Présentation
Le tour de France pour sortir du nucléaire parcourt la france pendant quatres semaines du 24 avril au 23 mai 2004. A cette occasion nous relions différents sites du nucléaire (centrales, sites de retraitement, enfouissement, production d’armement…etc.) et également des sites de production d’énergies renouvelables. Nous comptons, par cette tournée, informer et sensibiliser la population sur les enjeux de la politique nucléaire francaise et son relancement par la construction du nouveau réacteur EPR.
Les 4000km de cette tournée seront parcourus par une caravane internationale
composée par :
- Des membres du réseau francais Sortir du nucléaire, qui fédère
688 associations depuis sa fondation en 1997. Le réseau coordonne la
tournée et propose de nombreuses informations sur le nucléaire
civil et militaire, ainsi que sur les contaminations radioactives
- La compagnie Brut de béton, qui interprète des témoignages
de victimes et de responsables de la catastrophe de Tchernobyl dans la piece Tchernobyl
Now, basée sur le livre La Supplication de Svetlana Alexievitch
- L’exposition de photographies de Paul Fusco sur les enfants victimes de
Tchernobyl en Biélorussie
- Le collectif hollandais theaterstraat avec un camion-scène d’animation
accompagné par des musicien-ne-s et des événements de théatre
de rue organisé par Bries 11 (action-théatre), et un bus de logistique
autonome en électricité
- L’association suisse ADER avec une exposition itinérante sur les
énergies renouvelables, la consommation et l’autonomie énergétique
- La cuisine collective mobile de Rampenplan, venue des Pays-Bas, qui propose tous
les jours des repas végétariens et biologiques pour un prix modique
- Le collectif hollandais de vidéo indépendante trojan tv, qui réalise
des films au fur et à mesure du tour
- Plusieurs autres volontaires dont un sapeur pompier professionnel ancien équipier
d’une CMIR (Cellule Mobile d’Intervention Radiologique), un militant
anti-nucléaire venu d’Inde, un ancien travailleur du CERN, une journaliste
finlandaise représentant l’opposition à la construction d’un
EPR en Finlande.
La plupart des animations sont offertes gratuitement dans chacune des 28 étapes
du Tour. Les groupes locaux du réseau Sortir du nucléaire organisent
l’accueil de la caravane, soutenu par des manifestations ou des conférences.
Cette démarche est sans précédent en France, tant par son
ampleur que par la dimension culturelle et les propositions d’alternatives
qui viennent enrichir la dénonciation des dangers du nucléaire civil
et militaire.
L’industrie nucléaire est source de nombreux risques, que ce soit
au niveau de l’exploitation des centrales ou à chacune des étapes
de l’utilisation du combustible nucléaire, de son extraction à
la gestion des déchets produits. La plupart de ces dangers et des enjeux
liés au nucléaire sont développés dans la brochure
mise en annexe.
Nous nous arrêtons sur les points suivants :
Extraction d’uranium
Cogema SA produit le combustible pour les centrales nucléaires. Elle exploite
l’usine de MOX à Cadarache, l’usine de Melox à Marcoule
et possède l’usine de retraitement de la Hague. Depuis la fermeture
en 2001 de la dernière mine d’uranium en France (le Bernardan, a
Jouac, Haute Vienne), le lobby nucléaire francais dépend entierement
de l’uranium provenant de l’étranger. La COGEMA possède
de grandes parts dans les compagnies minières de pays tels que le Canada
et l’Australie. Au Gabon ou au Niger, elle est même actionnaire majoritaire
(resp. 68% de la COMUF, 63% de la SOMAIR).
Cette forme moderne de colonialisme permet l’exploitation d’une main
d’euvre docile car dépourvue de droits et de débouchés.
L’extraction d’uranium se fait à ciel ouvert. Le minerai est
déversé à l’air libre, l’eau des rivières
est directement contaminée et la poussière radioactive dispersée
par le vent. Les déchets produits hautement radioactifs restent sur place
sans traitement spécifique. Les ouvriers/ères n’ont pratiquement
aucun vêtement de protection et sont sous-payé-e-s. D’autre
part, la construction des mines a occasionné la destruction et le déplacement
de villages entiers, le détournement des rivières et la stérilisation
de terres agricoles et de terrains naturels. Toute forme de lutte locale pour
le respect des droits des travailleurs/euses est réprimée, alors
que la COGEMA fait promotion de sa présence en expliquant qu’elle
favorise le développement de ces pays sous la forme de programme d’éducation
et de santé.Délocaliser est très effectif dans la logique
capitaliste du profit maximal à des coûts minimaux, en se déchargeant
des problèmes sociaux et environnementaux.
Réserves limitées
Il n’est pas inutile de rappeler que les réserves d’uranium
ne sont pas inépuisables. Au rythme actuel de consommation, il resterait
pour moins de 50 ans de réserves d’uranium. On peut le présenter
autrement : si aujourd’hui au niveau mondial on doit produire toute l’énergie
électrique a partir du nucléaire, toutes les réserves d’uranium
seraient épuisées en moins de 3 ans.
Nucléaire et effet de serre
Une centrale nucléaire ne rejette effectivement pas de gaz à effet
de serre, mais il faut considérer l’ensemble de l’industrie
nucléaire, de l’extraction des minerais jusqu’au démantèlement
de la centrale, en passant par le transport et le raffinement du minerai. Toutes
ces étapes produisent des gaz à effet de serre. Par exemple au Niger,
une centrale électrique au charbon est utilisée pour faire fonctionner
la mine d’uranium. Il est donc faux de considérer le nucléaire
comme une solution au problème du réchauffement climatique.
Risques nucléaires
On a toujours entendu dire que les centrales nucléaires sont tellement
sûres qu’un accident serait impossible. Pourtant ce risque est bien
réel. En témoignent les accidents de Tchernobyl en 1986, mais aussi
Three Miles Island aux USA en 1979, ou Tokai Mura au Japon en 1999, pour ne parler
que des accidents majeurs. En France, l’année derniere, 600 incidents
se sont produits dans les centrales nucléaires. Rien que cette année
on compte déjà 16 personnes irradiées lors de ce type d’incidents.
Même dans des conditions de sécurité dites optimales (ce qui
est déjà faux, c.f. La question de l’emploi) l’inattendu
peut toujours survenir : erreur humaine, négligence, défaillance
technique, vétusté des installation. EDF est en train de procéder
a des économies budgétaires en vue de la privatisation du marché
de l’électricité décidée pour le 1er juillet
2007, dont on peut craindre les conséquences sur la sécurité
des centrales.
Nucléaire civil et militaire
Peu après la 2ème guerre mondiale la France s’est équipée
d’un des parcs nucléaires les plus complets du monde dans un silence
total au niveau politique et informatif. Pour être indépendante en
plutonium, nécessaire à la construction des ogives, la centrale
d’enrichissement de Pierrelatte a été construite. Pierrelatte
n’a fourni en uranium enrichi les centrales éléctriques que
beaucoup plus tard.
Les premiers essais ont été menés en Algérie. Après
la guerre d’Algérie la France a dû déplacer les essais
nucléaires dans d’autres colonies, à Mururoa et Fangataufa,
deux atolls de la Polynésie Francaise, loin des regards de l’opinion
publique. Les populations locales ont payé un lourd tribu au quelque 200
essais menés sur leur terre : cancers, maladies de la peau, malformations
génétiques et contamination des sols.
Toute arme mise au point dans l’histoire a été utilisée,
et les armes de destruction massive (ADM) n’ont pas cette appellation par
hasard. L’Irak, tout comme l’Iran, ont « acheté »
à la France les procédés pour mettre au point leur armement
nucléaires. En tant que signataire du traité de non-prolifération
des armes nucléaires, il était difficile pour la France de rester
crédible au niveau international. Heureusement, face aux nouvelles menaces
terroristes, Mme Alliot-Marie, ministre de la défense, peut présenter
ouvertement son arsenal comme des ADM « pacifiques ». A Thessalonique
en juin 2003, au Conseil européen, les chefs d’Etats et de gouvernements
ont donné leur accord à la nouvelle stratégie politique de
gestion de conflit. On a abandonné la politique de non-prolifération
prônée par le Tribunal Pénal International, pour passer à
celle de contre-prolifération, dans une logique de guerre préventive
mise au point dans le contexte « post 11 septembre 2001 ». La paix
est menacée par « le terrorisme, les Etats voyous et la prolifération
des ADM » et nécessite des actions guerrières de prévention
des états autoproclamés garants de l’ordre international.
Cela légitime entièrement les crédits gigantesques alloués
au programme informatique de simulation des tests nucléaires visant : «
au perfectionnement des ADM pour garantir leur sécurité et leur
efficacité ».
Lobby nucléaire
EDF détient le monopole de la production électrique en France, qui
est à près de 80% d’origine nucléaire. EDF gère
les 58 centrales du pays. Cette structure centralisée lui donne un pouvoir
énorme, que ce soit au niveau des pressions exercées sur la politique
énergétique du pays, du controle des propositions alternatives,
ou de la diffusion de l’information concernant les risques nucléaires.
On peut dénoncer aussi les crédits énormes investis dans
la recherche pro nucléaire, et leur quasi absence au niveau des énergies
renouvelables, ce qui explique leur faible développement sur le territoire
francais. Quand on met en avant l’aspect bon marché de l’énergie
nucléaire, on masque le coût du démantèlement des centrales
et de l’entretien du parc de tombeaux blindés financés sur
des milliers d’années par les générations futures.
Désinformation
Le lobby nucléaire s’applique à dissimuler les informations
concernant les accidents nucléaires, la contamination déjà
existante, et les énormes risques potentiels. Il exerce notamment des pressions
sur les médias qui essaie de divulguer des informations indépendantes
sur le nucléaire (procès, autocensure après des menaces d’EDF
de retirer leur pub des journaux).
Le rôle des scientifiques spécialistes des questions nucléaires
est important. Les physicien-ne-s dénoncant les dangers ou les absurdités
de l’industrie nucléaire, se trouvent mis à l’écart
(carrières brisées, labos dissouts), voire inculpé-e-s pour
diffamation (comme André Paris). Des pressions sont exercées pour
retirer aux laboratoires indépendants comme la CRII-RAD leur accréditation
officielle nécessaire à la publication. L’information indépendante
est étouffée et les laboratoires scientifiques qui jouent le jeu
du lobby nucléaire sont mis en avant en tant qu’experts officiels.
L’emballage scientifique sert de justification à posteriori à
des décisions qui sont prises en fonctions d’intérêts
uniquement industriels et politiques dans une logique de profit.
Au niveau des écoles, EDF oriente l’information pédagogique
sur l’énergie. Elle propose par exemple des formations aux enseignant-e-s,
et des malettes de présentation de leur cru. Le contenu n’est pas
forcément une promotion unique du nucléaire, mais le probleme est
plus grave. Lorsque des entreprises aux intérêts privés intègrent
directement le systeme éducatif, c’est le caractere démocratique
et indépendant de l’enseignement qui est mis en danger. En se faisant
expert pédagogique, EDF donne une valeur objective d’information
à son point de vue partisan sur la question de l’énergie.
La création d’emploi dans le nucléaire est un faux argument
systématiquement mis en avant. Le nombre d’emplois créés
par l’industrie nucléaire pour la construction de centrales est égal
ou inférieur à celui nécéssaire à la construction
d’éoliennes. Pour la production électrique, le passage aux
énergies renouvelables crée beaucoup plus d’emploi que le
maintien d’une politique pro-nucléaire, la mise en pratique allemande
montre que 2 à 3 fois plus d’emplois sont créés par
le parc éolien.
La question de l’emploi
Créer des emplois n’a pas valeur d’argument, si on ne se soucie
ni des conditions de travail, ni du but de la production. EDF s’étend
peu sur la santé de ses travailleurs/euses et sur le respect de leurs droits
sociaux. Si l’exploitation est flagrante au Niger, elle existe plus subtilement
en France. La maintenance des centrales nucléaires françaises est
assurée à 80 % par des entreprises sous-traitantes employant majoritairement
des intérimaires. Les 15 000 à 20 000 "nomades du nucléaire"
supportent plus de 75 % de la dose collective annuelle d’irradiation reçue
dans les 58 réacteurs d’EDF. Cette sous-traitance rend difficile le repérage
des incidents survenant au cours de ces opérations. Les effets directs
de l’irradiation mettent très longtemps à se manifester et les cancers
induits n’ont guère de spécificité. La plupart des caisses
d’assurance maladie ou des médecins du travail ne reconnaissent pas l’origine
professionnelle de l’affection.
Pourquoi une industrie, qui fonde sa crédibilité économique
sur un contrôle technique sans faille du risque radioactif, sous-traite-t-elle
l’une des fonctions les plus essentielles de ce contrôle, à savoir
la maintenance de ses installations ? C’est une stratégie de division
sociale du travail, d’une part, et de fractionnement des doses de radioactivité
reçues, d’autre part. EDF s’évite au maximum les conflits
syndicaux par l’impossibilité d’organisation de ce type de
travailleurs/euses et n’a plus à assumer la responsabilité
sur la santé des employé-e-s.
On peut s’arrêter sur le rôle de la CGT et son rapport au lobby
nucléaire. Pour véritablement défendre les employé-e-s,
un syndicat se doit d’être indépendant et se dégager
des pressions exercées par le patronat. Or, M. Roussely (PDG EDF) se targue
d’avoir acquis la paix du travail suite à un accord passé
avec la CGT, et la direction de cette dernière fait pression pour le lancement
du nouveau réacteur EPR. Pendant 50 ans, 1% du bénéfice d’ÉDF
finissait dans les caisses de la CGT et des comités d’entreprise…
Surproduction d’énergie
Les centrales produisent du courant dont il faut se débarrasser. En tant
que compagnie visant un profit maximal EDF veut vendre le plus possible d’énergie
produite par son parc surdimensionné. Le chauffage électrique, qui
consomme énormément est donc fortement promotionné
Quant on produit de l’électricité, quel que soit le type de
centrale (thermique, nucléaire), on produit aussi de la chaleur. Récupérer
cette chaleur pour le chauffage, c’est la cogénération. Le
rendement global de cette filière est de 80 à 90 % au lieu des 35%
du nucléaire. En France, on produit l’électricité en
laissant s’échapper la chaleur, puis on retransforme l’électricité
en chaleur. Avec un développement maximal de la cogénération
il serait possible d’économiser l’équivalent de 10 à
15 réacteurs nucléaires.
A partir de données EDF, il est possible d’évaluer la surcapacité
du parc actuel de réacteurs : La pointe historique de consommation journalière
en France est de 80 GWe (GWe = milliard de watt électriques) pour une capacité
installée de l’ordre de 115 GWe dont 92 GWe d’origine nucléaire.
Avec une réserve de sécurité de 20 % le besoin maximal est
de 96 Gwe. Il reste donc quelques 12 réacteurs en surcapacité.
Incitation à la consommation
EDF publie à des millions d’exemplaires une gamme complète
de dépliants et autres documents visant avec précisions toutes les
« cibles » (Jeunes, couples, propriétaires, entreprises, etc…)
pour faire croître la consommation électrique au détriment
de l’efficacité énergétique : par exemple les dépliants
« Vivrélec » qui promotionnent le chauffage électrique
et de nombreuses autres sources de consommation électrique, allant jusqu’à
créer de nouveau « besoins ». EDF a egalement pris ses précautions
en amont en signant des accords avec les constructeurs pour imposer Vivrelec dans
au moins 80% des maisons neuves.
Consommation et efficacite énérgetique
Aujourd’hui la surconsommation la plus débridée côtoie
des pénuries criantes : par exemple un-e americain-e consomme 8 tonnes
d’équivalent pétrole par an, 40 fois plus qu’un-e habitant-e
du Bangladesh. En France la consommation d’éléctricité
est de 7070 kWh par an et par personne contre 22 kWh en Ethiopie. Et 40% de la
population mondiale n’a pas accès à l’éléctricité.
Au milieux du 19ème siècle, la révolution industrielle a
provoqué une augmentation brutale de la consommation en énergie.
Celle-ci n’a cessé de croître de facon explosive sous l’effet
conjoint de l’augmentation du niveau de confort et de la croissance simultanée
de la population. Actuellement la demande mondiale d’énergie augmente
de 2% par an. Inégalités criantes, croissance non contrôlée
de la consommation, augmentation des atteintes à l’environnement,
gaspillage de resources fossiles limitées…l’état des
lieux est accablant. Or nous continuons à produire et à consommer
toujours plus.
Pour envisager des solutions, il nous faut d’une part travailler sur l’efficacité
énergétique avec une réflexion sur les besoins réels,
et d’autre part remettre en question notre mode de consommation. La sortie
du nucléaire ne se fera pas sans un changement radical de la gestion de
l’énergie dans les pays dits « développés ».
Le concept d’efficacité énergétique découle
du bon sens. Il s’agit de réduire à la source la quantité
d’énergie nécessaire pour un même service, mieux utiliser
l’énergie à qualité de vie constante. Loin du «
retour à la bougie », cette démarche vise à faire la
chasse aux watts inutiles par une utilisation plus efficace de l’énergie.
Il faut éviter le chauffage électrique, car il est globalement peu
efficace :
la conversion de chaleur en électricité, par exemple dans une centrale
nucléaire a un rendement limité et induit des pertes importantes.
La cogénération, de chaleur et d’électricité,
permet une utilisation optimale de l’énergie.
La consommation de produits régionaux économise l’énergie
du transport, les aliments de saison demandent moins d’énergie pour
la conservation, la vente directe évite les coûts divers liés
aux intermédiaires, etc…
L’architecture a un rôle primordial : des bâtiments mal
concus structurent la consommation d’énergie pendant des décennies.
L’isolation et l’utilisation optimale des apports solaires peuvent
éviter la quasi-totalité des apports extérieurs en
chaleur. De plus, l’utilisation des biomatériaux économise
l’énergie grise du béton et peut stocker des tonnes
de CO2 dans les murs d’une maison !
On appelle énergie grise l’énergie nécessaire à
la fabrication d’un objet. En connaissant tout le cycle de vie d’un
objet (énergie grise, durée de vie, consommation de fonctionnement,
élimination), et en choisissant ceux qui sont réellement économes,
on réduit l’énergie induite par sa consommation.
Ce n’est qu’en adoptant cette démarche d’efficacité
énergétique que le recours aux alternatives prend son sens et devient
véritablement une solution cohérente pour l’avenir. On peut
utiliser ce concept comme préalable et marche à suivre indispensable
dans la généralisation des énergies renouvelables. La lutte
contre le nucléaire fait partie d’une réflexion plus large
sur tous les aspects de la vie quotidienne, mais aussi sur ce qui en amont structure
notre mode de consommation : une société basée sur la fuite
en avant, le profit de quelques uns par l’exploitation inconsidérée
des ressources et de la majorité des humains.
Energies renouvelables
On compte de nombreuses filières qui fournissent une énergie non-polluante
et sans risque d’épuisement des ressources.
- Biomasse (bois énergie, méthanisation des déchets organiques,
biocarburants, biomatériaux)
-
Éoliennes (petites sur le continent et grandes offshore)
- Hydraulique (au fil de l’eau, petites retenues, eaux sanitaires, courants
marins et marémotrice)
- Géothermie (chaleur du sous-sol)
- Solaire thermique (eau chaude sanitaire, chauffage des locaux)
- Solaire électrique (photovoltaique, génératrices Stirling,
centrales à concentration)
Chacune de ces filières peut remplacer plusieurs centrales nucléaires.
C’est en les combinant, et non en en développant une seule, que l’on
peut produire toute l’énergie nécessaire à la satisfaction
des besoins raisonnables de la société. Il ne s’agit pas de
recouvrir tout le territoire d’éoliennes géantes…
Autonomie
En plus d’un apport en courant, chaleur ou carburant, le recours aux énergies
renouvelables permet de casser la dynamique qui vise à centraliser la production
d’énergie, conférant à des monopoles et à un
petit nombre de personnes un pouvoir financier et politique énorme. En
fonctionnant de manière régionale et en construisant des installations
de taille limitée, la mise en place d’alternatives permet de reprendre
le contrôle sur sa production et sa propre consommation d’énergie
et offre une réelle possibilité d’action, au niveau individuel
et collectif.
Mobilisations
Agir n’est pas seulement possible, mais est nécessaire. Il ne faut
pas oublier que des mouvements ont plusieurs fois réussi à stopper
la construction de sites nucléaires (Kaiseraugst en Suisse, Wachersdorf
et Kaulser en Allemagne, Plogoff en France, etc.) Mobilisons-nous contre la construction
du prochain EPR par diverses formes d’action qui montrent notre détermination
contre les vélléités du lobby nucléaire. Soyons créatifs/ves
dans notre résistance !
Une grande manifestation de clôture aura lieu le
samedi 22 mai à 15h, place de la cathédrale, à Rouen.
Quelques
références
M. B. Davis, La France nucléaire matière et sites, WISE- Paris,
2002
Collectif, L’énergie au futur, Editions d’en bas (Lausanne),
1997
Collectif, Energie et climat, ADER (Lausanne), 2002
M. Schneider, Changement climatique et énergie nucléaire, WISE-Paris,
2000
CRIIRAD et A. Paris, Contaminations radioactives : atlas France et Europe, Editions
Yves Michel, 2003
T. Salomon et S. Bedel, La maison des [Nega] watts, Terre vivante, 2001
www.sortirdunucleaire.org
www.criirad.org
www.ader.ch
www.wise-paris.org
www.amisdelaterre.org
www.greenpeace.org
Les 4000km de cette tournée seront parcourus par une caravane internationale
composée par :
- Des membres du réseau francais Sortir du nucléaire, qui fédère
688 associations depuis sa fondation en 1997. Le réseau coordonne la
tournée et propose de nombreuses informations sur le nucléaire
civil et militaire, ainsi que sur les contaminations radioactives
- La compagnie Brut de béton, qui interprète des témoignages
de victimes et de responsables de la catastrophe de Tchernobyl dans la piece Tchernobyl
Now, basée sur le livre La Supplication de Svetlana Alexievitch
- L’exposition de photographies de Paul Fusco sur les enfants victimes de
Tchernobyl en Biélorussie
- Le collectif hollandais theaterstraat avec un camion-scène d’animation
accompagné par des musicien-ne-s et des événements de théatre
de rue organisé par Bries 11 (action-théatre), et un bus de logistique
autonome en électricité
- L’association suisse ADER avec une exposition itinérante sur les
énergies renouvelables, la consommation et l’autonomie énergétique
- La cuisine collective mobile de Rampenplan, venue des Pays-Bas, qui propose tous
les jours des repas végétariens et biologiques pour un prix modique
- Le collectif hollandais de vidéo indépendante trojan tv, qui réalise
des films au fur et à mesure du tour
- Plusieurs autres volontaires dont un sapeur pompier professionnel ancien équipier
d’une CMIR (Cellule Mobile d’Intervention Radiologique), un militant
anti-nucléaire venu d’Inde, un ancien travailleur du CERN, une journaliste
finlandaise représentant l’opposition à la construction d’un
EPR en Finlande.
La plupart des animations sont offertes gratuitement dans chacune des 28 étapes
du Tour. Les groupes locaux du réseau Sortir du nucléaire organisent
l’accueil de la caravane, soutenu par des manifestations ou des conférences.
Cette démarche est sans précédent en France, tant par son
ampleur que par la dimension culturelle et les propositions d’alternatives
qui viennent enrichir la dénonciation des dangers du nucléaire civil
et militaire.
L’industrie nucléaire est source de nombreux risques, que ce soit
au niveau de l’exploitation des centrales ou à chacune des étapes
de l’utilisation du combustible nucléaire, de son extraction à
la gestion des déchets produits. La plupart de ces dangers et des enjeux
liés au nucléaire sont développés dans la brochure
mise en annexe.
Nous nous arrêtons sur les points suivants :
Extraction d’uranium
Cogema SA produit le combustible pour les centrales nucléaires. Elle exploite
l’usine de MOX à Cadarache, l’usine de Melox à Marcoule
et possède l’usine de retraitement de la Hague. Depuis la fermeture
en 2001 de la dernière mine d’uranium en France (le Bernardan, a
Jouac, Haute Vienne), le lobby nucléaire francais dépend entierement
de l’uranium provenant de l’étranger. La COGEMA possède
de grandes parts dans les compagnies minières de pays tels que le Canada
et l’Australie. Au Gabon ou au Niger, elle est même actionnaire majoritaire
(resp. 68% de la COMUF, 63% de la SOMAIR).
Cette forme moderne de colonialisme permet l’exploitation d’une main
d’euvre docile car dépourvue de droits et de débouchés.
L’extraction d’uranium se fait à ciel ouvert. Le minerai est
déversé à l’air libre, l’eau des rivières
est directement contaminée et la poussière radioactive dispersée
par le vent. Les déchets produits hautement radioactifs restent sur place
sans traitement spécifique. Les ouvriers/ères n’ont pratiquement
aucun vêtement de protection et sont sous-payé-e-s. D’autre
part, la construction des mines a occasionné la destruction et le déplacement
de villages entiers, le détournement des rivières et la stérilisation
de terres agricoles et de terrains naturels. Toute forme de lutte locale pour
le respect des droits des travailleurs/euses est réprimée, alors
que la COGEMA fait promotion de sa présence en expliquant qu’elle
favorise le développement de ces pays sous la forme de programme d’éducation
et de santé.Délocaliser est très effectif dans la logique
capitaliste du profit maximal à des coûts minimaux, en se déchargeant
des problèmes sociaux et environnementaux.
Réserves limitées
Il n’est pas inutile de rappeler que les réserves d’uranium
ne sont pas inépuisables. Au rythme actuel de consommation, il resterait
pour moins de 50 ans de réserves d’uranium. On peut le présenter
autrement : si aujourd’hui au niveau mondial on doit produire toute l’énergie
électrique a partir du nucléaire, toutes les réserves d’uranium
seraient épuisées en moins de 3 ans.
Nucléaire et effet de serre
Une centrale nucléaire ne rejette effectivement pas de gaz à effet
de serre, mais il faut considérer l’ensemble de l’industrie
nucléaire, de l’extraction des minerais jusqu’au démantèlement
de la centrale, en passant par le transport et le raffinement du minerai. Toutes
ces étapes produisent des gaz à effet de serre. Par exemple au Niger,
une centrale électrique au charbon est utilisée pour faire fonctionner
la mine d’uranium. Il est donc faux de considérer le nucléaire
comme une solution au problème du réchauffement climatique.
Risques nucléaires
On a toujours entendu dire que les centrales nucléaires sont tellement
sûres qu’un accident serait impossible. Pourtant ce risque est bien
réel. En témoignent les accidents de Tchernobyl en 1986, mais aussi
Three Miles Island aux USA en 1979, ou Tokai Mura au Japon en 1999, pour ne parler
que des accidents majeurs. En France, l’année derniere, 600 incidents
se sont produits dans les centrales nucléaires. Rien que cette année
on compte déjà 16 personnes irradiées lors de ce type d’incidents.
Même dans des conditions de sécurité dites optimales (ce qui
est déjà faux, c.f. La question de l’emploi) l’inattendu
peut toujours survenir : erreur humaine, négligence, défaillance
technique, vétusté des installation. EDF est en train de procéder
a des économies budgétaires en vue de la privatisation du marché
de l’électricité décidée pour le 1er juillet
2007, dont on peut craindre les conséquences sur la sécurité
des centrales.
Nucléaire civil et militaire
Peu après la 2ème guerre mondiale la France s’est équipée
d’un des parcs nucléaires les plus complets du monde dans un silence
total au niveau politique et informatif. Pour être indépendante en
plutonium, nécessaire à la construction des ogives, la centrale
d’enrichissement de Pierrelatte a été construite. Pierrelatte
n’a fourni en uranium enrichi les centrales éléctriques que
beaucoup plus tard.
Les premiers essais ont été menés en Algérie. Après
la guerre d’Algérie la France a dû déplacer les essais
nucléaires dans d’autres colonies, à Mururoa et Fangataufa,
deux atolls de la Polynésie Francaise, loin des regards de l’opinion
publique. Les populations locales ont payé un lourd tribu au quelque 200
essais menés sur leur terre : cancers, maladies de la peau, malformations
génétiques et contamination des sols.
Toute arme mise au point dans l’histoire a été utilisée,
et les armes de destruction massive (ADM) n’ont pas cette appellation par
hasard. L’Irak, tout comme l’Iran, ont « acheté »
à la France les procédés pour mettre au point leur armement
nucléaires. En tant que signataire du traité de non-prolifération
des armes nucléaires, il était difficile pour la France de rester
crédible au niveau international. Heureusement, face aux nouvelles menaces
terroristes, Mme Alliot-Marie, ministre de la défense, peut présenter
ouvertement son arsenal comme des ADM « pacifiques ». A Thessalonique
en juin 2003, au Conseil européen, les chefs d’Etats et de gouvernements
ont donné leur accord à la nouvelle stratégie politique de
gestion de conflit. On a abandonné la politique de non-prolifération
prônée par le Tribunal Pénal International, pour passer à
celle de contre-prolifération, dans une logique de guerre préventive
mise au point dans le contexte « post 11 septembre 2001 ». La paix
est menacée par « le terrorisme, les Etats voyous et la prolifération
des ADM » et nécessite des actions guerrières de prévention
des états autoproclamés garants de l’ordre international.
Cela légitime entièrement les crédits gigantesques alloués
au programme informatique de simulation des tests nucléaires visant : «
au perfectionnement des ADM pour garantir leur sécurité et leur
efficacité ».
Lobby nucléaire
EDF détient le monopole de la production électrique en France, qui
est à près de 80% d’origine nucléaire. EDF gère
les 58 centrales du pays. Cette structure centralisée lui donne un pouvoir
énorme, que ce soit au niveau des pressions exercées sur la politique
énergétique du pays, du controle des propositions alternatives,
ou de la diffusion de l’information concernant les risques nucléaires.
On peut dénoncer aussi les crédits énormes investis dans
la recherche pro nucléaire, et leur quasi absence au niveau des énergies
renouvelables, ce qui explique leur faible développement sur le territoire
francais. Quand on met en avant l’aspect bon marché de l’énergie
nucléaire, on masque le coût du démantèlement des centrales
et de l’entretien du parc de tombeaux blindés financés sur
des milliers d’années par les générations futures.
Désinformation
Le lobby nucléaire s’applique à dissimuler les informations
concernant les accidents nucléaires, la contamination déjà
existante, et les énormes risques potentiels. Il exerce notamment des pressions
sur les médias qui essaie de divulguer des informations indépendantes
sur le nucléaire (procès, autocensure après des menaces d’EDF
de retirer leur pub des journaux).
Le rôle des scientifiques spécialistes des questions nucléaires
est important. Les physicien-ne-s dénoncant les dangers ou les absurdités
de l’industrie nucléaire, se trouvent mis à l’écart
(carrières brisées, labos dissouts), voire inculpé-e-s pour
diffamation (comme André Paris). Des pressions sont exercées pour
retirer aux laboratoires indépendants comme la CRII-RAD leur accréditation
officielle nécessaire à la publication. L’information indépendante
est étouffée et les laboratoires scientifiques qui jouent le jeu
du lobby nucléaire sont mis en avant en tant qu’experts officiels.
L’emballage scientifique sert de justification à posteriori à
des décisions qui sont prises en fonctions d’intérêts
uniquement industriels et politiques dans une logique de profit.
Au niveau des écoles, EDF oriente l’information pédagogique
sur l’énergie. Elle propose par exemple des formations aux enseignant-e-s,
et des malettes de présentation de leur cru. Le contenu n’est pas
forcément une promotion unique du nucléaire, mais le probleme est
plus grave. Lorsque des entreprises aux intérêts privés intègrent
directement le systeme éducatif, c’est le caractere démocratique
et indépendant de l’enseignement qui est mis en danger. En se faisant
expert pédagogique, EDF donne une valeur objective d’information
à son point de vue partisan sur la question de l’énergie.
La création d’emploi dans le nucléaire est un faux argument
systématiquement mis en avant. Le nombre d’emplois créés
par l’industrie nucléaire pour la construction de centrales est égal
ou inférieur à celui nécéssaire à la construction
d’éoliennes. Pour la production électrique, le passage aux
énergies renouvelables crée beaucoup plus d’emploi que le
maintien d’une politique pro-nucléaire, la mise en pratique allemande
montre que 2 à 3 fois plus d’emplois sont créés par
le parc éolien.
La question de l’emploi
Créer des emplois n’a pas valeur d’argument, si on ne se soucie
ni des conditions de travail, ni du but de la production. EDF s’étend
peu sur la santé de ses travailleurs/euses et sur le respect de leurs droits
sociaux. Si l’exploitation est flagrante au Niger, elle existe plus subtilement
en France. La maintenance des centrales nucléaires françaises est
assurée à 80 % par des entreprises sous-traitantes employant majoritairement
des intérimaires. Les 15 000 à 20 000 "nomades du nucléaire"
supportent plus de 75 % de la dose collective annuelle d’irradiation reçue
dans les 58 réacteurs d’EDF. Cette sous-traitance rend difficile le repérage
des incidents survenant au cours de ces opérations. Les effets directs
de l’irradiation mettent très longtemps à se manifester et les cancers
induits n’ont guère de spécificité. La plupart des caisses
d’assurance maladie ou des médecins du travail ne reconnaissent pas l’origine
professionnelle de l’affection.
Pourquoi une industrie, qui fonde sa crédibilité économique
sur un contrôle technique sans faille du risque radioactif, sous-traite-t-elle
l’une des fonctions les plus essentielles de ce contrôle, à savoir
la maintenance de ses installations ? C’est une stratégie de division
sociale du travail, d’une part, et de fractionnement des doses de radioactivité
reçues, d’autre part. EDF s’évite au maximum les conflits
syndicaux par l’impossibilité d’organisation de ce type de
travailleurs/euses et n’a plus à assumer la responsabilité
sur la santé des employé-e-s.
On peut s’arrêter sur le rôle de la CGT et son rapport au lobby
nucléaire. Pour véritablement défendre les employé-e-s,
un syndicat se doit d’être indépendant et se dégager
des pressions exercées par le patronat. Or, M. Roussely (PDG EDF) se targue
d’avoir acquis la paix du travail suite à un accord passé
avec la CGT, et la direction de cette dernière fait pression pour le lancement
du nouveau réacteur EPR. Pendant 50 ans, 1% du bénéfice d’ÉDF
finissait dans les caisses de la CGT et des comités d’entreprise…
Surproduction d’énergie
Les centrales produisent du courant dont il faut se débarrasser. En tant
que compagnie visant un profit maximal EDF veut vendre le plus possible d’énergie
produite par son parc surdimensionné. Le chauffage électrique, qui
consomme énormément est donc fortement promotionné
Quant on produit de l’électricité, quel que soit le type de
centrale (thermique, nucléaire), on produit aussi de la chaleur. Récupérer
cette chaleur pour le chauffage, c’est la cogénération. Le
rendement global de cette filière est de 80 à 90 % au lieu des 35%
du nucléaire. En France, on produit l’électricité en
laissant s’échapper la chaleur, puis on retransforme l’électricité
en chaleur. Avec un développement maximal de la cogénération
il serait possible d’économiser l’équivalent de 10 à
15 réacteurs nucléaires.
A partir de données EDF, il est possible d’évaluer la surcapacité
du parc actuel de réacteurs : La pointe historique de consommation journalière
en France est de 80 GWe (GWe = milliard de watt électriques) pour une capacité
installée de l’ordre de 115 GWe dont 92 GWe d’origine nucléaire.
Avec une réserve de sécurité de 20 % le besoin maximal est
de 96 Gwe. Il reste donc quelques 12 réacteurs en surcapacité.
Incitation à la consommation
EDF publie à des millions d’exemplaires une gamme complète
de dépliants et autres documents visant avec précisions toutes les
« cibles » (Jeunes, couples, propriétaires, entreprises, etc…)
pour faire croître la consommation électrique au détriment
de l’efficacité énergétique : par exemple les dépliants
« Vivrélec » qui promotionnent le chauffage électrique
et de nombreuses autres sources de consommation électrique, allant jusqu’à
créer de nouveau « besoins ». EDF a egalement pris ses précautions
en amont en signant des accords avec les constructeurs pour imposer Vivrelec dans
au moins 80% des maisons neuves.
Consommation et efficacite énérgetique
Aujourd’hui la surconsommation la plus débridée côtoie
des pénuries criantes : par exemple un-e americain-e consomme 8 tonnes
d’équivalent pétrole par an, 40 fois plus qu’un-e habitant-e
du Bangladesh. En France la consommation d’éléctricité
est de 7070 kWh par an et par personne contre 22 kWh en Ethiopie. Et 40% de la
population mondiale n’a pas accès à l’éléctricité.
Au milieux du 19ème siècle, la révolution industrielle a
provoqué une augmentation brutale de la consommation en énergie.
Celle-ci n’a cessé de croître de facon explosive sous l’effet
conjoint de l’augmentation du niveau de confort et de la croissance simultanée
de la population. Actuellement la demande mondiale d’énergie augmente
de 2% par an. Inégalités criantes, croissance non contrôlée
de la consommation, augmentation des atteintes à l’environnement,
gaspillage de resources fossiles limitées…l’état des
lieux est accablant. Or nous continuons à produire et à consommer
toujours plus.
Pour envisager des solutions, il nous faut d’une part travailler sur l’efficacité
énergétique avec une réflexion sur les besoins réels,
et d’autre part remettre en question notre mode de consommation. La sortie
du nucléaire ne se fera pas sans un changement radical de la gestion de
l’énergie dans les pays dits « développés ».
Le concept d’efficacité énergétique découle
du bon sens. Il s’agit de réduire à la source la quantité
d’énergie nécessaire pour un même service, mieux utiliser
l’énergie à qualité de vie constante. Loin du «
retour à la bougie », cette démarche vise à faire la
chasse aux watts inutiles par une utilisation plus efficace de l’énergie.
Il faut éviter le chauffage électrique, car il est globalement peu
efficace :
la conversion de chaleur en électricité, par exemple dans une centrale
nucléaire a un rendement limité et induit des pertes importantes.
La cogénération, de chaleur et d’électricité,
permet une utilisation optimale de l’énergie.
La consommation de produits régionaux économise l’énergie
du transport, les aliments de saison demandent moins d’énergie pour
la conservation, la vente directe évite les coûts divers liés
aux intermédiaires, etc…
L’architecture a un rôle primordial : des bâtiments mal
concus structurent la consommation d’énergie pendant des décennies.
L’isolation et l’utilisation optimale des apports solaires peuvent
éviter la quasi-totalité des apports extérieurs en
chaleur. De plus, l’utilisation des biomatériaux économise
l’énergie grise du béton et peut stocker des tonnes
de CO2 dans les murs d’une maison !
On appelle énergie grise l’énergie nécessaire à
la fabrication d’un objet. En connaissant tout le cycle de vie d’un
objet (énergie grise, durée de vie, consommation de fonctionnement,
élimination), et en choisissant ceux qui sont réellement économes,
on réduit l’énergie induite par sa consommation.
Ce n’est qu’en adoptant cette démarche d’efficacité
énergétique que le recours aux alternatives prend son sens et devient
véritablement une solution cohérente pour l’avenir. On peut
utiliser ce concept comme préalable et marche à suivre indispensable
dans la généralisation des énergies renouvelables. La lutte
contre le nucléaire fait partie d’une réflexion plus large
sur tous les aspects de la vie quotidienne, mais aussi sur ce qui en amont structure
notre mode de consommation : une société basée sur la fuite
en avant, le profit de quelques uns par l’exploitation inconsidérée
des ressources et de la majorité des humains.
Energies renouvelables
On compte de nombreuses filières qui fournissent une énergie non-polluante
et sans risque d’épuisement des ressources.
- Biomasse (bois énergie, méthanisation des déchets organiques,
biocarburants, biomatériaux)
-
Éoliennes (petites sur le continent et grandes offshore)
- Hydraulique (au fil de l’eau, petites retenues, eaux sanitaires, courants
marins et marémotrice)
- Géothermie (chaleur du sous-sol)
- Solaire thermique (eau chaude sanitaire, chauffage des locaux)
- Solaire électrique (photovoltaique, génératrices Stirling,
centrales à concentration)
Chacune de ces filières peut remplacer plusieurs centrales nucléaires.
C’est en les combinant, et non en en développant une seule, que l’on
peut produire toute l’énergie nécessaire à la satisfaction
des besoins raisonnables de la société. Il ne s’agit pas de
recouvrir tout le territoire d’éoliennes géantes…
Autonomie
En plus d’un apport en courant, chaleur ou carburant, le recours aux énergies
renouvelables permet de casser la dynamique qui vise à centraliser la production
d’énergie, conférant à des monopoles et à un
petit nombre de personnes un pouvoir financier et politique énorme. En
fonctionnant de manière régionale et en construisant des installations
de taille limitée, la mise en place d’alternatives permet de reprendre
le contrôle sur sa production et sa propre consommation d’énergie
et offre une réelle possibilité d’action, au niveau individuel
et collectif.
Mobilisations
Agir n’est pas seulement possible, mais est nécessaire. Il ne faut
pas oublier que des mouvements ont plusieurs fois réussi à stopper
la construction de sites nucléaires (Kaiseraugst en Suisse, Wachersdorf
et Kaulser en Allemagne, Plogoff en France, etc.) Mobilisons-nous contre la construction
du prochain EPR par diverses formes d’action qui montrent notre détermination
contre les vélléités du lobby nucléaire. Soyons créatifs/ves
dans notre résistance !
Une grande manifestation de clôture aura lieu le
samedi 22 mai à 15h, place de la cathédrale, à Rouen.
Quelques
références
M. B. Davis, La France nucléaire matière et sites, WISE- Paris,
2002
Collectif, L’énergie au futur, Editions d’en bas (Lausanne),
1997
Collectif, Energie et climat, ADER (Lausanne), 2002
M. Schneider, Changement climatique et énergie nucléaire, WISE-Paris,
2000
CRIIRAD et A. Paris, Contaminations radioactives : atlas France et Europe, Editions
Yves Michel, 2003
T. Salomon et S. Bedel, La maison des [Nega] watts, Terre vivante, 2001
www.sortirdunucleaire.org
www.criirad.org
www.ader.ch
www.wise-paris.org
www.amisdelaterre.org
www.greenpeace.org