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Des accidents nucléaires partout

France : Paluel : Importantes fuites de liquide de refroidissement

Le seuil annuel dépassé en six semaines




29 mars 2024


La centrale nucléaire de Paluel (Normandie) a annoncé avoir dépassé, dès le 12 février 2024, le seuil annuel fixé à 100kg de fuites de liquides de refroidissement. Sans donner plus de détail sur les équipements concernés ni sur les causes de ces rejets dans l’environnement. Qui ne sont pourtant pas sans conséquences, puisque ces fuites provoquent des rejets de gaz à effet de serre.


Crédit photo : André Paris

Les liquides de refroidissement sont très prisés dans les centrales nucléaires. La chaleur dégagée dans certaines zones de l’installation est telle que sans ce refroidissement, les températures deviendraient insupportables, tant pour le personnel que pour les matériels. Ces liquides réfrigérants permettent le refroidissement des matériels et la climatisation de certains locaux. Mais ces substances sont des produits artificiels qui, par leur composition chimique (carbone, fluor, hydrogène), participent activement au réchauffement climatique si elles sont relâchées dans la nature.
De la famille des hydrofluorocarbures (HFC), et de forme liquide lorsqu’ils sont sous pression, les fluides réfrigérants passent à l’état gazeux dès qu’ils sont à l’air libre. Toute fuite de liquide de refroidissement provoque des rejets de gaz dans l’atmosphère. Des gaz qui ont un pouvoir de réchauffement global (PRG) beaucoup plus puissant que les gaz à effet de serre plus connus tels que le dioxyde de carbone (CO2) ou le méthane (CH4).

Par exemple, 1 kg de liquide de refroidissement de type R134A a le même effet en terme de réchauffement sur 20 ans que 3 710 kg de CO2.  [1].
Quand EDF constate une fuite d’un kg de liquide de refroidissement de type R125, c’est l’équivalent d’un rejet de plus de 6 000 kg de CO2 dans l’atmosphère. EDF ne précisant pas quel type de liquide de refroidissement est utilisé dans ses centrales, il est impossible d’estimer l’équivalence CO2 de ces fuites.

Qui plus est, ces substances restent actives longtemps [2]. Leur accumulation dans l’atmosphère au fil du temps (et des fuites) ont un impact environnemental indéniable. C’est d’ailleurs pourquoi les industriels sont tenus de déclarer un "évènement significatif pour l’environnement" [3] lorsqu’ils dépassent un certain quota de fuite pour ces substances. Pour les centrales EDF, le seuil est fixé à 100 kg/an. Et ce quelque soit le type de fluide utilisé, alors qu’ils n’ont pas tous le même effet (en terme de PRG et de durée d’activité).

Le problème de ces fuites aux conséquences délétères sont bien connues de l’industriel, mais étant donné qu’elles se répètent d’année en année et concernent plusieurs sites nucléaires, EDF ne semble pas vraiment mettre les moyens d’y remédier  [4] . La preuve avec la centrale de Paluel, qui en moins d’un mois et demi, a déjà dépassé la limite fixée pour toute une année.

L.B.

Ce que dit EDF :

Événement significatif du domaine environnement

29/03/2024

Atteinte du seuil de déclaration pour le cumul annuel des émissions de fluides frigorigènes

Dans une installation industrielle comme celle de la centrale, les fluides frigorigènes sont utilisés dans les systèmes de production de froid. Ils permettent le refroidissement et la climatisation de différents matériels et locaux. Les opérations de contrôle et de maintenance réalisées régulièrement sur les groupes frigorifiques permettent de contrôler leur bon fonctionnement et l’absence d’émission de fluides frigorigènes. La règlementation en vigueur prévoit la déclaration d’un événement significatif pour l’environnement, lorsque le cumul annuel des émissions de fluides frigorigènes atteint 100kg.

Le 12 février 2024, lors de la réalisation d’une activité sur un groupe froid, il a été collecté 725 kg de fluide frigorigène sur les 750kg qu’il contenait. Le suivi annuel des émissions de fluides frigorigènes permet alors de mettre en évidence que cette opération entraîne le dépassement du seuil de déclaration des 100 kilos pour l’exercice 2024.

Cet événement n’a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur la santé des salariés. Toutefois, le cumul de fluide frigorigène émis au titre de l’année 2024 étant supérieur à 100kg, un événement significatif environnement a été déclaré par la direction de la centrale nucléaire de Paluel à l’Autorité de Sûreté Nucléaire, le 13 février 2024.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-paluel/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-paluel/evenements-significatifs-declares-en-fevrier-2024


[1Source : "Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires", Bernard Laponche, octobre 2020, Global Chance.
* : La courbe de décroissance du CO2, pour une émission de 1 l’année 0 : 0,217+ exponentielles de demi-vies : 173 ans (26%), 18,5 ans (34%), 1,2 ans (2%)

[2Par exemple, il faut plus de 28 ans pour que le pouvoir de réchauffement global du R125 diminue de moitié (demi-vie de 28.2 ans). Une demi-vie correspond à la période de temps nécessaire pour que l’activité de la substance se réduise de moitié.) ; et encore 28 années de plus pour que son activité diminuée de moitié soit de nouveau divisée par 2, etc.

[3Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements

[4Début janvier 2024, la centrale du Blayais a déclaré avoir dépassé le seuil annuel des 100 kg de fuites de liquides de refroidissement en 2023. Entre janvier et octobre 2023, sept centrales ont annoncé avoir dépassé le seuil annuell (Dampierre, l’EPR de Flamanville qui n’a encore jamais démarré, Paluel, Golfech, Bugey, Tricastin et les deux réacteurs en fonctionnement de Flamanville qui ont eu des fuites sur une douzaine d’équipements différents). En 2022, neuf centrales nucléaires l’avaient dépassé (Blayais, Paluel, Golfech, Belleville, Bugey, Tricastin, Civaux, Chooz et Flamanville). Bon nombre d’entre-elles le dépassait déjà en 2021.


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Installation(s) concernée(s)

Paluel

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151