23 juillet 2019
Il aura fallu plus d’un an pour que l’exploitant du site nucléaire de Dampierre-en-Burly (Loiret) le déclare : en juillet 2018, une maintenance non conforme a été faite sur un des 2 diesels du site. Alors même qu’ils devaient vérifier la conformité du serrage, les agents d’EDF ont trop serré des vis dans ce moteur servant de source électrique de secours en cas de perte d’alimentation. Conséquence : le matériel a été détérioré et, un peu trop sollicité lors d’un essai de fonctionnement en mars 2019, il tombe en panne. Le moteur était en fait, à cause de ce mauvais serrage, indisponible depuis juillet 2018. Il faudra carrément le changer. Ce qui vaudra 3 semaines d’arrêt pour le réacteur 1, car sans 2 moteurs diesels en parfait état de marche plus de 3 jours, un réacteur nucléaire doit obligatoirement être arrêté. Cela ne va pas conséquences financières, car au delà du remplacement d’un équipement de 32 tonnes, tout réacteur arrêté ne produit pas d’électricité, mais en revanche il en consomme. Tout comme il consomme de l’eau. Certains systèmes doivent en permanence être en fonctionnement, et le refroidissement du combustible (dans la cuve mais aussi usé, entreposé dans une piscine dans un bâtiment spécifique) ne doit jamais être interrompu. Ce qui explique l’exigence absolue de disponibilité permanente de 2 sources électriques de secours par réacteur nucléaire et la création des DUS (Diesels d’ultime secours), source de secours supplémentaire, dont les mises en service attendues pour fin 2018 ont été repoussées par EDF jusqu’à 2 ans pour certains sites*.
Au moment de l’arrêt du réacteur 1 en mars 2019, l’exploitant s’est bien gardé d’évoquer la raison du problème affectant le diesel. Certes, les diesels du parc nucléaire d’EDF sont en bien mauvais état (voir l’enquête du Journal de l’énergie faite en 2016). Et pour cause : il l’ignorait totalement. Il aura fallu quelques temps d’analyse pour remonter à la source de la panne, identifiée en mai : la maintenance non conforme réalisée près d’un an auparavant. Ce qui signifie que cette erreur de serrage n’a pas été détectée entre-temps. Personne n’est allé vérifier, ou alors les contrôles sont passés à côté. Cette erreur de serrage pourrait donc potentiellement se retrouver sur d’autres équipements de l’installation nucléaire. L’exploitant ne fera sa déclaration d’évènement significatif pour la sûreté que fin juillet 2019, des mois après l’incident. Il affirme tous les autres matériels susceptibles d’être affectés ont été vérifiés. Encore faut-il que ces vérifications aient été conformes et qu’aucune erreur ne s’y soit glissée.
L.B.
Indisponibilité d’un groupe électrogène
Publié le 23/07/2019
En juillet 2018, lors d’une opération de maintenance sur un groupe électrogène, des intervenants doivent contrôler la conformité de serrage de plusieurs assemblages mécaniques. Afin de garantir l’absence de mouvement de celles-ci, ils les desserrent puis les resserrent complètement.
A la suite de cette opération, 15 essais de fonctionnement conformes sont effectués sur le groupe électrogène. Le 4 mars 2019, lors d’un 16e essai, le matériel est intensément sollicité et une panne mécanique est constatée. Après analyse, le serrage des assemblages mécaniques n’était pas conforme à l’attendu. Cette non-conformité de serrage a engendré la détérioration du matériel.
A la suite de cet événement, les équipes ont échangé ce groupe électrogène et réalisé les tests confirmant son bon fonctionnement. Les matériels identiques de la centrale de Dampierre-en-Burly ont été contrôlés et sont opérationnels.
Cet événement n’a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations. Néanmoins, l’indisponibilité du groupe électrogène constituant un écart aux règles d’exploitation, cet événement a été déclaré le 22 juillet 2019 par la Direction de la centrale à l’Autorité de sûreté nucléaire comme un événement significatif de sûreté au niveau 1 de l’échelle INES**, échelle internationale de classement des événements nucléaires qui en compte 7.
Détection tardive d’une non-qualité de maintenance sur un des deux diesels de secours du réacteur 1
Publié le 26/07/2019
Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly - Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 22 juillet 2019, l’exploitant de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté relatif à l’indisponibilité d’un des deux groupes électrogènes de secours à la suite d’un défaut de maintenance.
Chacun des réacteurs des centrales nucléaires françaises dispose de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel. Ces équipements assurent de façon redondante l’alimentation électrique de certains systèmes de sûreté en cas de défaillance des alimentations électriques externes.
Le 4 mars 2019, lors d’un essai périodique de démarrage d’un des deux diesels de secours, un défaut non identifié a provoqué son arrêt. Cette avarie a entrainé le repli [1] du réacteur et a nécessité l’échange standard du moteur. Cet événement a fait l’objet de la déclaration d’un événement significatif pour la sûreté le 6 mars 2019, date à laquelle l’origine de l’avarie n’était pas connue.
En mai 2019, le rapport d’expertise met en avant un défaut de serrage d’une pièce mécanique lors de la dernière opération de maintenance.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, l’événement a affecté la fonction de sûreté liée aux fonctions support du réacteur.
En raison de la détection tardive d’une non-qualité de maintenance, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
* Reports des mises en services des Diesels d’Ultime Secours (DUS) : voir la décision ASN 2019-DC-0662 du 19 février 2019
** INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES
[1] Le repli d’un réacteur consiste à abaisser la pression et la température de son circuit primaire en application de ses règles générales d’exploitation