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Sortir du nucléaire n°46



Eté 2010

Militaire

Désarmement nucléaire : plan com’ ou réalité ?

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°46 - Eté 2010

 Nucléaire militaire
Article publié le : 1er août 2010


Tout le mois de mai 2010, l’ONU a accueilli à New York les 189 États membres du Traité de non-prolifération nucléaire pour une "Conférence d’examen" - exercice difficile qui a lieu tous les 5 ans. Cette année c’était l’optimisme. Mais les États nucléaires sont restés les maîtres. Explication.



C’est "l’effet Obama". A Prague en avril 2009, Barack Obama a dit vouloir faire du désarmement nucléaire sa priorité, mais avec une petite note critique qui en a froissé beaucoup : "cela n’arrivera peut-être pas de mon vivant". Évidemment les antinucléaires et pacifistes lui ont tout de suite souhaité une longue vie... Depuis cette date, de nombreux événements sont survenus avant que se tienne, au mois de mai 2010, la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP).

Avril 2010, les États-Unis publient leur "Nuclear Posture review", la nouvelle doctrine d’utilisation de l’arme nucléaire. Un grand effet d’annonce pour essayer de montrer que la doctrine a évolué, mais les exceptions jettent le trouble. Ainsi les "États-Unis n’attaqueront jamais avec leurs armes nucléaires les pays qui respectent le TNP"... sauf l’Iran qui est nommé comme exception.

Autre "grand événement", le nouveau Traité START entre les États-Unis et la Russie, signé en avril 2010 en grande pompe à Prague. Chacun s’engage à réduire le nombre de missiles à 800 et le nombre de têtes nucléaires à 1550, d’ici 7 ans. Une réduction de 30 % par rapport à maintenant... qui ne change rien quant à la capacité de détruire plus de 10 fois la planète.

Pour la Conférence d’examen du TNP, l’objectif du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, était une Convention d’élimination des armes nucléaires avec des étapes de désarmement et des dates limites. Chose que le TNP n’est pas capable d’organiser, puisqu’il se limite au vœu que ce désarmement nucléaire soit mené "de bonne foi" sans plus de précision. Le projet de Convention a été voté en Assemblée générale de l’ONU à une forte majorité voici 2 ans, il est soutenu par tous les pays du "Mouvement des non-alignés" et par un pays nucléaire de poids, la Chine.

Le document final, adopté "par consensus" le 28 mai, est un savant dosage entre les souhaits des pays non nucléaires et les refus du club dit "P4", France, Royaume-Uni, États-Unis et Russie (la Chine jouant un jeu à part avec la volonté de programmer le désarmement nucléaire).

Dans ce texte final, la Conférence "note que le secrétaire des Nations unies a proposé de considérer des négociations sur une Convention d’élimination des armes nucléaires" - mais sans plus de soutien.
La conférence "reconnaît l’intérêt légitime des pays non-nucléaires pour arrêter les programmes de modernisation des armes nucléaires des pays dotés" mais ne demande pas l’arrêt de ces programmes. De même, elle se contente de "reconnaître l’intérêt légitime de réduire le niveau d’alerte" (qui permet aux Etats nucléaires de déclencher un tir nucléaire en 30 minutes, comme au temps de la guerre froide).

Les pays du club "P4" ont réussi à empêcher toute décision de nouvelles mesures de désarmement nucléaire les concernant. La France a su imposer l’idée que toutes les mesures ont déjà été prises dans le passé et que rien ne peut être engagé avant la prochaine Conférence en 2015. Seule concession : "un bilan sera fait en 2015 pour étudier les étapes suivantes".

La seule décision qui ose afficher une date, c’est celle de convoquer une Conférence pour l’élimination des armes nucléaires au Moyen-Orient en 2012. Un "facilitateur" sera nommé pour convaincre Israël et l’Iran de venir à cette Conférence "en lien avec tous les États de la région". Les difficultés ne sont pas évoquées.

Cette Conférence d’examen a peut-être été un "grand succès" de com’, mais pour faire aboutir une Convention d’élimination, nous avons encore du pain sur la planche.

Dominique Lalanne
do.lalanne@wanadoo.fr

C’est "l’effet Obama". A Prague en avril 2009, Barack Obama a dit vouloir faire du désarmement nucléaire sa priorité, mais avec une petite note critique qui en a froissé beaucoup : "cela n’arrivera peut-être pas de mon vivant". Évidemment les antinucléaires et pacifistes lui ont tout de suite souhaité une longue vie... Depuis cette date, de nombreux événements sont survenus avant que se tienne, au mois de mai 2010, la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP).

Avril 2010, les États-Unis publient leur "Nuclear Posture review", la nouvelle doctrine d’utilisation de l’arme nucléaire. Un grand effet d’annonce pour essayer de montrer que la doctrine a évolué, mais les exceptions jettent le trouble. Ainsi les "États-Unis n’attaqueront jamais avec leurs armes nucléaires les pays qui respectent le TNP"... sauf l’Iran qui est nommé comme exception.

Autre "grand événement", le nouveau Traité START entre les États-Unis et la Russie, signé en avril 2010 en grande pompe à Prague. Chacun s’engage à réduire le nombre de missiles à 800 et le nombre de têtes nucléaires à 1550, d’ici 7 ans. Une réduction de 30 % par rapport à maintenant... qui ne change rien quant à la capacité de détruire plus de 10 fois la planète.

Pour la Conférence d’examen du TNP, l’objectif du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, était une Convention d’élimination des armes nucléaires avec des étapes de désarmement et des dates limites. Chose que le TNP n’est pas capable d’organiser, puisqu’il se limite au vœu que ce désarmement nucléaire soit mené "de bonne foi" sans plus de précision. Le projet de Convention a été voté en Assemblée générale de l’ONU à une forte majorité voici 2 ans, il est soutenu par tous les pays du "Mouvement des non-alignés" et par un pays nucléaire de poids, la Chine.

Le document final, adopté "par consensus" le 28 mai, est un savant dosage entre les souhaits des pays non nucléaires et les refus du club dit "P4", France, Royaume-Uni, États-Unis et Russie (la Chine jouant un jeu à part avec la volonté de programmer le désarmement nucléaire).

Dans ce texte final, la Conférence "note que le secrétaire des Nations unies a proposé de considérer des négociations sur une Convention d’élimination des armes nucléaires" - mais sans plus de soutien.
La conférence "reconnaît l’intérêt légitime des pays non-nucléaires pour arrêter les programmes de modernisation des armes nucléaires des pays dotés" mais ne demande pas l’arrêt de ces programmes. De même, elle se contente de "reconnaître l’intérêt légitime de réduire le niveau d’alerte" (qui permet aux Etats nucléaires de déclencher un tir nucléaire en 30 minutes, comme au temps de la guerre froide).

Les pays du club "P4" ont réussi à empêcher toute décision de nouvelles mesures de désarmement nucléaire les concernant. La France a su imposer l’idée que toutes les mesures ont déjà été prises dans le passé et que rien ne peut être engagé avant la prochaine Conférence en 2015. Seule concession : "un bilan sera fait en 2015 pour étudier les étapes suivantes".

La seule décision qui ose afficher une date, c’est celle de convoquer une Conférence pour l’élimination des armes nucléaires au Moyen-Orient en 2012. Un "facilitateur" sera nommé pour convaincre Israël et l’Iran de venir à cette Conférence "en lien avec tous les États de la région". Les difficultés ne sont pas évoquées.

Cette Conférence d’examen a peut-être été un "grand succès" de com’, mais pour faire aboutir une Convention d’élimination, nous avons encore du pain sur la planche.

Dominique Lalanne
do.lalanne@wanadoo.fr



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