21 octobre 2021
En moins d’une heure le 20 octobre 2021, les pompiers sont intervenus 3 fois sur le site nucléaire de Penly (Normandie). À chaque fois pour secourir des travailleur.se.s intervenants sur le chantier du réacteur 1. La visite décennale commencée depuis quelques semaines est une hécatombe d’accidents du travail.
C’est un média local, Actu.fr qui diffuse les informations dieppoises qui a signalé les faits. Pas une ligne sur le site internet de la centrale nucléaire d’EDF n’en fait mention. Pourtant, les faits ne sont pas anodins : en moins d’une heure, les pompiers ont été appelés 3 fois pour venir porter secours à des travailleur.se.s, tous mobilisés sur le chantier de visite décennale du réacteur 1. Une hécatombe, du jamais vu en terme de fréquence d’accidents. Parmi ces 3 travailleur.se.s secouru.e.s, tou.te.s ne sont pas grièvement blessé.e.s, mais on compte quand même une fracture ouverte consécutive à une chute.
Ces accidents viennent allonger la triste et sombre série qui a débutée dès le début du chantier : le 2 octobre, une fuite survient sur le circuit primaire [1]
du réacteur lors d’une intervention. Trois travailleurs sont contaminés en interne (c’est à dire que des particules radioactives sont rentrées dans leurs corps) et sont blessés par des débris de verre. Un aléas d’exploitation dira EDF.
Quelques jours plus tard, le 6 octobre, un salarié tombe du toit du bâtiment réacteur. Il ne survivra que quelques minutes à sa chute de 20 mètres et décédera lors de son transfert à l’hôpital.
La visite décennale est présentée par EDF comme un chantier permettant d’améliorer la sûreté de ses réacteurs nucléaires grâce à des modifications des systèmes, des vérifications des équipements et des travaux pour remettre en conformité tout ce qui doit l’être, en plus des examens réglementaires (comme l’examen de la cuve du réacteur, l’épreuve hydraulique du circuit primaire ou le test d’étanchéité de l’enceinte en béton qui confine la radioactivité à l’intérieur du bâtiment). Il y a beaucoup à faire : pas moins de 16 000 activités et modifications sont programmées. Et il faut redémarrer le réacteur le plus vite possible, car chaque jour d’arrêt coûte cher à EDF. De fait, ce sont 2 200 intervenants qui sont attendus sur le site, en plus de 1 000 salariés Edf et prestataires habituels [2]. Trois fois plus de monde sur le site nucléaire, tous en co-activités.
Étant donné la série d’accidents survenus sur ce chantier en seulement 3 semaines, ces activités ne sont pas suffisamment bien préparées et les analyses des risques préalables à toute intervention ne sont clairement pas suffisamment poussées. Oui, le site accueille beaucoup plus de travailleurs qu’habituellement. Oui il y a beaucoup à faire, et tout en même temps. Mais ce sont les choix d’EDF de procéder ainsi. L’aspect colossal du chantier n’est certainement pas une excuse, rien ne justifie ces accidents. La seule explication à leur survenue, c’est le manque de moyens alloués par EDF à la formation et à la protection de ses travailleur.se.s. L’industriel est pleinement responsable de la sécurité des personnes qui interviennent sur ses sites industriels, qu’ils soient ses salariés ou prestataires. Vouloir avancer vite et faire tout en même temps à un prix. Quand EDF ne le paie pas, ce sont ses travailleurs qui le prennent de plein fouet.
L.B.
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Près de Dieppe, les pompiers sont intervenus trois fois à la centrale nucléaire de Penly
Par Camille Larher - Publié le 20 Oct 21
Les pompiers sont intervenus trois fois ce matin, mercredi 20 octobre 2021, à la centrale de Penly, près de Dieppe.
Les pompiers se sont rendus trois fois à la centrale nucléaire de Penly, à Petit-Caux, près de Dieppe (Seine-Maritime), ce matin, mercredi 20 octobre 2021. La première intervention a eu lieu à 8 h 20 et la dernière à 9 h 10.
La suite de l’article est à lire ici : https://actu.fr/normandie/petit-caux_76618/pres-de-dieppe-les-pompiers-sont-intervenus-trois-fois-a-la-centrale-nucleaire-de-penly_45822417.html
[1] Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant de l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Dans les générateurs de vapeur, elle cède la chaleur acquise à l’eau du circuit secondaire pour produire la vapeur destinée à entrainer le groupe turboalternateur. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur en cédant sa chaleur par l’intermédiaire des générateurs de vapeur lorsqu’il produit de l’électricité ou par l’intermédiaire du circuit de refroidissement à l’arrêt lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. La température du circuit primaire principal est encadrée par des limites afin de garantir le maintien dans un état sûr des installations en cas d’accident. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire
[2] Une visite décennale a lieu tous les 10 ans. Travaux de maintenance, changement du combustibles, examens de la cuve, de l’enceinte en béton du réacteur et des tuyauteries du circuit primaire, mais aussi modifications pour remettre en conformité les équipements avec les standards actuels et moderniser les systèmes. Pour mener à bien les 16 000 activités et modifications programmées 2 200 intervenants sont attendus sur le site aux côtés des 1 000 salariés Edf et prestataires.https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-penly/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-penly/centrale-nucleaire-de-penly-mise-a-l-arret-programmee-pour-maintenance-de-l-unite-de-production-ndeg1