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Sortir du nucléaire n°51



Automne 2011

Journées d’études du Réseau "Sortir du nucléaire"

Changeons de mythe, sortons du nucléaire

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°51 - Automne 2011

 Luttes et actions


L’idée a germé en décembre 2010 au sein du Réseau "Sortir du nucléaire" d’organiser des journées d’études et de propositions. Il s’agissait de se donner un temps pour la réflexion où l’on puisse associer art, science et politique et réunir des gens qui ne discutent généralement pas ensemble. Ces journées ont été décidées avant Fukushima, mais avec Fukushima leur enjeu est devenu encore plus important puisque, pour la première fois, des gens qui ne parlaient jamais de sortir du nucléaire en ont parlé.

Cette année nous1 avons choisi comme thème "Changeons de mythe, sortons du nucléaire" avec l’idée que le nucléaire est une branche de la religion du progrès que l’on peut considérer comme la religion de l’État moderne, soutenue politiquement à gauche comme à droite. Beaucoup d’autres angles d’approche étaient bien sûr possibles et pourront être traités dans les années suivantes, si ces journées se pérennisent.

Exploitation de la terre par l’homme ou de l’homme par l’homme ?

Un des blocages dans la réflexion et l’action pour la sortie du nucléaire est, à mon avis, que nous avons, d’un côté, des partis de gauche dont l’objectif est de développer une relation où l’argent ne dirige plus nos vies et de sortir du capitalisme – ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui puisque le PS n’a plus cet objectif dans ses statuts – et, de l’autre, des écologistes qui souhaitent retrouver un rapport d’équilibre et d’harmonie à la terre. Pour schématiser, les uns centrent l’analyse sur l’exploitation de l’homme par l’homme, les autres sur l’exploitation de la terre par l’homme, alors que le problème est d’arriver à faire se rejoindre ces deux visions.

Le rapport au pouvoir

Un autre blocage peut être défini comme celui du rapport au pouvoir. Le pouvoir, c’est certes le pouvoir des dominants mais c’est aussi le pouvoir à l’intérieur des organisations qui combattent l’ordre établi, et notamment les organisations qui luttent pour la sortie du nucléaire. Nous savons tous à quel point nous avons du mal à éviter de nous perdre dans des combats internes au lieu de travailler ensemble à nos objectifs.

Une des solutions est peut-être d’inventer un nouveau type de militantisme. Si, dans les années soixante-dix, il y avait beaucoup d’intellectuels militants, aujourd’hui la plupart des intellectuels n’arrivent plus à militer, et ce n’est pas seulement le cas des intellectuels mais aussi d’autres couches de la population. La relation entre rire et militantisme, entre jeu et militantisme, est un des axes qui me semble à privilégier. Parce que militer, c’est aussi jouer ensemble, prendre ensemble du plaisir, transformer dès aujourd’hui les relations de travail en relations de plaisir.

Le programme

Samedi 18 juin : Le matin, Kolin Kobayashi a fait le point sur la situation à Fukushima et au Japon, et Bertrand Méheust s’est posé la question de savoir ce qui se serait passé si la vague de Fukushima avait été plus haute. L’après-midi, le grand procès du nucléaire a associé sérieux et rire, art, science et politique. En soirée, le verdict a été rendu, suivi d’un conte haïtien dit par Mimi Barthélemy, "Le monstre Bagaï-Nucleaï", préfiguration du monstre nucléaire.

Dimanche 19 juin : Le matin a eu lieu une table ronde sur le thème "Où en serait la société si le nucléaire n’avait pas été inventé ?". L’objectif de cette table ronde a été de faire circuler la parole au maximum : chaque participant, public ou invité2, pouvait intervenir quand il le souhaitait, mais chaque intervention était limitée à trois minutes.

L’après-midi a été consacré à une discussion sur les luttes pour sortir du nucléaire dans le monde. Massimo Greco a présenté la situation italienne, Yann Forget a parlé de la situation en Inde, Wayne Hall a présenté les armes de destruction massive non nucléaires et Jean-Marie Matagne a parlé de son expérience dans la lutte contre le nucléaire militaire.

Michel Boccara
Chercheur au CNRS

Notes :

1 : Les journées ont été conjointement organisées par le Réseau "Sortir du nucléaire", les Amis de la Terre Midi-Pyrénées et l’Atelier idéal qui a hébergé les journées dans un lieu magnifique, La Chapelle, un des plus vieux squats autogérés de France. Le "nous" désigne le comité de pilotage composé notamment d’administrateurs du Réseau, de membres des Amis de la Terre Midi-Pyrénées et de l’Atelier idéal et de personnalités indépendantes.

2 : Invités à la table ronde : Gérard Onesta (Les Verts, conseil régional), Bertrand Méheust (philosophe, Université de Lausanne), Denis Duclos (sociologue, CNRS), Alain Ciekanski (conseil régional), Jean-Marie Matagne (philosophe, ACDN).

Retrouvez les films du procès, des conférences, des tables rondes et les textes complets sur le site https://leliencommun.org/journeesdetudes, et prochainement le DVD du procès

L’idée a germé en décembre 2010 au sein du Réseau "Sortir du nucléaire" d’organiser des journées d’études et de propositions. Il s’agissait de se donner un temps pour la réflexion où l’on puisse associer art, science et politique et réunir des gens qui ne discutent généralement pas ensemble. Ces journées ont été décidées avant Fukushima, mais avec Fukushima leur enjeu est devenu encore plus important puisque, pour la première fois, des gens qui ne parlaient jamais de sortir du nucléaire en ont parlé.

Cette année nous1 avons choisi comme thème "Changeons de mythe, sortons du nucléaire" avec l’idée que le nucléaire est une branche de la religion du progrès que l’on peut considérer comme la religion de l’État moderne, soutenue politiquement à gauche comme à droite. Beaucoup d’autres angles d’approche étaient bien sûr possibles et pourront être traités dans les années suivantes, si ces journées se pérennisent.

Exploitation de la terre par l’homme ou de l’homme par l’homme ?

Un des blocages dans la réflexion et l’action pour la sortie du nucléaire est, à mon avis, que nous avons, d’un côté, des partis de gauche dont l’objectif est de développer une relation où l’argent ne dirige plus nos vies et de sortir du capitalisme – ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui puisque le PS n’a plus cet objectif dans ses statuts – et, de l’autre, des écologistes qui souhaitent retrouver un rapport d’équilibre et d’harmonie à la terre. Pour schématiser, les uns centrent l’analyse sur l’exploitation de l’homme par l’homme, les autres sur l’exploitation de la terre par l’homme, alors que le problème est d’arriver à faire se rejoindre ces deux visions.

Le rapport au pouvoir

Un autre blocage peut être défini comme celui du rapport au pouvoir. Le pouvoir, c’est certes le pouvoir des dominants mais c’est aussi le pouvoir à l’intérieur des organisations qui combattent l’ordre établi, et notamment les organisations qui luttent pour la sortie du nucléaire. Nous savons tous à quel point nous avons du mal à éviter de nous perdre dans des combats internes au lieu de travailler ensemble à nos objectifs.

Une des solutions est peut-être d’inventer un nouveau type de militantisme. Si, dans les années soixante-dix, il y avait beaucoup d’intellectuels militants, aujourd’hui la plupart des intellectuels n’arrivent plus à militer, et ce n’est pas seulement le cas des intellectuels mais aussi d’autres couches de la population. La relation entre rire et militantisme, entre jeu et militantisme, est un des axes qui me semble à privilégier. Parce que militer, c’est aussi jouer ensemble, prendre ensemble du plaisir, transformer dès aujourd’hui les relations de travail en relations de plaisir.

Le programme

Samedi 18 juin : Le matin, Kolin Kobayashi a fait le point sur la situation à Fukushima et au Japon, et Bertrand Méheust s’est posé la question de savoir ce qui se serait passé si la vague de Fukushima avait été plus haute. L’après-midi, le grand procès du nucléaire a associé sérieux et rire, art, science et politique. En soirée, le verdict a été rendu, suivi d’un conte haïtien dit par Mimi Barthélemy, "Le monstre Bagaï-Nucleaï", préfiguration du monstre nucléaire.

Dimanche 19 juin : Le matin a eu lieu une table ronde sur le thème "Où en serait la société si le nucléaire n’avait pas été inventé ?". L’objectif de cette table ronde a été de faire circuler la parole au maximum : chaque participant, public ou invité2, pouvait intervenir quand il le souhaitait, mais chaque intervention était limitée à trois minutes.

L’après-midi a été consacré à une discussion sur les luttes pour sortir du nucléaire dans le monde. Massimo Greco a présenté la situation italienne, Yann Forget a parlé de la situation en Inde, Wayne Hall a présenté les armes de destruction massive non nucléaires et Jean-Marie Matagne a parlé de son expérience dans la lutte contre le nucléaire militaire.

Michel Boccara
Chercheur au CNRS

Notes :

1 : Les journées ont été conjointement organisées par le Réseau "Sortir du nucléaire", les Amis de la Terre Midi-Pyrénées et l’Atelier idéal qui a hébergé les journées dans un lieu magnifique, La Chapelle, un des plus vieux squats autogérés de France. Le "nous" désigne le comité de pilotage composé notamment d’administrateurs du Réseau, de membres des Amis de la Terre Midi-Pyrénées et de l’Atelier idéal et de personnalités indépendantes.

2 : Invités à la table ronde : Gérard Onesta (Les Verts, conseil régional), Bertrand Méheust (philosophe, Université de Lausanne), Denis Duclos (sociologue, CNRS), Alain Ciekanski (conseil régional), Jean-Marie Matagne (philosophe, ACDN).

Retrouvez les films du procès, des conférences, des tables rondes et les textes complets sur le site https://leliencommun.org/journeesdetudes, et prochainement le DVD du procès



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