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Fukushima, suivi de la catastrophe - Archives 2011-2015

Plus aucune centrale nucléaire en activité au Japon : un exemple à méditer !

Article publié le 4 mai 2012



Depuis le 5 mai 2012 à 16h (23h au Japon), avec la fermeture du réacteur de Tomari (sur l’île d’Hokkaido), le Japon ne compte plus aucune centrale nucléaire en activité. Cet état est peut-être provisoire, mais l’archipel aura au moins apporté la démonstration qu’un pays industrialisé peut techniquement se passer de cette énergie en un an et quelques mois.



Maintenir un Japon sans nucléaire : le bras de fer entre le gouvernement et les populations

À la suite du tremblement de terre du 11 mars, plusieurs centrales nucléaires japonaises ont été mises à l’arrêt ; tout au long de l’année, d’autres ont été arrêtées pour maintenance. La population et les autorités locales s’opposent à leur redémarrage, car elles sont conscientes du risque qui continue de planer sur le Japon – un nouveau séisme ravageur n’est pas à exclure dans les prochaines années, et la situation à la centrale de Fukushima Daiichi reste très préoccupante, bien loin de toute « reprise de contrôle » contrairement à ce que voudrait faire croire Tepco, en particulier en ce qui concerne la piscine du réacteur n°4 [1]. .

Avec l’arrêt de Tomari, le Japon pourra enfin dire au revoir au nucléaire… même si cet arrêt risque d’être provisoire. Déjà, le gouvernement prévoit de remettre en fonctionnement deux réacteurs de la centrale d’Ohi, dans la préfecture de Fukui, bien que ceux-ci n’aient pas fait l’objet de travaux pour améliorer leur sûreté. Le Premier Ministre espère pour cela obtenir l’approbation des autorités locales d’ici juillet prochain. C’est sans compter sur l’opposition de la société civile japonaise. Plusieurs militants mènent actuellement une grève de la faim devant la centrale d’Ohi et le Ministère de l’Industrie pour que le Japon reste sans nucléaire ; parmi eux, des moines, des femmes de Fukushima, et des intellectuels comme le reporter indépendant Satoshi Kamata, un des initiateurs de la pétition internationale « Adieu au nucléaire ».

Un Japon sans nucléaire, ça peut marcher !

Pour justifier le redémarrage des centrales, le gouvernement et les opérateurs électriques prétextent une pénurie d’électricité imminente, les consommations les plus importantes ayant lieu l’été. Selon le gouvernement japonais, le déficit pourrait atteindre 9 % lors des pics de consommation d’électricité ; selon Kepco (Kansai Electric Power, la société qui exploite la centrale d’Ohi), il pourrait même avoisiner les 16 % dans la région du Kansai. Cependant, pour les associations, ces chiffres ne tiennent pas compte des économies d’électricité réalisables. Pour Aileen Mioko Smith, porte-parole de l’ONG Green Action Japan, les firmes surestiment la consommation estivale à venir et le Japon pourrait passer l’été sans réacteurs et sans pénurie, avec même un supplément d’électricité de 3,5 % [2] !

Cette fermeture définitive des réacteurs pourrait constituer le point de départ pour une politique énergétique d’avenir pour le Japon. Déjà, en 1999, une étude montrait la voie pour la dénucléarisation de l’archipel. Ainsi, selon une étude récente de Greenpeace, un Japon sans nucléaire en 2012 pourrait d’ici 2020 produire 43 % de son électricité à partir des énergies renouvelables, et réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, respectant ainsi ses objectifs internationaux.

Le volontarisme et les économies d’énergie portent leurs fruits

Avant le 11 mars 2011, le nucléaire représentait 28 % de la production d’électricité japonaise. Pour faire face aux arrêts successifs des réacteurs nucléaires pendant l’année écoulée, le Japon a certes recouru à des importations de combustibles fossiles et à des délestages sélectifs [3] ; mais on peut aussi souligner qu’une partie de l’effort a été réalisé grâce aux économies d’énergie. Dès le printemps 2011, des mesures volontaristes ont été adoptées, aboutissant à réaliser 15 % d’économies d’électricité dans les entreprises. Dans la vie de tous les jours, des mesures de sobriété ont été mises en œuvre, dont certaines relevaient du simple bon sens : réduire en partie le (sur)éclairage public, réduire la climatisation et assouplir les codes vestimentaires imposés aux salariés par leurs employeurs, arrêter certains escalators et portes automatiques, supprimer l’éclairage des distributeurs de boissons [4]… Grâce à toutes ces mesures, la pointe de consommation a baissé de près de 18 % sans désagrément majeur pour la population.

Comme nous le montre le Japon, ainsi que d’autres exemples internationaux [5], des mesures volontaristes et simples d’économies d’énergie pour supprimer les consommations inutiles permettent de réduire très rapidement la consommation d’électricité, et donc le nombre de réacteurs nucléaires en activité. Il serait bon que les futurs dirigeants français, qui ne prévoient au mieux que la fermeture de Fessenheim pour les 5 années à venir, tirent de l’exemple japonais les leçons qui s’imposent. N’attendons pas une catastrophe nucléaire pour mettre en œuvre ces mesures en France !

Le 5 mai, c’est également le jour de la Fête des Enfants au Japon ; à cette occasion, la tradition veut que l’on hisse des carpes en tissu de toutes les couleurs dans les airs. Les militants japonais ont appelé à hisser des carpes vertes, en signe d’adieu au nucléaire. À Paris, un rassemblement a eu lieu devant le Jardin d’Acclimatation.


Notes

[3Arrêt volontaire et provisoire de l’approvisionnement de plusieurs gros consommateurs, pour prévenir un black-out.

[4Cf « "Setsuden", les mesures d’économie d’électricité au Japon » , article de Jannick Magne paru dans la revue "Sortir du nucléaire" n°52, printemps 2012

[5Citons l’exemple de la ville de Juneau (Alaska), 31 000 habitants, dont le réseau électrique avait été mis à mal par une avalanche en 2008. Grâce à une campagne massive d’incitation aux économies d’énergie, intitulée « Juneau Unplugged » (Juneau la débranchée), la consommation d’électricité y avait chuté de 40 % en quelques semaines. Ces gains et les bonnes habitudes acquises ont été pour une part significative conservées par la population une fois passée la situation de crise. Exemple développé dans Du gâchis à l’intelligence. Du bon usage de l’électricité, les Cahiers de Global Chance n°27, p.74-75

Maintenir un Japon sans nucléaire : le bras de fer entre le gouvernement et les populations

À la suite du tremblement de terre du 11 mars, plusieurs centrales nucléaires japonaises ont été mises à l’arrêt ; tout au long de l’année, d’autres ont été arrêtées pour maintenance. La population et les autorités locales s’opposent à leur redémarrage, car elles sont conscientes du risque qui continue de planer sur le Japon – un nouveau séisme ravageur n’est pas à exclure dans les prochaines années, et la situation à la centrale de Fukushima Daiichi reste très préoccupante, bien loin de toute « reprise de contrôle » contrairement à ce que voudrait faire croire Tepco, en particulier en ce qui concerne la piscine du réacteur n°4 [1]. .

Avec l’arrêt de Tomari, le Japon pourra enfin dire au revoir au nucléaire… même si cet arrêt risque d’être provisoire. Déjà, le gouvernement prévoit de remettre en fonctionnement deux réacteurs de la centrale d’Ohi, dans la préfecture de Fukui, bien que ceux-ci n’aient pas fait l’objet de travaux pour améliorer leur sûreté. Le Premier Ministre espère pour cela obtenir l’approbation des autorités locales d’ici juillet prochain. C’est sans compter sur l’opposition de la société civile japonaise. Plusieurs militants mènent actuellement une grève de la faim devant la centrale d’Ohi et le Ministère de l’Industrie pour que le Japon reste sans nucléaire ; parmi eux, des moines, des femmes de Fukushima, et des intellectuels comme le reporter indépendant Satoshi Kamata, un des initiateurs de la pétition internationale « Adieu au nucléaire ».

Un Japon sans nucléaire, ça peut marcher !

Pour justifier le redémarrage des centrales, le gouvernement et les opérateurs électriques prétextent une pénurie d’électricité imminente, les consommations les plus importantes ayant lieu l’été. Selon le gouvernement japonais, le déficit pourrait atteindre 9 % lors des pics de consommation d’électricité ; selon Kepco (Kansai Electric Power, la société qui exploite la centrale d’Ohi), il pourrait même avoisiner les 16 % dans la région du Kansai. Cependant, pour les associations, ces chiffres ne tiennent pas compte des économies d’électricité réalisables. Pour Aileen Mioko Smith, porte-parole de l’ONG Green Action Japan, les firmes surestiment la consommation estivale à venir et le Japon pourrait passer l’été sans réacteurs et sans pénurie, avec même un supplément d’électricité de 3,5 % [2] !

Cette fermeture définitive des réacteurs pourrait constituer le point de départ pour une politique énergétique d’avenir pour le Japon. Déjà, en 1999, une étude montrait la voie pour la dénucléarisation de l’archipel. Ainsi, selon une étude récente de Greenpeace, un Japon sans nucléaire en 2012 pourrait d’ici 2020 produire 43 % de son électricité à partir des énergies renouvelables, et réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, respectant ainsi ses objectifs internationaux.

Le volontarisme et les économies d’énergie portent leurs fruits

Avant le 11 mars 2011, le nucléaire représentait 28 % de la production d’électricité japonaise. Pour faire face aux arrêts successifs des réacteurs nucléaires pendant l’année écoulée, le Japon a certes recouru à des importations de combustibles fossiles et à des délestages sélectifs [3] ; mais on peut aussi souligner qu’une partie de l’effort a été réalisé grâce aux économies d’énergie. Dès le printemps 2011, des mesures volontaristes ont été adoptées, aboutissant à réaliser 15 % d’économies d’électricité dans les entreprises. Dans la vie de tous les jours, des mesures de sobriété ont été mises en œuvre, dont certaines relevaient du simple bon sens : réduire en partie le (sur)éclairage public, réduire la climatisation et assouplir les codes vestimentaires imposés aux salariés par leurs employeurs, arrêter certains escalators et portes automatiques, supprimer l’éclairage des distributeurs de boissons [4]… Grâce à toutes ces mesures, la pointe de consommation a baissé de près de 18 % sans désagrément majeur pour la population.

Comme nous le montre le Japon, ainsi que d’autres exemples internationaux [5], des mesures volontaristes et simples d’économies d’énergie pour supprimer les consommations inutiles permettent de réduire très rapidement la consommation d’électricité, et donc le nombre de réacteurs nucléaires en activité. Il serait bon que les futurs dirigeants français, qui ne prévoient au mieux que la fermeture de Fessenheim pour les 5 années à venir, tirent de l’exemple japonais les leçons qui s’imposent. N’attendons pas une catastrophe nucléaire pour mettre en œuvre ces mesures en France !

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