12 août 2024
Le 12 août 2024, le réacteur 2 de la centrale nucléaire du Triciastin (Drôme) s’est arrêté automatiquement. Ce type d’évènement n’est pas anodin, puisqu’il s’agit d’un arrêt immédiat en urgence, provoqué par un problème de fonctionnement suffisamment grave pour provoquer un accident. Les mécanismes de protection se déclenchent alors automatiquement. En l’occurrence, c’est une pièce majeure participant au refroidissement qui s’est bloquée. Malgré l’importance de l’évènement, EDF n’en dira pas plus sur son origine.
Crédit photo : André Paris
Dans un réacteur nucléaire, l’évacuation de la chaleur produite par la fission des atomes dans la cuve est essentielle. L’eau qui baigne le combustible (le circuit primaire [1]) convoie cette chaleur jusqu’aux générateurs de vapeurs (GV [2]). Elle passe dans des tubes très fins, qui sont au contact d’autres tubes où de l’eau froide circule. Le transfert de chaleur ainsi produit permet de refroidir l’eau du circuit primaire avant de la renvoyer dans la cuve et de produire de la vapeur, qui est elle envoyée sous haute pression vers une turbine. En tournant grâce à cette arrivée de vapeur la turbine, couplée à un alternateur, permet la production d’électricité.
On comprend donc qu’il est essentiel que les GV aient de l’eau froide dans leurs tuyaux. Sinon, impossible d’évacuer la chaleur produite par la réaction nucléaire. Et si le combustible qui génère cette réaction n’est plus suffisamment refroidit, il peut être endommagé par la chaleur et il devient alors très difficile - voir impossible - de garder le contrôle du réacteur et d’éviter un emballement de la réaction en chaîne.
C’est pourtant une pièce de GV, qui permet de gérer l’arrivée d’eau dans l’échangeur thermique du réacteur 2, qui s’est fermée le 12 août dernier. Ce qui a déclenché les mécanismes d’arrêt d’urgence du réacteur (des barres contenant des substances qui absorbent les neutrons tombent d’un coup au milieu du combustible et stoppent la réaction nucléaire). EDF a bien avertit de l’incident par un bref communiqué, annonçant procéder à différents diagnostics pour identifier l’origine du problème. L’industriel a redémarré son réacteur 36 heures plus tard, sans rien dire des conclusions de ses investigations. Défaillance matérielle non détectée ? Erreur de maintenance ? Le réacteur 2 a été arrêté un mois et demi pour vérifications et maintenance et a redémarré mi-juin [3] . Pas étonnant que l’industriel se fasse très discret sur les origines du problème qui a déclenché son arrêt en urgence après moins de 60 jours de fonctionnement.
L.B.
Arrêt automatique réacteur de l’unité de production n°2
12/08/2024
Lundi 12 août à 12h44, le réacteur n°2 de la centrale nucléaire du Tricastin s’est arrêté automatiquement [4] , conformément aux dispositifs de sûreté et de protection du réacteur. La vanne de régulation de débit d’eau des générateurs de vapeur s’est fermée. Les équipes sont mobilisées pour réaliser le diagnostic technique et comprendre l’origine de ce dysfonctionnement.
Cet événement n’a eu de conséquence ni sur la sûreté des installations ou la sécurité du personnel, ni sur l’environnement.
Mardi 13 aout, à 23h45, les équipes de la centrale nucléaire du Tricastin ont reconnecté l’unité de production au réseau électrique national. Elle est à pleine puissance et produit de l’électricité.
[1] Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant de l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Dans les générateurs de vapeur, elle cède la chaleur acquise à l’eau du circuit secondaire pour produire la vapeur destinée à entraîner le groupe turboalternateur. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur en cédant sa chaleur par l’intermédiaire des générateurs de vapeur lorsqu’il produit de l’électricité ou par l’intermédiaire du circuit de refroidissement à l’arrêt lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. La température du circuit primaire principal est encadrée par des limites afin de garantir le maintien dans un état sûr des installations en cas d’accident. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire
[2] Un générateur de vapeur (GV) est un échangeur thermique entre l’eau du circuit primaire, portée à haute température (320 °C) et à pression élevée (155 bars) dans le cœur du réacteur, et l’eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine. Chaque générateur de vapeur comporte plusieurs milliers de tubes en forme de U, qui permettent les échanges de chaleur entre l’eau du circuit primaire et l’eau des circuits secondaires pour la production de la vapeur alimentant la turbine https://www.asn.fr/Lexique/G/Generateur-de-vapeur
[3] Le 14 juin à 20h30, l’unité de production n°2 de la centrale du Tricastin a été reconnectée au réseau électrique national. Elle avait été arrêtée en toute sûreté le 4 mai pour effectuer ses activités de maintenance dans le cadre de son arrêt programmé. Source : Actu EDF, 17/06/2024
[4] Les grappes de commande chutent automatiquement en moins de 3 secondes ce qui stoppe la réaction en chaîne dans le cœur du réacteur.