31 janvier 2020
Le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) a redémarré fin décembre 2019, non sans heurts, après sa 4ème visite décennale. Des mois d’arrêt pour contrôles, vérifications de la conformité des équipements et travaux. Mais c’est vers la fin janvier 2020 que l’exploitant se rend compte qu’un équipement essentiel ne marche pas. EDF avait pourtant testé et validé le matériel en question.
Le 18 janvier 2020, un test de fonctionnement est fait sur un moteur diesel, un groupe électrogène censé fournir de l’électricité au réacteur en cas de besoin. Une alarme incendie se déclenche en salle de commande. Et "le dégagement d’une légère fumerolle" est constatée au dessus du moteur diesel dixit l’exploitant. Mais EDF poursuit l’essai. L’alarme ne réapparaît pas, l’exploitant considère que les paramètres sont acceptables et considère donc l’essai comme réussi. Conclusion : la source électrique de secours est opérationnelle. Mais il n’en était rien. Il aura finalement fallu réparer un collier de tuyauterie [1]. C’est de là que provenait la fumée [2] La pièce s’est semble-t-il enflammée lors de l’essai. Pourquoi, comment ? Ça on ne sait pas. Mais les études un peu plus poussées des conséquences de ce petit souci technique ont conclu que si le diesel avait été sollicité, il n’aurait pas pu fonctionner. Impossible donc de fournir de l’électricité pour faire fonctionner les systèmes de sauvegarde du réacteur en cas d’accident.
Un équipement de secours et obligatoire, testé et considéré comme opérationnel alors qu’il ne l’est manifestement pas, une analyse des conséquences et une détection tardive, après des mois d’arrêt et de modifications pour soit-disant améliorer la sûreté de l’installation et vérifier sa conformité... Cette nouvelle déclaration d’évènement significatif pour la sûreté, très proche de l’annonce d’uneimportante pollution radioactive des eaux survenue durant la visite décennale, ancre un peu plus les doutes quant à la qualité des visites décennales menées par EDF, à la rigueur des contrôles et essais et plus largement, quant à la capacité de l’industriel d’effectivement maîtriser tous les risques générés par son installation nucléaire.
Détection tardive de l’indisponibilité d’un diesel de secours
Le 31/01/2020
Le 18 janvier 2020, les équipes de la centrale procèdent à un essai de bon fonctionnement [3] sur un groupe électrogène de secours (aussi appelé « diesel de secours ») de l’unité n°1, en production.
Durant cet essai, une alarme incendie apparaît en salle de commande. Sur le terrain, l’intervenant constate le dégagement d’une légère fumerolle, au-dessus du diesel de secours. L’essai se poursuit sans qu’aucune alarme incendie ne se déclenche à nouveau. Les paramètres de fonctionnement étant conformes aux critères fixés par les règles générales d’exploitation, l’essai est déclaré satisfaisant.
Après recherche de la cause de l’apparition de la fumerolle, les équipes engagent la réparation du collier de tuyauterie à l’origine de ce dégagement. La réparation est achevée le 22 janvier 2020 et le diesel de secours est requalifié. Les analyses approfondies montrent alors qu’en cas de sollicitation, le groupe électrogène n’était pas en mesure d’assurer pleinement ses fonctions d’alimentation.
Cet événement n’a eu aucun impact sur la sûreté des installations ou l’environnement, d’autres sources d’alimentation électriques de secours étant toujours disponibles. En raison du caractère tardif de la détection de l’indisponibilité du diesel de secours, la direction de la centrale du Tricastin a déclaré le 30 janvier 2020 à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif sûreté de niveau 1 sur l’échelle INES qui en compte 7.
Détection tardive de l’indisponibilité d’un groupe électrogène de secours à moteur diesel
Publié le 11/02/2020
Centrale nucléaire du Tricastin - Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 30 janvier 2020, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à l’indisponibilité d’un groupe électrogène de secours à moteur diesel.
Chaque réacteur à eau sous pression exploité par EDF sur la centrale du Tricastin est équipé de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel qui assurent de façon redondante l’alimentation électrique des deux voies indépendantes d’alimentation des systèmes de sauvegarde du réacteur, dites voie A et voie B. A la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, un troisième groupe électrogène de secours, plus résistant aux agressions externes, a été installé : il s’agit du diesel d’ultime secours (DUS).
Le 18 janvier 2020 à 10h15, alors que le groupe électrogène de secours à moteur diesel de la voie A est démarré dans le cadre d’un essai périodique, une alarme de détection d’incendie apparaît. Un léger dégagement de fumée est constaté dans le local. L’équipe de quart considère que cette fuite de gaz d’échappement n’est pas de nature à rendre indisponible le groupe électrogène de secours à moteur diesel et émet une simple demande de travaux pour investiguer l’origine de la fumée.
Le 21 janvier 2020, dans le cadre d’investigations complémentaires, un défaut sur un collier est détecté sur le circuit d’échappement du moteur. L’analyse de ce défaut remet en cause la capacité du groupe électrogène de secours de la voie A à assurer complètement sa fonction. En effet, en cas de perte totale des alimentations électriques externes, le fonctionnement dans la durée du groupe électrogène de secours à moteur diesel de la voie A n’était pas garanti.
Les travaux de réparation sont lancés immédiatement et le moteur est remis en conformité le 22 janvier 2020.
En l’absence de perte des alimentations électriques nécessitant la sollicitation des groupes électrogènes de secours, et le groupe électrogène de secours à moteur diesel de la voie B étant resté disponible, cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’installation, le personnel et l’environnement.
Cependant, compte tenu de la détection tardive de l’indisponibilité d’un matériel requis par les spécifications techniques d’exploitation, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.
[1] Ces pièces servent habituellement à fixer des tuyauteries. Ils ont une fonction d’étanchéité et d’immobilisation.
[2] Selon le dictionnaire de La langue française, une fumerolle est, par extension, une fumée qui se dégage d’un foyer de combustion. Au sens académique, une fumerolle est une petite crevasse d’un sol volcanique d’où s’échappe de la fumée.
[3] Sur une centrale nucléaire, les circuits contribuant à la sûreté des installations sont redondants et régulièrement éprouvés par des essais de bon fonctionnement. Ces essais, appelés essais périodiques, répondent à plusieurs critères fixés par les règles générales d’exploitation qui encadrent le fonctionnement des réacteurs.