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En 2014, EDF a passé sous silence un "incident" grave à Fessenheim

Article publié le 4 mars 2016



En avril 2014, une succession d’"incidents" inquiétants, conduisant à la mise à l’arrêt de la centrale, s’est déroulée à Fessenheim dans un silence médiatique quasi total. Il a fallu attendre presque deux ans pour que cet événement révélateur de problème de sûreté criants sorte de l’ombre, la presse allemande s’en étant saisi.



Une succession de dysfonctionnements inquiétants

Le 9 avril 2014, des agents chargés de remplir un réservoir l’ont laissé déborder. 3 m3 d’eau se sont alors déversés dans les étages inférieurs, aspergeant des armoires électriques et provoquant un court-circuit. Ce court-circuit a bloqué les systèmes de contrôle et obligé EDF à arrêter le réacteur en urgence. EDF n’a pas pu recourir aux mécanismes habituels, qui étaient apparemment indisponibles en raison des défauts électriques. Sans doute pour ne pas fragiliser la cuve, il n’a pas été envisagé de procéder à un arrêt brutal en laissant retomber automatiquement les barres de commande. EDF a donc été contraint d’arrêter le réacteur en injectant massivement dans l’eau de refroidissement du bore, substance qui a la capacité de freiner les réactions en chaîne.

Silence radio sur le problème et son origine

Cet "incident" n’a pas débouché sur un accident nucléaire. Mais il doit être pris au sérieux, autant par les conséquences qu’il aurait pu avoir que par les dysfonctionnements qu’il révèle en termes de maintenance défectueuse et de culture de sûreté déficiente.

Les nombreuses questions soulevées par les représentants des associations antinucléaires au Comité Local d’Information et de Surveillance de Fessenheim (voir ci-dessous) sont restées sans réponse. L’Autorité de sûreté nucléaire elle-même a minimisé le problème et EDF s’est gardé de communiquer dessus. Silence radio du côté de la presse française : seul le Canard Enchaîné en a fait état !

Ce silence interroge sur la "transparence" d’EDF et des autorités en cas d’accident grave. Il interpelle aussi sur la capacité des médias français à réagir à ce type d’événement.

Un problème similaire s’est reproduit en 2015

Le 28 février 2015, la centrale a été à nouveau arrêtée pour un "défaut d’étanchéité". Ce terme banal cachait dans les fait la rupture d’une tuyauterie, qui a déclenché une fuite de plus de 100 m3 d’eau jaillissant en salle des machines et provoquant un défaut d’isolement sur un tableau électrique.

Là encore, le problème a été tu. La canalisation fut rafistolée en urgence - il faut dire que Nicolas Sarkozy devait venir visiter la centrale ! Une semaine après, cette canalisation se rompait à nouveau, sous les yeux des inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui constatait que des informations lui avaient été dissimulées. Suite à cette affaire, le Réseau "Sortir du nucléaire" et les associations antinucléaires alsaciennes ont porté plainte contre EDF.. Peu après, le directeur de la centrale était remplacé. Cet "incident" lui avait-il coûté son poste ?

Fessenheim doit être arrêtée immédiatement !

Ces événements et la manière dont ils ont été gérés par EDF interrogent fortement quant à la capacité d’EDF à faire face à un problème de plus grande ampleur et à sa tendance à dissimuler l’information.

Ils constituent en tout cas un symptôme des multiples dysfonctionnements qui affectent la centrale. Si la partie nucléaire fait l’objet d’une surveillance importante, ce n’est pas le cas de la partie non nucléaire (qui abrite notamment la salle des machines), où la maintenance est apparemment beaucoup moins rigoureuse. Cette succession de défauts de maintenance met en cause la capacité de la centrale à réagir en cas d’accident plus grave.

Ces problèmes viennent s’ajouter aux risques liés au vieillissement et aux menaces liées à la situation de la centrale (en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace).

Il est inacceptable que François Hollande tergiverse et que des candidats potentiels à l’élection présidentielle proposent de la maintenir en fonctionnement. Fessenheim doit être fermée maintenant, sans attendre un accident ou l’hypothétique mise en service de l’EPR de Flamanville.

"Incident" du 9 avril 2014 : des questions restées sans réponse

L’accident survenu à Fessenheim met en lumière toute une série de problèmes : "culture de sûreté" inexistante, procédures peu rigoureuses, maintenance mal effectuée... Voici les questions - à ce jour sans réponse que les militants ont adressé à l’Autorité de sûreté nucléaire en octobre 2014, à l’occasion d’une séance de la Commission Locale d’Information et de Surveillance de Fessenheim :

  • Pourquoi les opérateurs de l’équipe de conduite ont-ils "oublié" l’opération de remplissage qu’ils ont initiée ?
  • Cet oubli était-il du à de l’inattention, au manque de procédure, à un manque de formation ?
  • Le responsable de l’équipe de conduite était-il au courant de l’opération de remplissage du réservoir SNO ?
  • Pourquoi n’y avait-il pas de procédure claire et précise pour cette opération de remplissage très régulière ?
  • Pourquoi n’y avait-il pas d’alarme prévue lorsque le niveau maximum était atteint dans le réservoir ?
  • Est-ce qu’une alarme sur le niveau maximum des réservoirs SNO a été mise en place à Fessenheim depuis cet incident ?
  • Pourquoi l’opération de mise à l’arrêt du réacteur a duré environ 1h50 ? (détection des alarmes à 17h00, arrêt du réacteur à 18h50)
  • Est-ce que le remplissage du réservoir SNO s’effectue de la même manière dans les 56 autres réacteurs du parc français ?
  • Vous indiquez dans votre lettre de suite d’inspection réactive : « Les grappes de commande RGL n’étant pas manœuvrables, seule la borication a été utilisée … » EDF affirme que la "fonction régulation" des grappes de commande était indisponible, mais que la fonction "arrêt automatique ou manuel" était disponible, est-ce possible ?
  • Est-ce que l’indisponibilité des grappes de commande était uniquement due à la défaillance d’une carte électronique ?
  • En procédure d’arrêt d’urgence, en combien de temps l’arrêt d’un réacteur par chute des grappes de commande peut-il se réaliser ?
  • En procédure d’arrêt d’urgence, en combien de temps l’arrêt d’un réacteur par injection de bore peut-il se réaliser ?
  • Est-ce que EDF sait depuis quand le collecteur était bouché par 80 cm de limaille ?
  • Est-ce que l’état de ce collecteur avait été contrôlé lors de la VD3 ?
  • Y a t-il eu un retard du découplage du réacteur du réseau électrique ?
  • Est-ce que le niveau 1 sur l’échelle INES est suffisant pour l’ensemble des événements ayant suivis la négligence lors de l’opération de remplissage ?
  • Pouvez-vous nous détailler les réponses d’EDF à vos demandes formulées dans la lettre de suite d’inspection réactive ?

Une succession de dysfonctionnements inquiétants

Le 9 avril 2014, des agents chargés de remplir un réservoir l’ont laissé déborder. 3 m3 d’eau se sont alors déversés dans les étages inférieurs, aspergeant des armoires électriques et provoquant un court-circuit. Ce court-circuit a bloqué les systèmes de contrôle et obligé EDF à arrêter le réacteur en urgence. EDF n’a pas pu recourir aux mécanismes habituels, qui étaient apparemment indisponibles en raison des défauts électriques. Sans doute pour ne pas fragiliser la cuve, il n’a pas été envisagé de procéder à un arrêt brutal en laissant retomber automatiquement les barres de commande. EDF a donc été contraint d’arrêter le réacteur en injectant massivement dans l’eau de refroidissement du bore, substance qui a la capacité de freiner les réactions en chaîne.

Silence radio sur le problème et son origine

Cet "incident" n’a pas débouché sur un accident nucléaire. Mais il doit être pris au sérieux, autant par les conséquences qu’il aurait pu avoir que par les dysfonctionnements qu’il révèle en termes de maintenance défectueuse et de culture de sûreté déficiente.

Les nombreuses questions soulevées par les représentants des associations antinucléaires au Comité Local d’Information et de Surveillance de Fessenheim (voir ci-dessous) sont restées sans réponse. L’Autorité de sûreté nucléaire elle-même a minimisé le problème et EDF s’est gardé de communiquer dessus. Silence radio du côté de la presse française : seul le Canard Enchaîné en a fait état !

Ce silence interroge sur la "transparence" d’EDF et des autorités en cas d’accident grave. Il interpelle aussi sur la capacité des médias français à réagir à ce type d’événement.

Un problème similaire s’est reproduit en 2015

Le 28 février 2015, la centrale a été à nouveau arrêtée pour un "défaut d’étanchéité". Ce terme banal cachait dans les fait la rupture d’une tuyauterie, qui a déclenché une fuite de plus de 100 m3 d’eau jaillissant en salle des machines et provoquant un défaut d’isolement sur un tableau électrique.

Là encore, le problème a été tu. La canalisation fut rafistolée en urgence - il faut dire que Nicolas Sarkozy devait venir visiter la centrale ! Une semaine après, cette canalisation se rompait à nouveau, sous les yeux des inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui constatait que des informations lui avaient été dissimulées. Suite à cette affaire, le Réseau "Sortir du nucléaire" et les associations antinucléaires alsaciennes ont porté plainte contre EDF.. Peu après, le directeur de la centrale était remplacé. Cet "incident" lui avait-il coûté son poste ?

Fessenheim doit être arrêtée immédiatement !

Ces événements et la manière dont ils ont été gérés par EDF interrogent fortement quant à la capacité d’EDF à faire face à un problème de plus grande ampleur et à sa tendance à dissimuler l’information.

Ils constituent en tout cas un symptôme des multiples dysfonctionnements qui affectent la centrale. Si la partie nucléaire fait l’objet d’une surveillance importante, ce n’est pas le cas de la partie non nucléaire (qui abrite notamment la salle des machines), où la maintenance est apparemment beaucoup moins rigoureuse. Cette succession de défauts de maintenance met en cause la capacité de la centrale à réagir en cas d’accident plus grave.

Ces problèmes viennent s’ajouter aux risques liés au vieillissement et aux menaces liées à la situation de la centrale (en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace).

Il est inacceptable que François Hollande tergiverse et que des candidats potentiels à l’élection présidentielle proposent de la maintenir en fonctionnement. Fessenheim doit être fermée maintenant, sans attendre un accident ou l’hypothétique mise en service de l’EPR de Flamanville.

"Incident" du 9 avril 2014 : des questions restées sans réponse

L’accident survenu à Fessenheim met en lumière toute une série de problèmes : "culture de sûreté" inexistante, procédures peu rigoureuses, maintenance mal effectuée... Voici les questions - à ce jour sans réponse que les militants ont adressé à l’Autorité de sûreté nucléaire en octobre 2014, à l’occasion d’une séance de la Commission Locale d’Information et de Surveillance de Fessenheim :

  • Pourquoi les opérateurs de l’équipe de conduite ont-ils "oublié" l’opération de remplissage qu’ils ont initiée ?
  • Cet oubli était-il du à de l’inattention, au manque de procédure, à un manque de formation ?
  • Le responsable de l’équipe de conduite était-il au courant de l’opération de remplissage du réservoir SNO ?
  • Pourquoi n’y avait-il pas de procédure claire et précise pour cette opération de remplissage très régulière ?
  • Pourquoi n’y avait-il pas d’alarme prévue lorsque le niveau maximum était atteint dans le réservoir ?
  • Est-ce qu’une alarme sur le niveau maximum des réservoirs SNO a été mise en place à Fessenheim depuis cet incident ?
  • Pourquoi l’opération de mise à l’arrêt du réacteur a duré environ 1h50 ? (détection des alarmes à 17h00, arrêt du réacteur à 18h50)
  • Est-ce que le remplissage du réservoir SNO s’effectue de la même manière dans les 56 autres réacteurs du parc français ?
  • Vous indiquez dans votre lettre de suite d’inspection réactive : « Les grappes de commande RGL n’étant pas manœuvrables, seule la borication a été utilisée … » EDF affirme que la "fonction régulation" des grappes de commande était indisponible, mais que la fonction "arrêt automatique ou manuel" était disponible, est-ce possible ?
  • Est-ce que l’indisponibilité des grappes de commande était uniquement due à la défaillance d’une carte électronique ?
  • En procédure d’arrêt d’urgence, en combien de temps l’arrêt d’un réacteur par chute des grappes de commande peut-il se réaliser ?
  • En procédure d’arrêt d’urgence, en combien de temps l’arrêt d’un réacteur par injection de bore peut-il se réaliser ?
  • Est-ce que EDF sait depuis quand le collecteur était bouché par 80 cm de limaille ?
  • Est-ce que l’état de ce collecteur avait été contrôlé lors de la VD3 ?
  • Y a t-il eu un retard du découplage du réacteur du réseau électrique ?
  • Est-ce que le niveau 1 sur l’échelle INES est suffisant pour l’ensemble des événements ayant suivis la négligence lors de l’opération de remplissage ?
  • Pouvez-vous nous détailler les réponses d’EDF à vos demandes formulées dans la lettre de suite d’inspection réactive ?


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