5 décembre 2022
Lors de la préparation du redémarrage du réacteur 2 de la centrale de Flamanville (Normandie), EDF est allé un peu vite. Un problème de fonctionnement sur le circuit de refroidissement intermédiaire (RRI) a été réparé, mais le diagnostic avait été mal posé.
Le circuit RRI permet de refroidir d’autres circuits nécessaires au fonctionnement du réacteur et leurs composants. Comme par exemple les parties mécaniques des pompes qui assurent la circulation de l’eau de refroidissement dans le circuit primaire. Ce circuit est redondant, il est composé de 2 lignes, indépendantes l’une de l’autre, qui remplissent la même fonction. Une seule ligne suffit au refroidissement en temps normal, l’autre est là en cas de secours ou d’accident. Mais les 2 parties doivent toujours être en état de fonctionner. Si un problème survient et n’est pas réparé dans les 3 jours, les règles de sûreté imposent de baisser la température et la pression du circuit primaire (baisse de puissance et repli du réacteur).
Le dysfonctionnement d’une vanne du circuit RRI du réacteur 2 de Flamanville a été constatée le 17 novembre 2022. EDF préparait le redémarrage de son réacteur, arrêté depuis le 19 février pour maintenance et pour vérifier s’il était touché par le phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) découvert sur d’autres réacteurs nucléaires. Températures froides, guerre en Ukraine, et arrêts prolongés de plusieurs réacteurs pour contrôles de CSC ont créé de fortes tensions sur les marchés de l’énergie et sur l’approvisionnement en électricité. Le dysfonctionnement du circuit RRI aurait pu retarder le redémarrage de Flamanville 2. EDF devait donc réparer vite, en moins de 3 jours, pour ne pas avoir à engager le repli.
Et en effet, la vanne qui mettait trop de temps à s’ouvrir a été réparée le jour même. EDF a poursuivi ses opérations de démarrage. Et a fait un contrôle obligatoire pour vérifier le bon fonctionnement du circuit RRI 2 jours plus tard, le 19 novembre. Le contrôle n’a pas été concluant : le circuit RRI ne fonctionnait pas correctement, et le problème venait de la même vanne. Qui cette fois s’ouvrait trop rapidement. Il faudra encore 2 jours à EDF pour que le problème soit identifié pour de bon : l’actionneur de la vanne. Il sera finalement remplacé et le circuit de refroidissement a enfin été apte à fonctionner le 21 novembre, 5 jours après la détection du problème.
" Le 29 novembre 2022, une expertise approfondie de l’actionneur a montré que le diagnostic du 17 novembre 2022 était erroné et que la disponibilité de la vanne du circuit RRI avait été prononcée à tort " précise l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Qui conseille à EDF de se pencher sur le pourquoi de ce "défaut d"analyse" qui a conduit l’industriel à déclarer le circuit RRI en état de marche le 17 novembre alors qu’il ne l’était pas. Sans parler du fait que le réacteur est resté 5 jours en l’état, avec cette avarie sans que sa puissance ne soit diminuée, comme l’exigent les règles de sûreté.
Défaut d’analyse, erreur de diagnostic, détection tardive... La volonté d’EDF de redémarrer le plus de réacteurs possible aurait-elle des conséquences sur la qualité des opérations de maintenance ? Ou n’est-ce pas une question de temps mais de niveau de compétence ?
Non-respect des spécificités techniques d’exploitation suite à l’indisponibilité d’une vanne située sur un circuit de refroidissement
Publié le 05/12/2022
Le 17 novembre, lors des opérations de redémarrage de l’unité de production n°2, un défaut est observé sur le temps de fermeture d’une vanne située sur un circuit de refroidissement. Dans ce cas, les spécifications techniques d’exploitation imposent de diminuer la pression et la température du circuit primaire sous trois jours, si le dysfonctionnement ne peut être résolu avant. La vanne est réparée le 17 novembre dans la soirée, dans le respect des spécifications techniques d’exploitation.
Le 19 novembre, un nouveau dysfonctionnement de cette même vanne est observé. Le temps de fermeture est trop rapide. Les spécifications techniques d’exploitation s’appliquent à nouveau. Les expertises menées permettent d’identifier que le problème provient de l’actionneur de la vanne. Il présente un fonctionnement aléatoire.
Le 21 novembre, l’actionneur est remplacé dans le respect des spécifications techniques d’exploitation.
Le 29 novembre, l’expertise de l’actionneur démonté montre que les défauts rencontrés les 17 et 19 novembre sont identiques. Aussi, le dysfonctionnement initial, datant du 17 novembre, n’a pas été réparé sous 3 jours comme le demande les spécifications techniques d’exploitation.
Cet événement n’a pas eu d’impact réel sur la sûreté des installations, cependant l’analyse ayant conclu au non-respect a posteriori du délai défini par les spécifications techniques d’exploitation, la direction de la centrale de Flamanville 1&2 a déclaré le 1er décembre, à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif sûreté au niveau 1 sur l’échelle INES, qui en compte 7.
Dépassement du délai de réparation autorisé d’une vanne du système de réfrigération intermédiaire du réacteur
Publié le 15/12/2022
Centrale nucléaire Flamanville- EDF
Le 2 décembre 2022, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté relatif au dépassement du délai de réparation autorisé par les règles générales d’exploitation d’une vanne du circuit de réfrigération intermédiaire du réacteur 2.
Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite associées. Elles définissent la conduite à tenir en cas d’indisponibilité d’un équipement contribuant à la sûreté du réacteur.
Le système de réfrigération intermédiaire (RRI) permet de refroidir, en fonctionnement normal comme en situation accidentelle, l’ensemble des matériels et fluides des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur. Le circuit RRI, situé en grande partie à l’extérieur de l’enceinte de confinement, est constitué de deux files séparées et redondantes. En fonctionnement normal, seule une file est en service mais les deux doivent être disponibles.
Le 17 novembre 2022, dans le cadre des opérations de redémarrage du réacteur, l’exploitant a identifié un temps d’ouverture trop long d’une vanne du circuit RRI, ce qui l’a amené à considérer cette vanne comme indisponible. A la suite d’une intervention réalisée le jour même, l’exploitant a considéré que l’équipement était de nouveau disponible.
Le 19 novembre 2022, lors d’un essai périodique, l’exploitant a détecté un temps de fermeture trop court de la même vanne du circuit RRI, la rendant de nouveau indisponible.
Le 21 novembre 2022, à l’issue d’une expertise ayant mis en évidence la défaillance de l’actionneur de la vanne RRI, l’exploitant a remplacé cet actionneur et retrouvé la disponibilité de l’équipement.
Le 29 novembre 2022, une expertise approfondie de l’actionneur a montré que le diagnostic du 17 novembre 2022 était erroné et que la disponibilité de la vanne du circuit RRI avait été prononcée à tort. L’exploitant a identifié a posteriori que la vanne a été indisponible entre le 17 et 21 novembre 2022.
EDF n’a donc pas respecté la règle définie par les RGE qui impose une réparation de la vanne sous 3 jours.
Cet évènement n’a pas eu de conséquence pour les personnes et l’environnement. Néanmoins, en raison de la détection tardive, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES).
L’analyse de cet événement devra s’attacher à comprendre le défaut d’analyse qui a conduit à prononcer, à tort, la disponibilité de la vanne du circuit RRI le 17 novembre 2022.
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