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Sortir du nucléaire n°82



Été 2019

Artistes

La petite fille qui aimait courir

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°82 - Été 2019

 Culture antinucléaire


La Compagnie de théâtre La Fière allure propose un spectacle inspiré de la vie de Sadako Sasaki, une jeune fille japonaise, contaminée par l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945. Sadako est à l’origine de la reconnaissance de la grue en origami comme symbole de la lutte pour la paix et contre le nucléaire militaire. Nous avons rencontré Yasmine Bargache, auteure et interprète de la pièce de théâtre Sadako, la petite fille qui aimait courir.



Peux-tu nous expliquer la genèse de votre projet ?

Cette création s’est déroulée en deux temps. Le premier alors que je mettais en scène un album jeunesse sur Sadako pour un séminaire au cours duquel nous avons fait plier des cocottes en papier à des scientifiques. Il s’agissait alors d’une lecture en anglais, soit, ironie du sort, dans la langue de l’agresseur.

Puis, quelques années plus tard, une amie bibliothécaire à Asnières voulait, après l’attentat de Charlie Hebdo, confectionner des grues avec son public. Il y eut un très fort engouement, toutes générations confondues. Les œuvres furent exposées et des illustrateurs offrirent des dessins pour l’exposition finale. Lors du vernissage, j’ai présenté avec une musicienne, une version théâtralisée de l’histoire de Sadako. C’était le premier spectacle. Depuis, nous avons mis plus de moyens, travaillé une scénographie en voulant rendre un hommage à notre mesure, à une esthétique japonisante, épurée, mais aussi des couleurs franches.

© Frédéric Auclair - Yasmine Bargache

Qu’est-ce qui vous a touché dans l’histoire de Sadako ?

Le fait que ce soit une petite fille.

Avec notre compagnie de théâtre nous apportons une attention toute particulière au corps des femmes dans l’histoire. Comment la société impacte le corps. Sadako adorait courir. Elle était dans une classe mixte, en short. À la course, c’était une vraie championne, plus forte que les garçons.

Nous voulions transmettre son histoire.

L’origami permet de faire quelque chose avec ses mains, c’est comme une forme de recueillement, de lien avec l’univers. La Paix et la guérison se rejoignent assez bien !

Dans la pièce, le tournant de l’histoire est quand Sadako tombe malade. Je chante une chanson américaine des années 50 qui représente le rock’n’roll, la société de consommation, une époque charmante qui glorifie les vainqueurs de la guerre.

Puis brutalement juste avant que Sadako ne s’effondre, nous diffusons un flash info : “bientôt 10 ans que nous avons amené la paix dans le monde... Maintenant les résultats du base-ball... et pour finir une petite chanson“. Ces intermèdes sont comme des flashs entre les États-Unis et le Japon où la petite fille court, s’affaiblit, en contraste avec la chanson qui monte en puissance.

Abordez-vous les liens entre la maladie et le bombardement ?

Le fil conducteur se sont les oiseaux et l’émerveillement de cette petite fille pour les grues, un symbole de liberté, d’universalité.

Le bombardement arrive très tôt dans l’histoire. Sadako est au bord d’un lac, elle pense à sa grand-mère disparue lors de l’exil après le bombardement, illustré au cours du spectacle par une grande lumière.

Sadako avait deux ans, mais elle a le souvenir de la bombe, de l’exil, des disparus, de la maladie.

On vit avec la petite fille qui court, mais qui a aussi un caractère colérique, j’aime bien qu’elle ne soit pas parfaite. Et puis, un jour elle s’écroule.

Nous avons fait le choix de ne pas nous appesantir sur les effets qui sont en partie contenus dans un poème explicite que je dis sur scène, n’oublions pas qu’il s’agit avant tout d’un spectacle pour enfants.

En tant qu’individu, connaissiez-vous cette problématique avant de monter la pièce ?

Pas vraiment, je l’ai découverte à travers l’histoire de cette petite fille. Je n’avais aucune connaissance particulière, à part une image de champignon atomique. La pièce nous a permis d’élargir nos savoirs sur les centrales, les bombes, etc.

Mais je pense que le spectacle est une ouverture pour discuter, donner la parole et s’arrêter sur les conséquences sanitaires sur le long terme.

Il y a aussi un message d’espoir, qui correspond à une conviction du collectif. Une pièce de théâtre, ça touche différemment d’un article, d’une manifestation. Il peut y avoir une identification, un partage des sensations.

© Ximun Dutay

Ce type d’histoire ne peut qu’aider en apportant un après : les enfants de la classe de Sadako qui plient des grues, les vendent pour récolter de l’argent et construire une statue à son image. Prolongeant ainsi son combat pour la paix.

Jocelyn Peyret

Prochaine date :
Dimanche 29 septembre à Malicorne-sur-Sarthe, Musée de la faïence et de la céramique. Spectacle suivi d’un atelier origami parents-enfants.

Peux-tu nous expliquer la genèse de votre projet ?

Cette création s’est déroulée en deux temps. Le premier alors que je mettais en scène un album jeunesse sur Sadako pour un séminaire au cours duquel nous avons fait plier des cocottes en papier à des scientifiques. Il s’agissait alors d’une lecture en anglais, soit, ironie du sort, dans la langue de l’agresseur.

Puis, quelques années plus tard, une amie bibliothécaire à Asnières voulait, après l’attentat de Charlie Hebdo, confectionner des grues avec son public. Il y eut un très fort engouement, toutes générations confondues. Les œuvres furent exposées et des illustrateurs offrirent des dessins pour l’exposition finale. Lors du vernissage, j’ai présenté avec une musicienne, une version théâtralisée de l’histoire de Sadako. C’était le premier spectacle. Depuis, nous avons mis plus de moyens, travaillé une scénographie en voulant rendre un hommage à notre mesure, à une esthétique japonisante, épurée, mais aussi des couleurs franches.

© Frédéric Auclair - Yasmine Bargache

Qu’est-ce qui vous a touché dans l’histoire de Sadako ?

Le fait que ce soit une petite fille.

Avec notre compagnie de théâtre nous apportons une attention toute particulière au corps des femmes dans l’histoire. Comment la société impacte le corps. Sadako adorait courir. Elle était dans une classe mixte, en short. À la course, c’était une vraie championne, plus forte que les garçons.

Nous voulions transmettre son histoire.

L’origami permet de faire quelque chose avec ses mains, c’est comme une forme de recueillement, de lien avec l’univers. La Paix et la guérison se rejoignent assez bien !

Dans la pièce, le tournant de l’histoire est quand Sadako tombe malade. Je chante une chanson américaine des années 50 qui représente le rock’n’roll, la société de consommation, une époque charmante qui glorifie les vainqueurs de la guerre.

Puis brutalement juste avant que Sadako ne s’effondre, nous diffusons un flash info : “bientôt 10 ans que nous avons amené la paix dans le monde... Maintenant les résultats du base-ball... et pour finir une petite chanson“. Ces intermèdes sont comme des flashs entre les États-Unis et le Japon où la petite fille court, s’affaiblit, en contraste avec la chanson qui monte en puissance.

Abordez-vous les liens entre la maladie et le bombardement ?

Le fil conducteur se sont les oiseaux et l’émerveillement de cette petite fille pour les grues, un symbole de liberté, d’universalité.

Le bombardement arrive très tôt dans l’histoire. Sadako est au bord d’un lac, elle pense à sa grand-mère disparue lors de l’exil après le bombardement, illustré au cours du spectacle par une grande lumière.

Sadako avait deux ans, mais elle a le souvenir de la bombe, de l’exil, des disparus, de la maladie.

On vit avec la petite fille qui court, mais qui a aussi un caractère colérique, j’aime bien qu’elle ne soit pas parfaite. Et puis, un jour elle s’écroule.

Nous avons fait le choix de ne pas nous appesantir sur les effets qui sont en partie contenus dans un poème explicite que je dis sur scène, n’oublions pas qu’il s’agit avant tout d’un spectacle pour enfants.

En tant qu’individu, connaissiez-vous cette problématique avant de monter la pièce ?

Pas vraiment, je l’ai découverte à travers l’histoire de cette petite fille. Je n’avais aucune connaissance particulière, à part une image de champignon atomique. La pièce nous a permis d’élargir nos savoirs sur les centrales, les bombes, etc.

Mais je pense que le spectacle est une ouverture pour discuter, donner la parole et s’arrêter sur les conséquences sanitaires sur le long terme.

Il y a aussi un message d’espoir, qui correspond à une conviction du collectif. Une pièce de théâtre, ça touche différemment d’un article, d’une manifestation. Il peut y avoir une identification, un partage des sensations.

© Ximun Dutay

Ce type d’histoire ne peut qu’aider en apportant un après : les enfants de la classe de Sadako qui plient des grues, les vendent pour récolter de l’argent et construire une statue à son image. Prolongeant ainsi son combat pour la paix.

Jocelyn Peyret

Prochaine date :
Dimanche 29 septembre à Malicorne-sur-Sarthe, Musée de la faïence et de la céramique. Spectacle suivi d’un atelier origami parents-enfants.



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