24 décembre 2023
Le 24 décembre 2023, les gendarmes viennent toquer à la porte de la centrale nucléaire de Golfech (Occitanie) : la Garonne est irisée - comprenez polluée par des hydrocarbures - 3km en aval du site nucléaire. EDF fait alors le tour de ses installations et en effet, le bassin qui collecte les eaux pluviales est lui aussi marqué par les produits chimiques. EDF ferme alors les vannes qui déversent le contenu de ce bassin dans le fleuve, ce qui stoppe la pollution. Mais trop tard. Plus de 2m3 (d’après EDF) se sont déversés dans la nature. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) viendra début janvier pour inspecter le site et pointera une fuite d’huile en salle des machines, que EDF a laissée couler. Sans plus s’inquiéter des conséquences.
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Le communiqué de l’ASN sur l’incident significatif pour l’environnement le dit clairement : l’industriel a manqué de réactivité. L’huile a rejoint le réseau d’eau pluviale puis un bassin. Entre les deux, elle est passée par un déshuileur, mais ce système censé séparer les hydrocarbures de l’eau s’est retrouvé saturé. Qui plus est, des capteurs et des vannes étaient hors-service. L’huile est donc arrivée jusqu’au bassin de collecte des eaux de pluie. Malgré des marques visibles d’hydrocarbures à sa surface, EDF a vidangé ce bassin, c’est à dire qu’il a déversé tout son contenu dans le fleuve, eau et hydrocarbures.
Le fait que ce soit les gendarmes qui alertent le site d’une pollution de l’eau est révélateur d’un manque de surveillance des équipements et des rejets dans l’environnement. L’industriel aurait lui-même pu constater la pollution s’il avait fait le tour de ses installations. L’avantage des hydrocarbures, c’est qu’ils sont visibles à l’œil nu.
EDF aurait aussi probablement constaté des avaries matérielles sur son système de dépollution de l’eau s’il s’était donné la peine d’y jeter un œil. Que des capteurs de niveaux et des vannes ne fonctionnent plus démontre un manque d’entretien et là encore, un manque de surveillance des équipements.
À quand remonte les derniers contrôles et maintenances du déshuileur ? En tant que système de protection de l’environnement, EDF est tenu légalement d’y apporter tout le soin nécessaire et de garantir son bon fonctionnement. Tout comme EDF est censé respecter les autorisations de rejets qui lui sont accordées. Les autorités lui donnent le droit de polluer, de rejeter dans l’air et dans l’eau des produits chimiques et/ou radioactifs, mais dans certaines conditions et en certaines quantités. Or la teneur en hydrocarbures du contenu du bassin dépassait la limite autorisée. Soit EDF n’a pas fait de prélèvement pour mesurer le contenu du bassin avant d’ouvrir les vannes vers la Garonne, soit la vidange a été décidée malgré les résultats montrant un dépassement des limites autorisées.
Mais l’origine première de cette pollution de l’eau, c’est bien l’attitude d’EDF face à une fuite d’huile en salle des machine. L’industriel a laissé coulé, n’a pas investigué sur le cheminement de l’huile et ne l’a pas récoltée. Il n’a manifestement pas non plus décidé de surveiller d’un peu plus près l’état de ses équipements et faire quelques rondes de plus sur son site pour trouver où cette huile avait pu aller. Il ne s’est pas non plus demandé à ce moment-là dans quel état était son déshuileur, ni comment était le contenu du bassin d’eaux de pluie. Quant à l’origine de la fuite en salle des machines....
Manque d’entretien et dysfonctionnement d’équipements faisant office de barrières aux pollutions de l’environnement, fuite de substance polluante et manque de réactivité, absence d’analyse et de recherches, manque de surveillance des matériels et des rejets, dépassement des limites légales, non détection de la pollution... La centrale de Golfech a fait très fort : elle a combiné à peu près tout ce qu’il est possible en tant qu’industriel irresponsable et incompétent. Et au final, c’est la nature qui trinque. Un joli cadeau made by EDF. Mais l’industriel a quand même attendu que noël soit passé pour déclarer la pollution à l’Autorité de sûreté. Quant au public, il l’a informé d’un "aléa au niveau du déshuileur" et de "traces d’hydrocarbures dans le système de collecte des eaux pluviales". Comme si minimiser les mots pouvait minimiser les faits.
L.B.
Aléa au niveau du déshuileur ayant conduit à la présence de traces d’hydrocarbures dans le système de collecte des eaux pluviales de la centrale de Golfech
Publié le 24/12/2023
Environnement
[Informations mises à jour le 28/12/2023 à 15h]
Le 24 décembre 2023 vers 13h30, la gendarmerie de Valence d’Agen a informé la centrale nucléaire de Golfech de la présence de traces d’irisation sur la Garonne, à Lamagistère, commune située à 3 trois kilomètres à l’aval de la centrale.
Par mesure de précaution, la vanne permettant d’isoler le système de stockage et de rejet des eaux pluviales de la centrale a été fermée.
Après un contrôle du système de collecte des eaux pluviales du site, des traces d’irisation ont été constatées sur l’eau du bassin d’orage, ouvrage interne au site permettant notamment de stocker les eaux de pluie, avant leur rejet dans la Garonne.
L’origine de l’irisation pourrait être liée au déshuileur de la centrale. Le déshuileur, aussi appelé décanteur, est un système qui permet de séparer les hydrocarbures des eaux pluviales. Il s’agit d’un matériel qui n’a aucun lien avec la partie nucléaire des installations.
Les investigations se poursuivent pour connaître l’origine exacte de l’évènement.
Le 25 décembre 2023 en matinée, des contrôles visuels en surface et sur berges ont été réalisés par les équipes de la centrale, à plusieurs endroits de la Garonne entre Agen et Golfech (une vingtaine de km). Aucune trace d’irisation n’a été détectée.
Conformément à la réglementation, la direction de la centrale de Golfech a déclaré, le 27 décembre 2023, un événement significatif environnement (ESE) à l’Autorité de sûreté nucléaire.
La Préfecture du Tarn-et-Garonne, la Préfecture du Lot-et-Garonne, la DREAL, La Commission Locale d’Information et les maires de Golfech et Lamagistère ont également été informés.
Dysfonctionnement du déshuileur de site ayant entrainé une irisation sur la Garonne
Publié le 22/01/2024
Centrale nucléaire de Golfech Réacteurs de 1300 MWe - EDF
Le 27 décembre 2023, l’exploitant de la centrale nucléaire de Golfech a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour l’environnement relatif à un dysfonctionnement du déshuileur de site ayant entraîné une irisation sur la Garonne.
Le déshuileur de site permet de séparer les hydrocarbures des eaux pluviales dans lesquels des traces d’huiles peuvent être présentes car elles sont collectées à proximité des bâtiments d’exploitation hors de l’îlot nucléaire. Les eaux pluviales en sortie du déshuileur sont ensuite dirigées vers le bassin d’orage avant d’être rejetées dans la Garonne.
Le 24 décembre 2023, l’exploitant de la centrale de Golfech a été informé par la gendarmerie de la présence d’une irisation sur la Garonne à proximité du site.
Le site a immédiatement fermé la vanne permettant d’isoler le bassin d’orage. La fermeture de cette vanne a permis de circonscrire cette irisation. Le site a ensuite détecté la présence d’une irisation sur le bassin d’orage et la présence dans ce bassin d’hydrocarbures à des concentrations supérieures au seuil fixé dans l’arrêté de rejet, qui provenait d’un dysfonctionnement du déshuileur de site.
Les premières investigations menées par EDF n’ont pas conduit à observer de conséquence environnementale notable. Cet événement n’a par ailleurs pas eu de conséquence sur les installations et les personnes. La quantité d’hydrocarbures rejetés est estimée à au plus 2,2 m3 par l’exploitant.
L’ASN a réalisé le 4 janvier 2024 une inspection réactive à la suite de cet événement. Cette inspection a mis en lumière un manque de réactivité de l’exploitant à la suite de l’apparition d’une fuite d’huile en salle des machines, qui a conduit à la saturation du déshuileur, ainsi que des défauts matériels concernant des capteurs de niveau et une vanne de ce déshuileur.
Cet événement, ne présentant pas de composante radiologique, n’est pas classé sur l’échelle INES.