12 septembre 2022
Il portait la tenue fournie par EDF pour intervenir en zone nucléaire. Mais cela ne l’a pas empêché d’être contaminé. Une poussière radioactive collée au menton l’a irradié directement au visage. Ce travailleur a reçu lors de cette seule intervention une dose de radiations [1] estimée entre 125 mSv et 500 mSv, alors que la limite maximale est fixée à 500 mSv sur 12 mois.
EDF ne précise pas les circonstances de l’incident de (non)radioprotection. L’intervention dans le bâtiment réacteur 3, pour remettre en place des protections thermiques autour de pompes du circuit primaire [1]
, a pourtant dû être préparée, ses risques analysés et des parades à leurs survenues mises en place.
Étant donné la fourchette importante de la dose estimée reçue lors de son intervention (allant de 125mSv à 500mSv), il est probable qu’EDF ne sache pas exactement ni où ni quand le travailleur a été contaminé. Ce qui est confirmé dans le communiqué de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : EDF n’a pas pu déterminer les zones ou points de contamination malgré ses investigations.
Les faits donnent de quoi interroger non seulement l’efficacité de la radioprotection des intervenant.es, mais aussi la propreté radiologique à l’intérieur du bâtiment réacteur. Puisque le quart de la dose annuelle maximale a été dépassé, EDF a déclaré le 12 septembre aux autorités l’incident survenu le 8 septembre 2022, au niveau 1 de l’échelle des accidents nucléaires [2].
L.B.
Contamination corporelle externe ayant entrainée une exposition radiologique "dose peau" avec un dépassement potentiel du quart de la limite réglementaire.
Publié le 12/09/2022
Evénement radioprotection
Jeudi 8 septembre 2022, un intervenant d’une entreprise partenaire a réalisé des activités de repose de calorifuges sur des pompes dans le Bâtiment Réacteur de l’unité de production n°3, actuellement en arrêt pour maintenance. L’intervenant réalise son activité en tenue de travail en zone contrôlée, complétée de gants de manutention.
A sa sortie de zone contrôlée, le salarié se présente aux portiques de contrôle de radioactivité. Une contamination externe au niveau du visage est détectée. Le salarié est immédiatement pris en charge par le service médical de la centrale pour réaliser des contrôles complémentaires et traiter le point de contamination selon les procédures usuelles. Une particule radioactive est identifiée au niveau du menton et retirée. Le salarié ne présente pas de contamination interne.
Un calcul de dose est réalisé et conduit à estimer la dose intégrée par la peau entre 125 mSv et 500 mSv. Cette exposition représente un potentiel dépassement du quart de la limite réglementaire annuelle dite "dose peau" fixée à 500 mSv.
Cette exposition demeure sans conséquence pour la santé du salarié, qui bénéficie du suivi médical classique d’un intervenant en zone contrôlée.
La direction de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse a déclaré cet événement le 12 septembre à l’Autorité de sûreté nucléaire, comme un événement significatif radioprotection de niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7, du fait du dépassement potentiel du quart de la limite réglementaire annuelle pour la dose peau. EDF
Contamination externe d’un intervenant conduisant au dépassement du quart de la limite annuelle réglementaire pour la dose équivalente reçue par la peau
Publié le 15/09/2022
Centrale nucléaire de Cruas-Meysse Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 12 septembre 2022, l’exploitant de la centrale nucléaire de Cruas a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un évènement significatif relatif à la radioprotection concernant le dépassement, pour un intervenant prestataire, du quart d’une limite réglementaire de dose individuelle annuelle.
Le 8 septembre 2022, un intervenant réalisait, dans le bâtiment du réacteur 3, à l’arrêt pour maintenance et rechargement en combustible, une opération de repose des calorifuges du circuit primaire principal.
Lors du contrôle réalisé à la sortie de zone contrôlée, une contamination a été détectée au niveau du visage de l’intervenant. L’agent a été immédiatement pris en charge par le service médical, qui a retiré la particule radioactive à l’origine de cette contamination.
Pour les travailleurs susceptibles d’être exposés aux rayonnements ionisants lors de leur activité professionnelle, les limites réglementaires annuelles de doses sont, pour douze mois consécutifs, de 20 milliSieverts [3] pour le corps entier et de 500 milliSieverts pour une surface de 1 cm² de peau.
La dose reçue par l’intervenant a été estimée par la médecine du travail sur la base d’hypothèses défavorables en termes de durée d’exposition. Elle est inférieure à la limite annuelle réglementaire au niveau de la peau. Toutefois, la dose estimée à la peau dépasse le quart de la limite annuelle, qui constitue une limite conduisant à la déclaration d’un événement significatif pour la radioprotection.
Malgré les investigations menées sur le parcours suivi par l’intervenant, les zones ou les points de contamination qui ont pu être à l’origine de cette contamination n’ont pas pu être déterminés.
En raison du dépassement du quart d’une limite réglementaire annuelle d’exposition pour un travailleur, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES).
[1] Dose : Quantité d’énergie communiquée à un milieu par un rayonnement ionisant - https://www.asn.fr/lexique/D/Dose
[2] Le circuit primaire est un circuit fermé, contenant de l’eau sous pression. Cette eau s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Dans les générateurs de vapeur, elle cède la chaleur acquise à l’eau du circuit secondaire pour produire la vapeur destinée à entraîner le groupe turboalternateur. Le circuit primaire permet de refroidir le combustible contenu dans la cuve du réacteur en cédant sa chaleur par l’intermédiaire des générateurs de vapeur lorsqu’il produit de l’électricité ou par l’intermédiaire du circuit de refroidissement à l’arrêt lorsqu’il est en cours de redémarrage après rechargement en combustible. La température du circuit primaire principal est encadrée par des limites afin de garantir le maintien dans un état sûr des installations en cas d’accident. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-primaire
[3] INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES
[4] Le Sievert est l’unité légale de dose qui permet de rendre compte de l’effet biologique sur un organisme vivant. Le Sievert n’est pas une quantité physique mesurable mais obtenue par le calcul. Pour les faibles doses, on utilise le milliSievert (symbole mSv) qui représente un millième de Sievert.