3 mars 2022
En quelques semaines, 3 importantes fuites ont eu lieu sur le site nucléaire de Golfech (Occitanie). Plus de 127 kg de liquide de refroidissement ont été rejetés dans la nature, alors que la limite légale est de 100kg pour toute l’année. À l’air libre, ces liquides deviennent des gaz à effet de serre.
Les liquides de refroidissement sont très utilisés dans les centrales nucléaires pour refroidir les matériels et pour les systèmes de ventilation. Les fuites ne sont pas rares sur les équipements qui font du froid - les groupes froids. Le problème est bien connu des industriels qui sont censés y apporter une attention particulière puisque toute fuite de liquide de refroidissement engendre des émissions de gaz à effet de serre. Selon le type de liquide utilisé, l’effet est différent mais tous on un pouvoir de réchauffement global supérieur à celui du CO2.
Par exemple, 1 kg de fluide de type HFC-134a vaut 3710 kgeqCO2 à l’horizon de 20 ans [1].
Les fuites de ces liquide de refroidissement ont donc un impact significatif sur l’environnement. Les industriels sont tenus de les limiter tant que possible, et de respecter la limite maximale qui leur est autorisée : 100 kilos par an. En cas de dépassement de ce seuil légal, ils doivent le déclarer aux autorités. Ce que EDF a fait début février 2022.
Par un discret communiqué publié le 2 mars 2022, on apprend que la centrale de Golfech a déjà atteint et dépassé les 100 kilos de fuites de liquide de refroidissement. Trois fuites sont survenues en début d’année, pour un total de plus de 127 kg de liquide perdu dans la nature. L’industriel ne précise pas le type de fluide utilisé sur son site. Ni pourquoi ces rejets massifs en si peu de temps. Problème matériel ? Surveillance trop espacée dans le temps ? L’analyse des "causes profondes" de l’incident est en cours précise EDF.
Peu avant, la centrale de Flamanville déclarait avoir elle aussi dépassé le seuil maximal autorisé en 2021 et de très loin, puisqu’elle a rejeté dans l’année plus de 4 fois la quantité maximale autorisée (près de 420 kg). De même que les centrales de Belleville et du Bugey en 2020 pour ne citer qu’elles... Avec autant de fuites répétées, EDF n’a toujours pas identifier leurs causes ni trouvé moyen d’y remédier ? Manifestement, l’industriel n’est pas si prompt que ça à tout faire pour préserver l’environnement des conséquences néfastes de ses activités. Ou alors, il prend tout son temps. Du temps que le climat n’a plus [2].
Les événements significatifs déclarés à l’ASN en février 2022
Publié le 02/03/2022
(...)
Environnement
Depuis le début de l’année 2022, trois pertes de fluides frigorigènes au niveau des groupes froids de la centrale ont été constatées.
Le cumul annuel des pertes de fluides frigorigènes mesurées a atteint 127,4 Kg et donc dépassé le seuil réglementaire de 100 Kg.
L’émission de fluides frigorigènes dans l’atmosphère n’a pas eu de conséquence sur la sécurité du personnel ni sur les installations. Des analyses sont en cours pour déterminer les causes profondes de ces évènements et les mesures correctives à adopter.
Cet événement a toutefois fait l’objet d’une déclaration le 11 février 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire, en tant qu’un événement significatif environnement.
[1] Pour en savoir plus, voir l’article de Bernard Laponche Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires, octobre 2020, Global Chance
[2] Le monde doit s’adapter urgemment au changement climatique, alerte le Giec dans un rapport publié le 28 février 2022 - voir l’article du quotidien Reporterre Canicules, manque d’eau, inondations : le Giec décrit un sombre avenir pour l’Europe
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