24 février 2020
Nouvelle déclaration de l’exploitant site nucléaire normand : après les moteurs diesels, les stations de pompage, les composants du système contrôle-commande, au tour de la turbine à combustion. Elle aurait dû être vérifiée avant fin mai 2019, mais fin févrir EDF se rend compte que rien n’a été fait. Pourtant, lors du dernier contrôle de l’équipement en février 2018, plusieurs défauts avaient été mis en évidence. Sans entretien, ils se sont évidemment aggravés. Au point de compromettre la capacité à fonctionner de la turbine à combustion : EDF l’a tellement laissée se dégrader qu’il faut maintenant remplacer tout le moteur de cet équipement censé alimenter en électricité certains systèmes pour éviter un sur-accident nucléaire en cas de coupure électrique.
Le site nucléaire de Flamanville est placé sous surveillance renforcée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) depuis septembre 2019. Selon l’Autorité de contrôle, les raisons ne manquent pas : déficiences dans la maîtrise des gestes techniques associés à certaines activités d’exploitation, nombre élevé d’événements significatifs liés à des défauts de maintenance et des défauts de surveillance des prestataires, mauvaise maîtrise de certaines opérations de maintenance, qualité insuffisante des documents transmis à l’ASN dans le cadre de la visite décennale du réacteur 1... Et depuis que le site nucléaire est passé à la loupe, les déclarations et révélations s’enchaînent. Ventilation en zone nucléaire mal montée depuis 1985, corrosion très avancée des diesels de secours qui servent à fournir de l’électricité au réacteur nucléaire en cas de coupure électrique et rouille dévorant les équipements de stations de pompage qui permettent d’apporter l’eau pour refroidir les 2 réacteurs, fuites au niveau du toit, traces de bore révélatrices de fuites sur des systèmes importants pour la sûreté, multiples pannes sur des composants du système contrôle-commande laissé sans entretien malgré des alarmes récurrentes durant des mois... La nouvelle déclaration d’EDF concernant l’état de délabrement avancé d’un équipement de secours par manque d’entretien et de surveillance n’a donc rien de surprenant. Elle s’inscrit dans une suite logique, généralisée à tout le site nucléaire, et laisse voir une situation très préoccupante (dixit l’IRSN en décembre 2019). L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire souligne la nécessité que l’exploitant prenne le temps de réaliser des diagnostics poussés de l’état des installations, ainsi que de son organisation qui s’est avérée déficiente de manière récurrente au cours des dix dernières années. Une situation qui a donc été générée par le laxisme d’EDF qui devrait malgré tout se voir confier la responsabilité d’un réacteur supplémentaire, l’EPR de Flamanville, si celui-ci est un jour autorisé à démarrer.
L.B.
Déclaration d’un événement sûreté au niveau 1 (échelle INES) concernant un dépassement de délai de maintenance de la turbine à combustion
Publié le 24/02/2020
Le 2 février 2020, lors d’un contrôle il est constaté le dépassement d’une échéance de réalisation de la maintenance annuelle de la turbine à combustion [1]. Dès l’identification de cet écart, les équipes ont procédé aux analyses des documents techniques et ont programmé les opérations de maintenance. Le 13 février 2020, un contrôle endoscopique de la chambre à combustion de la turbine à combustion a révélé la présence de microfissures. Après analyse, il a été décidé de remplacer le moteur de la turbine à combustion. Cette opération est en cours de programmation.
Cet écart, a été déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire, au niveau 1 de l’échelle INES, échelle internationale de classement des événements nucléaires qui en compte 7.
Non-respect de la périodicité de la maintenance de la turbine à combustion
Publié le 03/04/2020
Centrale nucléaire de Flamanville - Réacteurs de 1300 MWe - EDF
Le 27 mars 2020, EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté relatif au non-respect de la périodicité de la maintenance de la turbine à combustion.
Chaque réacteur exploité par EDF est équipé de deux lignes d’alimentation électrique en provenance du réseau national d’électricité, et de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel. De plus, chaque site comportant des réacteurs de 1300 MWe dispose d’une turbine à combustion, qui peut pallier la perte totale des alimentations électriques externes et internes d’un réacteur. Le programme de maintenance préventive d’EDF prévoit une visite annuelle de la turbine à combustion du site.
Le 2 février 2020, dans le cadre d’une analyse approfondie menée sur le bon fonctionnement de plusieurs systèmes, l’exploitant a détecté que la maintenance annuelle de la turbine à combustion, qui aurait dû être réalisée avant le 26 mai 2019, n’avait pas été effectuée.
Les dernières vérifications réalisées sur cet équipement en février 2018 avaient notamment mis en évidence des défauts sur certains composants. Un suivi particulier de leur évolution avait été décidé par EDF. Les expertises réalisées depuis le 11 février 2020 sur la turbine à combustion ont confirmé l’aggravation de ces défauts, qui remet en cause la disponibilité du matériel.
Cet écart n’a pas eu de conséquence sur le personnel et l’environnement. Cependant, compte tenu de la détection tardive de l’écart, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.
[1] La turbine à combustion est l’un des moyens qui permet, en cas de perte des sources électriques internes et externes de la centrale, l’alimentation électrique des systèmes de secours des réacteurs 1 et 2. Chaque réacteur du Parc nucléaire est équipé par conception de 4 sources électriques différenciées et redondantes pour assurer en toutes circonstances, les besoins d’alimentation électrique.