France : Flamanville : Pollution de l’eau aux hydrocarbures

Concentration 3 fois supérieure aux autorisations - Aucune explication

3 février 2023

Une détection bien tardive, trop tardive pour éviter une pollution de l’eau. Le 4 janvier 2023, une "irisation" est constatée sur un échantillon d’eau prélevé quelques jours plus tôt, le 30 décembre 2022 dans le canal où la centrale nucléaire de Flamanville (Normandie) déverse une partie de ses effluents. Le communiqué de l’industriel ne précise ni l’origine de cette pollution, ni pourquoi l’échantillon n’a pas été envoyé plus tôt en analyses, alors que la présence d’hydrocarbure était clairement visible.

C’est par un très discret communiqué début février 2023 qu’EDF annonce avoir dépassé ses autorisations de polluants dans l’environnement. En l’occurrence, d’hydrocarbures, fin décembre 2022, et pas qu’un peu : au lieu de 5mg/L maximum autorisé, la teneur était de 14mg/l, près de 3 fois le seuil limite. Une autre déclaration dans le même communiqué fait état d’un dépassement des limites autorisées des rejets de SF6, un gaz utilisé comme isolant dans les postes électriques qui a la particularité d’être le plus puissant gaz à effet de serre du monde, 23 500 fois plus puissant que le CO2 en réchauffement global (voir notre article à ce sujet). Comme quoi, le site nucléaire de Flamanville a bien du mal à respecter les limites qui lui sont données et déverse bien plus de polluants dans l’environnement qu’il ne le devrait .

D’où pourrait venir cette pollution de l’eau aux hydrocarbures ? L’industriel responsable ne donne aucune piste, aucune explication, pas même une indication. Les échantillons prélevés après le 30 décembre ne montrent pas de teneur hors limite de ce polluant chimique. Et ceux prélevés avant ? EDF n’en dit pas un mot.

Pourquoi la pollution n’a pas été détectée plus tôt alors que l’irisation était visible dans le flacon ? Pourquoi les prélèvements ne sont pas analysés immédiatement mais plusieurs jours après ? Pourquoi les analyses prennent tant de temps et les résultats ne sont reçus que 12 jours après ? Là non plus, aucune explication ni justification de l’exploitant.

À nous de déduire ce que l’on peut des faits livrés par EDF :

• la surveillance de l’environnement n’est pas assez rapprochée et l’organisation d’EDF ne lui permet pas de détecter suffisamment tôt les pollutions qu’il génère pour pouvoir les stopper. Il est pourtant censé tout faire pour réduire les conséquences environnementales de ses activités industrielles : prévenir et éviter les pollutions mais aussi les identifier, les arrêter et récupérer les polluants déversés lorsqu’un incident survient ;
• EDF ne maîtrise pas ses rejets et ne les surveille pas assez : il n’a pas respecté les limites qui lui sont imposées, il n’a pas vérifié le contenu de ses effluents avant de les déverser dans l’environnement ;
• un déversement d’huile sauvage a eu lieu sur le site, ou un équipement a dysfonctionné, sans que EDF ne le sache et ne s’en rende compte : l’industriel ne surveille pas suffisamment les activités déployées sur son site nucléaire et ne peut pas identifier l’origine de la pollution. Sans cause identifiée, comment éviter que l’incident ne se renouvelle ?

Au final, on ne sait ni quelle quantité d’hydrocarbures a été déversée dans la nature, ni pourquoi, ni quand. EDF a déclaré un incident significatif pour l’environnement [1] le 27 janvier 2023 pour avoir dépassé ses autorisations de rejets en hydrocarbures le 30 décembre 2022. Qu’est-ce qui lui en coûtera ? Une amende, une remise en état, un assainissement de l’environnement ? Rien de tout ça. Peut être éventuellement une inspection de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais il est peut probable qu’elle donne des suites à cet incident, celui-ci n’impliquant pas de radioactivité. Les moyens de l’ASN étant limités, elle donne souvent la priorité aux affaires touchant la sûreté. Elle n’émet d’ailleurs jamais d’avis sur des incidents significatifs pour l’environnement s’il n’y a pas en jeux de radioéléments. Ce qui ne va certainement pas inciter EDF à faire plus attention à la protection de l’environnement.

L.B.

Ce que dit EDF :

Evènements significatifs - janvier 2023

Publié le 03/02/2023

27/01/2023

Le 4 janvier, le technicien environnement constate une irisation à la surface du flacon du prélèvement du 30/12/22 au niveau de l’émissaire n° 4.

Conformément aux procédures en vigueur, le technicien envoie à un laboratoire extérieur l’échantillon de prélèvement du 30/12/2022 ainsi que ceux du 31/12/2022, 03/01/2023 et 04/01/2023 pour réaliser une analyse en hydrocarbures.

Le 16 janvier, le retour des analyses montre une teneur en hydrocarbures de 14 mg/L pour la journée du 30/12/2022, supérieure à la limite réglementaire de 5mg/L.

Les teneurs en hydrocarbures pour les journées des 31/12/2022, 03/01/2023 et 04/01/2023 sont inférieures à 5mg/L.

La direction de la centrale a déclaré le 27 janvier 2023, auprès de l’autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif environnement.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-flamanville-1-2/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-flamanville-1-2/evenements-significatifs-janvier-2023

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