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Les anti-nucléaires fortement mobilisés contre le retour de déchets

9 novembre 2010 |




Le retour, en Allemagne, de déchets nucléaires retraités en France, provoque depuis des années des manifestations de masse. La mobilisation a battu ce week-end tous les records sur le parcours allemand du convoi. La décision du gouvernement de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires allemandes explique cette forte participation.



Par Pascal Thibaut

De notre correspondant en Allemagne,

Interview de Yannick Rousselet, Responsable des campagnes nucléaires à Greenpeace, présent à Dannenberg.
C’est le jeu de la patate chaude ; les déchets passent d’un hangar à un autre sans solution véritable et satisfaisante.
08/11/2010 par Arnaud Jouve

Couchés sur des sacs remplis de paille, se protégeant tant bien que mal de températures à peine positives, plus de 3000 manifestants anti-nucléaires ont bloqué pendant des heures, dans la nuit de dimanche à lundi, le convoi qui rapatrie 120 tonnes de déchets nucléaires retraités à l’usine de La Hague en France. Du jamais vu dans une région où les protestations ont pourtant une longue tradition. Depuis la fin des années 70, la région du Wendland autour de Gorleben abrite régulièrement des manifestations anti-nucléaires. Au départ, c’était pour protester contre le choix de l’ancienne mine de sel pour stocker les déchets ; depuis les années 90, les manifestants se mobilisent pour protester contre l’arrivée des convois.

La stratégie des anti-nucléaires reste toujours la même : retarder au maximum le train qui achemine les containers, baptisés, dans le jargon scientifique, Castor. Les actions les plus efficaces consistent à bloquer les voies pour empêcher le convoi de progresser. Les policiers, souvent à bout de force après plus de 24 heures de travail non-stop, voire plus, parfois sans rien manger, ont dû, dans la nuit de dimanche à lundi, transporter un par un les manifestants. Une partie d’entre eux a été placé en détention préventive dans un camp improvisé pour éviter un nouveau sit-in.

La police allemande a interpellé environ 800 protestataires anti-nucléaires sur les quelque 3000 qui refusaient de quitter les voies ferrées de Harlingen. Reuters/Kai Pfaffenbach Le syndicat de la police a dénoncé les conditions de travail de ses troupes critiquant par ailleurs le fait que les pouvoirs publics ne soient pas en mesure de trouver des solutions politiques au conflit afin d’éviter de tels déploiements de force. Près de 20.000 policiers ont dû être mobilisés. Le syndicat a par ailleurs critiqué le fait que les coûts importants de ces opérations –on parle de 50 millions d’euros- soient supportés par les contribuables. Ce syndicat de policiers réclame par ailleurs une participation à ces dépenses de la part des entreprises qui gèrent les centrales nucléaires produisant les déchets.

Les forces de l’ordre, comme les manifestants, disposaient lundi dans la journée de quelques heures de répit, le temps que les containers soient transférés sur des camions ce qui peut prendre jusqu’à quinze heures. Ensuite les protestations vont certainement reprendre sur les vingt derniers kilomètres que les déchets doivent parcourir jusqu’au site de stockage de Gorleben. De nombreux blocages de la route sont attendus.

Les diverses actions autour de ce douzième convoi de déchets retraités en provenance de La Hague ont été accompagnées samedi, avant l’arrivée du train, par une manifestation qui a battu tous les records. 50.000 personnes d’après les organisateurs, 25.000 d’après la police étaient venues protester contre le convoi en provenance de France, mais au-delà, contre la politique du gouvernement allemand.

Après les élections de l’année passée, la nouvelle équipe au pouvoir associant chrétiens-démocrates et libéraux a décidé de prolonger la durée d’utilisation des centrales nucléaires. Il y a dix ans, le gouvernement de gauche de l’époque avait négocié avec les industriels concernés l’abandon de cette source d’énergie d’ici 2020. Les conservateurs ne le remettent pas en cause et ne plaident pas pour un renouveau du nucléaire qu’ils savent de toute façon trop impopulaire dans leur pays. Ils estiment en revanche que des impasses énergétiques menacent l’approvisionnement du pays en électricité en attendant que les énergies renouvelables aient pris suffisamment d’importance pour prendre le relais pour répondre aux besoins. Le gouvernement actuel veut faire passer la part de ces énergies renouvelables, dans la production d’électricité, de 16% en 2009 à 80% en 2050.

Mais dans un pays où le nucléaire polarise énormément –il s’agit de l’un des rares sujets qui divise clairement droite et gauche-, la décision du gouvernement Merkel, de prolonger la durée de vie des centrales, est mal passée. L’opinion est réticente. Et l’opposition de gauche est montée au créneau critiquant un cadeau fait aux industriels. Leurs centrales étant amorties, l’allongement de la durée de vie de ces dernières augmenterait sensiblement les profits des entreprises. Ce lundi, le patron du parti social-démocrate Sigmar Gabriel a clairement imputé la responsabilité des protestations actuelles au gouvernement. Les responsables de la majorité ont, eux, défendu leurs positions et dénoncé « l’exploitation » du sujet par l’opposition. Ils ont aussi critiqué les violences qui ont eu lieu en marge des protestations, même si celles-ci ont été minoritaires.

Il y a près de deux semaines, le gouvernement a fait adopter en première lecture l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires allemandes. Mais ces modifications ne sont pas encore arrivées à leur terme sur le plan politique. Moins en raison des protestations sur le terrain que des incertitudes juridiques. Depuis le printemps 2010, la majorité gouvernementale ne contrôle plus la chambre haute du Parlement. Les experts se querellent pour s’avoir si le Bundesrat doit approuver la réforme. Si tel était le cas, elle serait mort née. L’opposition veut quoi qu’il arrive saisir la Cour constitutionnelle.

Par Pascal Thibaut

De notre correspondant en Allemagne,

Interview de Yannick Rousselet, Responsable des campagnes nucléaires à Greenpeace, présent à Dannenberg.
C’est le jeu de la patate chaude ; les déchets passent d’un hangar à un autre sans solution véritable et satisfaisante.
08/11/2010 par Arnaud Jouve

Couchés sur des sacs remplis de paille, se protégeant tant bien que mal de températures à peine positives, plus de 3000 manifestants anti-nucléaires ont bloqué pendant des heures, dans la nuit de dimanche à lundi, le convoi qui rapatrie 120 tonnes de déchets nucléaires retraités à l’usine de La Hague en France. Du jamais vu dans une région où les protestations ont pourtant une longue tradition. Depuis la fin des années 70, la région du Wendland autour de Gorleben abrite régulièrement des manifestations anti-nucléaires. Au départ, c’était pour protester contre le choix de l’ancienne mine de sel pour stocker les déchets ; depuis les années 90, les manifestants se mobilisent pour protester contre l’arrivée des convois.

La stratégie des anti-nucléaires reste toujours la même : retarder au maximum le train qui achemine les containers, baptisés, dans le jargon scientifique, Castor. Les actions les plus efficaces consistent à bloquer les voies pour empêcher le convoi de progresser. Les policiers, souvent à bout de force après plus de 24 heures de travail non-stop, voire plus, parfois sans rien manger, ont dû, dans la nuit de dimanche à lundi, transporter un par un les manifestants. Une partie d’entre eux a été placé en détention préventive dans un camp improvisé pour éviter un nouveau sit-in.

La police allemande a interpellé environ 800 protestataires anti-nucléaires sur les quelque 3000 qui refusaient de quitter les voies ferrées de Harlingen. Reuters/Kai Pfaffenbach Le syndicat de la police a dénoncé les conditions de travail de ses troupes critiquant par ailleurs le fait que les pouvoirs publics ne soient pas en mesure de trouver des solutions politiques au conflit afin d’éviter de tels déploiements de force. Près de 20.000 policiers ont dû être mobilisés. Le syndicat a par ailleurs critiqué le fait que les coûts importants de ces opérations –on parle de 50 millions d’euros- soient supportés par les contribuables. Ce syndicat de policiers réclame par ailleurs une participation à ces dépenses de la part des entreprises qui gèrent les centrales nucléaires produisant les déchets.

Les forces de l’ordre, comme les manifestants, disposaient lundi dans la journée de quelques heures de répit, le temps que les containers soient transférés sur des camions ce qui peut prendre jusqu’à quinze heures. Ensuite les protestations vont certainement reprendre sur les vingt derniers kilomètres que les déchets doivent parcourir jusqu’au site de stockage de Gorleben. De nombreux blocages de la route sont attendus.

Les diverses actions autour de ce douzième convoi de déchets retraités en provenance de La Hague ont été accompagnées samedi, avant l’arrivée du train, par une manifestation qui a battu tous les records. 50.000 personnes d’après les organisateurs, 25.000 d’après la police étaient venues protester contre le convoi en provenance de France, mais au-delà, contre la politique du gouvernement allemand.

Après les élections de l’année passée, la nouvelle équipe au pouvoir associant chrétiens-démocrates et libéraux a décidé de prolonger la durée d’utilisation des centrales nucléaires. Il y a dix ans, le gouvernement de gauche de l’époque avait négocié avec les industriels concernés l’abandon de cette source d’énergie d’ici 2020. Les conservateurs ne le remettent pas en cause et ne plaident pas pour un renouveau du nucléaire qu’ils savent de toute façon trop impopulaire dans leur pays. Ils estiment en revanche que des impasses énergétiques menacent l’approvisionnement du pays en électricité en attendant que les énergies renouvelables aient pris suffisamment d’importance pour prendre le relais pour répondre aux besoins. Le gouvernement actuel veut faire passer la part de ces énergies renouvelables, dans la production d’électricité, de 16% en 2009 à 80% en 2050.

Mais dans un pays où le nucléaire polarise énormément –il s’agit de l’un des rares sujets qui divise clairement droite et gauche-, la décision du gouvernement Merkel, de prolonger la durée de vie des centrales, est mal passée. L’opinion est réticente. Et l’opposition de gauche est montée au créneau critiquant un cadeau fait aux industriels. Leurs centrales étant amorties, l’allongement de la durée de vie de ces dernières augmenterait sensiblement les profits des entreprises. Ce lundi, le patron du parti social-démocrate Sigmar Gabriel a clairement imputé la responsabilité des protestations actuelles au gouvernement. Les responsables de la majorité ont, eux, défendu leurs positions et dénoncé « l’exploitation » du sujet par l’opposition. Ils ont aussi critiqué les violences qui ont eu lieu en marge des protestations, même si celles-ci ont été minoritaires.

Il y a près de deux semaines, le gouvernement a fait adopter en première lecture l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires allemandes. Mais ces modifications ne sont pas encore arrivées à leur terme sur le plan politique. Moins en raison des protestations sur le terrain que des incertitudes juridiques. Depuis le printemps 2010, la majorité gouvernementale ne contrôle plus la chambre haute du Parlement. Les experts se querellent pour s’avoir si le Bundesrat doit approuver la réforme. Si tel était le cas, elle serait mort née. L’opposition veut quoi qu’il arrive saisir la Cour constitutionnelle.



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