance et ambition. Sortons du nucléaire !



Ça peut aussi vous intéresser


Suivez-nous


        
Nous connaître | Le Réseau en action | À vous d'agir | Informez vous | Presse |

Abonnez-vous à notre newsletter :

Tous les mois un condensé de l'info de nos actions contre le nucléaire
Réseau
Sortir du nucléaire

Parc Benoît - Bâtiment B
65/69 rue Gorge de Loup
CS 70457
69336 LYON CEDEX 09
04 78 28 29 22
Contact mail