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Sortir du nucléaire n°30



Mars 2006

Témoignage

Appel aux élèves ingénieurs

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°30 - Mars 2006

 Sortie du nucléaire
Article publié le : 1er mars 2006


Intervention d’un ingénieur des Mines à la réunion du "débat public déchets radioactifs" le 18 novembre 2005 dans les locaux de l’Ecole des Mines à Nancy :



“Je suis ingénieur des Mines de Nancy diplômé en 1981. Je m’adresse tout particulièrement à la nouvelle génération d’élèves ingénieurs.

Etre ingénieur ne permet pas pour autant d’être prétentieux : c’est pourtant ce qu’est en train de faire la génération d’ingénieurs qui vous précède. Jusqu’à présent l’humanité n’avait pas rencontré de personnage ayant la prétention de construire un ouvrage pour des dizaines de milliers d’années. Tout bâtisseur de pyramide, de cathédrale, de pont, etc., espérait que son ouvrage pourrait durer plusieurs centaines d’années, voire quelques millénaires. Mais restant modeste, humain, il savait aussi qu’au fil du temps des opérations d’entretien, de rénovation, de reconstruction seraient nécessaires. Et qu’un siècle ou l’autre son ouvrage n’aurait plus d’existence qu’à l’état de ruines.

Mais voilà que des ingénieurs du 20e siècle (parmi lesquels beaucoup de mineurs [sortis de l’école des Mines]) s’érigent en sur-homme.

Leur intelligence infinie mettrait à notre disposition, nous disent-ils, des ouvrages souterrains pour enfouir les déchets nucléaires sur des dizaines de milliers d’années.

Et la fiabilité de leur dispositif résisterait à l’épreuve des 10 à 100 millénaires nécessaires pour la décroissance de la radioactivité. Et ceci sans même avoir besoin d’intervenir au fil du temps pour réparer l’ouvrage. Précision, en effet : ces messieurs prétendent nous rassurer en annonçant la réversibilité du stockage, elle n’est en réalité valable que pendant la phase initiale de remplissage d’une galerie, soit quelques dizaines d’années. Et ensuite, plus aucune intervention possible !

Manifestement, fréquenter, côtoyer le lobby nucléaire les rend fous, prétentieux, sans limite : vous l’aurez compris, cette génération est dangereuse à plus d’un titre pour l’humanité.

Jeunes élèves ingénieurs, ne gâchez pas vos compétences scientifiques sur les questions de la faisabilité du stockage géologique. Même si vos travaux sont de qualité, comprenez bien que EDF, ANDRA et consorts n’ont qu’un objectif : en mettant ces travaux bout à bout, faire croire coûte que coûte à un stockage fiable pour des dizaines de milliers d’années sans même nécessiter d’interventions humaines au fil du temps, et donc faire croire à leur génie surhumain.

Alors, que faire de vos compétences pour offrir un meilleur avenir aux générations futures ?

Quelles que soient les fonctions que vous occuperez prochainement, œuvrez pour le développement de l’intelligence énergétique, c’est-à-dire les économies d’énergies et les énergies renouvelables. Je suis moi-même ingénieur spécialiste de ces questions.

Cependant je ne vous laisserai pas croire que face à l’idéologie énergétique dominante en France, notre voie d’Intelligence Energétique soit facile. Natif de la région où est programmée la poubelle nucléaire, j’ai lancé, il y a 3 ans, avec quelques élus et professionnels la démarche ART-DE-VIE (ARTisans du DEveloppement des Voies d’Intelligence Energétique). Il s’agissait, comme cela existe dans d’autres coins de France, de constituer un pôle de compétences au service des communes, communautés de communes, pays, chambres consulaires, pour les aider à développer des projets en matière énergétique dans le sens du Développement Durable.

C’est l’une des grandes composantes du projet que nous avons proposé dès 2002 avec quelques conseillers généraux clairvoyants et ceci de façon très constructive et ouverte. Mais les grands patrons du Conseil Général ont déployé beaucoup d’énergie auprès de tout élu marquant un intérêt à notre démarche ART-DE-VIE pour les dissuader d’y participer.

Pour conclure, j’informe les étudiants des Mines que je suis disponible à la fin de ce débat pour voir comment leur ouvrir des pistes sur l’Intelligence Energétique”.


“Je suis ingénieur des Mines de Nancy diplômé en 1981. Je m’adresse tout particulièrement à la nouvelle génération d’élèves ingénieurs.

Etre ingénieur ne permet pas pour autant d’être prétentieux : c’est pourtant ce qu’est en train de faire la génération d’ingénieurs qui vous précède. Jusqu’à présent l’humanité n’avait pas rencontré de personnage ayant la prétention de construire un ouvrage pour des dizaines de milliers d’années. Tout bâtisseur de pyramide, de cathédrale, de pont, etc., espérait que son ouvrage pourrait durer plusieurs centaines d’années, voire quelques millénaires. Mais restant modeste, humain, il savait aussi qu’au fil du temps des opérations d’entretien, de rénovation, de reconstruction seraient nécessaires. Et qu’un siècle ou l’autre son ouvrage n’aurait plus d’existence qu’à l’état de ruines.

Mais voilà que des ingénieurs du 20e siècle (parmi lesquels beaucoup de mineurs [sortis de l’école des Mines]) s’érigent en sur-homme.

Leur intelligence infinie mettrait à notre disposition, nous disent-ils, des ouvrages souterrains pour enfouir les déchets nucléaires sur des dizaines de milliers d’années.

Et la fiabilité de leur dispositif résisterait à l’épreuve des 10 à 100 millénaires nécessaires pour la décroissance de la radioactivité. Et ceci sans même avoir besoin d’intervenir au fil du temps pour réparer l’ouvrage. Précision, en effet : ces messieurs prétendent nous rassurer en annonçant la réversibilité du stockage, elle n’est en réalité valable que pendant la phase initiale de remplissage d’une galerie, soit quelques dizaines d’années. Et ensuite, plus aucune intervention possible !

Manifestement, fréquenter, côtoyer le lobby nucléaire les rend fous, prétentieux, sans limite : vous l’aurez compris, cette génération est dangereuse à plus d’un titre pour l’humanité.

Jeunes élèves ingénieurs, ne gâchez pas vos compétences scientifiques sur les questions de la faisabilité du stockage géologique. Même si vos travaux sont de qualité, comprenez bien que EDF, ANDRA et consorts n’ont qu’un objectif : en mettant ces travaux bout à bout, faire croire coûte que coûte à un stockage fiable pour des dizaines de milliers d’années sans même nécessiter d’interventions humaines au fil du temps, et donc faire croire à leur génie surhumain.

Alors, que faire de vos compétences pour offrir un meilleur avenir aux générations futures ?

Quelles que soient les fonctions que vous occuperez prochainement, œuvrez pour le développement de l’intelligence énergétique, c’est-à-dire les économies d’énergies et les énergies renouvelables. Je suis moi-même ingénieur spécialiste de ces questions.

Cependant je ne vous laisserai pas croire que face à l’idéologie énergétique dominante en France, notre voie d’Intelligence Energétique soit facile. Natif de la région où est programmée la poubelle nucléaire, j’ai lancé, il y a 3 ans, avec quelques élus et professionnels la démarche ART-DE-VIE (ARTisans du DEveloppement des Voies d’Intelligence Energétique). Il s’agissait, comme cela existe dans d’autres coins de France, de constituer un pôle de compétences au service des communes, communautés de communes, pays, chambres consulaires, pour les aider à développer des projets en matière énergétique dans le sens du Développement Durable.

C’est l’une des grandes composantes du projet que nous avons proposé dès 2002 avec quelques conseillers généraux clairvoyants et ceci de façon très constructive et ouverte. Mais les grands patrons du Conseil Général ont déployé beaucoup d’énergie auprès de tout élu marquant un intérêt à notre démarche ART-DE-VIE pour les dissuader d’y participer.

Pour conclure, j’informe les étudiants des Mines que je suis disponible à la fin de ce débat pour voir comment leur ouvrir des pistes sur l’Intelligence Energétique”.




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