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Fukushima, suivi de la catastrophe - Archives 2011-2015

Novembre 2012 : Fukushima, un désastre d’origine humaine

Article publié le 27 novembre 2012



Nous relayons ici la traduction réalisée par les animateurs du blog de Fukushima (https://fukushima.over-blog.fr/) de la synthèse du rapport de la Commission d’Enquête sur Fukushima, publié en juillet 2012 par la Diète japonaise.



Cette commission d’enquête était destinée à identifier les causes et les conséquences de la catastrophe, ainsi qu’à revenir sur la gestion de crise. Ses conclusions sont sans appel : le désastre est d’origine humaine. C’est bien le poids de la bureaucratie, le pouvoir des grands groupes et la réticence à remettre en question l’autorité et à critiquer les choix adoptés qui ont mené à l’accident.

Suite à la catastrophe de Tchernobyl, on avait incriminé une technologie soviétique, forcément obsolète. Lors de l’accident de Fukushima, outre un design différant de celui des réacteurs français, on avait invoqué le caractère exceptionnel du tsunami. Mais la technique ou les événements naturels sont secondaires face au poids écrasant du facteur humain et organisationnel. Nul besoin donc d’événements extrêmes pour déclencher un accident, et même la technologie la plus sophistiquée ne garantit pas le risque zéro !

Les auteurs mettent ici en cause la culture japonaise… mais la toute-puissance des firmes énergétiques, la culture du secret, ne sont-elles pas propres aux industries nucléaires de tous les pays ? En France, où les beaux discours sur la sûreté s’accompagnent d’une dégradation des conditions de travail des sous-traitants, le facteur humain pourrait lui aussi nous mener à l’accident.

Télécharger la traduction française du résumé du rapport :

Résumé du rapport officiel de la commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima

Cette traduction est libre de droit et peut donc être diffusée intégralement ou partiellement à partir du moment où le texte original n’est pas transformé, où la source est mentionnée et où il n’en est pas fait commerce.

Nous reproduisons ici un extrait du message introductif du président de la Commission d’Enquête, M. Kiyoshi KUROKAWA :

"LE SÉISME ET LE TSUNAMI du 11 mars 2011 sont des catastrophes naturelles dont l‘ampleur a choqué le monde entier. Quoiqu‘il ait été déclenché par ces cataclysmes, l‘accident de Fukushima Daiichi qui s‘en est suivi ne peut pas être considéré comme une catastrophe naturelle. Ce fut un désastre d’origine spécifiquement humaine ‒ qui aurait pu et aurait dû être prévu et empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse plus efficace.

Comment un tel accident a-t-il pu se produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation de sa réputation d’excellence en ingénierie et en technologie ? Cette Commission est d’avis que le peuple japonais ‒ et la communauté mondiale ‒ méritent une réponse complète, honnête et transparente à cette question.

Nos rapports listent une multitude d’erreurs et de négligences délibérées qui ont laissé la centrale de Fukushima démunie devant les événements du 11 mars. Ils examinent également de graves lacunes dans la gestion de l’accident par TEPCO, les régulateurs et le gouvernement.

Malgré tous les détails qu‘il fournit, ce rapport ne peut pas réellement faire comprendre, surtout à une audience internationale, l‘état d‘esprit qui a nourri la négligence à la source de cette catastrophe.

Ce qu‘il faut admettre, aussi douloureux soit-il, c‘est que nous avons à faire à un désastre "made in Japan". Les raisons fondamentales sont à chercher dans le souci des convenances qui fait partie intégrante de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence à remettre en cause l‘autorité, notre attachement au "respect du programme", notre dépendance au groupe et notre insularité.

Si d‘autres Japonais s‘étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de l‘accident, le résultat aurait fort bien pu être le même.

Après les "chocs pétroliers" des années 1970, le Japon a accéléré le développement de l‘énergie nucléaire pour s‘efforcer d‘assurer la sécurité énergétique nationale. C‘est ainsi que ce développement est devenu un objectif politique pour le gouvernement comme pour l‘industrie et qu‘il a été poursuivi avec cette détermination farouche qui a permis le miracle économique d‘après guerre au Japon.

Forte d‘un tel mandat, l‘énergie nucléaire est devenue une force échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion […].

Cette arrogance a été renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour laquelle le premier devoir de tout bureaucrate est de défendre les intérêts de son organisation. Poussée à l’extrême, cette mentalité a conduit les bureaucrates à placer les intérêts de l’organisation avant leur devoir primordial, qui est de protéger la population.

[…] Ce rapport critique sévèrement de nombreux individus et organisations, mais l’objectif n’est pas ‒ et ne devrait pas être ‒ la réprobation. L’objectif doit être de tirer les leçons de cette catastrophe, et de réfléchir profondément sur ses causes fondamentales, afin de s’assurer qu’elle ne se répète jamais."

Cette commission d’enquête était destinée à identifier les causes et les conséquences de la catastrophe, ainsi qu’à revenir sur la gestion de crise. Ses conclusions sont sans appel : le désastre est d’origine humaine. C’est bien le poids de la bureaucratie, le pouvoir des grands groupes et la réticence à remettre en question l’autorité et à critiquer les choix adoptés qui ont mené à l’accident.

Suite à la catastrophe de Tchernobyl, on avait incriminé une technologie soviétique, forcément obsolète. Lors de l’accident de Fukushima, outre un design différant de celui des réacteurs français, on avait invoqué le caractère exceptionnel du tsunami. Mais la technique ou les événements naturels sont secondaires face au poids écrasant du facteur humain et organisationnel. Nul besoin donc d’événements extrêmes pour déclencher un accident, et même la technologie la plus sophistiquée ne garantit pas le risque zéro !

Les auteurs mettent ici en cause la culture japonaise… mais la toute-puissance des firmes énergétiques, la culture du secret, ne sont-elles pas propres aux industries nucléaires de tous les pays ? En France, où les beaux discours sur la sûreté s’accompagnent d’une dégradation des conditions de travail des sous-traitants, le facteur humain pourrait lui aussi nous mener à l’accident.

Télécharger la traduction française du résumé du rapport :

Résumé du rapport officiel de la commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima

Cette traduction est libre de droit et peut donc être diffusée intégralement ou partiellement à partir du moment où le texte original n’est pas transformé, où la source est mentionnée et où il n’en est pas fait commerce.

Nous reproduisons ici un extrait du message introductif du président de la Commission d’Enquête, M. Kiyoshi KUROKAWA :

"LE SÉISME ET LE TSUNAMI du 11 mars 2011 sont des catastrophes naturelles dont l‘ampleur a choqué le monde entier. Quoiqu‘il ait été déclenché par ces cataclysmes, l‘accident de Fukushima Daiichi qui s‘en est suivi ne peut pas être considéré comme une catastrophe naturelle. Ce fut un désastre d’origine spécifiquement humaine ‒ qui aurait pu et aurait dû être prévu et empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse plus efficace.

Comment un tel accident a-t-il pu se produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation de sa réputation d’excellence en ingénierie et en technologie ? Cette Commission est d’avis que le peuple japonais ‒ et la communauté mondiale ‒ méritent une réponse complète, honnête et transparente à cette question.

Nos rapports listent une multitude d’erreurs et de négligences délibérées qui ont laissé la centrale de Fukushima démunie devant les événements du 11 mars. Ils examinent également de graves lacunes dans la gestion de l’accident par TEPCO, les régulateurs et le gouvernement.

Malgré tous les détails qu‘il fournit, ce rapport ne peut pas réellement faire comprendre, surtout à une audience internationale, l‘état d‘esprit qui a nourri la négligence à la source de cette catastrophe.

Ce qu‘il faut admettre, aussi douloureux soit-il, c‘est que nous avons à faire à un désastre "made in Japan". Les raisons fondamentales sont à chercher dans le souci des convenances qui fait partie intégrante de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence à remettre en cause l‘autorité, notre attachement au "respect du programme", notre dépendance au groupe et notre insularité.

Si d‘autres Japonais s‘étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de l‘accident, le résultat aurait fort bien pu être le même.

Après les "chocs pétroliers" des années 1970, le Japon a accéléré le développement de l‘énergie nucléaire pour s‘efforcer d‘assurer la sécurité énergétique nationale. C‘est ainsi que ce développement est devenu un objectif politique pour le gouvernement comme pour l‘industrie et qu‘il a été poursuivi avec cette détermination farouche qui a permis le miracle économique d‘après guerre au Japon.

Forte d‘un tel mandat, l‘énergie nucléaire est devenue une force échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion […].

Cette arrogance a été renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour laquelle le premier devoir de tout bureaucrate est de défendre les intérêts de son organisation. Poussée à l’extrême, cette mentalité a conduit les bureaucrates à placer les intérêts de l’organisation avant leur devoir primordial, qui est de protéger la population.

[…] Ce rapport critique sévèrement de nombreux individus et organisations, mais l’objectif n’est pas ‒ et ne devrait pas être ‒ la réprobation. L’objectif doit être de tirer les leçons de cette catastrophe, et de réfléchir profondément sur ses causes fondamentales, afin de s’assurer qu’elle ne se répète jamais."



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