3 février 2023
Le site nucléaire de Flamanville (Normandie) a, pour la 3ème année consécutive, largement dépassé la quantité maximale autorisée de fuite dans l’environnement de SF6. Ce gaz, qui sert d’isolant électrique, est le plus puissant de tous les gaz à effet de serre.
Depuis 2019, un "plan d’action" est en œuvre sur le site nucléaire. Et pourtant, en 2020, 2021 et 2022, la centrale de Flamanville a laissé fuiter dans la nature bien plus d’Hexafluorure de soufre (SF6) que la quantité maximale autorisée à l’année (100 kilos).
Le SF6 est un gaz utilisé comme isolant électrique. Il est présent dans les postes à haute tension. EDF n’explique ni pourquoi ni comment ces fuites se sont produites. Le problème est pourtant bien connu de l’industriel qui annonçait, début 2022, avoir déployé des systèmes de collecte des fuites et commencé à remplacer les équipements défectueux. Déjà, en avril, les 100 kilos autorisés à l’année étaient dépassés. Sans surprise, au 31 décembre, la quantité de SF6 que le site a déversé dans l’environnement est encore plus importante : plus de 193 kg, soit près du double de la quantité maximale autorisée.
Le communiqué de l’industriel précise que 80 kilos de fuites supplémentaires ont été évités, grâce à des systèmes de collectes. Doit-on féliciter EDF ? Certes, il n’y a pas de petites économies, et 80 kilos de SF6 en moins dans l’atmosphère c’est toujours ça de pris, puisque 1 kilo de SF6 équivaut sur 100 ans à 23 500 kilos de CO2 en terme de pouvoir de réchauffement. Qui plus est, ce gaz est extrêmement stable et va rester dans l’atmosphère des milliers d’années : il faut 3000 ans pour que son activité diminue de moitié [1].
Avoir évité 80 kilos de fuites de SF6, équivaut donc à avoir évité près de 2 millions de kilos de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère. Mais avoir déversé 193 kilos dans l’air, c’est aussi avoir rejeté plus de 4,5 millions de kilos de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère. Alors, EDF, champion de la protection de l’environnement ? Et quid des dépassements de 2021 et de 2020 ? EDF agit oui, mais ne met clairement pas les moyens suffisants pour préserver l’environnement. 80 kilos de fuites évités c’est bien. Mais dépasser de deux fois la limite maximale annuelle devrait être inacceptable. Que la situation perdure et se reproduise des années devrait être sanctionné.
À l’heure où l’urgence est de réduire autant que possible le changement climatique, à l’heure où "chaque geste compte", où chaque individu est mis à contribution, comment se fait-il que les centrales nucléaires aient de tels passe-droits ? Que font les autorités face à ces dépassements récurrents ?
L.B.
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Le gaz Hexafluorure de soufre (SF6) est utilisé pour garantir l’isolement électrique des équipements « haute tension ». Sur le site de Flamanville, le gaz SF6 est utilisé comme isolant pour les postes d’évacuation d’énergie et les postes d’alimentation des transformateurs auxiliaires. Grâce à nos systèmes de captage, 87kg de gaz ont été piégés et retraités en 2022.
Ainsi, au 31 décembre 2022, la quantité annuelle cumulée d’émissions de gaz SF6 dans l’environnement est de 193,14kg.
La direction de la centrale de Flamanville 1-2 a indicé le 10 janvier 2023 l’évènement significatif environnement pour prendre en compte les nouvelles émissions depuis la première déclaration le 13 avril 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire.
[1]
Pour en savoir plus, voir l’article de Bernard Laponche Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires, octobre 2020, Global Chance.