24 février 2022
Parce que EDF a manœuvré le système anti-incendie du site nucléaire de Cattenom (grand Est), au moins 20 litres d’hydrocarbures se sont retrouvés dans la nature. Dans la Moselle plus précisément. L’industriel n’a même pas réalisé par lui-même la pollution qu’il a provoquée, il a fallu qu’elle lui soit signalée pour qu’il réagisse.
Trop tard, puisque les hydrocarbures ont atteint le milieu naturel. EDF est pourtant censé confiner sur son site industriel tous les produits dangereux qui s’y déversent, qu’ils soient liquides, solides ou gazeux. Il est tenu légalement de tout faire pour protéger l’environnement des impacts néfastes de ses activités. Alors que s’est-il passé ? L’exploitant n’a fait aucune analyse des conséquences de ses actes et n’a pas pris la peine de surveiller l’état de ses équipements. Avec un peu plus de rigueur, de réflexion et de réactivité, la pollution causée par EDF aurait pu être évitée.
Le 19 février 2022, les équipes de Cattenom manœuvrent les dispositifs de lutte contre les incendies. Ce faisant, ils déclenchent un système qui asperge d’eau les transformateurs électriques de 3 réacteurs. On ne sait pas trop si c’est une erreur, le communiqué d’EDF reste flou, mais l’aspersion étant qualifiée "d’intempestive", on comprend à demi mot que son déclenchement n’était pas volontaire. Quoi qu’il en soit, cet arrosage des transformateurs a eu pour conséquence de faire déborder les cuves qui récupèrent leurs huiles. Ce débordement est passé complètement inaperçu d’EDF. Les eaux ont entraîné l’huile sur la voirie du site, puis se sont déversées dans le réseau de récupération des eaux de pluie. Un réseau directement relié à l’environnement, en l’occurrence la Moselle. Ce réseau peut être isolé lorsqu’une pollution liquide s’y propage. Mais encore faut-il que EDF ait repéré ladite pollution.
"Dès qu’elles ont eu connaissance de la présence d’hydrocarbures sur la Moselle" les équipes d’EDF ont tenté, avec les services publics, de limiter la casse en mettant en place des barrages flottant pour contenir la nappe d’hydrocarbures. L’industriel ne dit pas ce qu’il est est du résultat : est-ce que ça a marché ? Combien de litres d’huiles ont été récupérés ? Combien au total se sont déversés dans l’environnement et n’ont pas pu être récupérés ? Car le débordement est survenu le 19 février sur le site, mais ce n’est que le lendemain qu’EDF a eu connaissance de la présence d’hydrocarbures dans la rivière.
L’industriel a déclaré l’incident significatif pour l’environnement aux autorités le 22 février. le déroulé des faits démontre non seulement une absence de réflexion et d’analyse par EDF de ses propres actions, mais aussi grave manque de surveillance du site. Si les équipes s’étaient interrogées sur les conséquences potentielles de l’aspersion des transformateurs, si elles étaient allées vérifier les équipements, elles auraient repéré les débordements des systèmes de collecte d’huile. Si le site avait été surveillé correctement, les déversements sur les voiries et dans le réseau d’eaux pluviales des eaux polluées par les hydrocarbures auraient été signalés. Il aurait alors été possible de stopper la pollution avant qu’elle ne rejoigne la Moselle. Erreurs, manque de réflexion, de surveillance et de réactivité, cet incident donne à voir un bien piètre industriel. Un industriel pour qui la protection de l’environnement n’est manifestement pas la priorité.
Rejet d’eau chargée d’hydrocarbure dans la Moselle, à la suite du débordement accidentel d’un système de collecte des hydrocarbures
Publié le 24/02/2022
Le 19 février 2022, les équipes de la centrale de Cattenom procèdent à des manœuvres sur le circuit de protection incendie du site, provoquant l’ouverture d’une vanne et le démarrage automatique du système d’aspersion des transformateurs des unités de production 1,2 et 3.
L’aspersion intempestive de moins de deux heures des pôles transformateurs, qui contiennent de l’huile, aurait entrainé le débordement du système de collecte des hydrocarbures. De l’eau chargée d’huile s’est déversée sur la chaussée interne du site. Elle a été collectée par le circuit de récupération des eaux pluviales du site et rejetée dans la Moselle.
La quantité d’hydrocarbure détectée dans la Moselle le 20 février est estimée à 20 litres.
Les résultats des analyses réalisées ont confirmé l’absence de radioactivité dans les rejets.
Dès qu’elles ont eu connaissance de la présence d’hydrocarbures sur la Moselle, les équipes de la centrale EDF ont travaillé en lien avec le service départemental d’incendie et secours de la Moselle, afin de mettre en œuvre des moyens visant à contenir et traiter le rejet (barrage flottant, pompage). Une surveillance de la Moselle a été mise en place et se poursuit.
Cet événement a été déclaré par la centrale nucléaire de Cattenom auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire le mardi 22 février 2022.
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