22 août 2024
C’est à l’occasion d’un test réalisé sur un circuit de refroidissement du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Dampierre (Centre - Val de Loire) qu’EDF s’est aperçu du problème : un circuit qui refroidit des équipements importants était coupé, les vannes d’arrivée d’eau étaient fermées. Après quelques investigations, EDF se rendra compte que cette coupure, censée être faite sur le réacteur 4 qui est à l’arrêt pour sa visite décennale, a été faite par erreur sur le réacteur 3, qui est en fonctionnement. EDF a mis deux jours à s’en apercevoir.
Crédit photo : André Paris
L’erreur a été commise le 17 août 2024 mais n’a été découverte que le 19. Les règles régissant les fonctionnement de l’installation prévoient pourtant de baisser la puissance du réacteur sous 24 heures lorsque le circuit de refroidissement concerné (le circuit d’eau brute) ne fonctionne pas. Car ce circuit permet de refroidir un autre circuit qui lui refroidit les principaux matériels et équipements importants du réacteur. Sans refroidissement, ils ne pourront plus fonctionner.
Évidemment EDF n’a pas été capable d’appliquer la consigne de conduite ni de respecter le délai imposé, puisqu’il ne savait pas qu’il avait fermé le circuit d’eau brute du réacteur 3.
Qu’un circuit de refroidissement soit coupé sur un réacteur en fonctionnement, et pas sur le réacteur à l’arrêt, sans que ce ne soit détecté par les équipes en charge des deux réacteurs montre très clairement un défaut de gestion à la centrale de Dampierre.
Il s’agit non seulement d’un manque de surveillance des équipements sur un réacteur en fonctionnement, mais aussi d’un problème de qualité des interventions faites dans le cadre de la visite décennale, qui est pourtant un grand programme de contrôles approfondis, d’examens de conformité et de modifications des matériels, obligatoire tous les 10 ans.
Ni le communiqué d’EDF ni celui de l’Autorité de sûreté n’expliquent comment il a été possible d’aller fermer le refroidissement sur le mauvais réacteur, ni comment il a été possible que personne ne s’en rende compte durant deux jours. Les faits ont été déclarés comme significatifs pour la sûreté, puisqu’ils ont impacté le refroidissement d’un réacteur en fonctionnement et que EDF n’a pas respecté les règles de conduite pour le réacteur 3. Il est précisé en revanche que les vannes du circuit ont été ré-ouverte dès que le problème a été identifié, permettant de retrouver la pleine fonctionnalité du circuit de refroidissement.
En revanche, pour les problèmes d’organisation interne, de contrôle des activités et du fonctionnement des systèmes, et le manque de qualité des interventions effectuées, les causes profondes qui ont conduit à cet incident, rien n’est précisé. Si ce qui a conduit à provoquer l’incident n’est pas réglé, forcément ce type d’évènement se reproduira. C’est d’ailleurs la seconde fois en peu de temps que EDF se trompe de réacteur pour une intervention, c’est arrivé à Chinon, une autre centrale nucléaire de la région Centre- Val de Loire, au début du mois d’août. La piètre qualité de gestion démontrée par cet incident survenu à Dampierre semble donc ne pas concerner qu’une seule centrale nucléaire.
L.B.
Déclaration d’un événement significatif pour la sûreté de niveau 1 relatif à un non-respect des Spécifications techniques d’exploitation (STE)
22/08/2024
Le 19 août 2024, l’unité de production n°3 de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly est en fonctionnement à disposition du réseau électrique. L’unité de production n°4 est à l’arrêt pour maintenance dans le cadre de sa 4ème visite décennale.
Sur l’unité de production n°3, les opérateurs réalisent un essai périodique qui nécessite la mise en service de pompes du circuit d’eau brute secourue (SEC), assurant le refroidissement de matériels importants pour la sûreté du réacteur.
Lors de cet essai périodique, les opérateurs constatent que certains capteurs ne respectent pas les valeurs de pression et de débit prescrites par les Règles Générales d’Exploitation (RGE [1] ) pour deux pompes du circuit SEC.
Les équipes d’exploitation procèdent alors à une vérification sur l’installation et constatent que les vannes d’isolement en amont et en aval de ces deux pompes sont fermées, rendant ainsi le matériel indisponible, ce qui n’est pas autorisé par les Spécifications techniques d’exploitation.
Après analyse des faits, il est établi qu’une erreur humaine est à l’origine de cet événement. Un intervenant a manœuvré par erreur les vannes des pompes SEC de l’unité de production n°3, qui est en fonctionnement, au lieu de celles de l’unité de production n°4, qui est à l’arrêt pour maintenance.
Après la réouverture manuelle des deux vannes d’isolement sur l’unité de production n°3, le bon fonctionnement des pompes est confirmé par les équipes d’exploitation lors de l’essai de requalification des matériels.
Cet événement n’a pas eu de conséquences réelles sur la sûreté des installations. Toutefois, en raison de la détection tardive du mauvais positionnement des vannes d’isolement, ayant entraîné un non-respect des Spécifications Techniques d’Exploitation, la centrale de Dampierre-en-Burly a déclaré, le 21 août 2024, un événement significatif pour la sûreté au niveau 1 sur l’échelle INES, qui en compte 7, à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Indisponibilité partielle du circuit d’eau brute secouru du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly
Publié le 27/08/2024
Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 21 août 2024, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à l’indisponibilité partielle du circuit d’eau brute secouru du réacteur 3.
Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées. Elles prescrivent notamment les délais maximums de réparation en cas d’indisponibilité des systèmes requis pour assurer la sûreté des réacteurs.
Le circuit d’eau brute secouru (SEC) sert à refroidir un autre circuit appelé circuit de refroidissement intermédiaire (RRI), qui assure lui-même le refroidissement, en fonctionnement normal comme en situation accidentelle, de l’ensemble des matériels des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur. Il est constitué de deux voies redondantes, comportant chacune deux pompes et deux échangeurs de chaleur.
Le 17 août 2024, dans le cadre de la réalisation d’opérations de maintenance en lien avec la visite décennale du réacteur 4, l’exploitant a procédé à la fermeture des vannes d’isolement des deux pompes de la voie A du circuit SEC de ce réacteur.
Le 19 août 2024, un essai de bon fonctionnement d’une des deux voies du circuit SEC du réacteur 3 (réacteur en production) a été réalisé. Cet essai a révélé l’indisponibilité des deux pompes de la voie A du circuit SEC de ce réacteur. Les investigations menées par l’exploitant ont montré que cette indisponibilité provenait d’une erreur de réacteur commise lors de l’intervention du 17 août 2024.
Dans ces conditions, les RGE du réacteur 3, qui prévoient le repli du réacteur sous 24 heures en cas d’indisponibilité d’une voie du circuit SEC, n’ont donc pas été respectées.
Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, en raison de sa détection tardive, cet événement qui a affecté la fonction de sûreté refroidissement du réacteur a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
Dès la détection de l’anomalie, les vannes d’isolement des pompes de la voie A du circuit SEC du réacteur 3 ont été redisposées correctement, rendant ce circuit à nouveau disponible.
[1] Les centrales nucléaires sont exploitées conformément à un ensemble de Règles Générales d’Exploitation (RGE) qui sont le « code de la route » des centrales nucléaires. Parmi ces règles, les STE définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associés, en situation normale d’exploitation ainsi qu’en situation incidentelle.