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Sortir du nucléaire n°48



Hiver 2010-2011

Déchets nucléaires, non merci !

De La Hague à Gorleben, un voyage entre la peste et le choléra

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°48 - Hiver 2010-2011

 Déchets radioactifs  La Hague
Article publié le : 1er février 2011


Ni retraitement, ni enfouissement !
Jetons un œil sur les points de départ et d’arrivée de nos fameux déchets...



La Hague : retraiter les déchets ?...
Mauvaise idée !


Les déchets qui ont traversé la France et l’Allemagne avaient été envoyés à l’usine AREVA de La Hague pour y être "retraités"... mais que cache-t-on exactement derrière ce mot ?

En retraitant les déchets, l’industrie prétend les recycler. Pourtant, le retraitement est une opération qui consiste simplement à séparer les différents éléments radioactifs qui composent le combustible usagé1. Et si la filière française du retraitement permet de faire croire au "recyclage" des déchets nucléaire, elle n’a pas été développée par souci écologique ! Bien au contraire.

Le retraitement ne diminue pas la radioactivité !
Il génère de nouveaux déchets... et une pollution considérable : l’usine de La Hague est autorisée à polluer mille fois plus qu’une centrale nucléaire. On retrouve ses rejets toxiques et radioactifs jusqu’en Arctique.

L’industrie du retraitement est responsable de nombreux transports de déchets nucléaires et de plutonium à travers le monde (par train, camion, bateau, avion). Ces transport comportent des risques non négligeable, notamment en cas d’accident.

Initialement construite pour extraire du plutonium à usage militaire, l’usine de retraitement n’a plus grand intérêt aujourd’hui, même pour l’industrie. Le plutonium est en grande partie stocké sur place, "sur étagères". On en réutilise aussi une petite partie pour fabriquer du MOX (mélange de plutonium et d’uranium neuf naturel appauvri). Mais ce combustible pose de nombreux problèmes dans les réacteurs où il est utilisé et même EDF préfèrerait s’en passer.
Le retraitement, c’est donc... Du MOX (dont même EDF ne veut pas), la prolifération du plutonium (que l’on entasse sans savoir quoi en faire), des déchets et des transports supplémentaires, et des pollutions considérables. De nombreux pays tournent aujourd’hui le dos à cette fausse solution et plus aucun déchet étranger n’arrive à La Hague pour le moment. Même les rapports officiels reconnaissent à demi-mot les coûts faramineux et l’inutilité de cette filière. Bientôt la fin d’un mythe ?

Gorleben : stocker les déchets ?… encore raté !

En Allemagne, comme en France, on ne sait que faire des déchets. Le stockage en profondeur est un des modes de gestion envisagé par certains pays. Un problème majeur : l’eau, qui altère les colis de déchets et véhicule les éléments radioactifs relâchés.

De 1967 à 1978, les Allemands ont déposé des déchets de faible et moyenne activité2 dans l’ancienne mine de sel d’Asse, près de Brunswick. Ce stockage, présenté comme exemplaire, a vite été fragilisé par des infiltrations d’eau, et des contaminations radioactives de la nappe phréatique sont à craindre. Ces problèmes – pourtant connus depuis les années 1980 – ont officiellement éclaté ces dernières années, provoquant la colère de la population allemande.

Le site de Gorleben, également au dessus d’un gisement salin, n’est pas plus approprié. Il accueille dans un simple hangar des déchets de haute et moyenne activité à vie longue... en attendant un stockage définitif. En effet, depuis 1979, on effectue sur ce site des "recherches" destinées à prouver que l’enfouissement en profondeur des déchets les plus radioactifs y est possible. Le site a été choisi avant tout pour des raisons politiques, en raison de sa proximité avec l’Allemagne de l’Est ; mais selon plusieurs rapports officiels, Gorleben ne présente pas de caractéristiques géologiques satisfaisantes. Un enfouissement irréversible des déchets pourrait mener à la contamination des eaux souterraines.

Face à cette impasse, une solution : ne pas retraiter les déchets, ne surtout pas les enfouir (comme on projette de le faire à Bure dans la Meuse), et arrêter d’en produire !

Charlotte Mijeon

1 : Cf page 3.
2 : Des recherches récentes ont toutefois montré que l’inventaire officiel ne correspondait pas au contenu réel de la mine d’Asse, et que des substances bien plus dangereuses s’y étaient aussi retrouvées...

La Hague : retraiter les déchets ?...
Mauvaise idée !


Les déchets qui ont traversé la France et l’Allemagne avaient été envoyés à l’usine AREVA de La Hague pour y être "retraités"... mais que cache-t-on exactement derrière ce mot ?

En retraitant les déchets, l’industrie prétend les recycler. Pourtant, le retraitement est une opération qui consiste simplement à séparer les différents éléments radioactifs qui composent le combustible usagé1. Et si la filière française du retraitement permet de faire croire au "recyclage" des déchets nucléaire, elle n’a pas été développée par souci écologique ! Bien au contraire.

Le retraitement ne diminue pas la radioactivité !
Il génère de nouveaux déchets... et une pollution considérable : l’usine de La Hague est autorisée à polluer mille fois plus qu’une centrale nucléaire. On retrouve ses rejets toxiques et radioactifs jusqu’en Arctique.

L’industrie du retraitement est responsable de nombreux transports de déchets nucléaires et de plutonium à travers le monde (par train, camion, bateau, avion). Ces transport comportent des risques non négligeable, notamment en cas d’accident.

Initialement construite pour extraire du plutonium à usage militaire, l’usine de retraitement n’a plus grand intérêt aujourd’hui, même pour l’industrie. Le plutonium est en grande partie stocké sur place, "sur étagères". On en réutilise aussi une petite partie pour fabriquer du MOX (mélange de plutonium et d’uranium neuf naturel appauvri). Mais ce combustible pose de nombreux problèmes dans les réacteurs où il est utilisé et même EDF préfèrerait s’en passer.
Le retraitement, c’est donc... Du MOX (dont même EDF ne veut pas), la prolifération du plutonium (que l’on entasse sans savoir quoi en faire), des déchets et des transports supplémentaires, et des pollutions considérables. De nombreux pays tournent aujourd’hui le dos à cette fausse solution et plus aucun déchet étranger n’arrive à La Hague pour le moment. Même les rapports officiels reconnaissent à demi-mot les coûts faramineux et l’inutilité de cette filière. Bientôt la fin d’un mythe ?

Gorleben : stocker les déchets ?… encore raté !

En Allemagne, comme en France, on ne sait que faire des déchets. Le stockage en profondeur est un des modes de gestion envisagé par certains pays. Un problème majeur : l’eau, qui altère les colis de déchets et véhicule les éléments radioactifs relâchés.

De 1967 à 1978, les Allemands ont déposé des déchets de faible et moyenne activité2 dans l’ancienne mine de sel d’Asse, près de Brunswick. Ce stockage, présenté comme exemplaire, a vite été fragilisé par des infiltrations d’eau, et des contaminations radioactives de la nappe phréatique sont à craindre. Ces problèmes – pourtant connus depuis les années 1980 – ont officiellement éclaté ces dernières années, provoquant la colère de la population allemande.

Le site de Gorleben, également au dessus d’un gisement salin, n’est pas plus approprié. Il accueille dans un simple hangar des déchets de haute et moyenne activité à vie longue... en attendant un stockage définitif. En effet, depuis 1979, on effectue sur ce site des "recherches" destinées à prouver que l’enfouissement en profondeur des déchets les plus radioactifs y est possible. Le site a été choisi avant tout pour des raisons politiques, en raison de sa proximité avec l’Allemagne de l’Est ; mais selon plusieurs rapports officiels, Gorleben ne présente pas de caractéristiques géologiques satisfaisantes. Un enfouissement irréversible des déchets pourrait mener à la contamination des eaux souterraines.

Face à cette impasse, une solution : ne pas retraiter les déchets, ne surtout pas les enfouir (comme on projette de le faire à Bure dans la Meuse), et arrêter d’en produire !

Charlotte Mijeon

1 : Cf page 3.
2 : Des recherches récentes ont toutefois montré que l’inventaire officiel ne correspondait pas au contenu réel de la mine d’Asse, et que des substances bien plus dangereuses s’y étaient aussi retrouvées...



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