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Sortir du nucléaire n°82



Été 2019

Actualités

Métal de Fessenheim, ça va chauffer !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°82 - Été 2019

 Luttes et actions  Projets et sites nucléaires  Fessenheim


L’éternel feuilleton de la fermeture de Fessenheim pourrait (enfin !) se concrétiser, le réacteur n°1 sera mis à l’arrêt le 22 février 2020 et le réacteur n°2 le 30 juin 2020. Sauf que, lors de la dernière réunion de la CLIS, l’exploitant a encore émis quelques réserves au motif que l’EPR de Flamanville a du retard. Pour sa part, l’ASN n’est pas gênée d’affirmer que Fessenheim 2 pourrait légalement fonctionner jusqu’à la date limite de la VD4, soit en 2022. Le gendarme du nucléaire semble avoir déjà oublié qu’il avait fondé son renoncement à exiger l’installation des diesels d’ultime secours de Fessenheim, au motif qu’EDF avait prévu la fermeture prochaine de la centrale !



Pendant ce temps, le Comité de pilotage a eu le mérite de réunir de nombreux acteurs institutionnels et économiques. Il a convaincu, même les plus réticents, que Fessenheim allait fermer ; y compris les élus biberonnés aux subventions d’EDF depuis 45 ans. Les ministres ont fini par comprendre que le développement dans la plaine du Rhin ne pouvait être que binational et ont accepté la main tendue par l’Allemagne. Cela a abouti à la publication du “Projet de Territoire de Fessenheim“ [1] dont les actions phares seront la création d’un réseau ferré Colmar-Breisach, la création d’une zone d’activité binationale sur le sol français, l’appui aux start-up, la construction d’un parc solaire de 300 Mwe et... le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim !

C’est la logique du démantèlement qui prévaut pour Fessenheim car la centrale est construite en zone sismique, sous le niveau d’eau du canal et avec la plus grande nappe phréatique d’Europe qui coule en dessous du site ! Les associations antinucléaires ont proposé d’en faire un site pilote, un laboratoire- école du démantèlement : disséquer le réacteur n°1, mesurer tous les effets du bombardement neutronique sur les aciers, leurs niveaux de ductilité-fragilité [2] , etc. Puis, démanteler le réacteur n°2 selon les techniques prévues pour le parc des réacteurs à eau pressurisée pour faire le véritable bilan en termes de temps et de coûts... assurément sous-estimés par EDF. Enfin, rendre le site “au vert“ (autant que faire se peut) et sortir définitivement l’Alsace et la plaine du Rhin du nucléaire ! Puis poursuivre, bien sûr, sur tout le territoire...

Oui mais... EDF a d’autres projets ! François De Rugy est d’ailleurs tombé dans le panneau que lui a tendu le lobby : c’est lui qui a annoncé le 1er février 2019 devant la presse [3] , la création d’un “technocentre“.

C’est quoi au juste ce “technocentre“ ? La réponse nous est donnée par Marc Simon-Jean, directeur de la centrale de Fessenheim : “EDF veut créer une unité de recyclage des métaux issus du démantèlement des centrales nucléaires“. Pour étayer son propos, il s’appuie sur le fait que la réglementation européenne permet déjà de recycler des aciers irradiés, ce qui est interdit en France. Mais il est loin le temps où André-Claude Lacoste, alors président de l’ASN, avait décidé courageusement de cette interdiction et, comme nous tous, EDF a constaté qu’aujourd’hui l’ASN se met à plat ventre devant (presque) tous ses caprices. Nul ne parie sur la pérennité de la mesure.

Ce sont des milliers de tonnes de générateurs de vapeur et autres composants métalliques irradiés qui sont “provisoirement“ stockés sur de nombreux sites. Aussi, EDF aimerait bien refondre et écouler ces stocks énormes, devenir un acteur du marché de l’acier, et diluer un maximum de radioactivité dans notre quotidien. Lorsque le directeur de Fessenheim considère que l’acier d’un générateur de vapeur est “faiblement“ radioactif et occulte qu’il a été traversé des années durant par le circuit primaire, il y a de quoi s’en inquiéter terriblement !

© Stop Fessenheim

Qui plus est, le projet serait de faire venir à Fessenheim les aciers de toutes les centrales françaises... et “allemandes“, c’est du moins ce que souhaiterait EDF. Fort heureusement, la ministre fédérale allemande de l’Environnement Svenja Schulze, a déjà fait connaître son opposition à ce “technocentre“ à un kilomètre de la frontière. EDF ira-t-elle chercher d’autres partenaires européens ? Il faut s’attendre à tout !

De part et d’autre du Rhin et main dans la main, les antinucléaires refusent que les aciers irradiés se retrouvent dans nos casseroles, toaster, poussettes, fers à béton ou carrosseries automobiles ! Le Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin et Stop Fessenheim ont réalisé une publication de 16 pages [4] pour dénoncer ce projet mortifère. Ils prévoient d’intervenir auprès des acteurs du Comité de pilotage, pour que le technocentre soit gommé du “Projet de Territoire de Fessenheim“, nonobstant la prudente clause de réserve actuelle “à ce stade, le projet de technocentre ne fait pas l’objet d’un accord“ qui ne suffit évidemment pas à les rassurer.

L’idée même d’un technocentre sur le territoire français doit être totalement abandonnée. Voici qu’après 45 ans de luttes, un nouveau combat débute à Fessenheim !

André HATZ, Stop Fessenheim


Notes

[1Projet de territoire : https://frama.link/Fessenheim

[2Ductilité : qui peuvent être étirés sans se rompre.

[3Déclaration de François De Rugy (vidéo) : https://www.dailymotion.com/video/x71oc4a

[4Publication 16 pages “Ce projet FOU de Technocentre à Fessenheim“ : www.stop-fessenheim.org

Pendant ce temps, le Comité de pilotage a eu le mérite de réunir de nombreux acteurs institutionnels et économiques. Il a convaincu, même les plus réticents, que Fessenheim allait fermer ; y compris les élus biberonnés aux subventions d’EDF depuis 45 ans. Les ministres ont fini par comprendre que le développement dans la plaine du Rhin ne pouvait être que binational et ont accepté la main tendue par l’Allemagne. Cela a abouti à la publication du “Projet de Territoire de Fessenheim“ [1] dont les actions phares seront la création d’un réseau ferré Colmar-Breisach, la création d’une zone d’activité binationale sur le sol français, l’appui aux start-up, la construction d’un parc solaire de 300 Mwe et... le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim !

C’est la logique du démantèlement qui prévaut pour Fessenheim car la centrale est construite en zone sismique, sous le niveau d’eau du canal et avec la plus grande nappe phréatique d’Europe qui coule en dessous du site ! Les associations antinucléaires ont proposé d’en faire un site pilote, un laboratoire- école du démantèlement : disséquer le réacteur n°1, mesurer tous les effets du bombardement neutronique sur les aciers, leurs niveaux de ductilité-fragilité [2] , etc. Puis, démanteler le réacteur n°2 selon les techniques prévues pour le parc des réacteurs à eau pressurisée pour faire le véritable bilan en termes de temps et de coûts... assurément sous-estimés par EDF. Enfin, rendre le site “au vert“ (autant que faire se peut) et sortir définitivement l’Alsace et la plaine du Rhin du nucléaire ! Puis poursuivre, bien sûr, sur tout le territoire...

Oui mais... EDF a d’autres projets ! François De Rugy est d’ailleurs tombé dans le panneau que lui a tendu le lobby : c’est lui qui a annoncé le 1er février 2019 devant la presse [3] , la création d’un “technocentre“.

C’est quoi au juste ce “technocentre“ ? La réponse nous est donnée par Marc Simon-Jean, directeur de la centrale de Fessenheim : “EDF veut créer une unité de recyclage des métaux issus du démantèlement des centrales nucléaires“. Pour étayer son propos, il s’appuie sur le fait que la réglementation européenne permet déjà de recycler des aciers irradiés, ce qui est interdit en France. Mais il est loin le temps où André-Claude Lacoste, alors président de l’ASN, avait décidé courageusement de cette interdiction et, comme nous tous, EDF a constaté qu’aujourd’hui l’ASN se met à plat ventre devant (presque) tous ses caprices. Nul ne parie sur la pérennité de la mesure.

Ce sont des milliers de tonnes de générateurs de vapeur et autres composants métalliques irradiés qui sont “provisoirement“ stockés sur de nombreux sites. Aussi, EDF aimerait bien refondre et écouler ces stocks énormes, devenir un acteur du marché de l’acier, et diluer un maximum de radioactivité dans notre quotidien. Lorsque le directeur de Fessenheim considère que l’acier d’un générateur de vapeur est “faiblement“ radioactif et occulte qu’il a été traversé des années durant par le circuit primaire, il y a de quoi s’en inquiéter terriblement !

© Stop Fessenheim

Qui plus est, le projet serait de faire venir à Fessenheim les aciers de toutes les centrales françaises... et “allemandes“, c’est du moins ce que souhaiterait EDF. Fort heureusement, la ministre fédérale allemande de l’Environnement Svenja Schulze, a déjà fait connaître son opposition à ce “technocentre“ à un kilomètre de la frontière. EDF ira-t-elle chercher d’autres partenaires européens ? Il faut s’attendre à tout !

De part et d’autre du Rhin et main dans la main, les antinucléaires refusent que les aciers irradiés se retrouvent dans nos casseroles, toaster, poussettes, fers à béton ou carrosseries automobiles ! Le Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin et Stop Fessenheim ont réalisé une publication de 16 pages [4] pour dénoncer ce projet mortifère. Ils prévoient d’intervenir auprès des acteurs du Comité de pilotage, pour que le technocentre soit gommé du “Projet de Territoire de Fessenheim“, nonobstant la prudente clause de réserve actuelle “à ce stade, le projet de technocentre ne fait pas l’objet d’un accord“ qui ne suffit évidemment pas à les rassurer.

L’idée même d’un technocentre sur le territoire français doit être totalement abandonnée. Voici qu’après 45 ans de luttes, un nouveau combat débute à Fessenheim !

André HATZ, Stop Fessenheim



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