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Train ivre dans la nuit (Le Monde)

2 novembre 2010 |




Je lis le dossier n° 69 de la revue Pour la science consacré à l’énergie. On y trouvera une utile présentation des problèmes concernant le charbon, le pétrole, le nucléaire, le solaire, le vent, la fusion thermonucléaire, etc. L’ensemble est orienté par l’idée que nous allons vers "la transition énergétique". Une perplexité saisit cependant le lecteur : des énergies, mais... à consommation constante ? La question de la réduction de la consommation ne sera-t-elle pas abordée ? En fait, si, à la fin, par deux pauvres pages d’entretien avec un chercheur belge spécialiste de psychologie sociale. Manifestement, les concepteurs de ce numéro ont été les premières victimes de l’aveuglement collectif qui nous pousse à ignorer l’hypothèse de la décroissance de la consommation d’énergie. Or, si l’on considère aussi bien la tension sur les ressources que la menace du changement climatique, l’objectif de réduction de la consommation d’énergie dans les pays riches mérite autant d’attention que celui du développement des énergies renouvelables.

Mais s’agit-il d’un aveuglement collectif ou d’un aveuglement des classes dirigeantes ? Voici un autre exemple de déni d’une réalité dérangeante par ce qui nous tient lieu d’élite. A la fin de cette semaine, un train chargé de containers enfermant une quantité énorme de radioactivité va traverser la France à destination de l’Allemagne. Nous n’en saurions à vrai dire rien si Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire ne nous en avaient informés ; du côté du gouvernement, c’est le silence. Ces déchets vont d’un endroit où on ne sait quoi faire de ceux qui s’y trouvent, la Hague, vers un endroit où on les stocke en surface, Gorleben, sans savoir qu’en faire. Il était prévu de les enfouir, mais cela se révèle impossible, pour des raisons aussi bien géologiques que politiques - le refus déterminé d’une majorité des citoyens allemands. Cette impasse n’est propre ni à la France ni à l’Allemagne : aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Espagne, on ne sait quoi faire des déchets nucléaires, dont la radioactivité durera des milliers d’années. Pourtant, presque tous les gouvernements encouragent la "renaissance du nucléaire", en repoussant aux petits-enfants le soin de se débrouiller avec ce tas de déchets.

Refus d’envisager les économies d’énergie, refus de reconnaître qu’il n’y a pas aujourd’hui de réponse à la question des déchets nucléaires : nous filons tel un train ivre dans la nuit épaisse, en feignant de croire qu’il n’y a pas de terminus et que le voyage ne s’arrêtera jamais. Mais les passagers sont-ils bien d’accord avec les chauffeurs de la locomotive ?

Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")

Je lis le dossier n° 69 de la revue Pour la science consacré à l’énergie. On y trouvera une utile présentation des problèmes concernant le charbon, le pétrole, le nucléaire, le solaire, le vent, la fusion thermonucléaire, etc. L’ensemble est orienté par l’idée que nous allons vers "la transition énergétique". Une perplexité saisit cependant le lecteur : des énergies, mais... à consommation constante ? La question de la réduction de la consommation ne sera-t-elle pas abordée ? En fait, si, à la fin, par deux pauvres pages d’entretien avec un chercheur belge spécialiste de psychologie sociale. Manifestement, les concepteurs de ce numéro ont été les premières victimes de l’aveuglement collectif qui nous pousse à ignorer l’hypothèse de la décroissance de la consommation d’énergie. Or, si l’on considère aussi bien la tension sur les ressources que la menace du changement climatique, l’objectif de réduction de la consommation d’énergie dans les pays riches mérite autant d’attention que celui du développement des énergies renouvelables.

Mais s’agit-il d’un aveuglement collectif ou d’un aveuglement des classes dirigeantes ? Voici un autre exemple de déni d’une réalité dérangeante par ce qui nous tient lieu d’élite. A la fin de cette semaine, un train chargé de containers enfermant une quantité énorme de radioactivité va traverser la France à destination de l’Allemagne. Nous n’en saurions à vrai dire rien si Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire ne nous en avaient informés ; du côté du gouvernement, c’est le silence. Ces déchets vont d’un endroit où on ne sait quoi faire de ceux qui s’y trouvent, la Hague, vers un endroit où on les stocke en surface, Gorleben, sans savoir qu’en faire. Il était prévu de les enfouir, mais cela se révèle impossible, pour des raisons aussi bien géologiques que politiques - le refus déterminé d’une majorité des citoyens allemands. Cette impasse n’est propre ni à la France ni à l’Allemagne : aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Espagne, on ne sait quoi faire des déchets nucléaires, dont la radioactivité durera des milliers d’années. Pourtant, presque tous les gouvernements encouragent la "renaissance du nucléaire", en repoussant aux petits-enfants le soin de se débrouiller avec ce tas de déchets.

Refus d’envisager les économies d’énergie, refus de reconnaître qu’il n’y a pas aujourd’hui de réponse à la question des déchets nucléaires : nous filons tel un train ivre dans la nuit épaisse, en feignant de croire qu’il n’y a pas de terminus et que le voyage ne s’arrêtera jamais. Mais les passagers sont-ils bien d’accord avec les chauffeurs de la locomotive ?

Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")



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