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Revue "Sortir du nucléaire"

HARO SUR ORANO !

Du 18 au 20 juillet 2025, à La Hague, c’était la grande première de HARO : trois jours de rencontres et de mobilisations sur les déchets nucléaires et les territoires. Près d’un millier de personnes du Cotentin et d’ailleurs ont répondu à l’appel du collectif Piscine Nucléaire Stop pour participer à des tables rondes, ateliers, concerts, projections, rando et bien sûr à la grande manifestation des Fées furieuses. L’événement s’est déroulé dans une ambiance festive et déterminée.

Luttes et actions Industrie nucléaire Déchets radioactifs Bure - CIGEO Projets nucléaires Bure Flamanville La Hague

Une mobilisation contre l’Aval de la filière nucléaire

Le nom de l’événement donnait le ton : issue du droit coutumier normand, l’interjection « Haro » permettait de demander justice, y compris face à de puissants oppresseurs. On l’aura compris, dans la pointe du Cotentin, il s’agit bien d’Orano, qui tente d’imposer son méga-projet Aval du Futur [1].
L’événement, situé sur le plateau de La Hague, dans un champ prêté par des agriculteur·ices locaux·ales engagé·es contre le nucléaire, offrait une vue imprenable sur l’usine Orano, lorsque la brume ne s’invitait pas aux festivités. Une météo typiquement haguaise qui n’a pas découragé les participant·es venu·es de toute la France pour participer aux rencontres contre les déchets, le nucléaire et son monde, avec une approche intersectionnelle.

Organisé dans une perspective autogestionnaire, le camp a bénéficié d’un beau réseau de solidarité militante avec les mutuelles de matériels rennaise et burienne, qui ont fourni de nombreuses structures (barnums, chapiteaux, etc.) ayant abrité les participant·es. La cantine des Schmurtz les a quant à elle régalé·es de repas vegans, de même que es Crêpitantes, qui ont permis de leur fournir crêpes et soins, ou encore L’International Boulangère Mobile, qui a boulangé pains et gâteaux pendant toute la durée des rencontres.

Ouverture des festivités

« Haro, un cri de colère ! Haro, un cri de ralliement ! » : tel était le mot d’ordre des trois jours de rencontres qui ont réuni militant·es et collectifs engagé·es contre le nucléaire et dans d’autres luttes écologistes et sociales. L’événement s’est ouvert sous un chapiteau comble avec une première table ronde sur le mythe du retraitement, réunissant militant·es, associations et chercheur·euses. Cette dernière était retransmise en direct par Radio Haro, montée spécialement pour l’occasion !

La programmation dense s’est ensuite poursuivie tout au long du week-end : entre tables rondes sur les luttes féministes antinucléaires, échanges sur les manières d’habiter des territoires contaminés, atelier sur l’héritage des luttes décoloniales, fabrication d’émetteurs-récepteurs radio, etc. il y en avait pour tous les goûts !
Quant au village associatif, il était à l’image de la programmation, varié : associations locales ou nationales engagées contre le nucléaire ou des projets d’installation comme Atomic Marney, associations de luttes sociales à l’image de France Palestine Solidarité (antenne cherbourgeoise), laboratoires citoyens, librairies ; ou encore des collectifs venus d’autres luttes écologistes, comme des comités locaux des Soulèvements de la Terre.

A la découvertes des installations nucléaires locales avec les rando radieuses

Les plus courageux·euses, qui souhaitaient s’aventurer hors du site des rencontres, parfois sous une pluie battante , ont pu participer aux Randos radieuses.
Une première rando, animée par l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest, a converti les randonneur·euses en préleveur·euses d’algues, d’eau de mer et de sable dans l’Anse de Vauville. Ce laboratoire citoyen analyse ensuite ces prélèvements en laboratoire pour y mesurer la radioactivité dans l’environnement [2], une expertise indispensable pour un contre-pouvoir face aux industriels. Sous une pluie battante, une seconde rando, animée par un naturaliste local, a fait découvrir aux randonneur·euses l’histoire de La Hague, sa faune, sa flore et ses fameuses landes.

Une programmation culturelle variée

En plus des tables rondes et ateliers, le public pouvait assister à de nombreuses projections de films et documentaires critiques du nucléaire : sur l’extraction minière, les luttes écoféministes, l’économie, les essais nucléaires, ou certains plus artistiques tels que Remonter les Rivières de Laura Molton. Le spectacle vivant n’était pas en reste, avec plus d’une quinzaine de représentations de compagnies, artistes et groupes, qui ont animé journées et soirées avec des spectacles.

Au sein de cette programmation culturelle, la lutte contre Cigéo a été mise à l’honneur, avec la projection d’un film retraçant dix ans de lutte : Vivre et lutter à Bure entre 2015 et 2025, le documentaire Les Bombes atomiques qui raconte un temps fort féministe de la lutte à Bure, ou encore le film Après les Nuages du collectif Les Scotcheuses.
Le public a également pu assister au spectacle comique et acrobatique HAVL (Haute activité, vie longue), de et avec Lucas Sebirder, Amarinte Gnou, Gian Elefanthalune et Tony Malboro.

Enfin, cerise sur le gâteau, les participant·es pouvaient rejoindre la chorale constituée spécialement pour l’occasion et, sur un air entêtant, chanter en patois : « Haro ! Haro ! J’vous dis qu’vo copez noute histouère Haro ! Haro ! J’mâodis les syins qu’ount fait chenna » [3]. Ce poème de Cotis Capel, écrivain et prête local, a été écrit à l’époque de la construction de l’usine de la Hague à laquelle il était opposé, tout un symbole.

Manifestation des Fées furieuses : prière de ne pas offenser les fées, sous peine de représailles…

Temps fort du week-end, une manifestation avait lieu le samedi après-midi contre Aval du Futur et, plus largement, la nucléarisation toujours croissante du territoire. Dans sa droite ligne décalée et revendicative, le collectif Piscine Nucléaire Stop avait décidé de reprendre à son compte la légende locale des petites fées et leur méthode d’autodéfense collective armées de bruyère et d’ajonc, pour faire face à une offense : la bétonisation des dernières landes primaires du plateau de La Hague et l’amoncellement de déchets nucléaires par Orano. [4]

Un millier de personnes se sont ainsi réunies pour marcher contre le projet d’Orano. Le cortège a quitté le camp sous le soleil pour rejoindre le village de Vauville, sur fond de présence policière avec un hélicoptère dépêché pour le week-end.
Dans une ambiance familiale, les manifestant·es et petites fées ont pu danser sur les sons du collectif Planète Boum Boum, scander des slogans concoctés pour l’occasion et chanter sur un air de colonie de vacances : « Dans mon beau Cotentin, y’ aura pas de mox, pas de piscines non plus, et pas l’béton non plus » etc. Une reprise que les participant·es à la manifestation cherbourgeoise de juin 2022 ont pu redécouvrir !

Dans une ambiance post-apocalyptique, grâce à la performance musicale du collectif Astra Zeneca, le cortège a terminé sa marche sur la plage de Vauville, lieu symbolique situé entre les landes couvertes de bruyère et la mer de la Manche, cerné de part et d’autre par la centrale de Flamanville et l’usine Orano.
Une fois clos le discours du collectif organisateur, appelant à soutenir les luttes contre Cigéo, les EPR de Gravelines, Penly, Bugey et les autres projets d’installations nucléaires, une grande baignade collective et joyeuse a débuté, sur fond de fumigènes et de slogans. Les manifestant·es sont ensuite rentré·es au camp pour profiter des concerts et de la suite de la programmation.

D’est en ouest, les luttes jumelles contre les déchets nucléaires se sont montrées soudées

Les liens entre les luttes de Bure et de La Hague ont pu se resserrer à l’occasion de cet événement, avec comme point d’orgue le concert du groupe burien Les Free’meuses, pendant lequel le public a pu découvrir, ému, leur dernière reprise des Demoiselles de Rochefort : « nous sommes des les luttes jumelles... »
Sous différentes formes, pendant le week-end les militant·es de l’est et de l’ouest ont rappelé que « ni à la Hague ni à Bure, ni ailleurs nous ne voulons des décharge radioactives ! »

Le week-end s’est clos par une soirée de concert, et un dernier HARO comme cri de convergence des luttes pour soutenir les luttes sociales, écologistes ainsi que la lutte du peuple de Palestinien.


Notes

[1Article « Changement de projet à la Hague » p.9 de la Revue Sortir du nucléaire n°104

[2Pour en savoir plus : sortirdunucleaire.org/La-surveillance-citoyenne-plusieurs-leviers-d

[3En français « Haro ! Haro ! Je vous dis que vous cassez notre histoire Haro ! Haro ! Je maudis ceux qui ont fait cela »

[4La chasse aux goubelins, ou le peuple caché de la Hague, Sébastien Houiller.

Une mobilisation contre l’Aval de la filière nucléaire

Le nom de l’événement donnait le ton : issue du droit coutumier normand, l’interjection « Haro » permettait de demander justice, y compris face à de puissants oppresseurs. On l’aura compris, dans la pointe du Cotentin, il s’agit bien d’Orano, qui tente d’imposer son méga-projet Aval du Futur [1].
L’événement, situé sur le plateau de La Hague, dans un champ prêté par des agriculteur·ices locaux·ales engagé·es contre le nucléaire, offrait une vue imprenable sur l’usine Orano, lorsque la brume ne s’invitait pas aux festivités. Une météo typiquement haguaise qui n’a pas découragé les participant·es venu·es de toute la France pour participer aux rencontres contre les déchets, le nucléaire et son monde, avec une approche intersectionnelle.

Organisé dans une perspective autogestionnaire, le camp a bénéficié d’un beau réseau de solidarité militante avec les mutuelles de matériels rennaise et burienne, qui ont fourni de nombreuses structures (barnums, chapiteaux, etc.) ayant abrité les participant·es. La cantine des Schmurtz les a quant à elle régalé·es de repas vegans, de même que es Crêpitantes, qui ont permis de leur fournir crêpes et soins, ou encore L’International Boulangère Mobile, qui a boulangé pains et gâteaux pendant toute la durée des rencontres.

Ouverture des festivités

« Haro, un cri de colère ! Haro, un cri de ralliement ! » : tel était le mot d’ordre des trois jours de rencontres qui ont réuni militant·es et collectifs engagé·es contre le nucléaire et dans d’autres luttes écologistes et sociales. L’événement s’est ouvert sous un chapiteau comble avec une première table ronde sur le mythe du retraitement, réunissant militant·es, associations et chercheur·euses. Cette dernière était retransmise en direct par Radio Haro, montée spécialement pour l’occasion !

La programmation dense s’est ensuite poursuivie tout au long du week-end : entre tables rondes sur les luttes féministes antinucléaires, échanges sur les manières d’habiter des territoires contaminés, atelier sur l’héritage des luttes décoloniales, fabrication d’émetteurs-récepteurs radio, etc. il y en avait pour tous les goûts !
Quant au village associatif, il était à l’image de la programmation, varié : associations locales ou nationales engagées contre le nucléaire ou des projets d’installation comme Atomic Marney, associations de luttes sociales à l’image de France Palestine Solidarité (antenne cherbourgeoise), laboratoires citoyens, librairies ; ou encore des collectifs venus d’autres luttes écologistes, comme des comités locaux des Soulèvements de la Terre.

A la découvertes des installations nucléaires locales avec les rando radieuses

Les plus courageux·euses, qui souhaitaient s’aventurer hors du site des rencontres, parfois sous une pluie battante , ont pu participer aux Randos radieuses.
Une première rando, animée par l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest, a converti les randonneur·euses en préleveur·euses d’algues, d’eau de mer et de sable dans l’Anse de Vauville. Ce laboratoire citoyen analyse ensuite ces prélèvements en laboratoire pour y mesurer la radioactivité dans l’environnement [2], une expertise indispensable pour un contre-pouvoir face aux industriels. Sous une pluie battante, une seconde rando, animée par un naturaliste local, a fait découvrir aux randonneur·euses l’histoire de La Hague, sa faune, sa flore et ses fameuses landes.

Une programmation culturelle variée

En plus des tables rondes et ateliers, le public pouvait assister à de nombreuses projections de films et documentaires critiques du nucléaire : sur l’extraction minière, les luttes écoféministes, l’économie, les essais nucléaires, ou certains plus artistiques tels que Remonter les Rivières de Laura Molton. Le spectacle vivant n’était pas en reste, avec plus d’une quinzaine de représentations de compagnies, artistes et groupes, qui ont animé journées et soirées avec des spectacles.

Au sein de cette programmation culturelle, la lutte contre Cigéo a été mise à l’honneur, avec la projection d’un film retraçant dix ans de lutte : Vivre et lutter à Bure entre 2015 et 2025, le documentaire Les Bombes atomiques qui raconte un temps fort féministe de la lutte à Bure, ou encore le film Après les Nuages du collectif Les Scotcheuses.
Le public a également pu assister au spectacle comique et acrobatique HAVL (Haute activité, vie longue), de et avec Lucas Sebirder, Amarinte Gnou, Gian Elefanthalune et Tony Malboro.

Enfin, cerise sur le gâteau, les participant·es pouvaient rejoindre la chorale constituée spécialement pour l’occasion et, sur un air entêtant, chanter en patois : « Haro ! Haro ! J’vous dis qu’vo copez noute histouère Haro ! Haro ! J’mâodis les syins qu’ount fait chenna » [3]. Ce poème de Cotis Capel, écrivain et prête local, a été écrit à l’époque de la construction de l’usine de la Hague à laquelle il était opposé, tout un symbole.

Manifestation des Fées furieuses : prière de ne pas offenser les fées, sous peine de représailles…

Temps fort du week-end, une manifestation avait lieu le samedi après-midi contre Aval du Futur et, plus largement, la nucléarisation toujours croissante du territoire. Dans sa droite ligne décalée et revendicative, le collectif Piscine Nucléaire Stop avait décidé de reprendre à son compte la légende locale des petites fées et leur méthode d’autodéfense collective armées de bruyère et d’ajonc, pour faire face à une offense : la bétonisation des dernières landes primaires du plateau de La Hague et l’amoncellement de déchets nucléaires par Orano. [4]

Un millier de personnes se sont ainsi réunies pour marcher contre le projet d’Orano. Le cortège a quitté le camp sous le soleil pour rejoindre le village de Vauville, sur fond de présence policière avec un hélicoptère dépêché pour le week-end.
Dans une ambiance familiale, les manifestant·es et petites fées ont pu danser sur les sons du collectif Planète Boum Boum, scander des slogans concoctés pour l’occasion et chanter sur un air de colonie de vacances : « Dans mon beau Cotentin, y’ aura pas de mox, pas de piscines non plus, et pas l’béton non plus » etc. Une reprise que les participant·es à la manifestation cherbourgeoise de juin 2022 ont pu redécouvrir !

Dans une ambiance post-apocalyptique, grâce à la performance musicale du collectif Astra Zeneca, le cortège a terminé sa marche sur la plage de Vauville, lieu symbolique situé entre les landes couvertes de bruyère et la mer de la Manche, cerné de part et d’autre par la centrale de Flamanville et l’usine Orano.
Une fois clos le discours du collectif organisateur, appelant à soutenir les luttes contre Cigéo, les EPR de Gravelines, Penly, Bugey et les autres projets d’installations nucléaires, une grande baignade collective et joyeuse a débuté, sur fond de fumigènes et de slogans. Les manifestant·es sont ensuite rentré·es au camp pour profiter des concerts et de la suite de la programmation.

D’est en ouest, les luttes jumelles contre les déchets nucléaires se sont montrées soudées

Les liens entre les luttes de Bure et de La Hague ont pu se resserrer à l’occasion de cet événement, avec comme point d’orgue le concert du groupe burien Les Free’meuses, pendant lequel le public a pu découvrir, ému, leur dernière reprise des Demoiselles de Rochefort : « nous sommes des les luttes jumelles... »
Sous différentes formes, pendant le week-end les militant·es de l’est et de l’ouest ont rappelé que « ni à la Hague ni à Bure, ni ailleurs nous ne voulons des décharge radioactives ! »

Le week-end s’est clos par une soirée de concert, et un dernier HARO comme cri de convergence des luttes pour soutenir les luttes sociales, écologistes ainsi que la lutte du peuple de Palestinien.



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