19 octobre 2023
Octobre 2023, trop de légionelles colonisent les circuits de refroidissement de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Centre - Val de Loire). Lorsque la limite réglementaire est atteinte, EDF "traite" ces agents pathogènes à grands coups de produits chimiques. Et déverse le tout dans la Loire.
Crédit photo : André Paris
Les eaux de refroidissement des centrales sont rejetées dans les cours d’eau adjacents aux sites nucléaires, après être passées par les tours de refroidissement lorsque les centrales en sont dotées. C’est dans la tour de refroidissement des eaux chaudes du réacteur 2 que la concentration en Legionella pneumophila, un agent pathogène, a atteint le seuil limite fixé par la réglementation le 2 octobre 2023. Mais EDF n’a reçu les résultats que neuf jours plus tard. Durant ce laps de temps les eaux chaudes de la centrale rejetées dans la Loire étaient donc chargées de légionelles dans une concentration supérieure à ce qui est autorisé.
Les légionelles peuvent causer des maladies, notamment chez les personnes immunodéprimées. Elles résistent aux acides et adorent les milieux chauds et humides. Elles trouvent donc un environnement idéal à leur développement dans les circuits de refroidissement des centrales nucléaires. Qui les rejettent ensuite dans les eaux de surface à proximité, La Loire pour Belleville. Eaux utilisées ensuite ailleurs, pour d’autres usages.
Étant donné les risques sanitaires induits, EDF doit surveiller de près les peuplements de légionelles dans ses tuyaux. Manifestement, cette surveillance est un peu trop rapprochée pour permettre un traitement rapide. Neuf jours après le prélèvement dans l’aéroréfrigérant du réacteur 2, des " actions sont alors immédiatement lancées" par EDF pour remédier à cette situation : un équipement nettoyant est remplacé et de l’eau est injectée pour obtenir une dilution de la concentration hors-norme. Une technique qui, si elle permet de faire baisser la concentration, ne règle pas vraiment le problème de sur-colonisation. Ce n’est qu’avec des traitements biocides injectés dans les eaux que les agents pathogènes sont éradiqués. Un mélange de chlore et d’ammoniac est couramment utilisé par EDF.
Ce traitement chimique par monochloramine se retrouve in fine lui aussi dans la Loire. Mais ça le communiqué de EDF ne le dit pas. Pas plus qu’il n’explique pourquoi le système nettoyant ne fonctionnait plus ni pourquoi cette défaillance n’a pas été détectée plus tôt, avant que la concentration maximale autorisée ne soit atteinte et dépassée. En raison de ce dépassement, l’industriel a déclaré le 13 octobre un évènement significatif pour l’environnement [1]
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Un surveillance trop peu rapprochée, un délai de réaction trop long, des moyens délétères pour l’environnement et pas forcément des plus efficaces pour éviter la survenue du problème... Le traitement par EDF des agents pathogènes qui se développent dans ses centrales nucléaires a encore une bonne marge de progression.
Déclaration d’événements significatifs environnement
Publié le 19/10/2023
Déclaration d’un événement significatif environnement, relatif au dépassement d’un seuil réglementaire sur une valeur calculée de concentration en légionelles
Les unités de production de la centrale nucléaire de Belleville sont équipées d’aéroréfrigérants qui permettent de réfrigérer l’eau des circuits de refroidissement et de limiter ainsi l’impact des rejets thermiques sur les rivières.
L’eau de la Loire utilisée dans le circuit de refroidissement des réacteurs contient naturellement des micro-organismes. Ils se développent dans les installations où la température de l’eau est comprise entre 25 °C et 50 °C. Certaines espèces de légionnelles (Legionella pneumophila) font partie de ces micro-organismes.
Les concentrations en légionnelles dans les circuits de refroidissement des centrales nucléaires sont encadrées par des seuils réglementaires et font l’objet d’une surveillance régulière par EDF. Pour la légionnelle potentiellement pathogène Legionella pneumophila, la réglementation fixe une limite de 100 000 UFC/litre*.
Le 02 octobre 2023, une analyse bihebdomadaire est effectuée dans l’aéroréfrigérant de l’unité 2 de Belleville.
Le résultat d’analyse, reçu le 11 octobre 2023, met en évidence un taux en légionnelles de 100 000 UFC/litre.
Des actions sont alors immédiatement lancées, telles qu’un appoint en eau pour limiter la concentration des légionnelles, ou encore le remplacement d’un équipement nettoyant l’intérieur des tuyauteries potentiellement concernées par la présence de légionnelles.
Cet événement n’a eu aucun impact réel sanitaire ou environnemental. En raison du dépassement du seuil réglementaire de concentration en légionnelles, la direction de la centrale nucléaire de Belleville sur Loire a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire, un Evénement significatif pour l’environnement le 13 octobre 2023.
*Unité formant colonie par litre d’eau.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements
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