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Des accidents nucléaires partout

France : Fessenheim : Arrêt d’une pompe du circuit primaire




2 juillet 2013


Le 2 juillet 2013, l’arrêt d’une pompe du circuit primaire de la centrale de Fessenheim a entraîné un arrêt automatique de l’unité de production n° 2.


Ce que dit EDF :

Arrêt de l’unité de production n° 2 02/07/2013

"Le 2 juillet à 9h10, l’arrêt d’une pompe du circuit primaire de la centrale nucléaire de Fessenheim a entraîné un arrêt automatique de l’unité de production n° 2. Les équipes de la centrale sont actuellement mobilisées pour effectuer le diagnostic.

Les manoeuvres d’exploitation liées à la gestion de cet événement peuvent occasionner des panaches de vapeur non radioactives qui pourront être visibles au-dessus de la centrale.

Cet événement n’a eu aucune conséquence sur l’environnement ni sur la sécurité.

Conformément à nos procédures, l’ASN, les Autorités Françaises et Allemandes, le Président de la CLIS et les mairies aux alentours de la centrale ont été informés.

L’unité de production n° 1, en arrêt pour maintenance depuis avril 2013 engage son programme d’essais avant les phases de redémarrage. "

https://energie.edf.com/nucleaire/carte-des-centrales-nucleaires/evenements-45896.html


Nos interrogations :

4 juillet : suite de l’analyse

Le diagnostic d’EDF est tombé : c’est l’alimentation électrique de la pompe qui était en cause. Dans tous les cas, un tel arrêt brutal n’est jamais bon pour les équipements. Il y a fort à parier que ce problème est lié au vieillissement des équipements et des câbles. Faudra-t-il attendre un accident plus grave pour mettre définitivement à la retraite cette centrale ?

3 juillet : communiqué de presse des associations alsaciennes

Communiqué d’Alsace Nature, Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la Plaine du Rhin, Stop Fessenheim, Stop Transports-Halte au Nucléaire, associations membres du Réseau "Sortir du nucléaire"

Comme d’habitude, avec quelques heures de retard, EDF a annoncé que "Le 2 juillet à 9h10, l’arrêt d’une pompe du circuit primaire de la centrale nucléaire de Fessenheim a entraîné un arrêt automatique de l’unité de production n° 2". Et comme d’habitude, sans même savoir à quoi était dû cet arrêt de pompe, EDF a annoncé que cet incident était "sans conséquence pour l’environnement ou la sécurité". Voire…

Il faut savoir qu’une pompe primaire est un monstre de près de 100 tonnes, fonctionnant à très haute vitesse (près de 1500 tours/minutes), pompant une eau à haute pression (plus de 50 bars), chaude (260°C) et très chargée en radioactivité.

Il faut savoir que l’arrêt brutal d’une pompe primaire induit un déséquilibre dans la température du réacteur (1/3 du volume n’est plus refroidi), ce qui peut provoquer un vieillissement accru du métal du réacteur dans la zone incriminée.

Il faut savoir que l’arrêt brutal d’une pompe tournant à 1500 t/mins n’est pas sans conséquences sur la robustesse future de cette pompe.

Que cette pompe se soit arrêtée à cause d’une défaillance d’alimentation ou en raison de son vieillissement, il est en tout cas bien trop tôt pour affirmer quoi que ce soit.

A peine un an après la visite décennale de ce même réacteur, cette panne sur un élément essentiel rappellera peut-être à l’Autorité de Sûreté Nucléaire qu’il y aura toujours un risque à vouloir prolonger au-delà du raisonnable cette centrale prévue pour fonctionner une trentaine d’années. Cette panne donnera peut-être à réfléchir à EDF qui se gobergeait il y a peu des excellent résultats financiers de Fessenheim pour l’année 2012.

Pour les associations qui suivent cette centrale depuis sa première divergence, la cause est entendue :

Il ne doit pas être question d’envisager un quelconque redémarrage du réacteur n°2 avant que toute la lumière n’ait été faite sur les causes de cet arrêt de pompe, sur le déroulement précis de l’arrêt automatique, et surtout sur les conséquences potentielles de cette panne sur la robustesse du matériel, et sur son impact économique (tant les réparations que le manque à gagner).

Compte-tenu des travaux exigés par l’ASN (radier et source froide) et de leur coût, et de la fermeture prochaine de la centrale (pour autant que l’on puisse croire aux promesses de François Hollande), la sagesse la plus élémentaire impose que ce réacteur soit mis immédiatement à l’arrêt de manière définitive.

Pour reprendre les termes même d’EDF, cela n’aura aucune "conséquence" : les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim sont désormais à l’arrêt, sans aucun inconvénient pour l’Alsace, ou même la France. Et ce n’est pas la première fois (3 mois en 2011…).

Jean-Marie Brom (06 08 98 79 40)

Réaction du Réseau "Sortir du nucléaire" le 2 juillet au soir :

Comme d’habitude, avant même que des analyses aient été effectuées, EDF avance que tout est sous contrôle et que cet évènement n’a eu aucune conséquence sur l’environnement et sur la sécurité. Que penser de cet incident et de la communication d’EDF ?

EDF cherche à rassurer

EDF se veut rassurant sur l’événement : « Les équipes de la centrale sont actuellement mobilisées pour effectuer le diagnostic… Les manœuvres d’exploitation liées à la gestion de cet événement peuvent occasionner des panaches de vapeur non radioactive qui pourront être visibles au-dessus de la centrale. Cet événement n’a eu aucune conséquence sur l’environnement ni sur la sécurité ». EDF déclare également que l’Autorité de sûreté nucléaire, les autorités françaises et allemandes, le Président de la CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance) et les mairies aux alentours de la centrale ont été informés.

Ce discours ne diffère guère de la communication habituelle. La transparence n’a jamais été le fort de l’industrie nucléaire quand surviennent de tels incidents, voire des accidents plus graves. Comment faire confiance aux exploitants ?

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ demande que toute la lumière soit faite sur cet incident et exige que des informations précises soient publiées sur la situation.

La panne d’un élément essentiel au refroidissement du réacteur

Les pompes du circuit primaire sont un élément essentiel pour la sûreté d’un réacteur (un réacteur comme Fessenheim en compte trois). Ce sont elles qui assurent la circulation de l’eau dans le circuit primaire, dont le rôle est de refroidir le cœur du réacteur. L’arrêt d’une de ces pompes peut entraîner un déséquilibre dans le refroidissement, une élévation de la température dans le circuit primaire et donc compromettre le refroidissement du cœur du réacteur.

Ce genre d’incident n’est pas monnaie courante. Qu’il s’agisse d’une défaillance de la pompe elle-même ou d’un défaut d’alimentation, cette panne est probablement une conséquence du vieillissement de l’installation, Fessenheim étant la plus vieille centrale de France.

Des incidents à répétition sur le réacteur 2 de Fessenheim

Cet incident n’est pas isolé. Il y a juste quelques jours, (*) un problème avait déjà été déclaré pour les deux réacteurs de Fessenheim, concernant le circuit qui assure le refroidissement des pompes des deux réacteurs.

Symptomatiques d’une sûreté qui se dégrade, ces incidents doivent également être mis en perspective avec l’inquiétante succession de dysfonctionnements qui a touché le parc nucléaire français le mois écoulé, et qui n’ont pas fait l’objet d’explications : départs de feu à Cattenom et Bugey, dégagement de vapeur à Flamanville…

Peu d’informations près de 10h après l’incident : le Réseau "Sortir du nucléaire" demande que toute la lumière soit faite

En évoquant une situation sous contrôle, EDF ne passerait-il pas sous silence un arrêt en urgence du réacteur et une grave défaillance ? Près de 10h après l’incident aucune information n’a filtré, mis à part l’habituel et laconique "cet événement n’a eu aucune conséquence sur l’environnement ni sur la sécurité". Et l’ASN n’a pas encore communiqué sur l’incident.

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ demande à ce que toute la lumière soit faite sur cet incident dans les plus brefs délais. Quelles en sont l’origine et les causes ? Dans quel état sont les pompes du circuit primaire de la doyenne de nos centrales, et quelle partie précise de l’équipement a été touchée par cette défaillance ? D’où provient le panache de vapeur ? Des mesures de radioactivité avant et après le panache de vapeur ont-elles été réalisées ? Si ces mesures ont été faites, nous demandons à ce qu’elles soient publiées.

Dans quelques jours, les associations locales rencontreront à nouveau Francis Rol-Tanguy, délégué interministériel à la fermeture de Fessenheim. Les ministères qu’il représente n’ont pas le droit d’ignorer ces incidents à répétition et doivent prendre en compte la sécurité des populations, qui plaident pour un arrêt immédiat de Fessenheim.

Les deux réacteurs sont actuellement à l’arrêt et l’Alsace ne connaît pas de black-out, preuve qu’on peut se passer immédiatement de ce danger. Puisque la centrale est à l’arrêt, qu’elle le reste !

Après Cattenom, Flamanville, Bugey, Civaux et Fessenheim, quelle sera la prochaine ?


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Installation(s) concernée(s)

Fessenheim

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